Mont Erebus | |||
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Géographie | |||
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Altitude | 3 794 m | ||
Massif | Île de Ross | ||
Coordonnées | |||
Administration | |||
Pays | Antarctique | ||
Revendication territoriale | Dépendance de Ross | ||
Ascension | |||
Première | 1908 par Edgeworth David et son équipe | ||
Géologie | |||
Âge | 1,3 million d'années | ||
Roches | Basanites, trachytes, phonolites | ||
Type | Volcan rouge | ||
Activité | En éruption | ||
Dernière éruption | Depuis décembre 1972 | ||
Code | 1900-02= | ||
Observatoire | Mount Erebus Volcano Observatory | ||
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Le mont Erebus est un volcan d'Antarctique situé sur l'île de Ross, dans la mer de Ross, ce qui en fait le volcan en activité le plus austral du monde. Il est remarquable du fait de la longévité de sa phase éruptive actuelle, supérieure à trente-cinq ans, et de la présence d'un lac de lave au fond de son cratère principal.
Il tient son nom du HMS Erebus (1826), un des deux navires de l'expédition menée par le Britannique James Clark Ross qui le découvrit en 1841. Sa première ascension n'a lieu qu'en 1908 par un membre de l'expédition Shackleton. Depuis, plusieurs explorations scientifiques ont eu lieu pendant les courts étés australs, comme celle de Jean-Louis Étienne en 1993-1994, mais les conditions climatiques extrêmes limitent le champ de connaissances sur ce volcan. Les études sont orientées principalement sur son histoire éruptive, sa pétrologie, sa géophysique, les caractéristiques de son lac de lave ainsi des gaz volcaniques et enfin les formes de vie simples qui se développent uniquement autour des fumerolles présentes sur certaines pentes et qui bénéficient de mesures de protection spéciales.
Le mont Erebus a été le théâtre, en 1979, d'une grave catastrophe aérienne faisant 257 victimes sur le vol 901 Air New Zealand dont le but était la découverte touristique de l'Antarctique. Les causes de l'accident seraient une erreur dans le plan de vol et une illusion d'optique provoquée par la luminosité.
Le mont Erebus est nommé d'après le HMS Erebus (1826), un des deux navires de l'expédition qui découvrit l'île de Ross et ses deux volcans en 1841. Erebus est le nom latin d'Érèbe, une divinité grecque née du Chaos, personnifiant les ténèbres, l'obscurité des Enfers.
Le volcanisme ayant donné naissance au mont Erebus se met en place il y a 1,3 million d'années, au Pléistocène soit à la fin du Cénozoïque. Pendant 600 000 ans, un volcan bouclier se met en place par l'empilement de grandes coulées de lave de nature basanitique, très fluides, puis téphritiques, que vient surmonter un cône phono-téphritique. Ce proto-volcan connaît il y a 700 000 ans l'effondrement de son sommet sous la forme d'une caldeira dont l'un des rebords constitue l'actuel Fang Ridge. Des épanchements de lave téphri-phonolitiques et phono-téphritiques se poursuivent sur les flancs du volcan jusqu'à 350 000 ans avant notre ère, lorsque les laves changent de nature pour acquérir leur composition actuelle de téphri-phonolite à phéno-cristaux d'anorthoclase. Ces laves construisent alors le cône actuel sur un des rebords de la caldeira du volcan bouclier jusqu'à il y a 90 000 ans lorsque cet édifice connaît à son tour un effondrement créant la caldeira sommitale actuelle. Le stratovolcan contenu dans la caldeira sommitale et couronné par trois cratères se met alors en place vraisemblablement durant le dernier millénaire par accumulation de téphras, majoritairement des bombes volcaniques, ainsi que des cristaux d'anorthoclase.
Depuis le début du XXe siècle, le mont Erebus a connu quatorze éruptions successives, aucune ne dépassant un indice d'explosivité volcanique de 2. Pourtant, alors qu'il est en éruption constante depuis 1972, il connaît en 1984 une phase éruptive plus explosive qu'à l'accoutumée au cours de laquelle des bombes volcaniques de la taille d'une voiture sont projetées depuis le cratère principal jusqu'à une distance de plus d'un kilomètre.
Le volcan est découvert et nommé Mount Erebus par l'explorateur britannique James Clark Ross et son équipage en 1841, lors de l'expédition scientifique Erebus et Terror ayant pour but d'étudier le champ magnétique terrestre. Au cours de leur exploration, les deux navires de l'expédition, le HMS Erebus (1826) et le HMS Terror (1813) atteignent une mer puis une barrière de glace, qui seront plus tard nommées mer de Ross et barrière de Ross. Les membres de l'expédition aperçoivent alors une île, plus tard baptisée île de Ross, et repèrent la présence de deux des trois volcans qui y sont présents : le mont Erebus, alors en éruption, et le mont Terror, baptisés d'après le nom des navires.
La première ascension complète jusqu'aux rebords du Main Crater est le fait de Edgeworth David et son équipe, membres de l'expédition Nimrod conduite en 1908 par Ernest Shackleton. La première ascension en solitaire connue est accomplie par Charles Blackmer, un ferronnier de la base antarctique McMurdo, les 19 et 20 janvier 1991. Il réalise cet exploit en dix-sept heures environ.
En 1993, Jean-Louis Étienne lance une expédition scientifique au mont Erebus afin d'étudier le volcan et mesurer notamment la quantité de soufre, de chlore et de fluor qu'il émet. Le bateau accoste dans Backdoor Bay, à l'abri du cap Royds, à l'ouest de l'île, et le camp de base est monté près de la cabane de Shackleton. Les membres de l'expédition atteignent le sommet du cratère le 2 février 1994. Ils repartent de l'île neuf jours plus tard.
