Le parc du Plantier de Costebelle est situé à 90 mètres et 120 mètres d’altitude. Les parties en pente correspondent au versant sud-est du mont des Oiseaux. Le domaine est en totalité inclus dans la zone boisée classée des collines de Costebelle, sous le Pic des fées. Cette zone d’une superficie globale de 284 hectares environ constitue une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (« ZNIEFF ») de type II, c’est-à-dire correspondant à un potentiel biologique important. Les propriétés privées du Plantier de Costebelle, de la Font des Horts et de la villa Léautaud, dont les dimensions d’origine sont restées intactes, forment l’essentiel de la partie sauvage et naturelle de ce versant est du Pic des fées et du plateau de Costebelle.
, entreLe climat y est de type méditerranéen subhumide tempéré avec une période déficitaire en pluie qui s’étend en moyenne d’avril à septembre inclus et une période excédentaire de novembre à mars. Le régime pluviométrique place Costebelle, vis à vis de la végétation potentielle, dans la zone la plus chaude du littoral méditerranéen français à la limite des étages thermo et méso-méditerranéens. Cette zone correspond aux formations de caroubiers avec dans leur cortège floristique des espèces thermophiles comme le palmier nain naturalisé dans la garrigue de Costebelle depuis au moins une cinquantaine d’années, l’euphorbe arborescente, la barbe de Jupiter ou les vestiges de yeuseraie de basse altitude à Arisarum. On y trouve même, de façon extrêmement localisée, l’Ophrys miroir (orchidée Ciliata). La station de Météo-France la plus proche est à Hyères. Bien que la zone de rusticité des végétaux soit de 10, c’est-à-dire correspondant à un climat suffisamment chaud pour permettre à de nombreuses plantes tropicales d’y vivre, l’absence d’excès dans les températures estivales permet aux plantes des pays tempérés ou océaniques de prospérer. Ainsi, il est inexact de considérer que la zone de l’oranger englobe la portion de littoral entre Toulon (et donc Hyères) et la frontière italienne. Même si des agrumes y poussent, l’unique secteur de la Côte d’Azur ou les agrumes peuvent être produits de façon rentable est limité à la seule partie comprise entre le cap d'Ail et la frontière italienne, avec l’optimum à Garavan.
En raison de la présence endémique d’une population relique de tortues d’Hermann, protégée par l’annexe II de la Convention de Washington, dans ce territoire sanctuaire entièrement clos de murs anciens, la fauche se réalise en dehors des périodes de ponte (du 15 mai à début juillet) et de reproduction et l’utilisation de produits phytosanitaires est proscrite. Le biotope préférentiel de la tortue d'Hermann se situe dans la zone sud du domaine du Plantier : Quercus suber, Quercus pubescens, Pinus pinaster, Arbutus unedo, Erica arborea, Phillyrea augustifolia, Calycoyome spinosa, Citysus monspessulana, Spartius junceum, Pistacia lentiscus. Son préférendum thermique est optimal dans l'ensemble de la propriété, entre 25° et 30°.
Le parc botanique du Plantier de Costebelle, est demeuré inchangé depuis sa création en 1857. Le classement survenu en 1976 a permis d’éviter des modifications ou des agencements qui auraient pu altérer l’atmosphère passée et désuète d’un jardin du XIXe siècle, témoin d’une Côte d’Azur oubliée et lointaine dont la clientèle anglaise raffolait lorsqu’elle y prenait ses quartiers d’hiver. Grâce à la présence de plantations anciennes, on y retrouve l’ambiance de certains parcs de Menton, comme celui notamment de la Villa Maria Serena, villa de villégiature typique du quartier de Garavan sur la Riviera méditerranéenne, construite par Charles Garnier. Par sa note exotique, le jardin du Plantier semble aussi rappeler le parc du Manteau, à Tamaris, conçu par Michel Pacha et ou l’on découvre de façon exceptionnelle pour la région, un Caryota, un Kentia ou deux spectaculaires Araucarias.
Le Plantier de Costebelle n’a jamais constitué un jardin botanique destiné à collectionner des végétaux pour leur intérêt propre, mais un jardin de plantes ordonné pour l’agrément. Outre les succulentes, cactées, et arbousiers, les mimosas, les chênes, les cèdres et les palmiers forment la majeure partie des espèces à grand développement et sont disposés de façon à pouvoir s’intégrer au mieux dans l’environnement. Le mouvement d’acclimatation des plantes exotiques a commencé à Hyères en 1832 sous l’impulsion de son maire Alphonse Denis et Le Plantier de Costebelle, grâce aux orientations botaniques de la baronne de Prailly, en est devenu un des témoins en agissant de fait comme un conservatoire pour certains végétaux comme l’arbousier de Chypre, par exemple, qui y pousse de façon endémique. Notons également que l’horticulteur Jean Liabaud (1814 † 1904) a obtenu et produit une rose nommée « baronne de Prailly » en 1871 qui est un rosier buissonnant hybride remontant (les hybrides remontants furent le grand succès de la seconde moitié du XIXe siècle et sont considérés comme des roses « anciennes »). Ce rosier, rare en culture, a une hauteur de 120 centimètres et produit une belle fleur aux pétales régulièrement imbriqués d’un rose intense, parfumée.
