L'Achilleion | |
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Informations géographiques | |
Coordonnées | |
Pays | Grèce |
Localité | Gastouri (Corfou) |
Informations générales | |
Date d'ouverture | 1962 |
Collections | Objets ayant appartenu à l'impératrice Élisabeth d'Autriche et au Kaiser Guillaume II d'Allemagne |
Nombre d'œuvres | Inconnu |
Superficie | 200 000 m2 |
Informations visiteurs | |
Visiteurs/an | Inconnu |
Adresse | Αχιλλειοι 49084, Grèce |
Site internet | http://www.corfu-casino.gr/default_en.html |
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L’Achilleion ou Achilléon (en grec moderne : Αχίλλειο ou Αχίλλειον) est un palais néoclassique de style pompéien situé en périphérie du village de Gastouri, dans le dème d’Achilleio, sur l’île grecque de Corfou.
Construit en 1889-1891 en l’honneur du héros homérique Achille par l’impératrice Élisabeth d’Autriche-Hongrie (plus connue sous le nom de « Sissi »), il est racheté par le Kaiser Guillaume II d’Allemagne en 1907 puis occupé par les troupes françaises et serbes, qui en font un hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale.
Après la signature du traité de Versailles, l’Achilleion est nationalisé par l’État grec en guise de réparations de guerre. Occupé par les troupes de l'Axe pendant la Deuxième Guerre mondiale, il est rendu à la Grèce à la Libération puis transformé en casino et en musée en 1962. Aujourd'hui, même si la résidence accueille sporadiquement des sommets européens (comme lors de la signature du traité de Corfou en 1994), c’est surtout un musée dédié à ses deux plus célèbres propriétaires.
Le palais de l'Achilleion se trouve sur la côte orientale de Corfou, dans le dème d'Achilleio, auquel il a d'ailleurs donné son nom.
Situé en périphérie du village de Gastouri, au fond de la baie de Benitses, il se trouve à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Corfou ville. Placé au sommet d'une colline, à 145 mètres d'altitude, il domine la Mer Adriatique et offre une vue panoramique sur l'îlot de Pontikonissi et sur la ville de Corfou.
L'impératrice Élisabeth d’Autriche-Hongrie se rend, pour la première fois, à Corfou, en mai 1861. À l’époque, les Îles ioniennes n’appartiennent pas encore à la Grèce et la souveraine, qui voyage à bord du yacht anglais Victoria-and-Albert II, y est accueillie par le gouverneur britannique Henry Knight Storks. Immédiatement, l'impératrice est charmée par l'île, sa végétation et son climat : elle oublie alors Madère, destination exotique qui a pourtant été son premier refuge alors qu’elle fuyait la cour viennoise, et décide de revenir plus tard à Corfou.
Les années qui suivent, Sissi, de plus en plus fascinée par la civilisation hellénique, arpente la Grèce et l'Asie mineure, sans se préoccuper des tensions qui secouent les Balkans ou de la gêne que peut causer, à la famille royale grecque, la visite de la cousine du roi Othon Ier, déposé en 1863 et remplacé sur le trône hellène par un prince danois. En octobre 1885, l'impératrice visite ainsi les ruines de Troie et se recueille sur le tombeau d'Achille, son héros mythologique préféré.
En octobre 1887, Élisabeth se rend une nouvelle fois en Grèce, décidée, cette fois, à y suivre les pas d'Ulysse. Elle fait alors la connaissance du baron Alexander von Warsberg, consul d'Autriche-Hongrie à Corfou. Brillant helléniste, celui-ci sert de guide à l'impératrice dans son périple à travers les îles de l'Égée. Le voyage de l'impératrice se termine finalement sur la côte de l’Épire et à Corfou, où le diplomate reprend son poste.
L'année suivante, Sissi revient à Corfou et s'installe à la Villa Vraila (ou Villa Braila) de Gastouri. Elle y entame l'étude du grec ancien et moderne, avec un avocat que le baron von Warsberg lui a recommandé comme professeur. Tout au long de sa vie, l'impératrice reçoit les cours de quatre répétiteurs successifs (parmi lesquels maître Thermojanis, Rhousso Rhoussopoulos et Constantin Christomanos) et elle parvient finalement, grâce à eux, à dominer parfaitement la langue grecque.
