Remparts de Vannes | |||
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Période ou style | |||
Début construction | IIIe siècle | ||
Fin construction | milieu XVIIe siècle | ||
Destination initiale | Fortifications d'agglomération | ||
Propriétaire actuel | Ville de Vannes Propriété privée | ||
Protection |
Monument historique (1912-1958) | ||
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Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région historique | Bretagne | ||
Subdivision administrative | Morbihan | ||
Commune | Vannes | ||
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Les remparts de Vannes sont les fortifications érigées entre les IIIe et XVIIe siècles pour protéger la ville de Vannes dans le département du Morbihan en France. Fondée par les Romains à la fin du Ier siècle av. J.-C. sous le règne d’Auguste, la civitas Venetorum se voit contrainte de se protéger derrière un castrum à la fin du IIIe siècle, alors même qu'une crise majeure secoue l’empire romain. Cette première enceinte demeure la seule protection de la cité pendant plus d’un millénaire. C’est à l’époque du duc Jean IV, à la fin du XIVe siècle, que l’enceinte de la ville est réédifiée et étendue vers le sud pour protéger les nouveaux quartiers. Le duc veut faire de Vannes non seulement un lieu de résidence mais également une place forte sur laquelle il peut s’appuyer en cas de conflit. La superficie de la ville intra-muros est doublée et le duc adjoint à la nouvelle enceinte sa forteresse de l’Hermine.
Les guerres de la Ligue de la fin du XVIe siècle obligent la ville à se doter de plusieurs bastions polygonaux (Gréguennic, Haute-Folie, Brozilay, Notre-Dame). L’éperon de la Garenne est le dernier ouvrage défensif construit à Vannes vers 1630. A partir de 1670, le roi Louis XIV vend morceau par morceau les éléments des remparts afin de financer ses guerres. L'événement le plus significatif est, en 1697, le don à la ville de Vannes des ruines du château de l'Hermine, qui servent alors au réaménagement du port et à l'entretien des bâtiments municipaux.
Les aménagements urbains du XIXe siècle ont pour conséquence la démolition de plusieurs segments de la muraille nord et ouest. Il faut attendre la destruction partielle en 1886 de la porte Prison, un des plus vieux accès à la vieille ville, pour voir des vannetais attachés à leur patrimoine se réunir pour former une association de défense du patrimoine en 1911. S’ensuit la mise en place progressive de la protection des remparts au titre des monuments historiques entre 1912 et 1958. Depuis plusieurs décennies, la ville entreprend la remise en état et la mise en valeur des parties des remparts dont elle est propriétaire. Clé de voûte du patrimoine vannetais et élément touristique par excellence, les remparts de Vannes comptent parmi les rares fortifications urbaines qui subsistent encore en Bretagne.
À la fin du IIIe siècle, sous la menace des peuples germaniques, l'empereur Probus autorise Darioritum, comme toutes les cités du litus Saxonicum, à élever des fortifications. La bourgade antique de Vannes s'entoure dès lors de remparts sur la colline du Mené et abandonne la colline de Boismoreau qui formait le cœur de la cité. L'élection de cet emplacement tenait à sa configuration : la colline du Mené est à cette époque un promontoire rocheux entouré de marécages. Cette première enceinte est grossièrement triangulaire et s'étend de l'actuelle rue du Méné, au nord, jusqu'à la place des Lices, au sud. Il s'agit plus précisément d'un « hexagone irrégulier comprenant trois grands côtés, de longueurs inégales, reliés l'un à l'autre par trois petits côtés, aussi de longueurs inégales ». Cette première enceinte, d'un périmètre inférieur à 1 000 m, englobe environ 5 hectares.
Les sources se tarissent ensuite sur les siècles qui suivent. Ce qui est certain, c'est qu'une forteresse est attestée au Xe siècle sur la muraille nord. Certaines sources mentionnent les Ve ou VIe siècles comme période possible pour sa construction, puisqu'il semblerait qu'Eusèbe, roi de Vannes, utilisait déjà ce château comme demeure au début du VIe siècle. Cette forteresse a été baptisée château de la Motte. Son étymologie n'est pas tranchée : peut-être à cause de sa position dominante sur la ville ou à cause d'importants exhaussements lors des travaux de terrassements. Le château de la Motte est par la suite la demeure des comtes de Vannes, puis celle de certains des rois et ducs de Bretagne, entre autres : Macliau, Waroch II, Nominoë ou encore Jean Ier et Pierre Mauclerc.
Les guerres incessantes du duc avec ses voisins au cours du XIIe siècle fragilisent les remparts. Ainsi, la cité est assiégée cinq fois entre 1156 et 1175, à deux reprises par Henri Plantagenêt (en 1168 et 1175). C'est ainsi que le duc Jean Ier décide d'engager à partir de 1237 la réfection des remparts. Le séisme de 1287 incite son successeur, Jean II, à continuer les travaux, qui se terminent en 1305. Le château de la Motte, trop endommagé par ce séisme, est alors cédé à l'évêque Henri Tore. Celui-ci décide sa reconstruction à partir de 1288 pour en faire le manoir épiscopal de la Motte, la demeure des évêques de la ville.
