Salle de marchés - Définition

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L'infrastructure

Les débuts

Le téléphone et le téléscripteur sont les premiers outils du broker. Le téléscripteur reçoit les cotations boursières et les imprime en continu sur un rouleau de papier (en anglais, le ticker tape). Les actions américaines y sont reconnues par un code mnémonique d'une à trois lettres, suivi du dernier cours, du plus bas, du plus haut et du volume négocié sur la journée. La diffusion est proche du temps réel, les cours sont rarement différés de plus d'un quart d'heure, mais le broker à la recherche du prix d'une valeur en particulier doit lire le rouleau...

Dès 1923, la société Trans-Lux équipe le NYSE d'un système de projection sur grand écran d'une version transparente du rouleau de téléscripteur. Ce système sera ensuite adopté par la plupart des brokers new-yorkais jusque dans les années 1960.

En 1956 apparaît le Teleregister, un tableau électro-mécanique qui affiche les cours des actions. Il existe en deux variantes, des 50 principales ou des 200 principales actions cotées sur le NYSE ; mais encore faut-il être intéressé par ces valeurs, et pas par d'autres…

Dans les années 1960, le poste de travail de l'opérateur de marché se caractérise par l'encombrement des postes téléphoniques. L'opérateur jongle avec plusieurs combinés pour converser avec plusieurs brokers à la fois. Le calculateur électro-mécanique, puis électronique, lui permet de faire des calculs simples.

Années 1970 : la vidéo

Dans les années 1970, si l'apparition de l'autocommutateur téléphonique privé permet de simplifier l'équipement téléphonique des opérateurs, en revanche, le développement des offres d'affichage d'informations financières conduit à multiplier les moniteurs vidéo sur leur poste de travail, chacun de ces matériels étant spécifique à son fournisseur de données. Les données s'affichent en vert sur des écrans noirs et chaque mise à jour rafraichit la page entière. Le commutateur vidéo permet de syndiquer plusieurs flux vidéo et les redistribuer vers un nombre limité de moniteurs ; par exemple, le système PRISM de Rich Inc. permet de traiter 10 écrans monochromes ou 4 en couleurs.

Telerate, Reuters, Bloomberg, Knight-Ridder, Quotron, Bridge, Instinet sont les principaux acteurs du marché de l'information financière, plus ou moins spécialisés selon les compartiments, du monétaire, des changes, des titres, respectivement, pour les 3 premiers d'entre eux. Les traders jonglent désormais avec les claviers.

Années 1980 : le tableur

Cette décennie qui voit se généraliser les salles des marchés est aussi celle du développement de la micro-informatique et des stations de travail. Les tableurs apparaissent, l'offre se scindant entre le monde du MS-DOS/Windows, pour PC, avec Lotus 1-2-3, rapidement supplanté par Excel, et celui d'Unix, pour les stations de travail, avec notamment Applix et Wingz. À côté des terminaux vidéos, il faut donc encore trouver de la place pour un écran d'ordinateur.

Très vite, Excel devient populaire auprès des opérateurs, comme outil d'aide à la décision et comme moyen de suivre leur position, et devient un puissant facteur de choix d'une plateforme Windows NT au dépens d'une plateforme Unix ou VAX/VMS.

Si l'offre logicielle se développe pendant cette période, la salle des marchés souffre déjà d'un manque d'interopérabilité et d'intégration. Il n'y a notamment pas de transmission automatique des opérations depuis les outils de front-office, et notamment pas depuis Excel, vers les applications qui commencent à apparaitre dans les back-offices ; l'opérateur enregistre chaque transaction en remplissant un ticket pré-imprimé de couleur différente selon le sens (achat/vente ou prêt/emprunt), et un agent du back-office passe régulièrement récupérer les piles de tickets pour les ressaisir dans un autre système.

Années 1990 : la révolution numérique

Non seulement les outils d'affichage vidéo sont éclatés et enfermés dans des boites propriétaires, mais le mode même de l'affichage (la page s'affiche sur une requête préalable, et le temps de réponse peut être long) n'est plus adapté à des marchés devenus très liquides et qui requièrent une prise de décision en quelques secondes. Les traders attendent désormais, d'une part, une information qui arrive en temps réel, c'est-à-dire des cours qui se rafraichissent dans la page affichée sans intervention au clavier, d'autre part, que ces données soient récupérables dans leurs outils d'aide à la décision ou de tenue de position, et en particulier dans leur tableur.