Le 28 novembre 1979, le vol 901 Air New Zealand s'écrase sur le mont Erebus et aucun des 237 passagers et 20 membres d'équipage n'en réchappe. Cet avion, un DC-10, était parti d'Auckland en direction de l'Antarctique afin d'effectuer un survol touristique soit du pôle Sud magnétique et du glacier Ninnis, soit de l'île de Ross en fonction des conditions météorologiques rencontrées sur place pour finalement revenir se poser en Nouvelle-Zélande après une douzaine d'heures de vol. Dans l'appareil, un buffet était mis à disposition des passagers qui pouvaient se déplacer librement dans l'avion afin de rechercher les meilleurs points de vue, pouvaient rendre visite au personnel de navigation dans le cockpit et bénéficier de commentaires de spécialistes de l'Antarctique.
Le vol se déroula sans encombre au-dessus de l'océan Pacifique Sud puis de l'océan Austral : à une altitude de croisière de 35 000 pieds, soit environ 10 700 mètres, les passagers observèrent les premiers icebergs à l'approche de l'Antarctique. Ayant établi le contact avec la station de navigation aérienne de McMurdo, la seule dans ce secteur, qui l'informa des conditions météorologiques, quelques nuages dont la base se situe à une altitude de 2 000 pieds, soit environ 610 mètres, et une visibilité de quarante milles, le commandant de bord décida de mettre cap sur l'île de Ross afin d'observer le mont Erebus. Arrivés au-dessus de la mer de Ross, l'avion reçut l'autorisation de descendre à une altitude de 18 000 pieds, soit environ 5 500 mètres. Poursuivant sa descente, le commandant du DC-10 demanda un guidage radar à la station McMurdo afin de traverser la couche nuageuse mais l'avion n'apparaissait toujours pas sur les écrans de la station de navigation. Le dernier contact avec l'appareil fut établi lorsque celui-ci se trouvait à une altitude de 6 000 pieds, soit environ 1 830 mètres, toujours au-dessus des nuages. N'obtenant aucune réponse malgré de nombreux appels, des équipes aériennes de recherche survolèrent l'île de Ross et retrouvèrent les restes de l'appareil onze heures après le dernier contact à 12h56. Ces derniers se trouvaient à une altitude de seulement 1 500 pieds, soit environ 460 mètres, sur le flanc méridional du mont Erebus au nord de la station de McMurdo et sans aucun survivant.
Les enquêteurs dépêchés sur place furent aidés dans leurs recherches par l'enregistreur de données de vol et l'enregistreur sonore de la cabine de pilotage mais aussi par les bandes vidéo et les pellicules photographiques des passagers. Le cratère d'impact révéla que l'avion a percuté la montagne à grande vitesse, quasiment à l'horizontale et en prenant feu immédiatement. La reconstitution des dernières minutes du vol mit en évidence que l'avion avait effectué deux virages à 360°, à droite puis à gauche, tout en perdant de l'altitude et ceci afin de chercher la meilleure route possible en évitant les zones les plus ennuagées. Ayant terminé ses virages et pensant se trouver à trente milles au nord de McMurdo selon le plan de vol préétabli, l'équipe de pilotage poursuivit sa descente. Le système avertisseur de proximité de sol retentissant seulement trois minutes après, l'équipe de pilotage tenta de redresser l'appareil qui percuta la montagne peu après à 260 nœuds, soit environ 480 kilomètres par heure. L'explication fournie par les enquêteurs est la conjonction d'une erreur dans le plan de vol et de la création d'une illusion d'optique. En effet, au moment de l'accident, des observateurs au sol indiquèrent que la visibilité autour de l'île de Ross était mauvaise, que la base des nuages se trouvait à une altitude d'environ 3 500 pieds, soit environ 1 070 mètres, et que des nuages couvraient le mont Erebus. Cette nébulosité conjuguée à la lumière polaire aurait pu provoquer une illusion d'optique donnant l'impression aux passagers de l'avion qu'ils survolaient un terrain plat alors qu'ils se dirigeaient droit vers la montagne. L'équipe de pilotage pensait quant à elle passer à l'ouest du mont Erebus mais selon un plan de vol erroné élaboré plus d'un an auparavant. Les coordonnées de la station McMurdo avaient été alors mal enregistrées mais les vols précédents s'étaient passés sans encombre, les équipes de pilotage effectuant alors une approche à vue. Mais le vol 901 ne disposait pas d'une telle visibilité ce qui amena l'appareil droit sur la montagne. Ironie du sort, les coordonnées avaient été changées la veille du vol mais seule la station McMurdo en avait été informée, pas l'équipage du vol 901. La responsabilité de l'accident fut néanmoins imputée à l'équipe de pilotage qui était descendue en dessous de l'altitude à ce moment du vol ainsi qu'aux mauvaises conditions météorologiques.
Depuis 1981, le lieu du crash, entre le nord-est du mont Erebus et la baie de Lewis, est classé zone spécialement protégée. Tous les corps des victimes n'ayant pas été retrouvés par les autorités néo-zélandaises et américaines, elle est déclarée en tant que tombeau dans le but que la zone reste inviolée. La croix de deux mètres de hauteur érigée peu de temps après l'accident mais endommagée par le vent a été remplacée le 30 janvier 1987 par une croix en acier inoxydable à trois kilomètres du lieu de l'accident, sur un promontoire rocheux lui faisant face, proposé comme monument historique.