Face à un patient souffrant d’un mal de dos, la question est « de quelle façon le médecin va en déduire la cause exacte ? »
Pour établir son diagnostic, le médecin commence par étudier minutieusement l’historique de l’état général de son patient, en lui faisant remplir un questionnaire décrivant ses problèmes de dos, en balayant les champs suivants : le début des problèmes, ce qui améliore ou au contraire aggrave les symptômes, et la façon dont les symptômes affectent la vie quotidienne. Les réponses à ces questions vont aider le médecin à procéder à un examen physique plus adapté.
Dans un premier temps, le questionnaire consiste à explorer les représentations et les connaissances du patient quant à son mal de dos et à sa prise en charge au moyen des questions suivantes : « Que savez-vous de votre mal de dos ? », « Quelle est l’histoire de votre mal de dos ? », « Comment celui-ci a-t-il était pris en charge jusqu’à maintenant ? » ...
La suite consiste à évaluer la douleur ressentie afin de la prendre en charge à l’aide d’une Echelle Visuelle Analogique (EVA) permettant de mesurer l’intensité de la douleur ressentie et d’en suivre l’évolution au fil des consultations. Le patient doit positionner un curseur sur une ligne de 10 cm graduée de 0 à 10, 0 représentant l’absence de douleur et 10 la douleur maximale imaginable. Ensuite les questions doivent aider le médecin à comprendre comment le patient rachialgique réagit face à la douleur en lui demandant « Quelles sont vos réactions face à la douleur, prendre un bain chaud, vous dire qu’il y a pire ...? »
Enfin le médecin fait le point sur les conséquences du mal de dos sur la vie du patient en lui demandant quelles activités de la vie quotidienne, comme faire la vaisselle, tondre la pelouse … le font souffrir. Le médecin peut également demander au patient s’il a remarqué que son mal de dos pouvait survenir suite à une période de stress ou encore si son travail ou le fait de pratiquer une activité physique avaient une influence sur celui-ci (source INPES "Mal de dos - Guide pratique").
Le médecin va ensuite pratiquer un examen physique des muscles et des articulations du bas dos du patient. Il est important que le médecin voie comment le dos est aligné, comment il bouge et l’endroit exact où s’exerce la douleur. Le médecin peut avoir recours à quelques tests simples pour vérifier la fonction des nerfs. Ces tests ont pour vocation de mesurer la force des membres inférieurs, de vérifier les réflexes et de déterminer si le patient ressent un fourmillement dans les jambes et les pieds. Cet examen, complété par le questionnaire, va guider le médecin pour le choix des test supplémentaires à mettre en œuvre ou non. Ces tests fournissent en effet différents types d’information.
L’imagerie permet au médecin de voir l’anatomie du rachis de son patient. Plusieurs procédés sont utilisés de façon courante.
La radiographie utilise le principe des rayons X. Les rayons X sont plus ou moins absorbés et diffusés en fonction de la masse atomique de la matière qu’ils traversent. Ils impressionnent ensuite une plaque radiographique : le cliché obtenu, la radiographie, traduit l’opacité plus ou moins marquée des tissus ou organes par une teinte plus ou moins claire.
Les radiographies révèlent les problèmes affectant les os, telles que les infections, les tumeurs osseuses, ou encore les fractures. Ce procédé informe également le médecin du degré de dégénérescence induite dans le rachis, en visionnant la taille du foramen intervertébral ou l’espace entre les disques. Il s’agit habituellement du premier test mis en œuvre avant de passer à des procédés plus spécifiques. Des radiographies spécifiques, appelés radiographies en flexion-extension peuvent aider le médecin à déterminer si une instabilité existe entre les vertèbres. L’examen est pratiqué alors que le patient se penche le plus possible en avant, puis le plus possible en arrière. En comparant les deux prises, le médecin peut voir comment se passe le mouvement entre chaque segment rachidien. Les radiographies ne sont pas considérées comme très efficaces pour la détection des douleurs aiguës, notamment les trente premiers jours. Elles sont conseillées en cas de traumatisme, surtout chez les personnes de plus de 50 ans, aux personnes souffrant d’ostéoporose et à celles suivant un traitement à base de stéroïdes depuis un certain temps.