Le Ravenea rivularis peut-il s’acclimater au Plantier de Costebelle ? |
En dehors des climats tropicaux qui lui conviennent le mieux, l’espèce, endémique du sud de Madagascar ou elle pousse le long des cours d’eau uniquement, peut être acclimatée dans les régions subtropicales et tempérées chaudes. Ce palmier est très populaire aux États-Unis. Cependant sa résistance au gel étant minimum (environ - 2°C), son acclimatation est problématique dans la région méditerranéenne et nécessite impérativement des moyens de protection hivernale. On doit préférer aux traditionnels voiles d’hivernage ou toiles de jute, des abris temporaires qui peuvent rester en place tout l’hiver et qui ont été expérimentés au Domaine des Cèdres après les grands froids de 1985 et 1986.. |
Chamaedorea microspadix, une espèce très rare dans la nature |
Ce palmier-bambou, originaire des forêts montagneuses du centre-est du Mexique est celui des Chamaedorea qui résiste le mieux au froid dans nos régions tempérées. L’espèce est cespiteuse, formant des touffes de plusieurs dizaines de stipes chlorophylliens et pousse à l’ombre, en sous-bois humides. Dans le parc du Plantier, les inflorescences apparaissent au printemps, directement sur le stipe, juste sous les palmes. |
Les vénérables cocotiers du Chili de la propriété sont les plus massifs de tous les palmiers par le diamètre de leur stipe. Au Chili les gros sujets ont été majoritairement coupés pour en extraire la sève sucrée qui coule alors en abondance et peut se boire en bouillie, donnant du miel de palme, ou fermentée, comme du vin. Un sujet adulte peut donner 450 litres de cette sève, cause de sa raréfaction dans son pays d’origine.
Le rare sagoutier enroulé, plante très archaïque du sud de l’Inde, a un système de reproduction qui se réalise par l’intermédiaire de fleurs archaïques, très rudimentaires, disposées sur des inflorescences ligneuses en forme de cône. Chaque pied ne comporte en général qu’un seul type de cônes, mâles ou femelles, mais on a observé qu’ils peuvent changer de sexe occasionnellement, changement qui se produit souvent à la suite d’un traumatisme.
Originaire du sud du Brésil, le cocotier plumeux fut découvert par un naturaliste d’origine française, Louis Charles Adélaïde Chamisseau de Boncourt qui l’a dédié au chancelier russe Nicolas Romanzoff, commanditaire de l’exploration à laquelle il participa.
Le palmier miniature de Chusan est inconnu dans la nature. Il a été décrit à partir de plantes cultivées et demeure une énigme pour les spécialistes.
L’arbousier de Chypre a la particularité d’avoir une écorce s’exfoliant durant la période d’été laissant alors apparaître une couche de couleur vert pistache qui vire ensuite progressivement vers l’orange/brun. Vu le nombre important de sujets jeunes et anciens dans le parc, le Plantier de Costebelle agit comme un véritable conservatoire pour cette collection végétale d’arbousiers. On peut d’ailleurs observer, en dehors des limites du domaine du Plantier, sur le versant est du mont des Oiseaux (pic des Fées), et grâce à la dissémination des graines depuis le parc, quelques arbousiers de Chypre qui poussent au milieu des espèces indigènes (pinèdes de pins d’Alep, pelouses thermophiles à légumineuses).
Le terme de « rocaille », qui est un dérivé du mot rococo, est utilisé pour la première fois en 1730.
La rocaille est un morceau de minéral, pierre, cailloux, de forme tourmentée que l’on utilise avec des coquillages et dont on se sert pour construire des grottes artificielles, des décorations de jardins. Le cimentier-rocailleur va ainsi créer des grottes, des bancs, de faux arbres, ou habiller un puits. Après la pose d’un premier mortier de liaison utilisé pour le gros-œuvre, des couches pour emboutir, le rocailleur sculpte les éléments dans le ciment frais à l’aide de truelles à profiler, spatules ou scalpels. L’artisan peut déposer des détails insolites (tels lézards, feuilles, et autres) et fait apparaître la vie dans un monde de faux-semblants. Le rocailleur est donc un faussaire sincère dont la technique s’est épanouie au XIXe siècle. Le parc du Plantier de Costebelle possède un ensemble rocaille comprenant un banc, un faux arbre, une grotte, des rochers en ciment et un puits qui ont été restaurés en 2008 par un des derniers cimentiers-rocailleurs pratiquant encore de nos jours cette science décorative du trompe-l'œil maçonné. Cet ensemble ne doit pas être assimilé à un autre élément décoratif du parc, l’obélisque antiquisant, proche de la chapelle, qui s’apparente davantage à une folie, une fabrique de jardin classique destinée originellement à marquer la séparation entre le parc d’agrément et les vergers de la ferme.