Basilique-cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende - Définition

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Introduction

Notre-Dame-et-Saint-Privat
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
44° 31′ 02″ Nord
       3° 29′ 55″ Est
/ 44.517222, 3.498611
 
Pays France  France
Région Languedoc-Roussillon
Département  Lozère
Ville Mende  Mende
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Diocèse de Mende (siège)
Début de la construction XIVe siècle
Fin des travaux XIXe siècle
Style(s) dominant(s) Gothique
Protection Monument historique

La basilique-cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende est le siège épiscopal du diocèse de Mende. Située dans le centre-ville de la préfecture de la Lozère, elle est classée monument historique depuis 1906. Il s'agit du seul édifice pleinement gothique de l'ensemble du département.

L'église, dont la construction fut décidée dans les années 1360 par le pape Urbain V, a succédé à trois autres sanctuaires, le premier d'époque mérovingienne, le second préroman, l'avant-dernier roman. Richement décorée, elle fut victime des troubles des guerres de religion et dut être en grande partie reconstruite au début du XVIIe siècle ; elle sera achevée au XIXe siècle par l'adjonction d'un portail néo-gothique.

Élevée au rang de basilique mineure en 1874, la cathédrale offre notamment à la vénération des fidèles une vierge noire du XIIe siècle. Son mobilier comprend des orgues et des boiseries du XVIIe siècle, des tapisseries d'Aubusson du début du XVIIIe siècle, un maître-autel du XXe siècle ; on y conserve aussi le battant de la « Non-Pareille », la plus grosse cloche de la chrétienté à l'époque de sa mise en place.

Histoire

Urbain V devant sa cathédrale
Vue générale de la cathédrale
La place de la République, et en fond la cathédrale

Les premières églises

La ville de Mende, capitale de la province du Gévaudan possède depuis fort longtemps un lieu de culte sur le tombeau de son saint protecteur. Sans doute au IIIe siècle, les Alamans, emmenés par leur chef Chrocus, pénètrèrent en pays gabale, amenant terreur et destruction. La population se réfugia dans la forteresse de Gredone et résista au siège deux années durant. Quant à l'évêque Privat, il se retira sur le mont Mimat, au-dessus du bourg de Mimate (Mende). L'armée de Chrocus aurait trouvé l'ermitage de Privat et l'aurait martyrisé en réponse à son refus de livrer son peuple (« Le bon pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de sacrifier aux démons »). S'il succomba à ses blessures, le peuple, lui, fut libéré à ce moment-là, les Alamans partant alors plus au sud. Plus tard élevé au rang de grand saint de Gaule, ainsi que le rapporte Grégoire de Tours, Privat aurait été enterré au pied du mont Mimat.

C'est au-dessus de son tombeau que fut donc fondée l'une des premières églises de la ville, mais pour l'heure, rien ne permet de démontrer que ce soit à l'emplacement de l'actuelle cathédrale. Les fouilles archéologiques réalisées sur la place Urbain V au début du XXe siècle y ont en revanche mis en évidence les vestiges d'une église carolingienne. Au Xe siècle Étienne Ier, évêque en Gévaudan remplaça cette église par un édifice de style préroman, utilisé jusqu'à sa destruction lors d'un incendie vers 1100. Aldebert II de Peyre, évêque entre 1109 et 1123, construisit le troisième sanctuaire tout en augmentant sa taille. Du temps de l'épiscopat d'Aldebert III du Tournel, qui fit fortifier la ville, la cathédrale fut entourée de plusieurs résidences des seigneurs du pays. L'actuelle place Urbain-V était occupée par le Castel-Frag, qui était le château des comtes de Barcelone. À l'est, là où se dresse maintenant le chevet de la basilique, se trouvait le château des Canilhac. Celui des Cabrières était édifié là où sera plus tard aménagée la place Chaptal ; celui des Dolan était situé à l'opposé. L'église était proche du centre de l'enceinte urbaine, de plus de 2 000 m de circonférence. Durant l'épiscopat d'Aldebert III, l'édifice reçut un visiteur de marque : en 1163, le pape Alexandre III, se rendant au concile de Tours, aurait fait escale à Mende. L'évêque Aldebert lui-même était convié à participer à ce concile.

Le début de la construction

En 1310 naquit à Grizac Guillaume de Grimoard, fils de Guillaume et d'Amphélyse de Montferrand. Après des études en droit, Guillaume entra dans l'ordre bénédictin, puis devint pape sous le nom d'Urbain V (1362). En 1364, une ordonnance du roi Charles V de France enjoignit de faire le dénombrement général des feux en Gévaudan. Chaque feu devait, selon cette ordonnance, verser un florin à Urbain V qui projetait de « rétablir l'église cathédrale ».

Cette volonté fut confirmée en 1369, quand Urbain V accorda, via une bulle papale, un budget au diocèse de Mende pour « magnifier » la cathédrale. Par ailleurs, il s'était réservé le siège épiscopal, jusque là occupé par Pierre d'Aigrefeuille, et fit administrer le diocèse par des vicaires. Ceci permit d'affecter les revenus de l'évêque à la construction de la cathédrale. Ce fut Pierre Morel, de Majorque, l'un des constructeurs de la Chaise-Dieu, qui devint le maître-d'œuvre du chantier. Les travaux débutèrent à l'est de l'église romane, qui fut vraisemblablement démantelée au fur et à mesure de leur avancement. La mort d'Urbain V en 1370 interrompit les travaux. D'autant plus que le royaume, plongé dans la guerre de Cent Ans, subissait une crise politique et économique extrêmement dure.

Durant soixante ans la cathédrale resta dans cet état : une nef partiellement dressée au-dessus du tombeau de saint Privat, un choeur inachevé, l'ensemble richement décoré grâce aux cadeaux d'Urbain V, qui avait en outre envoyé une épine de la sainte Couronne et la tête de saint Blaise enchâssée dans un chef d'argent. Parmi ces trésors on trouvait : une statue en vermeil de la Vierge, assise, et couronnée de perles ; deux anges en vermeil portés chacun par six lions de métal ; une châsse elle aussi de vermeil ; deux panneaux incrustés d'or (l'un de la vierge Marie, l'autre de sainte Véronique). Outre ce très précieux mobilier offert par le souverain pontife, il faut ajouter bon nombre de petits objets de procession ou d'office, ainsi que quantité de tapis (plus de trente selon l'inventaire de 1380). En manque d'argent, le chapitre voulut d'ailleurs vendre une partie de ce trésor pour continuer la construction de la cathédrale. Mais le trésor offert par le saint-Siège était inaliénable, et c'est le cardinal Anglic de Grimoard lui-même, le frère d'Urbain V, qui vint à Mende pour empêcher le chapitre de commettre cet acte. En 1392, le roi Charles VI ajouta à la menace d'excommunication papale l'ordre pour la sénéchaussée de Beaucaire de punir les chanoines.

L'achèvement du chœur

Les vitraux au dessus du chœur

Les travaux reprirent en 1452, sous l'impulsion des chanoines du chapitre de Mende. Guilhabert de Cénaret, le prévôt, posa la première pierre des chapelles rayonnantes « dans la continuité de l'oeuvre du choeur d'Urbain V », le 7 septembre exactement. L'évêque de Mende était alors Guy de La Panouse : il consacra le maître-autel le 2 août 1467. Mort l'année suivante, ce fut son neveu et successeur, Antoine de La Panouse, qui fit achever les travaux, avec notamment la pose des vitraux. Guillaume Papillon, verrier à Toulouse, fut chargé de cette tâche en 1468. Un peu avant 1470, la construction du chœur de la cathédrale était entièrement achevée.

Les clochers

Les clochers : à gauche celui de l'évêque, à droite celui des chanoines

En 1508 François de La Rovère occupait le siège épiscopal de Mende ; il avait succédé à son frère, lui-même précédé par leur oncle, qui n'était autre que Julien de La Rovère, devenu pape sous le nom de Jules II, instigateur de la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome. L'évêque François désirant doter la cathédrale d'un clocher pour remplacer celui en bois et la tour campanaire, décida de l'édifier à « sa hauteur » et à ses propres frais. Les chanoines approuvèrent ce projet et l'imitèrent en bâtissant une seconde tour, néanmoins plus modeste, ce qui explique que la cathédrale n'a pas deux clochers égaux.

Au départ il fut envisagé de les élever au-dessus des deux chapelles pentagonales, au chevet de la cathédrale. Mais les fondations n'étaient pas assez solides à cet endroit. C'est pourquoi on les construisit de l'autre côté, dans les dépendances du palais épiscopal. La première pierre du grand clocher fut posée le 2 août 1508 par Antoine de La Roquette, prévôt du chapitre, alors que celle du petit clocher le fut le 13 juillet 1509, par le vicaire général de l'évêque. En 1512 les deux édifices étaient terminés, le plus haut culminant à 84 m, celui des chanoines à 65 m.

François de La Rovère fit venir des cloches des fonderies de Clermont-Ferrand et de Lyon. Parmi celles-ci, on compte la « Non-Pareille », connue comme étant la plus grosse cloche de la chrétienté à cette époque. Elle arriva à Mende en 1516, en provenance de Lyon, le battant, lui, venant du Gard. Cette cloche aux dimensions sans précédent pouvait être entendue à 4 lieues à la ronde, soit 16 km.

La destruction de la cathédrale

En 1572, lors du massacre de la Saint-Barthélemy, le baron Astorg de Peyre fut assassiné dans la chambre du roi. Sa veuve engagea un jeune homme, Matthieu Merle, afin de venger la mort de son époux. De 1569 à 1576 il occupa avec ses troupes la forteresse de Grèzes d'où il s'empara peu à peu du nord du Gévaudan. À partir de 1577 il s'installa avec ses troupes à Marvejols avec l'intention de prendre Mende. La nuit de Noël 1579 les soldats de Merle attendirent que les Mendois fussent à la messe de minuit pour entrer dans la cité.

Merle occupa avec ses troupes la ville de Mende. Il choisit tout naturellement comme résidence celle des comtes-évêques du Gévaudan, le palais épiscopal. De là, il décida de réduire les dernières places fortes de la région qui lui résistaient encore, comme Balsièges, le Chastel-Nouvel, Ispagnac, Quézac ou Bédouès. Pour cela, il fallait des munitions à son armée. Canons, couleuvrines et boulets furent fabriqués à partir du bronze, récupéré en fondant les cloches et les bénitiers. La « Non-Pareille » disparut ainsi avec les autres cloches.

En 1581, Merle reconquit Mende qu'il avait un temps perdue. Ce fut à ce moment que le parti huguenot lui demanda de trouver 4 000 écus, pour venir en aide au prince de Condé. Merle rançonna les Mendois pour réunir ladite somme, en dépit de quoi il jura de détruire la cathédrale. La population ne pouvant réunir la somme, il mit sa menace à exécution. Pour venir à bout d'un si grand édifice, l'ingéniosité fut de mise : ainsi les piliers furent attaqués par le bas, et à chaque pierre enlevée, celle-ci était remplacée par une poutre en bois. Une fois la substitution effectuée, des fagots de bois furent entreposés dans la nef, et le feu y fut mis. En se consumant, les poutres cédèrent sous le poids de l'édifice, et la structure s'effondra toute seule. Cependant, désireux de protéger sa résidence, le palais épiscopal mitoyen de la cathédrale, les clochers furent épargnés. La même année, Merle quitta Mende, laissant ainsi les habitants dépourvus de cathédrale pour une vingtaine d'années.

La reconstruction

L'autel de la chapelle Saint-Privat et la statue du saint

Sous l'impulsion de l'évêque Adam de Heurtelou, la cathédrale fut reconstruite de 1599 à 1605. Mais elle le fut « sans façon ni ornements », tout en respectant le plan original. En 1605 eut lieu l'inauguration, mais la consécration ne fut célébrée que le 10 octobre 1620 par l'évêque Charles de Rousseau. C'est durant cette période que furent installés de nouveaux vitraux, dont une rosace. Tout cela fut détruit en 1793.