En 1342, en pleine guerre de Succession de Bretagne, la ville subit quatre autres sièges en changeant de mains plusieurs fois entre le parti de Charles de Blois, soutenu par les Français, et celui de Jean de Montfort. Les Vannetais, qui se déclarent favorables à Jean de Montfort en 1341, se rendent à l'armée de Charles de Blois au début de l'année 1342, mais une armée anglaise, commandée par Robert III d'Artois, reprend la ville au mois d'août. Quelques jours plus tard, Olivier de Clisson reprend la ville pour le compte des Français au bout d'un nouveau siège où Robert d'Artois est mortellement blessé. La ville résiste victorieusement à un dernier siège mené par Édouard III d'Angleterre en novembre.
L'accès à la ville close pendant le Haut Moyen Âge se fait par cinq portes : Saint-Patern, Saint-Salomon, Bali, Saint-Jean et Mariolle.
Après la guerre, Jean IV, fils de Jean de Montfort, désigné duc de Bretagne par le traité de Guérande, fait réparer et agrandir les remparts vers le sud pour englober les faubourgs de la ville. La superficie de la ville close passe alors de 5 à 13 hectares. Deux portes et leurs barbacanes, Calmont et Gréguennic, sont ajoutées à l'enceinte ; la ville se dote également de trois tours vers le milieu du XVe siècle : la tour du Bourreau, la tour Poudrière et la tour Joliette. Les travaux ne seront réellement achevés que sous les règnes de Jean V et de François II.
Jean IV ajoute à ce renforcement des défenses de la ville l'édification de sa nouvelle demeure, le château de l'Hermine, dont la construction va s'étendre de 1380 à 1385. Pour ce faire, il échange le moulin qu'il possède à Pencastel (Arzon) contre celui de la Garenne, appartenant à l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys. Preuve de l'importance naissante de cette nouvelle résidence, les naissances et les mariages s'y succèdent à la fin du siècle et au début du suivant : Jean V y naît en 1389 et Jeanne de Navarre y épouse Henri IV d'Angleterre par procuration en 1402. Elle devient le lieu de résidence quasi-permanent des ducs suivants jusque François II, qui préfère le séjour nantais, où il se fait bâtir un nouveau château. Le château de l'Hermine devient alors lieu de refuge ou de détention, au gré de la volonté du duc et de la qualité de ses « invités » : lieu de séjour de Charles de France en lutte contre son frère Louis XI entre 1466 et 1467 ou de Henri Tudor en 1483-1484 et prison de Guillaume Chauvin, ex-chancelier de Bretagne, entre 1481 et 1484.
La guerre se ravivant quelques années plus tard, la ville est assiégée et prise à cinq reprises entre 1487 et 1490. La défaite bretonne lors de cette guerre sonne le glas de l'indépendance bretonne, concrétisée près de quarante ans plus tard, le 4 août 1532, avec la requête des États de Bretagne, au château de la Motte, auprès du roi de France François Ier pour l'union de la Bretagne à la France.
Cette miniature de Jean de Wavrin représente la seconde prise de Vannes en 1342 par Jean de Montfort et le camp anglais. Le combat a lieu dans les fossés de la cité entre la tour Poudrière et la porte Prison. Anachronique puisque ces éléments ont été construits après 1430 et que la tour romane de la cathédrale située en arrière plan ne fut reconstruite qu'après 1450, cette représentation est cependant fidèle aux remparts du milieu du XVe siècle. Les armes (épées et arcs) des soldats sont typiques du milieu du XIVe siècle alors que les archères sont adaptées à l'artillerie à feu (milieu XVe siècle).
L'intégration de la Bretagne au royaume de France apporte une certaine accalmie, tant économique que militaire. L'utilité des remparts est moins certaine, mais la ville continue à les entretenir dans une certaine mesure au XVIIe siècle, bien que la démolition du château de l'Hermine ait été décidée à cette époque.
À la fin du XVIe siècle, quand sévissent les guerres de religion, plusieurs villes stratégiques en Bretagne adoptent le principe des fortifications bastionnées, une obligation liée à l'amélioration de l'artillerie. Sous la Ligue, Vannes se rallie au duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne et ligueur. Lors de son séjour à Vannes en 1592, il emploie ses ingénieurs et ses architectes à l'amélioration des fortifications de la cité. La ville entreprend alors le renforcement des remparts au moyen des bastions de Gréguennic, Brozillay et Haute-Folie au sud-est de l'enceinte. Au sud, une ouverture est percée pour la communication avec le port. C'est la porte de Kaër-Calmont, qui deviendra porte Saint-Vincent quelques décennies plus tard. Entre 1594 et 1598, des troupes espagnoles sont postées dans la ville suite aux vœux du duc de Mercœur et du gouverneur de Vannes, René d'Arradon. Les caisses de la ville sont vides et les travaux ne sont toujours pas achevés en cette fin de XVIe siècle.
