Éruption du mont Saint Helens en 1980 | |
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Localisation | |
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Pays |
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Volcan | Mont Saint Helens |
Zone d'activité | Cratère sommital et flanc Nord |
Dates | Du 18 mai 1980 au 28 octobre 1986 |
Caractéristiques | |
Type d'éruption | Plinienne |
Phénomènes | Nuées ardentes et lahars |
Volume émis | 0,74 km3 de téphra et 1,2 km3 de lave |
Échelle VEI | 5 |
Conséquences | |
Régions affectées | État de Washington |
Nombre de morts | 57 |
Nombre de blessés | Aucun |
Coût financier | 2 à 3 milliards de dollars |
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L’éruption du mont Saint Helens en 1980, dans l'État de Washington, est l’éruption volcanique la plus importante jamais enregistrée aux États-Unis dans les 48 États continentaux hors Alaska. Avec un indice d’explosivité volcanique de 5 et 1,2 km3 de matière rejetée elle a dépassé en puissance destructrice et en volume de matière rejetée l’éruption de 1915 du Lassen Peak en Californie.
L’éruption fut précédée par deux mois de séries de tremblements de terre et de jets de vapeur résultant de l’infiltration de magma à faible profondeur en dessous de la montagne. Le magma provoqua un réseau de fractures et de déformations dans la face nord du volcan. Le 18 mai 1980 à 8 h 32, un tremblement de terre déclencha un glissement de terrain majeur sur la face nord, exposant du même coup la roche à moitié en fusion, riche en gaz et en vapeur, à des pressions plus basses. En moins de vingt secondes le magma explosa sous forme d’un mélange de matériaux volcaniques très chauds. Cette nuée ardente se dirigea vers le lac Spirit à une vitesse telle qu’elle dépassa rapidement le glissement de terrain de la face nord.
Une colonne de cendres s’éleva alors dans l’atmosphère pour retomber sur le territoire de onze États américains. Dans le même temps, la neige et la glace de plusieurs glaciers présents sur le sommet se mirent à fondre, causant d’importantes coulées de boue, les lahars, qui atteignirent le lit de la rivière Columbia. Des épisodes volcaniques suivirent le lendemain, ainsi que des éruptions moins destructrices au cours de l'année 1980.
On dénombra 57 morts, dont le géologue David A. Johnston. Des milliers d’animaux furent tués. Près de trois milliards de mètres cubes de roches (l’équivalent d’un cube de 1 400 m de côté) dévalèrent en avalanche le versant nord et comblèrent en grande partie la vallée de la rivière Toutle. Sur une étendue de 380 km2, les forêts furent remplacées par des collines arides et grises. Les dégâts furent estimés à un milliard de dollars US et le mont Saint Helens affichait désormais une plaie béante sur sa face nord. La zone est depuis préservée en l’état, dans le cadre du Mount St. Helens National Volcanic Monument.
Le 16 mars 1980, plusieurs petits tremblements de terre révèlent de possibles mouvements de magma. Le 20 mars, à 3 h 47 (heure locale), un tremblement de terre superficiel de magnitude 4,2 sur l’échelle de Richter, dont l’épicentre se trouve sous le flanc nord de la montagne, confirme que le volcan est bien en train de se réveiller après un sommeil de 123 ans. Une série de secousses de plus en plus violentes sature les sismographes de la région. La phase de secousses la plus intense débute le 25 mars à la mi-journée et des pics d'amplitude sont atteints à plusieurs reprises au cours des deux jours suivants. Au total, 174 secousses de 2,6 et plus sur l’échelle de Richter sont enregistrées durant ces deux jours. Des secousses chaque fois un peu plus violentes, de magnitude 3,2 et plus, se produisent au cours des mois d’avril et de mai. Cinq tremblements de terre de magnitude 4 et plus sont enregistrés chaque jour au début avril, et huit par jour au cours de la semaine précédant le 18 mai. Les observations ne montrent aucun signe direct d’une éruption prochaine, mais ces petits tremblements de terre déclenchent des avalanches de neige et de glace. Les observations atmosphériques en font état.
Le 27 mars une, peut-être deux éruptions phréatiques simultanées provoquent l’expulsion de débris de roche du cratère principal, créant un nouveau cratère de 76 m de profondeur et une colonne de cendres s’élève à 18 000 m. Le même jour, une fracture orientée vers l’est s’ouvre dans la zone du sommet du volcan. Ce phénomène est suivi d’une nouvelle série de tremblements de terre et d’explosions de vapeur d’eau qui projettent des cendres à 3 050-3 350 m au-dessus de leur conduit. La majeure partie des cendres retombe dans un rayon de 5 à 19 km, mais certaines retombées sont observées au sud de Bend (Oregon) et à l’est de Spokane (Washington), respectivement à 240 et 460 km de leur point de départ.
Un second cratère est observé le 29 mars. Une grande flamme bleue (probablement des gaz en combustion) jaillit des deux cratères. Le nuage de cendres en mouvement génère de l’électricité statique qui descend le long des parois de la montagne et provoque des éclairs de plus de 3 km de long. 93 phénomènes violents sont répertoriés le 30 mars, et des vibrations harmoniques de plus en plus intenses sont détectées le 3 avril. Elles inquiètent grandement les géologues et poussent le gouverneur à déclarer l’état d’urgence.
Les deux cratères se rejoignent le 8 avril pour n’en former qu’un de 520 m sur 260 m. Une équipe du Bureau américain des Recherches Géologiques (USGS) a calculé qu’au cours de la dernière semaine d’avril, une partie du flanc nord du mont Saint Helens a été déplacée d’au moins 80 m. Fin avril et début mai, cette bosse grandit de 1,50 à 1,80 m par jour. À la mi-mai, elle gagne 120 m au nord. Au fur et à mesure de son déplacement vers le nord, le sommet de la montagne commence à s’effondrer, ces blocs formant un graben. Le 30 avril, les géologues annoncent que le déplacement de la bosse constitue le plus grand danger immédiat, et qu’un tel glissement de terrain pourrait provoquer une éruption. Au total, les déformations du volcan augmentent son volume de 125 000 000 m3 à la mi-mai Ce gonflement correspond sans doute au volume de magma qui exerce une pression sur la surface et provoque sa déformation. Le magma infiltré dans la croûte terrestre reste sous la surface et n'est donc pas directement visible. C’est pourquoi les observateurs de l’époque le qualifièrent de cryptodome plutôt que de dôme de lave (qui apparaît à la surface).
Le 7 mai, des éruptions similaires à celles observées en mars et avril se produisent. Dans les jours suivants, la déformation s'accroît dans des proportions gigantesques. Cependant, l'activité reste confinée sous le sommet vieux de 350 ans et ne provoque pas de jaillissement de magma. Au total, environ 10 000 tremblements de terre sont enregistrés avant les évènements du 18 mai. La plupart d'entre eux ont leur épicentre dans un petit périmètre de 2,6 km situé juste sous la bosse. Les éruptions directement visibles s'arrêtent cependant le 16 mai. L'intérêt du public retombe et des spectateurs quittent la zone. Le 17 mai, sous la pression grandissante de la population, les autorités permettent à un nombre limité de résidents de pénétrer dans la zone dangereuse pour sauver tout ce qu'ils peuvent emporter. Un nouveau voyage est programmé pour 10 heures le lendemain. À l'apogée de l'éruption, on estime que 0,11 km3 de magma dacitique s'est introduit dans le volcan. La montée du magma provoque une élévation de 150 m du flanc nord du volcan et augmente la température de son système hydrogéologique ce qui provoque des explosions de vapeur d'eau (éruptions phréatiques).