L’Imagerie par Résonance Magnétique utilise le principe des ondes pour créer des images du rachis lombaire en tranches. L’IRM permet de voir les os du rachis lombaire ainsi que les tissus et structures mous tels que les disques, les articulations et les nerfs. Les IRM sont sans douleur et ne nécessitent pas d’aiguille ou de produit de contraste. Il s’agit du test le plus couramment utilisé pour observer le rachis lombaire, après la radiographie. L’IRM a un coût relativement élevé et n’est utilisée que dans les cas nécessitant le recours à la chirurgie immédiate, par exemple en cas de syndrome de la queue de cheval, d’infection osseuse, de tumeur ou encore de fracture. Cependant, l’IRM peut être indiquée lorsque les douleurs sont présentes depuis plus d’un mois pour exclure tout problème sous-jacent plus sérieux. Enfin l’IRM n’est pas infaillible en ce qu’elle ne permet pas toujours de détecter certains problèmes tels que la rupture d’un disque.
La tomodensitométrie (ou CT scan) utilise le principe des rayons X. Cette technique permet au médecin d’observer des tranches de tissu osseux. L’appareil utilise un ordinateur couplé au scanner à rayons X pour créer ces tranches. Cette technologie, plus usitée que l’IRM, est utilisée quand des problèmes sont suspectés dans les os.
La myélographie est un type de radiographie utilisant un produit de contraste iodé révélé par les rayons X. La procédure consiste en l'injection de produit de contraste dans les vertèbres cervicales et les vertèbres lombaires à l'aide d'une aiguille pour ponction lombaire, suivie par différents clichés radiologiques. Ce procédé permet au médecin de détecter la présence d’une hernie discale ou d’une tumeur rachidienne, ou encore de voir si la moelle épinière ou les nerfs rachidiens sont soumis à une pression. La myélographie est souvent combinée à la tomodensitométrie pour fournir de plus amples détails. Cette technique tend à être remplacée par l’IRM mais reste toujours utilisée en cas de contre-indications telles qu’une obésité sévère.
Le discogramme constitue un autre test dont le principe se base sur l’utilisation des rayons X. Il comporte deux parties. Premièrement, une aiguille permet d’injecter du fluide et de créer une pression dans le disque que le médecin soupçonne d’être à l’origine du problème. La présence de douleur permet alors de confirmer cette hypothèse. Deuxièmement, un produit de contraste, visible aux rayons X, est injecté dans le disque. En utilisant la tomodensitométrie et les rayons X, l’intérieur du disque est visualisé : ceci permet de détecter les anomalies touchant le nucléus, telles que les déchirures et les fissures.
Il s’agit d’un examen qui consiste à injecter des traceurs radioactifs dans le réseau sanguin du patient, qui sont par la suite révélés par des rayons X projetés au niveau du dos du patient. Les traceurs s’accumulent dans les régions où l’os subit un processus rapide de réparation, telle qu’une fracture ou encore une infection ou une tumeur. Habituellement le scanner osseux est utilisé pour localiser le problème ; il est généralement complété par d’autres examens tels que la tomodensitométrie ou l’IRM afin d’observer la zone plus en détail.
Les ultrasons peuvent être utiles pour diagnostiquer des pathologies telles que l’appendicite, une anomalie pelvienne ou encore un anévrisme abdominal (source emedicine "Back Pain - Mechanical").
Un électromyogramme (EMG) est un examen utilisé pour déterminer si les nerfs allant jusqu’aux membres inférieurs sont touchés. Les EMGs sont effectués pour voir si les racines nerveuses sont coincées par une hernie discale. Lors de l’examen, de petites aiguilles sont placées dans certains muscles qui sont alimentés par chaque racine nerveuse. Si une modification de la fonction du nerf s’est produite, le muscle envoie différents types de signaux électriques. L’EMG lit et décrypte ces signaux afin de savoir quelle racine nerveuse est concernée. Cet examen est habituellement réservé aux douleurs chroniques et dans le but de prédire le niveau d’endommagement des racines nerveuses. Il permet également au médecin de savoir si son patient est atteint d’une maladie touchant les racines nerveuses ou bien d’une maladie musculaire.
Les douleurs ressenties dans le bas dos ne découlent pas forcément d’un état de dégénérescence. Les médecins font subir des tests sanguins à leurs patients dans le but d’identifier les autres pathologies, telles qu’un phénomène d’arthrite ou une infection. De plus, le mal de dos peut être dû à des problèmes qui n’impliquent pas le rachis, à l’instar des ulcères d’estomac, de problèmes touchant le foie ou encore d’anévrismes de l’aorte. D’autres examens peuvent être nécessaires pour exclure tout problème lié au rachis.