Les propriétés des matériaux viscoélastiques dépendent du temps, de la température et de la vitesse de déformation (strain rate).
Les diverses propriétés correspondant aux modes de déformation en traction, en flexion ou en cisaillement (shear) sont représentées par des symboles portant l'indice t, f ou s, respectivement ; par exemple Mf est un module en flexion.
Pour l'essai de traction-compression uniaxiale, la mesure de la rigidité et le calcul de l'angle de phase permettent, connaissant uniquement les dimensions de l'éprouvette, de calculer les propriétés viscoélastiques δ, tan δ, E', E'' et E. Leur description ainsi que celle de la température de transition vitreuse Tg sont données ci-dessous.
Le module de conservation en traction est calculé selon :
Le symbole
Le module de conservation E' représente la rigidité et la composante élastique du matériau. Il exprime la capacité du corps à stocker l'énergie mécanique de la sollicitation et à la restituer intégralement sous forme de déformation élastique (notion de réversibilité).
Si le matériau se comporte comme un solide élastique, les modules E' et E sont équivalents.
Il représente la composante visqueuse du matériau. La viscosité traduit sa capacité à dissiper l'énergie mécanique (irréversiblement perdue sous forme de chaleur). Ce phénomène est associé à la friction des chaînes de molécules et à leur écoulement. Le module de perte en traction a pour expression :
Par analogie avec la mécanique, un système comprenant un ressort idéal (de constante
Le ressort représente la composante énergique ou élastique de la réponse du modèle ; tandis que l'amortisseur (constitué d'un piston se mouvant dans un cylindre rempli d'un liquide visqueux) représente la composante visqueuse de la réponse.
Les constantes caractéristiques
Un tel modèle présente un temps caractéristique relié aux constantes selon :
Il est désigné par temps de réponse du modèle ou temps de relaxation.
Le temps de relaxation d'un polymère est lié à la masse molaire, à la distribution des masses molaires et à la ramification.
Le module dynamique peut être exprimé sous forme complexe selon :
Les composantes réelle et imaginaire de ce module sont respectivement :
Le modèle de Voigt ne prédit pas de manière satisfaisante la relaxation de contrainte.
Le modèle rhéologique de Maxwell comprend un ressort et un amortisseur disposés en série.
Les matériaux ont des comportements bien plus complexes que ces deux modèles. Il existe d'autres modèles viscoélastiques plus performants, mais de complexité mathématique supérieure.
En fait, les deux constantes de proportionnalité
où E* est la somme vectorielle d'une composante élastique (en phase avec la contrainte) E' et d'une composante amortissante visqueuse (en quadrature de phase) E''.
Le module d'élasticité dynamique E* est une grandeur complexe car un amortissement est présent, en effet :
.
Le module E* représente la relation entre la contrainte et la déformation dynamiques, selon :
La grandeur réelle |M| est égale au module (au sens mathématique) du nombre complexe M* (E* ou G*) :
L'effet de la température sur les propriétés viscoélastiques d'un polymère est inverse à celui de la fréquence. Une augmentation de température d'une certaine valeur conduit aux mêmes changements de ses propriétés qu'une diminution appropriée de fréquence (et inversement). Si la propriété envisagée est le module, la relation s'écrit, pour un échantillon homogène, isotrope et amorphe :
Ces phénomènes découlent du principe d'équivalence température-temps, sachant qu'une fréquence est l'inverse d'un temps.
Ce principe d'équivalence est utilisé pour transposer réversiblement les propriétés d'un matériau amorphe du domaine thermique au domaine fréquentiel. Le logiciel de l'appareil utilise ainsi ce principe pour le calcul de courbes maîtresses dynamiques, afin d'estimer les propriétés viscoélastiques du corps au-delà de la plage de fréquence de l'appareil (gamme du mHz au GHz accessible).
Le facteur d'amortissement est une mesure du rapport de l'énergie dissipée par amortissement à l'énergie élastique conservée puis restituée durant un cycle de déformation sinusoïdale.
Le facteur de perte (loss factor) en traction est égal à :
Il mesure l'amortissement (aussi appelé « friction interne ») durant la déformation dynamique, soit la capacité du corps viscoélastique à dissiper l'énergie mécanique en chaleur. Plus l'angle de phase est élevé, plus l'amortissement des vibrations (vibration damping) est important.
Remarques :
Les matériaux caoutchouteux sont bien connus pour leur faculté d'amortissement de vibrations, participant à la réduction du bruit.
Exemple : pour un caoutchouc de haute masse molaire partiellement vulcanisé, on relève à 40 Hz : Tg = 60 °C,
À l'opposé, le facteur d'amortissement des métaux est très faible : au plus 10-3 pour l'acier.
Facteur de perte
![]() | Matériau |
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Il existe de nombreuses méthodes pour évaluer la performance des matériaux amortissants.
Les propriétés relatives à une contrainte normale à une surface ont été décrites. De façon analogue, les propriétés en cisaillement d'un matériau viscoélastique peuvent être considérées. Les relations de base entre ces propriétés s'écrivent :
avec :
Le comportement des plastiques et des élastomères homogènes et isotropes est tel que :
À la différence de l'essai de traction, les mesures en flexion sont influencées préférentiellement par les propriétés des couches superficielles de l'éprouvette.
Les valeurs des propriétés produites par l'essai de traction et celles produites par l'essai de flexion sont comparables seulement en viscoélasticité linéaire, et pour des éprouvettes de structure homogène.
Le facteur de perte en flexion est donné par l'équation :
avec :
Exemple d'application : un échantillon de matériau composite est soumis à une flexion ; il sera possible d'étudier la variation du module d'élasticité en fonction de l'orientation des fibres ou des plis par rapport aux appuis.
L'analyseur DMA est l'appareil le plus sensible pour sa détermination.
De façon générale, le signal d'amortissement permet de définir très clairement la température de transition vitreuse.
La valeur de Tg est déterminée en traçant la courbe à isofréquence
Remarques :
La connaissance de Tg présente, dans la pratique, un intérêt considérable car elle conditionne le domaine d'utilisation du matériau.
La température de transition vitreuse est la température maximale d'utilisation pour les thermoplastiques rigides et amorphes (leur Tg est supérieure à 100 °C ; leur température de mise en œuvre est voisine de leur Tg) mais elle est la température minimale d'utilisation des élastomères (leur Tg est inférieure à -40 °C).