Tatra (entreprise) - Définition

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Introduction

Tatra
Création 1850 (1920 sous le nom Tatra)
Dates clés 1897 : Première automobile
1898 : Premier camion
1998 : Fin de la division automobile
Fondateur(s) Ignaz Schustala
Personnages clés Theodor von Liebig, Hans Ledwinka
Forme juridique Société anonyme
Slogan(s) « Tatra is the solution »
Siège social République tchèque Koprivnice (République tchèque)
Direction Ronald Adams
Produit(s) Camions et véhicules industriels
Effectif 3300 (2009)
Site Web Tatra.cz

Tatra est une entreprise tchèque fabriquant des camions depuis 1898, et qui a exercé l’activité de constructeur automobile entre 1897 et 1998. Pionnier dans ce domaine en Europe centrale, Tatra a longtemps été réputé pour ses grandes routières aux lignes aérodynamiques. La marque a également produit des avions et des bus.

Automobiles

Histoire

Tatra, un pionnier en Europe centrale

Réplique d’une Nesseldorf Präsident

Pour reconstituer l’histoire de Tatra, il faut remonter jusqu’en 1850, lorsqu’un dénommé Ignaz Schustala crée un atelier de fabrication de véhicules hippomobiles, dans le village austro-hongrois de Nesseldorf. Après avoir élargi son secteur d’activité et forgé sa réputation, l’entreprise devient la Nesseldorfer Wagenbau-Fabriks-Gesellschaft AG, plus simplement appelée Nesseldorf. Après la mort du fondateur et le retrait de son fils, c’est le baron Theodor von Liebig qui va faire de l’entreprise le premier constructeur automobile de la région. En 1897, il construit pour cela un prototype équipé d’un bicylindre 2750 cm³ d’origine Benz, nommé Präsident. Le baron atteindra la vitesse, extraordinaire pour l’époque, de 82 km/h au volant d’un modèle de 1899.

Hans Ledwinka, le monsieur Tatra

Tatra 11

Le type S apparaît en 1906, et reçoit un très moderne quatre cylindres de 3303 cm³, conçu par Hans Ledwinka ; un jeune ingénieur de 28 ans entré chez Nesseldorf en 1897. Nommé à la tête du bureau d’études en 1912, il appliquera ses idées avant-gardistes sur nombre de modèles. Ainsi, le type U de 1915 est la première voiture du monde à recevoir des freins sur les quatre roues. Après la première guerre mondiale, l’Autriche-Hongrie éclate et la ville de Nesseldorf, désormais tchécoslovaque, est rebaptisée Kopřivnice. Quelques temps après, en 1920, l’entreprise devient « Tatra », du nom de la chaîne de montagnes séparant la Tchécoslovaquie de la Pologne. Ledwinka revient chez Tatra en 1921, après un passage chez Steyr. Il conçoit la nouvelle Tatra 11, qui se distingue par son petit bicylindre à plat refroidi par air. Elle inaugure également le châssis à poutre centrale, qui deviendra une des marques de fabrique de Tatra. La grande robustesse du modèle 11 en fit l’une des voitures favorites d’Adolf Hitler, qui parcourut des dizaines de milliers de kilomètres avec la sienne, à travers toute l’Allemagne. En 1932, la populaire T57 fait son entrée dans la gamme. Elle concurrence alors la Škoda Popular. Elle sera même assemblée en Allemagne et en Autriche. A la même époque, le fils de Ledwinka, Erich, fait son entrée au bureau d’études. Ils s’intéressent tous les deux aux travaux de Paul Jaray, un ingénieur suisse spécialisé dans les carrosseries aérodynamiques. De leur coopération naîtra l’unique prototype V750, à moteur arrière, qui n’est pas sans rappeler la future Volkswagen de l’allemand Ferdinand Porsche…qui a succédé à Ledwinka chez Steyr.

