De Havilland DH.98 Mosquito - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Service opérationnel

Lors de son entrée en service sur le théâtre européen, le DH.98 Mosquito se révèle plus rapide que les chasseurs ennemis qu'il rencontre : les Messerschmitt Bf 109F et Focke-Wulf Fw 190A. Les versions suivantes de ces chasseurs réduisent en partie leur déficit de vitesse face au Mosquito. Mais le faible avantage de vitesse qu'il conserve, permet au Mosquito de mener à bien ses missions de bombardement et de rentrer à la base, avant que les chasseurs allemands n’arrivent à l’altitude d’interception.

L’introduction du protoxyde d'azote pour booster la vitesse ascensionnelle du Bf 109s et l’arrivée tardive des chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262, permettent à la fin de la guerre de doter la Luftwaffe d'intercepteurs ayant un avantage de vitesse clair. La version PR.Mk 32 développée pour la reconnaissance photo est alors produite en réponse, avec des ailes plus grandes, des compresseurs spéciaux pour les hautes altitudes et par l’élimination d’autant de poids que possible, permettant ainsi de porter son plafond maximum à 12 800 mètres d’altitude. Mais malgré ces changements, le DH. 98 ne demeure pas totalement à l’abri, et en décembre 1944, un Mosquito est intercepté à cette altitude.

Royal Air Force : version Bombardier

Les premiers escadrons de bombardiers à recevoir le Mosquito B.IV l’utilisent pour mener des raids de jour à basse altitude. Les performances de cet appareil conduisent alors la Royal Air Force à en faire usage pour une démonstration de ses capacités, et une escadrille reçoit pour mission de bombarder la principale station radio de Berlin.

Le 30 janvier 1943, le Reichsmarschall Hermann Goering doit se rendre à une commémoration organisée à Berlin pour le dixième anniversaire de l’accession au pouvoir du parti nazi. Au matin, une attaque à basse altitude menée par 3 Mosquito B.Mk. IV du 105 Squadron sur la station radio principale de Berlin, survient au moment où Goering prend la parole, interrompant pendant plus d’une heure les émissions. L'après midi du même jour, La RAF envoie les DH.98 du No.139 Squadron procéder à la même mission, avec pour objectif d'interrompre le discours du ministre de la propagande, Joseph Goebbels. Le Reichsmarschall Goering est furieux :

« En 1940, j’aurais pu faire voler mes avions aussi loin que Glasgow, mais maintenant non ! Je suis furieux quand je vois le Mosquito, j'en deviens vert de rage et jaune d’envie. Les Britanniques, qui peuvent se permettre le luxe de l’aluminium, construisent une de ces merveilles en bois dans n’importe quelle usine de piano, lui donnant en plus une vitesse de pointe qui ne cesse d’être améliorée. Et vous qu’est ce que vous faites ?!? »

— Hermann Göring, janvier 1943.

La version bombardier du Mosquito a été utilisée par le Bomber Command au sein du No.8 Group (Pathfinder Force) et au sein des No.105 et No.139 Squadron constituant la Light Night Strike Force (LNSF).

La LNSF procédait à des intrusions nocturnes à grande vitesse à l’aide d’instruments sophistiqués de navigation (GEE (navigation) & Oboe (navigation) (en)) et d’aide à la visée en aveugle (radar H2S). Sa mission était double : d’abord détruire des objectifs de taille modeste mais de valeur stratégique élevée, et en second lieu, faire diversion pour couvrir les bombardiers lourds, en simulant de grandes formations par l’utilisation de contre-mesures radar (paillettes métalliques). Les nuits où aucun bombardement lourd n’était planifié, la LNSF frappait les défenses anti-aériennes allemandes pour ne laisser aucun repos à l’ennemi.

Les Mosquitos du No.8 Group ont pris part à beaucoup d'opérations de bombardement, notamment en tant qu'éclaireur en marquant les cibles avec des charges pyrotechniques (Flares) pour les formations de bombardiers lourds. Les Mosquitos du Royal Air Force Bomber Command ont ainsi comptabilisé 28 000 sorties et 35 000 tonnes de bombes larguées en perdant seulement 193 avions en opération. Cet appareil connu le taux d'attrition le plus faible des avions impliqués dans le conflit (0,7% de pertes comparés au 2,2% des quadrimoteurs lourds). Il a été calculé qu'un DH.98 transportant la bombe de 4 000 livres "Cookie", pouvait aller jusqu'en Allemagne, la larguer, revenir pleins gaz jusqu'à sa base pour se ravitailler, repartir en Allemagne, larguer une deuxième bombe de 4 000 livres, pour finalement revenir et atterrir avant qu'un Short S.29 Stirling (le plus lent des bombardiers de la RAF) ne largue sa cargaison de bombes, alors qu'ils étaient partis en même temps.