La révolution numérique, qui démarre dès la fin des années 1980, est le catalyseur qui permet de satisfaire ces attentes. Elle se traduit tout d'abord, au sein de la salle, par l'installation d'un système de distribution de données, un type de réseau local. En amont sont syndiqués les flux de différentes sources, en aval sont arrosés les postes des traders. On appelle feed-handler le serveur qui acquiert les données de l'intégrateur et les transmet au système de distribution locale. Enfin, le serveur de page composite acquiert les données temps réel et les assemble selon les maquettes configurées selon les besoins de chaque trader.

Reuters, avec son offre TRIARCH 2000, Teknekron, avec son TIB, Telerate avec TTRS, Micrognosis avec MIPS, se partagent bientôt ce nouveau marché. Reste à installer sur chaque poste un logiciel d'acquisition et d'affichage, et d'analyse graphique, de ces données.

Ce type d'outil permet généralement au trader d'assembler l'information pertinente en pages composites, comprenant un panneau de dépêches, donc en format textuel, glissant en temps réel de bas en haut, un panneau de cotation, par exemple les cours de change contre dollar américain, chaque cours passant quelques secondes en vidéo inversée chaque fois qu'il change de valeur, un panneau d'analyse technique, avec moyenne mobile, MACD, chandeliers ou autre indicateurs techniques, un autre affichant les cotations d'un même instrument par différents courtiers, etc.

Deux familles de progiciels appartiennent à cette nouvelle génération d'outils, l'une pour les plateformes Windows-NT, l'autre pour les plateformes Unix et VMS.

L'analyse technique restitue graphiquement l'analyse du comportement historique d'un instrument financier, afin de prévoir l'évolution de son cours.

Cependant Bloomberg et, sur le marché français, Fininfo, échappent à ce mouvement, préférant s'en tenir à un modèle de service bureau, chaque poste utilisateur étant asservi à une base de données et à des traitements centralisés. L'approche de ces fournisseurs est d'enrichir leur système du maximum des besoins en fonctionnalités pour que la question de l'ouverture vers des tableurs ou systèmes tiers ne se pose plus.

Par ailleurs, cette décennie voit l'irruption de la télévision dans la salle des marchés. Les déclarations de présidents de banque centrale sont désormais des événements très attendus, où le ton et la gestuelle sont décryptés. Le trader a alors un œil braqué vers le téléviseur, souvent perché en hauteur, l'autre vers un écran d'ordinateur, pour surveiller comment les marchés réagissent aux déclarations, tout en ayant, le plus souvent, un client au téléphone. Reuters, Bloomberg, CNN, CNBC proposent alors chacun une chaine d'information continue spécialement conçue pour les marchés financiers.

Années 2000 : internet et bande passante

Le développement d'internet entraîne la chute du coût de l'information, y compris financière. Il porte un coup dur aux intégrateurs qui, comme Reuters, ont engagé des investissements considérables les années précédentes pour délivrer des données de marché en masse et en temps réel, et enregistrent à la fois une vague de résiliation des abonnements aux données et une mévente de leurs logiciels de distribution ou d'affichage de données.

D'autre part, les investissements des câblo-opérateurs aboutissent à une augmentation considérable de la capacité de transport de l'information. Les établissements ayant plusieurs salles de marché dans le monde profitent de cette bande passante pour relier leurs sites étrangers à leur site national en un modèle en étoile. L'émergence d'outils de type Citrix accompagne cette évolution, puisqu'ils permettent à un utilisateur distant de se connecter vers un bureau virtuel d'où il a alors accès aux applications du siège, dans des conditions de confort analogues à celles d'un utilisateur local. Là où dix ans plus tôt une banque d'investissement devait déployer un logiciel salle des marchés par salle des marchés, elle peut dorénavant restreindre de tels investissements sur un site unique. Le coût de mise en œuvre technique d'un site étranger se réduit ainsi essentiellement au poste des télécoms.

Et puisque l'architecture informatique se simplifie, se centralise, elle peut aussi s'externaliser. De fait, depuis quelques années, les principaux fournisseurs de technologie dédiée aux salles de marché déclinent des offres d'hébergement.

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