Le Cape Canaveral Air Force Station (CCAFS) ou base de lancement de Cape Canaveral est le principal site de lancement de fusées américaines. Cet établissement de l'United States Air Force est situé à Cap Canaveral dans l'État de Floride. Il a été créé en 1950 pour réaliser les tests de fusées à longue portée en toute sécurité. Par la suite il est utilisé pour tester des missiles balistiques et des missiles de croisière.
Lorsque l'astronautique prend son essor en 1957, les installations de lancement de la base sont mises à contribution. C'est de Cap Canaveral que partent les premières fusées emportant des satellites et des sondes spatiales ainsi que les missions habitées des programmes Mercury et Gemini.
La NASA, après avoir utilisé de manière exclusive les installations de l'Armée de l'Air, choisit de créer ses propres installations, le complexe de lancement 39, adapté à la dimension des fusées lunaires du programme avec un ensemble d'installations regroupées au sein du centre spatial Kennedy. La NASA continue néanmoins d'utiliser les aires de lancement du centre de Cap Canaveral pour toutes les missions non habitées.
Aujourd'hui, la plupart des aires de lancement construites au fil des années sur la base (une quarantaine) sont désaffectées. Seules 4 d'entre elles ont une activité significative, chacune consacrée à une famille de lanceurs : Delta IV, Atlas V, Delta II et le nouveau lanceur Falcon 9. L'activité astronautique américaine a connu une décrue importante depuis l'an 2000, et le centre est utilisé désormais pour une dizaine de lancements par an. Les lancements sur orbite polaire ne sont pas réalisés depuis la base mais depuis Vandenberg sur la côte de Californie.
Le centre de lancement a pour origine une base de l’aéronavale américaine située sur la Banana River au sud du Cap Canaveral. Les essais de fusée après guerre étaient réalisés au Nouveau-Mexique, mais un incident de lancement hâta la recherche d'un site dégagé des habitations. Le premier choix situé à El Centro sur la côte de Californie fut rejeté par le président du Mexique (la trajectoire des fusées longeait la côte mexicaine) alarmé par la chute d'un V2 non loin de Mexico, le deuxième site sélectionné, situé à Cap Canaveral en Floride, dans une zone côtière de lagunes presque inhabitée fut choisi. Le 11 mai 1949 le président Harry S. Truman signait le décret de création d'un établissement interarmées pour le lancement des fusées à longue portée situé à Cap Canaveral.
L'implantation du centre sur la côte est de la Floride était idéale pour le lancement de fusées car leur trajectoire au décollage survolait l’Océan Atlantique évitant les zones habitées.
En mai 1950, on commença à construire une route d'accès et 4 sites de lancement (les aires de lancement 1 à 4) ainsi que des installations pour manutentionner les fusées et abriter les instruments de mesure. Les travaux étaient coordonnés par l'Armée de l'Air américaine pour le compte des 3 armes. On commença à édifier également un port en eau profonde au sud de Cap Canaveral (Port Canaveral) : initialement, celui-ci devait permettre le transport de fret destiné à la base, mais, par la suite, il fut ouvert au trafic commercial et aux sous-marins nucléaires. Un accord fut signé avec le gouvernement anglais pour construire une station de suivi dans l'archipel des Bahamas situé sur la trajectoire des fusées. Bien que les travaux ne soient pas encore achevés, l'armée de l'air procéda au lancement deux missiles V2 allemands modifiés en juillet 1950. Ces fusées, appelées Bumper, étaient composées d'un lanceur allemand surmonté d'une fusée Corporal non guidée. Le premier tir eut lieu le 24 juillet 1950.
En 1951, le site est agrandi vers le nord et devient le Centre de test des missiles de l’Armée de l’Air, la future Cap Canaveral Air Force Station de l’Armée de l’Air (CCAFS).
Une fois les infrastructures de Cap Canaveral achevées, l'activité connaît une forte croissance dopée par les essais sur les missiles de croisière de l'Armée de l'Air et l'apparition des missiles balistiques. Pour répondre à ces besoins, de nouvelles installations sont construites, et la base, relativement modeste des débuts, s'étale progressivement sur l'ensemble de la portion du littoral rattachée à l'entité géographique de Cap Canaveral. Les installations, qui étaient au début entièrement maintenues par l'Armée de l'Air, sont progressivement confiées à des sociétés privées pour limiter les coûts. Une filiale de la Pan Am signe le premier contrat de maintenance et de gestion opérationnelle des installations et des instruments en 1953.