Un Mosquito IX détient aussi le record de mission pour un bombardier allié de la Seconde Guerre Mondiale : le Mosquito LR503 nom de code "F pour Freddie". Titulaire de 213 sorties au sein des No.105 et No.109 Squadron pendant la guerre. Le 10 mai 1945, deux jours après la reddition de l'Allemagne, cet appareil se crashe à l'aéroport de Calgary durant un tour d'honneur, suite à une erreur de pilotage.

Royal Air Force : version Chasseur Nocturne

L'utilisation du DH.98 pour des missions de chasse de nuit, s'est présentée quand le Air Ministry abandonna le projet Gloster F.9/37 pour concentrer la production sur d'autres appareils.

Le premier appareil DH.98 configuré pour la chasse nocturne à être introduit fut un NF.Mk II, armé de 4 canons Hispano de 20mm dans le fuselage et 4 mitrailleuses de calibre 0.303 (7.7mm) Browning montées dans le nez. Utilisant un radar d'interception (AI) Mk IV/Mk IV, sa mission était d'opérer comme chasseur de nuit défensif au-dessus de l'Angleterre. Cependant, il fut utilisé aussi pour des missions d'intrusions nocturnes, se promenant au-dessus de l'Europe pour provoquer le maximum de perturbations sur les lignes de communications et les opérations aériennes ennemies.

En mai 1942, le NF.Mk II enregistre ses premières victoires et jusqu'à la fin de la guerre, les Mosquitos de chasse nocturne ont proclamé 600 avions abattus et 600 bombes volantes v1 détruites. Cette variante servira à Malte, en Italie, en Sicile et en Afrique du Nord à partir de la fin 1942.

À partir de 1944, le "Moustique" arbore un nouveau rôle, celui d'avion d'escorte pour les bombardiers du No.100 Group du Bomber Command. Sa tâche sera de contrecarrer les attaques des NachtJagd (chasseurs de nuit de la Luftwaffe) dans les "couloirs de bombardement" alliés au-dessus de l'Allemagne. Environ 268 chasseurs nocturnes de la Luftwaffe ont été détruits par le Group, pour la perte de 70 Mosquitos. L'omniprésence de la menace du DH.98 NF a provoqué chez les équipages allemands une "Mosquitoschreck" ou phobie du moustique. Comme les pilotes de la Luftwaffe n'étaient jamais sûrs de quand et où allait arriver l'attaque des Moustiques, cette phobie causa bon nombre d'accidents de chasseurs se dépêchant d'atterrir pour éviter une attaque réelle ou imaginaire...

La menace des DH.98 connut une réponse allemande qu'en février 1945, à l'apparition des premiers chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262 du 10./NJG 11. Le commandant de cette unité, l'Oberleutnant Kurt Welter (en) abattit 25 Mosquitos de nuit, plus 2 de jour, ce tableau de chasse s'ajoutant aux 7 précédemment obtenues à bord de son Bf 109G-6/AS.

Royal Air Force : version Chasseur-bombardier

L'expérience opérationnelle sur des rôles variés a montré la nécessité de développer une version de chasseur-bombardier polyvalent : le DH.98 FB.VI, qui vit le jour début 1943. La variante VI a des ailes renforcées pour supporter, en plus des 2 bombes de 250 livres en soute, 2 bombes de 250 livres ou 8 roquettes sous les ailes. Les versions suivantes avec une motorisation plus puissante purent emporter des bombes de 500 livres.

Le FB.VI est devenu la version la plus produite avec 2292 unités, équipant le No.2 Group du Bomber Command, le Squadron d'intrusion du Fighter Command et du 2nd TAF, et pour finir la force d'attaque du Costal Command avec une version de lutte anti-marine équipée de 8 roquettes RP-3 de 60 livres.

Une des missions les plus risquées du chasseur-bombardier DH.98 FB.VI, fut celle mené par le No.2 Group du 2nd TAF, sous le nom de code d'Opération Jéricho, le 18 février 1944. L'objectif était de détruire les murs et les quartiers des gardes de la prison d'Amiens pour permettre à des résistants français de s'évader. Cette mission, réussie dans des conditions hivernales difficiles, est considérée aujourd'hui par certains historiens comme faisant partie de l'opération Fortitude, destinée à persuader les allemands que le débarquement aurait lieu dans le Pas de Calais.

Le 11 avril 1944, suite à une demande de la résistance hollandaise, 6 Mosquitos FB VI du No.613 Squadron de Manchester, mènent une attaque chirurgicale à hauteur de toit sur le centre d'archivage de la Gestapo de La Haye. Leur "cocktail" de bombes à fragmentation et incendiaires est entré par les fenêtres et les portes en détruisant tous les dossiers compromettants. Les seules personnes tuées furent celles présentes dans le bâtiment.

