Malgré les mythes grecs, il semble que le mot qui désigne le continent européen, doive être rapproché d'un mot sémitique plus ancien (Ereb) signifiant couchant. D'ailleurs, la princesse phénicienne Europe part vers l'occident, enlevée par Zeus.
À l'origine, cette catégorie Europe/Asie sert d'abord à distinguer les deux côtés de la mer où habitent des Grecs. Pour les Grecs qui considéraient alors la mer Égée comme une mer intérieure, l'Europe correspond à la Grèce européenne (car les Grecs qui vivaient également en Asie Mineure avaient le sentiment d'être aussi grecs que ceux habitant en Europe), par opposition avec l'Asie qui désigne, dans un premier temps, uniquement l'Asie Mineure (Anatolie actuelle). La coupure entre Europe et Asie naît ainsi comme une distinction entre ouest et est de la Grèce, l'Europe et l'Asie sont les deux grandes régions constituant la Grèce et se subdivisant elles-mêmes en plusieurs régions historiques. Pour les Grecs antiques et leurs successeurs, la Grèce européenne n'est pas plus "grecque" que la Grèce asiatique.
Ce mot, tardivement, vient à désigner la partie des Balkans au-delà du Péloponnèse, « et ce qu'il y a plus loin » vers le nord et vers l'ouest. Elle s'oppose à l'Asie, qui commence en Asie Mineure, et s'étend au-delà. Cette conception n'est que locale, les contrées lointaines étant inconnues de Ptolémée. Cependant, elle donne la première définition d'une limite géographique de l'Europe : le Bosphore.
Les Grecs ont fondé des colonies (les Clérouquies) sur tout le pourtour de la mer Noire, et naviguaient couramment jusqu'en Tauride et en Crimée (Hersones, Théodosie) au nord, et en Colchide à l'est. Mais la limite eurasienne n'a jamais été nette à cette époque. Les Grecs situaient parfois l'autre limite entre Europe et Asie en Colchide, point de la mer Noire le plus éloigné du Bosphore, plaçant ainsi le Caucase en Europe, et l'Anatolie en Asie. Cette frontière passait à l'époque dans la vallée (donc plus au sud que le Caucase, la limite actuellement retenue), sur le fleuve Rioni en Géorgie, axe de pénétration vers le cours du Koura, en Azerbaïdjan, jusqu'à la Caspienne. D'autres fois (par exemple dans la géographie de Ptolémée, ils faisaient passer la limite au nord de la mer Noire, par la mer d'Azov, et au-delà le long du Don. La légende de Persès fils d'Hélios reflète ainsi peut-être la première querelle mythologique sur la position de cette limite.
L'Europe s'est formée progressivement au fil de l'histoire.
La première mention historique de l'Europe en tant que communauté sociale se trouve dans la description de la bataille de Poitiers, où l'historiographe décrit que les "troupes européennes" découvrent les tentes musulmanes. Une première Europe politique naît peu après avec l'empire de Charlemagne, qui unit une partie de l'Europe latine et une majorité de l'Europe germanique. Cette unité politique fut éphémère, mais l'idée d'une communauté sociale européenne y prend ses racines. Les différentes composantes européennes s'y rattacheront progressivement au fil de l'histoire.
La composante « slave » historique était historiquement centrée sur l'Ukraine occidentale (vers le IIIe siècle) et s'est étendue vers le sud (dans tous les Balkans), l'est (l'actuelle Pologne) et le nord (principautés russes primitives). Le rattachement de ces composantes slaves a suivi des histoires différentes, marquées par deux grands chocs culturels. Au nord de la mer Noire, les invasions des peuples des steppes et leur reflux progressif, dans ce qui apparaît comme le "ventre mou de l'Europe" (Huns, Avar, Khazar, Magyars, Coumans, Horde d'Or). Au sud, à la suite de l'effondrement de l'empire byzantin, la conquête de l'empire ottoman sur les Balkans, et son reflux progressif.
Initialement autonomes avec la culture viking, les pays scandinaves sont rentrés naturellement dans la sphère européenne, par le simple jeu du renforcement de leurs liens économiques, culturels et religieux avec les sphères germaniques et slaves.
La zone qui s'étend entre Carpates et mer Caspienne, au sud, est longtemps restée dans la mouvance culturelle des peuples des steppes (Huns, Avars, Coumans, Khazar, Petchenègues, Oghuz...). Le rattachement de ces zones à la mouvance européenne suit les conquêtes successives de la Pologne, puis de la Russie. On peut distinguer trois grandes aires dans cette bande de terres fertiles :
Les frontières politiques ne reflètent pas fidèlement ces limites historiques, mais dans ces zones de grandes plaines, la position exacte est peu importante. On a donc trois bandes : Ukraine européenne sans trop d'état d'âmes, zone coloniale russe de transition (Astrakhan limite asiatique, mais la partie plus au nord plutôt russe), et zone coloniale non acculturée à partir du Kazakhstan.
Les Balkans sont avec la Grèce antique le premier centre de civilisation classique en Europe. Elle donneront à l'Europe la base de sa culture, Platon, Aristote, Socrate, Pythagore, Périclès ou encore Alexandre le Grand de Macédoine sont tous des enfants des Balkans. Les Balkans deviendront par la suite le centre européen de l'Empire romain d'orient. Au moment des grandes invasions ils seront la zone d’expansion des « Slaves du Sud » (le terme Yougoslaves n'est pas correcte dans ce contexte, parce qu'il désigne la population d'un état concret - la Yougoslavie; c'est un mot artificiellement créé à cet effet qui n'est pas d'usité pour les slaves du Sud comme tels), l’histoire culturelle de la péninsule balkanique est dominée par l’invasion des Ottomans qui y imposèrent leur administration pendant 4 siècles. Cette administration resta largement étrangère par rapport à la population autochtone en majorité chrétienne orthodoxe : il n’y a guère qu’au Kosovo et en Albanie que cette occupation a conduit à une majorité musulmane dans la population locale (musulmans majoritaires en Bosnie-Herzégovine également, plus quelques minorités éparpillées un peu partout dans les Balkans). À partir du XVIe siècle, l’histoire des Balkans est celle d'un lent recul des Ottomans, qui s’achève au traité de Sèvres (1920), à la suite duquel la Turquie ne conserve dans les Balkans que la province de Thrace.
Dans les Balkans, le rattachement à la mouvance européenne s’est historiquement confondu avec la libération de l'occupation ottoman.
L'adhésion progressive des différentes régions à la mouvance européenne relève plus d'un état de fait que d'une démarche officielle et explicite. Les composantes culturelles en sont variées, et la plupart des composants historiques ont cessé d'être pertinents de nos jours. Ceux-ci comprennent :