Après un nouveau séjour à Corfou en novembre 1888, Sissi prend la décision de s’y faire bâtir un palais. Elle rachète à son ami, le riche corfiote Petros Vrailas Armenis, la Villa Vraila et la fait remplacer par un palais dédié au héros antique Achille qu’elle commande à l’architecte italien Raffaele Caritto. Sissi, passionnée par l’œuvre d’Homère, désire en effet rendre hommage à ce personnage tragique dont elle a déjà placé une statue dans le parc du château de Miramare en 1885. Selon elle, Achille incarne, en effet, « l’âme grecque et la beauté de ce paysage et de ce peuple ».
Ne pouvant superviser elle-même la construction du palais, l’impératrice charge le baron von Warsberg d’en diriger les travaux. Cependant, le consul est un homme âgé et il meurt en mai de l’année suivante, bien avant que l’Achilleion soit totalement terminé. La souveraine demande donc à un officier de marine, le baron von Bukovicz (ou Bukovitch), de le remplacer dans cette tache. De fait, la mort mystérieuse de l’archiduc Rodolphe, seul fils de l’impératrice Élisabeth, à Mayerling, le 30 janvier 1889, rend plus pressant le besoin de la souveraine de s’éloigner de Vienne et de reprendre sa vie d’errance.
La construction de l’Achilleion prend fin en octobre 1891 et c’est Sissi elle-même qui s’occupe de sa décoration. Pour cela, elle achète au prince Borghèse une série de statues à l’antique représentant le héros mythologique. Parmi celles-ci, l'Achille blessé (ou Achille mourant) du sculpteur allemand Ernst Herter constitue la pièce centrale de l’ensemble. L’impératrice fait, par ailleurs, venir de Vienne différents meubles et objets, dont un de ses portraits par Franz Xaver Winterhalter. La vaisselle est placée sous le signe du dauphin et l’on retrouve l’animal à la fois sur l’argenterie, la verrerie, la porcelaine et le linge de maison.
En mars 1891, Sissi fait découvrir sa demeure à son époux, l’empereur François-Joseph, et à sa fille cadette, l’archiduchesse Marie-Valérie, lors d’une visite des Habsbourg en Grèce.
Malgré son désir de s’établir à Corfou, Sissi garde le goût des voyages et elle ne réside finalement que quelques mois de l’année à l’Achilleion. En son absence, le palais peut être visité par les touristes de l'époque, après avoir obtenu l'autorisation du consul autrichien de Corfou.
Après cinq ou six ans de ce régime, l'impératrice, lassée, envisage de revendre sa résidence ionienne. Cependant, le palais corfiote reste, toute sa vie, l’une de ses résidences favorites et la souveraine s’y rend presque à chaque printemps jusqu’à son assassinat par l’anarchiste italien Luigi Luccheni, à Genève, en 1898. L'impératrice porte d'ailleurs, en permanence, sur elle un minuscule album qui contient des photographies de son palais et de ses jardins.
Après la mort d’Élisabeth d’Autriche, c’est sa fille cadette, l’archiduchesse Marie-Valérie, qui hérite de la villa. Mais la princesse refuse de s’y rendre et l’Achilleion est abandonné pendant plusieurs années tandis qu’une partie des collections qu’il abritait (dont une statue de l'archiduc Rodolphe) est envoyée en Autriche-Hongrie. Certains souvenirs, comme le lit de fer à roulettes de Sissi, restent tout de même dans le palais, où on peut encore les voir aujourd’hui.
Le Kaiser Guillaume II d’Allemagne s’intéresse très tôt à l’Achilleion. Il visite pour la première fois le palais en novembre 1890, alors que celui-ci n’est même pas encore terminé. Comme l’impératrice Élisabeth, Guillaume II est en effet fasciné par le personnage d’Achille : c’est cependant la force et le talent guerrier du héros qui séduisent le souverain et non sa destinée tragique, comme c'est le cas avec Sissi.
Après la mort de l’impératrice, le Kaiser manifeste rapidement à l’empereur François-Joseph Ier et à l’archiduchesse Marie-Valérie sa volonté de racheter l’Achilleion. Cependant le prix de la demeure empêche, dans un premier temps, le souverain de réaliser son projet et il doit donc se contenter de fréquents séjours à Corfou à bord du yacht Hohenzollern.