Le 21 mars 1945, un raid semblable à très basse altitude -l'Opération Carthage (en)- fut mené contre le quartier général de la Gestapo à Copenhague (Danemark). Un mosquito largua par erreur sa cargaison de bombes sur une école catholique française, et causa la mort de 86 enfants, 10 religieuses, 8 enseignants et 21 civils. Le QG nazi fut détruit avec ses archives, mais 8 prisonniers furent tués, pendant que 18 autres parvenaient à s'enfuir. L'attaque principale sur l'immeuble de la Gestapo provoqua la mort de 55 soldats allemands et 47 collaborateurs danois. 4 mosquitos furent perdus et 9 membres d'équipage furent tués sur le voyage de retour à cause de la Flak. Cette attaque fut demandée à de maintes reprises par la résistance danoise, mais fut jugée trop dangereuse par la RAF. Bien que le bilan côté civil soit lourd, la destruction des archives et de l'organisation sauva la vie de beaucoup de résistants danois.

US Air Force

L'USAF a commandé 120 Mosquitos de reconnaissance photographique, mais seulement 40 ont été livrés sous la désignation américaine F-8 (6 B.Mk VII construits sous licence canadienne et 34 B.Mk XX). Seulement 16 ont servi en Europe : 11 sont retournés sous commandement de la RAF et 5 ont été envoyés en Italie. La RAF a fourni 145 PR.Mk XVI à la 8th USAAF entre le 22 avril 1944 et la fin de la guerre. Ceux-ci ont été utilisés pour de nombreuses missions météorologiques, nocturnes et de reconnaissance photo, mais aussi pour le largage de contre-mesures radar, comme éclaireur pour les bombardiers lourds, pour des missions Red Stocking concernant l'OSS et comme plateforme de test du radar H2X Mickey au sein du 802d Reconnaissance Group renommé plus tard le 25th Bomb Group (Reconnaissance). Cette unité accusa 3 246 sorties et la perte de 29 PR.Mk XVI.

British Overseas Airways Corporation

Entre 1943 et 1945, les Mosquitos furent utilisés comme avions de transport civil sur un trajet régulier au-dessus de la Mer du Nord entre Leuchars (Ecosse) et Stockholm (Suède). Des Lockheed L-18 Lodestar (en) et des Lockheed Hudson furent aussi utilisés, mais ces avions trop lents ne pouvaient voler que de nuit ou par mauvais temps, pour éviter d'être abattus. Durant les longues journées d'été, le Mosquito était la seule alternative possible.

Puisque la Suède était neutre, les avions portaient des marquages civils et étaient pilotés par des aviateurs norvégiens, en tant qu'employés civils de la BOAC. Malgré leur faible capacité d'emport, ils transportèrent des marchandises hautement stratégiques, comme des roulements à billes de haute précision et de l'acier pour machine outil. De temps à autre, des VIP étaient embarqués dans une cabine improvisée dans la soute. Le physicien Niels Bohr fut ainsi évacué de Stockholm en 1943 à bord d'un DH.98 non armé de la RAF. Le vol aurait pu finir tragiquement, Bohr n'ayant pas mis son masque à oxygène comme indiqué par l'équipage. Il serait mort si le pilote, voyant que Bohr ne répondait pas à l'interphone étant donné qu'il était inconscient, n'était pas descendu à une altitude plus basse pour le reste du vol. Le commentaire de Bohr sur son périple était qu'il avait dormi comme un bébé durant tout le voyage...

Après la guerre

Les Mosquitos volant pour la force aérienne israélienne reçurent leur baptême du feu durant la Crise du canal de Suez en 1956. Bien qu'à cette époque, le DH.98 soit retiré du service actif, 13 appareils de diverses versions sont sortis de la réserve. 13 autres DH.98 TR ont été rachetés par un revendeur de pièces détachées anglais.

En 1948, la Suède acheta à la RAF, 60 Mk XIX en vue de les utiliser comme chasseur de nuit, sous la désignation J 30. Ces avions furent assignés à la F1 Wing de Västerås, en devenant ainsi la première (et la seule) unité de chasse nocturne de la force aérienne suédoise. Ces Mosquitos furent mis à la retraite en 1953, remplacés par des chasseurs à réaction De Havilland Venom Mk 51, sous le nom J 33. Un tiers des J 30 s'écrasèrent ou subirent des casses techniques durant le service, surtout à cause de la gouverne de direction. Pourtant, le commandant de la force aérienne suédoise, le général Björn Bjuggren, écrira dans ses mémoires que les problèmes techniques de l'antenne radar pivotante, montée sur le nez, provoquèrent de telles vibrations, qu'elles entraînèrent la destruction en vol de 1 ou 2 J 30.

L'Armée de l'Air française a utilisé entre 1945 et 1953 un nombre important de Mosquitos (environ 180, beaucoup n'étant utilisés que pour pièces détachées) rachetés à la RAF, dans les versions FB6 , T3 , PR16 et NF30. Tous ont volé au sein de la 6ème Escadre de Chasse. Deux groupes de cette escadre ont participé (très brièvement) à la Guerre d'Indochine avec cet avion en 1947.

Page générée en 0.148 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise