La conception du Mosquito se distingue par une utilisation novatrice et peu orthodoxe de matériaux et techniques ordinaires. La cellule est constituée de contreplaqué spécial, plus résistant et plus léger que la norme. Ce contreplaqué est produit grâce à une alternance de couches de balsa équatorien et de bouleau canadien. La colle utilisée au départ est une colle à bois à base de caséine. Elle est plus tard remplacée par une colle à bois à base de formaldéhyde, plus apte à supporter de fortes amplitudes de chaleur et d’humidité, notamment lors de l’engagement du Mosquito sous des climats tropicaux. De Havilland développe également une technique d’accélération du séchage de la colle grâce à des fours micro-ondes.
Le fuselage est formé à l’aide de moules : les côtés gauche et droit du fuselage ainsi que les autres éléments structurels sont construits séparément. Ces éléments sont renforcés par des vis à bois en laiton. Cet arrangement simplifie de façon importante l’installation par les ouvriers des systèmes internes hydraulique et des câblages, car les deux parties du fuselage sont encore ouvertes à cette étape de la construction. Ces deux moitiés sont ensuite collées et scellées ensemble, pour être finalement recouvertes par du tissu de coton Madapolam.
Les ailes sont également en bois. Pour augmenter leur résistance, elles sont construites en un bloc et assemblées au fuselage seulement lorsque les deux moitiés de celui-ci sont collées. Le métal est utilisé avec modération dans la construction des éléments structurels : il est surtout employé pour le train d’atterrissage, les volets et les vis de renfort en laiton.
En Angleterre, les parties du fuselage sont construites par les entreprises E. Gomme, Parker Knoll et Styles & Mealing. Les ailes sont produites par J.B. Heath et Dancer & Hearne. Beaucoup d’autres parties, tels que les volets de contrôle, les bords d’attaque des ailes et les portes de la soute à bombes sont fabriquées à High Wycombe dans le Buckinghamshire, grâce à son industrie de meuble bien établie. Ainsi 5 000 Mosquitos sur les 7 781 unités produites, sont constitués de pièces manufacturées à High Wycombe.
La technique particulière de placage du bois utilisée est développée par la manufacture américaine Roddis, basée à Marshfield, dans le Wisconsin : Hamilton Roddis constitue des équipes de jeunes femmes habiles qui repassent un placage de bois exceptionnellement fin avant de l’expédier au Royaume-Uni.
Le design original date de 1938, même si la construction ne commence qu'en 1940, le retard étant dû à un intérêt insuffisant de la RAF. 3 prototypes furent construits, chacun ayant une configuration différente. Le premier à voler fut le prototype bombardier W4050 le 25 novembre 1940, suivi du chasseur de nuit le 15 mai 1941 et de la variante reconnaissance photo le 10 juin 1941.
Le prototype Reconnaissance Photo devient la base pour le Mosquito PR Mk I, tandis que le modèle Bombardier deviendra le Mosquito B Mk IV, 273 appareils PR furent construits. Le premier vol opérationnel par un Mosquito PR Mk I fut réalisé le 20 septembre 1941. Le Mk IV entra en service en mai 1942 au sein du No105 Squadron de la RAF. Le B Mk IV pouvait transporter 4 bombes de 500 lb (227 Kg) ainsi que 2 réservoirs additionnels ou 2 autres bombes de 500 lb sous voilure.
Le Mosquito B.Mk IX était une variante de bombardier de haute altitude, mais la version de bombardement la plus construite fut le Mosquito B.Mk XVI avec 1 200 unités. Le bombardier Mosquito pouvait transporter une bombe de 4 000 lb (1 816 kg) "blockbuster" dans sa soute. Cette soute à bombes pouvait aussi accueillir plus de 6 bombes de 500 lb. Le mosquito fut largement utilisé par la RAF Pathfinder de la RAF pour le marquage des cibles en vue de bombardements stratégiques nocturnes. En dépit d'un taux de perte élevé au départ, le DH.98 finit la guerre comme étant l'appareil ayant subi le moins de pertes au sein du RAF Bomber Command. La RAF constata qu'à niveau de puissance de frappe équivalente, le Mosquito était 4,5 fois moins cher qu'un Lancaster. Des unités spéciales de la Luftwaffe (Jagdgruppe 25 et Jagdgruppe 50) furent formées pour contrer les attaques de Mosquitos, quoique le résultat ne fût jamais à la hauteur. La Luftwaffe considérait que le Mosquito était bien supérieur à leur concept de "Schnellbomber".
Développé en 1940, le premier prototype du Mosquito F Mk II fut finalisé le 15 mai 1941. Cet avion était armé de 4 canons Hispano-Suiza HS.404 de 20mm dans le fuselage et de 4 mitrailleuses Browning Mk 1.2F2 de 0.303 (7.7mm) dans le nez. Cette version exigeait que l'accès au poste de pilotage se fasse sur le côté du nez et non plus par dessous. L'appareil avait aussi une verrière redessinée avec des panneaux pare-balles frontaux, inexistants dans la version originale. Cette variante ne fut produite qu'à peu d'exemplaires.
La première série de chasseur de nuit DH.98 fut désignée Mosquito NF Mk II. 466 exemplaires furent mis en service au sein du No. 157 Squadron de la RAF en janvier 1942, afin de remplacer le Douglas A-20 Havoc. La version NF Mk II était similaire à la version F Mk II, mais était équipé avec le radar centrimétrique AI Mk IV. L'antenne émettrice pivotante était montée dans le nez et l'antenne bipolaire réceptrice dans les ailes. Un certain nombre de NF Mk II eurent leur équipement radar démonté et remplacé par des réservoirs additionnels pour être utilisés pour l'intrusion de nuit. Ces appareils, désignés NF II (Spécial) furent déployés à Malte le 20 décembre 1942, et afin d'opérer contre des cibles en Italie.