Moteur arrière et lignes avant-gardistes

Tatra 87

Au mois de mars 1934, Tatra fait sensation en présentant une immense limousine de 5,2 m de long, propulsée par un V8 arrière de 60 ch, et dont les lignes ont été dictées par l’aérodynamique : c’est la T77. Elle sera remplacée à l’été 1935 par la T77A, plus grande de 20 cm et plus puissante de 10 ch. Deux nouveaux modèles font leur apparition en 1937, les T87 et T97. Le V8 de la T87, offrant 75 ch, permet à la voiture d’atteindre 160 km/h, soit plus que la grande T77A (qui disparaît en 1938). La mécanique est encore perfectionnée, et cette voiture restera la préférée de Ledwinka (il utilisera sa T87 personnelle jusqu’à sa mort en 1967). La T97 est une sorte de T87 « en réduction », dotée d’un quatre cylindres à plat de seulement 40 ch. Elle ne sera produite que pendant un an, à environ 500 exemplaires. Le 10 octobre 1938, l’annexion du territoire des Sudètes fait passer l’usine de Kopřivnice sous contrôle allemand. Grâce au docteur Fritz Todt, l’inspecteur général des autoroutes allemandes, enthousiasmé par les Tatra, la production de la T87 se poursuit jusqu’en 1942, et celle de la petite T57 jusqu’en 1943. La fabrication de la T87 reprend dans l’immédiat après-guerre, à l’heure où tous les autres constructeurs se relèvent à peine. Elle sera vendue jusqu’en 1950. Quant à la T57, elle revient en 1946 sous sa forme T57B de 1938, et disparaît deux ans plus tard, sur ordre du gouvernement.

Les surprenantes T600 et 603

Tatra 603/3

En 1945, Tatra décide de donner une remplaçante à la défunte et éphémère T97. Mais sans Hans Ledwinka, qui vient d’être arrêté pour collaboration. Sorti de prison en 1951, il ne retournera jamais en Tchécoslovaquie. Finalisée en 1947, la nouvelle T600 (initialement nommée T107), dite « Tatraplan » (en référence aux plans quinquennaux mis en place par le gouvernement communiste), dont la ligne est dans la plus pure tradition de la marque, a bien failli disparaître prématurément. En effet, le pouvoir comptait cantonner Tatra à la production de camions, et l’entreprise doit jouer des pieds et des mains pour maintenir la fabrication d’automobiles à Kopřivnice. Tatra doit néanmoins accepter la délocalisation de la production de la Tatraplan chez Škoda, à Mlada Boleslav, à partir de 1951. La carrière de la voiture s’arrête à la fin de n’année 1952. Pendant les quatre années qui suivent, Tatra travaille sur un nouveau projet ; la 603. La voiture est présentée à la Foire de Brno en septembre 1956. Comme celui de ses glorieuses aînées, le style du nouveau haut-de-gamme de la production tchécoslovaque se veut moderne et surprenant, comme en témoignent les trois phares avant, abrités sous une unique glace. Sous le capot arrière se trouve un V8 2.5 développant 95 (puis 105) ch. En 1962, la partie avant accueille désormais quatre phares très rapprochés. La troisième série arrive en 1968, on note quelques améliorations esthétiques et l’apparition de freins à disque. La carrière de la 603 prend fin le 25 octobre 1975, et laisse désormais la place à la nouvele 613. Au total, 20 422 Tatra 603 sont sorties de l’usine de Příbor où elles étaient assemblées depuis 1957 (le site de Kopřivnice étant désormais réservé aux camions), ce qui en fait la Tatra la plus produite de l’histoire.

Un quart de siècle d’histoire avec la 613

Tatra 613

Dans les années 60, Tatra construit quelques prototypes sensés assurer la descendance de la 603, mais ils seront tous abandonnés. Le constructeur tchécoslovaque contacte alors le carrossier italien Vignale et lui commande deux berlines et un coupé. Si les trois prototypes sont prêts dès 1968, la production de la berline ne démarre qu’en 1973. Avec ce nouveau modèle, nommé 613, Tatra tourne le dos aux lignes aérodynamiques, mais entre de plain-pied dans les années 70. Le V8 arrière est néanmoins toujours au rendez-vous : ses 165 ch autorisent 190 km/h en vitesse de pointe. La 613/2 de 1980 revendiquera 168 ch. La 613 perd ses chromes en 1984, avec l’apparition de la 613/3, qui se veut plus moderne avec ses gros pare-chocs en plastique gris. A l’époque, la production chute considérablement, oscillant entre 200 et 600 unités par an. La libéralisation du marché au début des années 90 est un passage difficile pour Tatra : le constructeur n’est plus le fournisseur attitré des voitures officielles du gouvernement, et les grosses Mercedes et BMW envahissent les routes du pays. La direction de Tatra est néanmoins convaincue que sa 613 peut encore envahir une petite niche du marché. En 1992, Tatra s’associe à un certain Tim Bishop, un britannique qui désire importer des 613 très luxueuses dans son pays. Dans le but de concurrencer Jaguar, il imagine toute une gamme de voitures, dont une limousine et un coupé, mais cette ambitieuse idée n’aboutira pas. En 1993, alors que la République tchèque se sépare de la Slovaquie, Tatra passe sous management américain, et décide de séparer le département camions (Kopřivnice) du département automobile (Příbor). Quant à la 613, les derniers modèles 613/5 sont assemblés en 1996 après 23 ans de carrière et 11 009 exemplaires produits.