En 1605, la cathédrale fut le théâtre d'un règlement de compte, qui se conclut par le meurtre d'un des seigneur du pays : lors des États du Gévaudan, le baron de Randon, Armand de Polignac, et celui d'Apchier, Philibert, se disputèrent ; Philibert, ancien chef de la Ligue en Gévaudan, fut poignardé quelques jours après, le 18 janvier alors que l'on célébrait la messe. Son assassin, Annet de Polignac, baron de Villefort, était le frère cadet d'Armand.

En 1692, l'évêque François-Placide de Baudry de Piencourt offrit à la cathédrale des tapisseries d'Aubusson représentant le Nouveau Testament. Cet évêque de Piencourt enrichit d'ailleurs grandement la ville de Mende. Outre ces dons à la cathédrale, il prit soin des malades et des nécessiteux en faisant reconstruire l'hôpital général. À sa mort, il légua, de plus, tous ses biens à cet hôpital.

En 1732, la foudre démolit une des quatre tourelles du grand clocher. Puis, cinquante-deux ans plus tard, le sommet de la grande flèche fut, à son tour, touché. Dans les deux cas, les réparations furent effectuées peu de temps après.

Les apports modernes

Le porche

Durant la période révolutionnaire, le petit clocher est aménagé afin de pouvoir servir de prison. Cependant, le projet n'aboutit pas. Ce n'est que sous le premier empire, et jusqu'en 1815, que le petit clocher remplit cette fonction de prison. Parmi les prisonniers, ont figuré le sous-préfet de Florac, ainsi que le maréchal Soult.

En 1825 un nouvel autel fut consacré, entièrement de marbre blanc. L'édifice figurait sur la liste des monuments historiques de 1840 pour lesquels des secours furent demandés ; cette année-là, les ardoises du toit, tirées de carrières avoisinantes, furent remplacées par des plaques de zinc. Rapidement détérioré, le toit fut à nouveau refait vers 1880. Ce fut à la même époque, sous l'épiscopat de Julien Costes, que fut façonné le portail méridional (sur l'actuelle place Chaptal). Les armes de cet évêque sont visibles au-dessus du tympan.

En juin 1874 la cathédrale de Mende fut élevée au rang de basilique mineure par bref pontifical. Ce sanctuaire, lié à deux papes (Urbain V, son instigateur, et Jules II, ancien évêque de Mende) est donc reconnu par le Saint-Siège comme un lieu privilégié de la foi chrétienne. Également en cette année 1874, la statue d'Urbain V fut érigée sur le parvis de la cathédrale. Cette place prit à cette date le nom d'Urbain-V. La statue est l'œuvre du sculpteur Dumont. Initialement installée dans l'axe de la porte principale, elle fut depuis déplacée devant le petit clocher.

À cette époque, les chapelles du chœur, qui avaient été rapidement voûtées en berceau après les destructions de Merle, retrouvèrent leurs croisées d'ogives. À la fin du XIXe siècle, les vitraux furent refaits de neuf, puis on remonta presque à l'identique la rosace vers 1900. Le porche, à la place de la maison du sonneur de cloche, donnant sur l'actuelle place Urbain-V, fut construit dans les mêmes années. Le 9 août 1906 la basilique-cathédrale fut classée Monument historique.

En 1985 l'intérieur de l'édifice a été ravalé par la société Thoman-Hanry, et en 1989 furent mis en place le maître-autel et l'ambon modernes. La cathédrale est aussi église paroissiale, ce qui en fait le lieu de culte où se tiennent tous les offices catholiques ordinaires à Mende.

En plus de sa destination religieuse, la cathédrale est également, chaque année, le théâtre de plusieurs évènements musicaux, principalement dans le domaine de la musique classique. Il s'agit aussi d'un des lieux touristiques les plus importants de la ville de Mende. Un dispositif de fond sonore pour accompagner la visite libre a été mis en place. Des visites guidées de l'édifice et de ses clochers sont organisés par l'office du tourisme intercommunal de la ville.

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