97 NF Mk II reçurent le radar centimétrique AI Mk VIII et furent désignés Mosquito NF.Mk XII. Le Mosquito NF Mk XIII, avec 270 unités produites, eut une production équivalente aux NF Mk XII modifiés. Le radar centimétrique était monté dans une solide cosse (Mk XII / XIII) ou dans un radôme (Mk XVII / XIX), qui a entrainé le déplacement des mitrailleuses. Les autres variantes de chasse nocturne furent Mk XV, Mk XVIII (Mk II convertis), Mk XIX et Mk 30. Les 3 derniers modèles furent équipés du radar AI Mk X construit aux USA.
Après guerre, 2 nouvelles versions de chasseur nocturne furent développées, le NF Mk 36 et le NF Mk 38 :
Pour avertir les chasseurs de nuit allemands qu'ils étaient traqués par ce radar, l'Allemagne développa le détecteur de radar FuG 350 Naxos.
Les Mosquitos d'intrusion nocturne du No. 100 Group de la RAF, furent équipés du détecteur de radar Serrate pour leur permettre de traquer les chasseurs allemands à partir de leur radar Lichtenstein B/C et SN-2, ainsi que du Perfectos permettant de traquer l'Identification friend or foe (IFF) allemand.
La version la plus produite a été le chasseur-bombardier FB Mk.VI avec 2 718 unités. Développé à partir de la variante Mk.II, le Mk.VI vola pour la première fois en février 1943. Conçu pour le rôle de chasseur - bombardier, le Mk.VI pouvait transporter deux bombes de 250 livres (110 kg) ou deux bombes de 500 livres (230 kg) dans la soute ainsi que deux autres supplémentaires sous les ailes. A partir du début 1944, le Coastal Command opéra avec des Mk.VI armés de huit roquettes de 60 livres (27 kg) pour des raids anti-navires.
Les autres versions de chasseur - bombardier furent les Mosquitos FB Mk.XVIII convertis à partir du Mk.VI (connus quelques fois sous le nom de TséTsé), 27 unités construites. Ils étaient équipés d'un canon Molins de 57 mm situé dans le nez, élaboré à partir d'un canon anti-tank de 6 livres modifié à chargement automatique permettant un tir semi ou totalement automatique (26 coups en 20 secondes), ainsi que de deux mitrailleuses de 7.7 mm.
L'Air Ministry suspectait initialement que cette version ne pouvait être mise en service, mais des tests (faussés ?) prouvèrent le contraire. Bien que le canon ait donné au Mosquito un surcroit de puissance de feu contre les U-boats, il exigeait une approche trop linéaire donc trop vulnérable, ce qui rendait les roquettes plus efficace, principalement parce que le Mosquito dépourvu du 6 pounder n'était pas pénalisé par le poids du canon.
Les FB Mk 26 et FB Mk 40, basés sur le Mk VI, étaient construits au Canada et en Australie, et étaient motorisés par des moteurs Merlin fabriqués par Packard.
Toutes les différentes variantes avaient cependant des dispositifs communs, comme par exemple, un panneau blindé protégeant le poste de pilotage et un "manche à balai" plutôt qu'un volant (comme installé dans le Spitfire).
Afin de répondre aux spécifications N.15/44 de la Royal Navy, de Havilland construisit une variante spécifique au rôle de torpilleur. Le résultat fut la variante Sea mosquito TR Mk 33 (50 exemplaires), qui possédait des ailes repliables, un radôme de nez et des points d'attaches sous le fuselage pour le largage de torpilles. Cependant une autre version, vit le jour avec le Sea Mosquito TR Mk 37(14 exemplaires), possédant un radar ASV Mk. XIII au lieu du AN/APS-6 de la version précédente.
La Royal Navy utilisa une version dédiée au remorquage de cible qu'elle désigna comme Mosquito TT Mk 39 (TT pour Towing Target). Cette version était en fait des Bombardiers B Mk XVI convertis pour cette mission bien spécifique. La version de la RAF fut désignée TT Mk 35, ceci furent les derniers appareils opérationnels à être retirés du service en 1956.
Mosquito T Mk III : Version d'entrainement biplace, propulsée par 2 moteurs Rolls-Royce Merlin 21 piston. 348 unités furent produites pour la RAF et la Fleet Air Arm (Aéronavale). De Havilland Australia construit 11 T Mk 43, similaires aux Mk III britanniques.
(xx = numéro de version dans le type).
Un total de 7 781 appareils furent produits dont 6 710 pendant la guerre. De Havilland compta 5 007 avions construits à partir de trois usines en grande Bretagne. Les Mosquitos anglais ont été produits par Airspeed Ltd, Percival Aircraft Company et Standard Motors. Les succursales canadienne et australienne de Havilland produisirent quant à elles, respectivement 1 134 et 212 unités. Le convoyage des Mosquitos canadiens vers le front européen resta problématique, une partie des appareils ayant disparu mystérieusement au-dessus de l'Atlantique Nord... La théorie de l'implosion accidentelle fut avancée, ce qui entraina une vigilance accrue des usines canadiennes, en ce qui concerne la production des moteurs et des systèmes hydrauliques. Cependant, aucune cause claire ne vient expliquer toutes ces pertes. La compagnie ajouta alors 5h de vol supplémentaires afin d'éprouver toutes les sorties d'usines, avant leur traversée. A la fin de la guerre, 500 mosquitos bombardiers et chasseur-bombardiers canadiens avaient été livrés sur le front.
La dernière unité Mosquito sortit des chaines en novembre 1950, il s'agissait d'un NF Mk 38 construit à Broughton à côté deChester.