Guillaume II rachète finalement le palais en 1907, après deux ans de négociations. Le souverain en fait alors sa résidence méditerranéenne et il y séjourne plusieurs semaines, chaque printemps, entre 1908 et 1914. Toujours accompagné d’une suite importante, il est reçu, à chaque fois, par le roi Georges Ier de Grèce, qui ne l’aime pas mais veut ainsi lui montrer qui est le véritable souverain des lieux. Lorsque l'empereur est absent, le palais peut être visité par les touristes de l'époque, après avoir acquitté un droit d'entrée de 2 drachmes.
L’empereur imprime rapidement sa marque à la résidence. Il la restaure en faisant appel au même architecte que Sissi et y adjoint un grand bâtiment destiné à accueillir sa suite. Guillaume II modifie également l’organisation des statues des jardins. Il déplace l’Achille blessé d’Ernst Herter et le remplace par l’imposant Achille Victorieux de Johannes Götz. Au pied de cette statue, l’empereur fait inscrire en allemand la dédicace suivante : « Au plus célèbre des Grecs, le plus célèbre des Allemands ». Le Kaiser fait, par ailleurs, enlever la statue d'Heinrich Heine, le poète préféré de Sissi. À la place, il érige une statue de taille réelle de l’impératrice défunte qu’il commande au sculpteur Herter.
Le Kaiser profite de ses fréquents séjours à Corfou pour participer à des fouilles archéologiques autour de Garitsa. Avec Wilhelm Dörpfeld, il découvre ainsi plusieurs objets antiques qui sont aujourd’hui exposés au musée archéologique de l’île. Les visites de Guillaume II à l’Achilleion permettent également de faire de Corfou un important centre de la diplomatie européenne.
À partir de 1916, la Triple Entente occupe l’île de Corfou et l’armée serbe, défaite par les troupes austro-hongroise, y est transférée en attendant d’être envoyée à Thessalonique. Mais le royaume de Grèce ayant déclaré sa neutralité pendant la Première Guerre mondiale, la France et ses alliés se gardent d'installer leur quartier général à l’Achilleion. Cependant, la villa est transformée en hôpital militaire par les Français et les Serbes. Une partie des collections est subtilisée tandis que des dégradations se produisent. L’armée française fait ainsi effacer la dédicace grandiloquente qu’avait fait apposer le Kaiser sur le socle de l’Achille victorieux de Götz.
En 1917, le roi des Hellènes Constantin Ier, beau-frère du Kaiser Guillaume, est renversé et le gouvernement d’Elefthérios Venizélos déclare la guerre à l’Allemagne. Avec le Traité de Versailles de 1919, le palais est nationalisé par la Grèce en guise de réparation de guerre. En 1925, une partie des collections du palais est vendue aux enchères et dispersée tandis que le bâtiment est utilisé pour abriter différents services gouvernementaux.
En 1937, une partie du bâtiment est transformée pour accueillir les collections du musée de Corfou.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les forces de l’Axe occupent Corfou. Les Italiens, puis les Allemands, utilisent l’Achilleion comme quartier-général et comme hôpital. Le bâtiment subit alors de nouvelles dégradations.
Une fois la guerre terminée, la villa est replacée sous la houlette de l'État grec, qui y installe des écoles et un jardin d'enfants. Mais, en 1962, l’État confie, pour vingt ans, la résidence à une compagnie privée d'origine allemande. Celle-ci fait du premier étage de la villa le premier casino grec de l'après-guerre tandis que le rez-de-chaussée du palais est transformé en musée consacré à ses deux plus illustres occupants : l’impératrice Élisabeth et le Kaiser Guillaume. Le baron von Richthofen, gérant de la société, fait alors en sorte de récupérer une partie des objets ayant autrefois appartenu aux collections du palais.
En 1988, la société qui gère l’Achilleion décide de transférer progressivement le casino en dehors du palais. En 1991, la salle de jeu fonctionne à la fois dans le palais et au Corfu Holiday Palace hotel de Kanoni. Puis, en 1992, le casino est définitivement déplacé.
Finalement, à partir des années 1990, l’Achilleion retrouve un peu du rôle diplomatique qu’il possédait sous le règne de Guillaume II. En 1994, le traité de Corfou, qui consacre le quatrième élargissement de l'Union européenne, est signé dans le palais et, en 2003, une rencontre informelle des ministres de l’agriculture de l'Union s'y tient.