Ce sont les polynômes qui ont initialisé la démarche qui finit par la construction des extensions de Galois. Lagrange remarque que la résolution d'une équation polynomiale par une méthode algébrique est intimement liée à l'étude de certaines permutations dans l'ensemble des racines. Il établit alors un premier théorème qui est maintenant généralisé à tous les groupes finis. Paolo Ruffini étudie plus spécifiquement le groupe des permutations d'ordre cinq, établit des résultats importants comme l'existence d'un sous-groupe d'ordre cinq et est le premier convaincu de l'impossibilité de la résolution générale d'une équation quintique. Si l'analyse systématique des groupes de permutations est démarrée, elle est néanmoins insuffisante pour conclure.
A l'aube du XIXe siècle Carl Friedrich Gauss établit un nouveau lien entre l'algèbre des polynômes et la géométrie. Il met en évidence le lien entre les polynômes cyclotomiques et la construction à la règle et au compas de polygones réguliers. Ces travaux permettent la construction du polygone régulier à 17 côtés. Si Gauss a l'intuition que cette démarche permet la résolution des trois grands problèmes de l'antiquité, il faut néanmoins attendre le résultat des travaux de Pierre-Laurent Wantzel pour conclure.
La naissance de l'algèbre moderne est généralement attribuée à Evariste Galois . Il est en effet le premier à utiliser une démarche totalement abstraite et à parler de la structure de groupe en général. Ces travaux sont redécouverts après sa mort par Joseph Liouville en 1843 qui les publie. L'algèbre abstraite entre alors dans le domaine de l'arithmétique et Liouville utilise cette théorie pour réaliser une percée majeure en 1844 dans le domaine de la théorie des nombres en démontrant l'existence de nombres transcendants.
Pour obtenir de nouvelles percées dans le domaine de l'arithmétique Ernst Kummer poursuit les travaux de Gauss sur les polynômes cyclotomiques et met en évidence la notion de nombre complexe idéal et prouve dans de nombreux cas le grand théorème de Fermat. Une démarche analogue à celle des groupes permet petit à petit de dégager la notion abstraite d'anneau et de corps, elle apparaît pour la première fois sous la plume de Richard Dedekind .
La formalisation moderne de la structure d'anneau provient d'une synthèse de David Hilbert . Elle contient l'origine de la théorie des corps de classe. La théorie générale des corps apparaît plus tard, à la suite des travaux de Ernst Steinitz . Cette théorie contient les concepts modernes comme l'extension de corps la dimension d'une extension ou l'extension séparable. La formalisation actuelle de l'extension de Galois et du théorème fondamental de la théorie de Galois est l'œuvre d'Emil Artin .
Les propriétés établies pour les extensions séparables possèdent des corollaires dans le cas des extensions de Galois. Ce sont ces corollaires qui sont énoncées ici. Ce sont essentiellement des conséquences du théorème de l'élément primitif démontré dans l'article Extension séparable.
Remarque: c'est une conséquence directe de la deuxième proposition du paragraphe Morphisme dans la clôture algébrique.
Supposons que le cardinal du groupe de Galois soit égal à n la dimension de L.
Supposons que l'extension soit galoisienne.
Supposons que L soit normale sur K.
Réciproquement supposons que tout polynôme irréductible à coefficients dans K ayant au moins une racine dans L ait toutes ses racines dans L.
Article détaillé: Théorème fondamental de la théorie de Galois
Il existe une correspondance entre les sous-corps d'une extension de Galois de dimension finie et les sous-groupes du groupe de Galois. Cette correspondance établit une équivalence entre certaines propriétés des sous-corps et celle des sous-groupes. Par exemple un sous-corps est une extension galoisienne si et seulement si le sous-groupe associé est distingué. Dans le cadre de la théorie des extensions finies, cette correspondance est un résultat fondamental de la théorie de Galois. Quatre propriétés résument cette correspondance:
Soit L une extension de Galois de dimension finie sur K et G son groupe de Galois. Soit H un sous-groupe de G et LH l'ensemble de L contenant tous les éléments de L invariant par chaque élément de H. Alors les deux propositions suivantes sont vérifiées:
Ces propositions permettent de démontrer le:
LH est un sous-corps de L, L est une extension galoisienne de LH et H est le groupe de Galois de l'extension L de LH.
L'application de l'ensemble des sous-groupes du groupe G dans les sous-corps de L qui à chaque sous-groupe H associe LH est une bijection.
L'extension LH de K est galoisienne si et seulement si H est un sous-groupe distingué de G. Alors le groupe de Galois de LH est isomorphe au groupe quotient G/H.
Remarque: la démonstration est données dans l'article détaillé.
L'ensemble K est non vide car il contient l'unité, il est stable par addition, multiplication et passage à l'inverse, c'est donc un sous-corps de L.
Montrons que L est algébrique et séparable.
Montrons que L est de dimension finie sur K.
Montrons que L est normal sur K;
Soit l un élément de L qui n'est pas dans K. Soit P[X] son polynôme minimal dans K et K1 le corps de décomposition de P[X] sur K. K1 est inclus dans L d'après le paragraphe précédent. Soit r une racine de P[X] différente de l. Alors il existe un morphisme m de corps de K1 dans Ω laissant invariant K d'après la première proposition du paragraphe Extension algébrique et sur-corps tel que m(l) = r. Ce morphisme s'étend à un morphisme de corps m' de L d'après l'avant dernière proposition du paragraphe Morphisme dans la clôture algébrique. Comme L est galoisien, m' est un automorphisme de L qui ne laisse pas l invariant. La contraposée démontre le résultat.
Montrons que H est un sous-groupe. H est non vide car il contient l'identité. H est stable par composition et passage à la réciproque, ceci montre qu'il est bien un sous-groupe de G.
L est séparable sur F d'après la deuxième proposition du paragraphe Cas des extensions et des corps. Tout automorphisme de L laissant invariant F laisse aussi K invariant, l'extension est donc normale. Enfin tout élément du groupe de Galois de L sur F est par définition un élément du groupe de Galois de L sur K, élément du stabilisateur de F.