La Cité du gouffre - Définition

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Histoire du roman

Alastair Reynold rédige une première version du roman, assez brève, intitulée Shadow Play, avant de signer le contrat de son roman, Revelation Space. Les épisodes Sky Haussman sont absents de cette première version qui raconte les aventures de Tanner Mirabel à la recherche du tueur dans la Cité du gouffre, et la façon dont il découvre petit à petit la vérité sur son employeur, Cahuella. Lorsqu’il signe le contrat de son premier livre, l’éditeur lui demande s’il envisage une suite. Reynolds reprend alors Shadow Play et décide d’y intégrer une troisième intrigue, celle de Sky Haussman, ce qui l’oblige à démonter puis remonter le roman chapitre par chapitre pour intégrer cette dernière.

Le roman

Le thriller

Le critique Nick Gevers décrit La Cité du gouffre en ces termes : « un thriller qui à travers une périlleuse mission de représailles interstellaire dépeint en fait la quête du héros sondant les strates les plus profondes et problématiques de son être dans une sorte d’archéologie de son âme ». Certains aspects du roman lui ont valu la qualification de « Thriller aux accents cyberpunk » (« cyberpunk-inflected thriller »). Reynolds utilise ici des thèmes traditionnels de la science-fiction en les insérant dans le cadre dramatique du roman d’espionnage ou du roman noir, comme l’avait fait Philip K. Dick dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?.

La dystopie

Port Talbot, au Pays de Galles
La ville futuriste dans le roman d'anticipation du XIXe siècle siècle

Le roman s’inscrit également dans la tradition des dystopies post-industrielles. Dans Chasm City, comme dans Metropolis de Fritz Lang, ou Time Machine, le film inspiré du roman de Wells qui a marqué l’auteur lorsqu’il était enfant, la ville est divisée en un monde d’en-haut, le “Dais”, où vivent des aristocrates décadents, et un monde d’en-bas, la “Mouise”, où survit tant bien que mal une humanité misérable ou corrompue. Ce type d'urbanisation verticale et de stratification sociale est devenu un cliché de la science-fiction, que l'on retrouve dans la ville de Coruscant (Star wars), le New-York futuriste du Cinquième Élément de Luc Besson, ou la Cité-puits de l'Univers de l'Incal, de Jodorowsky ou dans les romans de William Gibson, par exemple la Conurb de Neuromancer que cite un des critiques du roman de Reynold.

Les critiques ont noté le parti pris “gothique” dans la peinture du décor, parti pris que l'on trouve souvent dans la peinture des dystopies, avec par exemple Gotham City, ou le Los Angeles de Blade Runner à laquelle ressemble Chasm City avec ses jets de fumées qui sortent sporadiquement des bouches d'évacuation, la pluie permanente, ses foules misérables. Cette vision de la ville du futur, avec ses zeppelins croisant dans le ciel, est l’héritage des gravures des premiers romans de science-fiction du XIXe siècle siècle, avec leur esthétique industrielle inspirée de bâtiments comme la Tour Eiffel.

Sur le plan architectural la ville offre ce mélange de matériaux métalliques et de formes étrangement végétales ou organiques typiques de l’architecture industrielle victorienne néogothique ou plus tard des premiers gratte-ciel (dont le Chrysler Building est resté emblématique) dans une atmosphère de pollution crépusculaire qui évoque à la fois les grands centres de la révolution industrielle et les pires projections des écologistes. On retrouve cette atmosphère plus récemment dans les romans de China Miéville, par exemple la New Crobuzon de Perdido Street Station.

La topologie des lieux défie la logique perceptive. Un des quartiers de la ville se nomme d’ailleurs Escher en hommage aux architectures impossibles de l’artiste néerlandais. Reynold reconnaît que Chasm City est une synthèse de toutes ces inquiétantes dystopies urbaines du cinéma et de la bande dessinée (il cite également la Mega City de Judge Dredd), mais qu’il s’est aussi inspiré de l’architecture industrielle de Port Talbot, au pays de Galles.

Le space-opera

L’histoire de Sky Haussman s’inscrit dans la tradition du space opera. Les rêves et plus tard les crises de dépersonnalisation dans lesquels Tanner Mirabel s’identifie à l’ancêtre fondateur Sky Haussman évoquent le thème de la flotte lancée à travers l’espace. Avec ses humains endormis ou cryogénisés dans leur capsule, cette longue odyssée est également un classique du genre. La rencontre avec une intelligence exogène singulière dans l’espace également (voir Dans l'océan de la nuit), mais Reynolds inverse la situation classique dans laquelle « L’équipage héroïque du vaisseau spatial découvre un phénomène étrange et doit faire face à diverses épreuves avant de pouvoir s’échapper ». Ce n'est pas la créature monstrueuse qui menace les humains comme dans Alien, mais c’est l’astronaute humain, personnage psychotique, qui s’avère être en fait la menace pour l’extra-terrestre et pour les siens. Les longues descriptions de la flotte lancée à travers l'espace évoquent à la fois les images de 2001, l’odyssée de l’espace, et les illustrations de Chris Foss pour les couvertures de romans de science-fiction que Reynolds lisait étant adolescent.

Le roman d’anticipation

Avec son doctorat en astronomie et son expérience d’astrophysicien auprès de l’Agence spatiale européenne, Reynolds fait partie d'une nouvelle génération d'auteurs de hard science-fiction comme Charles Stross, Ken MacLeod et Liz Williams, et si les éléments comme l’ascenseur spatial, le recours à la convergence NBIC (nanotechnologie, biotechnologie, thérapie génique, neurosciences), sont déjà bien documentés dans la littérature, la bande dessinée ou les jeux vidéos de science-fiction (dès 1979, Arthur C. Clarke décrivait un ascenseur spatial dans Les Fontaines du paradis), tous les critiques saluent la façon dont Reynolds respecte la vraisemblance et les limites de la science. Les vaisseaux, par exemple, ne dépassent pas la limite de la lumière. On peut donc parler ici d’anticipation, à la Jules Verne. Reynolds affirme qu’il trouve la plupart de ses idées dans les magazines de vulgarisation scientifiques accessibles à tous, et que sa réputation d'auteur scientifique est un compliment à double tranchant qui l’oblige à être très rigoureux puisqu’il se sait plus surveillé par des lecteurs prêts à relever la moindre erreur scientifique et à lui en faire grief

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