La fin de la division automobile

Tatra T700

Parallèlement aux dernières améliorations apportées à la 613, Tatra conçoit avec le spécialiste tchèque MTX une berlinette à moteur central, un V8 4.9 Tatra de 295 ch, qui lui permettait d’atteindre 246 km/h. Cette MTX 4RS aurait dû être construite en France à une très faible cadence, mais le projet tombera à l’eau. Désireuse de se reprendre en main, la direction lance son nouveau modèle en 1996 : la T700. Il s’agit en réalité d’une 613/5 remise au goût du jour par l’anglais Geoff Wardl. Cette T700 sera même carrossée en coupé de course par la société Eccora, spécialisée dans la restauration des Tatra. Toujours à la recherche d’un partenaire solide, Tatra décide en 1996 de fabriquer le Beta, un petit utilitaire en plastique animé par un moteur Hyundai de 1341 cm³. Il sera vendu jusqu’en 1999. En 1997, la T700 voit sa partie arrière restylée, mais il est trop tard, et la voiture disparaît au catalogue au printemps 1998, après 97 exemplaires produits. Tatra fabrique ainsi sa dernière automobile, avant de se consacrer exclusivement sur les camions.

Modèles

Sous la marque Nesseldorf

  • Nesseldorf Präsident (1897-1899)
  • Nesseldorf Type A (1900-1902)
  • Nesseldorf Type B (1902-1904)
  • Nesseldorf Type C (1902-1905)
  • Nesseldorf Type E (1904-1906)
  • Nesseldorf Type F (1906-1907)
  • Nesseldorf Type J (1907-1911)
  • Nesseldorf Type L (1906-1911)
  • Nesseldorf Type S (1906-1914)
  • Nesseldorf Type T (1914-1923)
  • Nesseldorf Type U (1915-1923)

Sous la marque Tatra

Avant-guerre
  • Tatra 10 (1923-1925)
  • Tatra 11 (1923-1926)
  • Tatra 12 (1923-1926)
  • Tatra 17 (1925-1929)
  • Tatra 20 (1923-1925)
  • Tatra 30 (1926-1930)
  • Tatra 30 Sport (1926-1930)
  • Tatra 31 (1926-1931)
  • Tatra 52 (1930-1937)
  • Tatra 52 Sport (1930-1937)
  • Tatra 54 (1931-1934)
  • Tatra 57 (1932-1936)
  • Tatra 57A (1936-1938)
  • Tatra 57B (1938-1948)
  • Tatra 70 (1931-1934)
  • Tatra 70A (1934-1937)
  • Tatra 75 (1933-1939)
  • Tatra 77 (1934-1935)
  • Tatra 77A (1935-1938)
  • Tatra 80 (1931-1938)
  • Tatra 87 (1937-1950)
  • Tatra 97 (1937-1938)
Après-guerre
  • Tatra T600 « Tatraplan » (1947-1952)
  • Tatra 603 (1957-1975)
  • Tatra 613 (1973-1996)
  • Tatra T700 (1996-1998)
  • Tatra Beta (1996-1999)

Prototypes

  • Tatra V750 (1933)
  • Tatra 90 (1935)
  • Tatra 201 Sodomka (1947)
  • Tatra 57B Sodomka (1948)
  • Tatra T601 Monte Carlo (1949)
  • Tatra T600 Cabriolet Sodomka (1949)
  • Tatra T600 Diesel (1952)
  • Tatra 603A (1964)
  • Tatra 603X (1965)
  • Tatra 613 Coupé Vignale (1968)
  • Tatra MTX 4RS (1991)
  • Tatra Prezident (1994)

Tatra à l’exportation

Une 603 immatriculée en Allemagne de l’Est

Si quelques modèles Tatra (principalement des T87) furent utilisés par les officiers allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, la carrière à l’exportation des voitures de la marque ne débute vraiment qu’après 1945. Ainsi, la T87 sera vendue dans les pays de l’est (terre d’accueil habituelle pour les Tatra, notamment en Bulgarie et en Hongrie, pays qui ne possèdent pas d’industrie automobile), mais aussi en Allemagne, en Autriche, au Benelux, en Suède, en Autriche, en Argentine, au Brésil, en Égypte, et en Afrique du Sud ! En France, l’importateur Jacques Poch en écoulera huit exemplaires. Parmi les personnalités ayant roulé en T87, on compte le roi Farouk d’Egypte, le futur pape Pie XII, l’écrivain John Steinbeck ou encore l’ingénieur Felix Wankel. Quant à la Tatraplan, elle a également plu en Autriche, en RFA, en Belgique, ou encore au Canada. Elle avait alors la réputation d’une voiture « de connaisseurs ». Près de la moitié des Tatraplan produites sont parties à l’étranger. On la verra aux Salons de Bruxelles et de Paris, mais aucun modèle ne sera immatriculé en France. A l’inverse, la 603 (la voiture la plus produite de l’histoire de la marque) n’a pratiquement pas existé en dehors du bloc de l’est (le meilleur client étant la RDA). En tout, seuls sept exemplaires on trouvé preneur en RFA, Belgique et Pays-Bas. La voiture avait pourtant été présentée aux Salons de Francfort, Genève, Bruxelles et Paris jusqu’en 1960… De l’autre côté de l’Atlantique, le dictateur cubain Fidel Castro bénéficiera d’un modèle de couleur blanche équipé d’une climatisation, un privilège pour l’époque. Dans les années 70, la société MAM Strager (qui importe les camions Tatra) possédait la seule 613 française, un modèle qui sera présenté dans quelques salons internationaux, mais dont la carrière à l’exportation se limitera aux habituels pays « frères ».

Tatra et le sport automobile

Monoplaces et barquettes de course

Tatra 607

Dans les années 50 et 60, Tatra a conçu quelques monoplaces, essentiellement destinées à des courses en Tchécoslovaquie. La première d’entre-elles apparaît en 1950, c’est la Tatra 607. Son V8 de 163 puis 183 ch servira de base au moteur de la 603. Elle sera remplacée en 1963 par la Tatra Delfin. Construite pour représenter la marque en Formule Junior, cette voiture est un mélange des genres : son moteur est un demi-V8 de 603, son embrayage provient d’une Volga M21 soviétique, sa transmission s’inspire de celle de la Fiat 600 et ses freins à disque sont d’origine Renault. Au début des années 50, deux « Tatraplan Sport » (type T602) participent à quelques courses dans le pays. Ces barquettes biplaces animées par un V8 seront toutes les deux détruites dans des accidents.

Rallyes

Tatra 603 B5

Si quelques courses sont disputées du temps de Nesseldorf, les Tatra commencent véritablement à se distinguer en rallye à la fin des années 40, grâce à la Tatraplan. Elle participera notamment à l’Alpenfahrt, à Liège-Rome-Liège, au rallye de Monte-Carlo, ou encore au Grand Prix des voitures de Série à Francorchamps. L’unique coupé T601 remportera sa catégorie à l’Alpenfahrt 1949. La carrière sportive de la 603 mérite également notre attention, car un modèle spécialement étudié pour la compétition sera développé par les ingénieurs tchécoslovaques : cette Tatra 603 B5 de 150 ch, fabriquée à huit exemplaires entre 1966 et 1967, atteignait la vitesse de 200 km/h. La 603 se distingua également au Marathon de la Route en 1965, où elle se classa troisième et quatrième sur le circuit du Nürburgring. Elle a également participé avec plus ou moins de succès au Tour de Belgique, à l’Alpenfahrt, au Liège-Sofia-Liège et au rallye Wartburg.

Galerie

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