Après l'échec de la Ligue, Vannes subit les contrecoups de l'instabilité politique et des évènements qui se passent sur les côtes de l'Atlantique. Bien que la cité n'ait plus de rôle stratégique, son enceinte reçoit d'ultimes aménagements défensifs dans les premières décennies du XVIIe siècle. Les bastions élevés en grande hâte sous la Ligue sont améliorés entre 1611 et 1619. Jean Bugeau reconstruit en pierre le bastion de Notre-Dame. Celui de Haute-Folie est reconstruit suivant le principe de pilotis par André Bugeau. La porte Saint-Salomon devait également accueillir un bastion, mais le projet est resté sans suite.
Entre 1622 et 1624, Jean Bugeau est à la charge du chantier du pont et de la porte de Kaër-Calmont (Ker-Calmont). Les travaux s'achèvent en 1624, la porte est alors renommée porte Saint-Vincent en hommage au prédicateur Saint Vincent Ferrier, mort à Vannes en 1419. L'éperon de la Garenne, destiné à protéger le passage de la porte Poterne est construit par l'architecte vannetais Antoine Angueneau entre 1626 et 1628 après le désistement du nantais Jacques Corbineau.
Vannes va connaître une extension urbaine dans la seconde moitié du XVIIe siècle et ceci grâce à une forte croissance économique et religieuse ainsi qu'à l'installation dans la cité du Parlement de Bretagne entre 1675 et 1689. Suite à l'augmentation régulière de la population et pour faciliter la circulation dans l'intra-muros, la ville se consacre à divers aménagements. Avec la construction, entre 1678 et 1688, des portes Poterne et Saint-Jean par l'architecte François Cosnier, la ville compte désormais six portes.
L'évêque Charles de Rosmadec reconstruit le manoir de la Motte à partir de 1654, mais, en 1688, son démantèlement est décidé. En 1697, les vestiges du château de l'Hermine sont donnés à la ville, par le roi de France Louis XIV. Il sert alors, ainsi que les pans de la muraille en démolition, de carrière pour la réfection des bâtiments municipaux.
Julien Lagorce, traiteur, achète le site de l'ancien château de l'Hermine pour y bâtir un hôtel en 1785. En 1791, le manoir de la Motte est abandonné par l'évêque de l'époque, Sébastien-Michel Amelot. Neuf ans plus tard, les services de la préfecture du Morbihan s'y installent. Mais, mal entretenu, celui-ci continue de se détériorer. Un pan de mur s'effondre en 1860, précipitant le départ des services préfectoraux qui s'installent dans le bâtiment actuel en 1865. Le manoir est rasé peu de temps après, ainsi que toute la partie septentrionale des murailles, lors du percement de la rue Émile Billault (1862-1867). Une partie du manoir a survécu dans l'Hôtel de France jusqu'à sa démolition complète en 1912.
Avec près des trois-quarts de ses remparts préservés et malgré la destruction de plusieurs segments au XIXe siècle, l'enceinte urbaine de Vannes est une des mieux conservées de Bretagne. L'élément déclencheur de la sensibilisation des Vannetais est, en 1911, la rumeur de la destruction totale de la porte Prison, qui avait déjà été partiellement démolie en 1886, afin d'élargir la rue. Des Vannetais, attachés à leur patrimoine, se groupent pour fonder Les Amis de Vannes, une association de défense du patrimoine de la ville dont l'action permet l’achat de la porte par la ville et sa sauvegarde.
Ainsi, le classement en 1912 de la porte Prison au titre des monuments historiques inaugure une politique de protection des remparts. Celle-ci est bientôt suivie par le classement de la totalité du patrimoine fortifié de la ville, l'année 1958 marquant la fin de ce processus avec la protection du bastion de Gréguennic. Dès 1950, le maire, Francis Decker, a l'idée de créer un jardin à la française afin de mettre en valeur la partie orientale de la muraille laissée jusqu'alors en friche. Le plan de sauvegarde et de mise en valeur est, depuis 1982, un outil de protection du secteur sauvegardé de la vieille ville, politique relayée par la signature entre la ville et le ministère de la culture de la convention Ville d'Art et d'Histoire.
La protection et la mise en valeur des remparts prennent plusieurs formes, des nombreux chantiers de restauration à la tenue d'expositions (tour du Connétable, festival de photographies maritimes…) en passant par l'installation de l'Institut culturel de Bretagne et de nombreuses associations dans le château de l'Hermine, feux d'artifices, projection de lumière et organisation d'évènements au pied des remparts (salon du livre, fêtes historiques, Fêtes d'Arvor, exposition Photo de Mer).