En juin 1954 a lieu un premier essai de récupération de missile de croisière de type Snark qui, après avoir été lancé depuis la base et suivi un parcours pré déterminé, devait atterrir sur une piste d'atterrissage construite à cet effet. L'engin devait se poser en glissant sur des skis métalliques qui tenaient lieu de train d'atterrissage d'où le nom de la piste conservé depuis : la Cape Canaveral Skid Strip (c'est-à-dire piste de dérapage). L'engin fit un mauvais atterrissage et explosa en touchant le sol. Par la suite, la piste fut utilisée à de nombreuses reprises par des engins du même type ainsi que par des Navaho X-10 qui en décollaient et qui y atterrissaient (premier vol en février 1956). La piste est devenue ensuite un aéroport plus classique utilisé notamment pour le transport de pièces de fusées et d'équipements pour les installations du centre de lancement.
À la fin des années 1950, il devenait évident que le site de Cap Canaveral allait manquer de place pour construire de nouvelles aires de lancement. Or l'agence spatiale civile américaine nouvellement fondée, la NASA, qui était en train de mettre en place un programme spatial ambitieux, avait besoin de nouveaux sites de lancement. En 1961 le président John Kennedy donne le coup d’envoi au programme Apollo en annonçant qu’un astronaute américain se posera sur la Lune avant la fin de la décennie. La NASA envisageait de lancer jusqu'à 100 fusées Saturn par an. Or, Cap Canaveral ne pouvait accueillir ces fusées que sur 2 sites, l'aire 34 (4 lancements par an) et l'aire 37 (8 lancements par an). Pour tirer les fusées lourdes du programme, la NASA décida donc de créer son propre centre spatial par acquisition de terrains sur l’île adjacente de Merritt malgré l'hostilité de l'Armée de l'Air qui souhaitait pouvoir disposer de ces terrains pour l'extension future de sa propre base de Cap Canaveral et voulait conserver la responsabilité de tous les sites de lancement, la NASA étant un simple utilisateur payant. La NASA, ayant eu gain de cause, annexe d’emblée 340 km2 en 1962, puis négocie avec l’État de Floride l’achat de 230 km2 supplémentaires. La NASA y édifie une nouvelle base spatiale complètement autonome par rapport à Cap Canaveral, qui recevra plus tard le nom de centre spatial Kennedy avec deux aires de lancement qui reçoivent, dans la continuité des aires édifiées à Cap Canaveral, les numéros 39A et 39B.
L'Armée de l'Air américaine continue à gérer la Base de Cape Canaveral et à prêter ses installations à la NASA. Les vols habités des programmes Mercury et Gemini décollent de la base de Cap Canaveral ainsi que les premiers vols du programme Apollo en attendant que le complexe de lancement 39 soit prêt (le premier vol y a lieu en 1967). Les sondes spatiales et les satellites scientifiques de la NASA décollent également de Cape Canaveral. Aujourd'hui encore, la NASA continue d'utiliser les installations de l'Armée de l'Air pour lancer ce type de satellite, le complexe 39 étant réservé aux missions habitées.
L'armée de l'Air crée à cette époque une énorme aire de lancement (N°40) au nord des installations existantes pour pouvoir tirer ses lanceurs lourds, les fusées Titan. L'Armée de l'Air utilise cette aire de lancement pour mettre en orbite de nombreux satellites militaires : satellites espion, de télécommunications, météorologiques, satellites d'alerte avancée, d'écoute électronique.
En 1963 Cape Canaveral est renommée Cape Kennedy en l'honneur du président assassiné et toutes les installations qui portent le nom de Cape Canaveral sont rebaptisées. En 1973 les habitants obtiennent que le Cap retrouve son ancien nom et la base de lancement est renommée Cape Canaveral Air Force Station (CCAFS). En février 1977 la base perd son activité de centre d'essais des missiles.