Grand port maritime de Rouen | ||
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Présentation | ||
Statut | Grand port maritime | |
Tirant d'eau | 10,70 m | |
Activités | Transport maritime Transport fluvial Logistique | |
Géographie | ||
Latitude Longitude | ||
Pays | France | |
Région | Haute-Normandie | |
Département | Seine-Maritime | |
Commune | Agglomération de Rouen Saint Wandrille Port-Jérôme Honfleur | |
Localisation | ||
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Le grand port maritime de Rouen, est un établissement public qui assure la gestion des installations portuaires de sa circonscription qui s'étendent de Rouen jusqu'à Honfleur et l'estuaire de la Seine. Il est en outre chargé de la régulation de la navigation en basse Seine.
Depuis l'Antiquité, le port constitue une part prépondérante de l'activité de la ville en raison de sa situation stratégique entre Paris et la mer dont les marées y sont encore perceptibles. Bien qu'il soit à 80 km par bateau de l'estuaire (6 heures de navigation), le port est en mesure de recevoir des navires très importants (jusqu'à 280 m de long et 150 000 tonnes).
Tous tonnages confondus, Rouen n’est que le 28e port européen et le 5e français, mais c'est le 1er port européen pour les céréales, le 1er français pour la farine et les engrais. Le trafic pétrolier bien moins important que celui du Havre, n'est pour le moins pas négligeable en raison de la proximité de la raffinerie de Petit Couronne.
Tous les 4 à 5 ans, est organisé un grand rassemblement des plus grands voiliers du monde. Cet événement est appelé L'armada de Rouen.
Dès son origine, Rouen connaît un dynamisme économique remarquable. En 50 avant Jésus-Christ, le géographe grec Strabon témoigne déjà du rôle logistique de la Seine, et du port de Rouen :
« Depuis la Saône jusqu’à la Seine, on voiture les marchandises par terre. C’est en descendant cette rivière qu’on les transporte dans le pays des Lexoviens et des Calètes, et de là, par l’Océan, en moins d’un jour, dans la Bretagne. [...] Une des plus belles voies de commerce formées par la nature». »
— Strabon, La géographie
Dès cette époque, la Seine confirme son rôle d’axe stratégique de l’Empire romain. Rotomagus (le Rouen actuel), est alors le point ultime de remontée de la marée à l’intérieur des terres. La cité devient le lieu de transbordement entre le fleuve et la mer, des échanges qui se faisaient entre l’Empire et sa province de Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle). Le marbre d’Italie, les vins de Provence, l’huile d’olive d’Espagne étaient embarqués à Rouen à destination de la Grande-Bretagne. Les navires qui en revenaient étaient chargés de métaux comme le plomb ou l’étain qui étaient alors réexpédiés par le fleuve vers le Sud.
La ville est régulièrement nommée dans des traités et autres documents officiels. En 629, Dagobert mentionne le port de Rouen comme un lieu où l'on peut se procurer du vin, du miel et de la farine provenant d’Europe du Nord. En 779, Charlemagne supprime la taxe sur les frets de navires venant à Rouen. La ville connaît alors une période de prospérité : Charles le Chauve en visite à Rouen en 840 compte près de 28 navires dans le port. Autres signe de cet essor, la monnaie frappée à Rouen comporte un vaisseau sur sa face. Cette période de prospérité s'achève, avec l'arrivée des Vikings qui remontent la Seine jusqu’à Rouen et réduisent la ville en cendres en 841-842.
Avec le départ des Vikings, le port retrouve sa prospérité. En 911, Rollon et les Plantagenêt y créent des entrepôts pour les produits venant de la Mer Baltique et de la Méditerranée. La Seine redevient le lien essentiel avec l’Angleterre. Dès lors, le Port et sa ville voient leurs destinées s’épanouir. Avec le règne de Guillaume le Conquérant, Rouen devient pendant trois siècles, capitale des Ducs de Normandie et dispose d’un port particulier à Londres, « Dunegate », où les vins de Bourgogne et d’Île-de-France sont livrés. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais occupent Rouen de 1418 à 1449. C’est à cette époque que fut jugée puis brûlée Jeanne d’Arc, en 1431.
Dès la fin du Moyen Âge, le port de Rouen développe ses échanges maritimes avec l’Italie comportant essentiellement des produits textiles. Du XVe siècle au XVIIIe siècle, armateurs et navigateurs s’associent, à partir des ports de Rouen et de Honfleur, aux grandes épopées océaniques et nouent des relations commerciales avec le monde entier. Peuplée alors de 40000 habitants, Rouen accède au rang de seconde ville de France derrière Paris. L'industrie textile se développe et le commerce avec les Antilles, le Canada et les Pays-Bas.
Au XIXe siècle, le port commence à rencontrer des difficultés à accueillir les navires dont les tirants d’eau ne cessent d'augmenter. L'accès au port de Rouen devient de plus en plus difficile, le fleuve s'ensable, le chemin de fer arrive à Rouen en 1843 et vient sérieusement concurrencer la voie d'eau. L'avenir du port de Rouen est menacé. C’est dans ce contexte qu'en 1846, Lamartine défend les travaux d'endiguement du fleuve devant la chambre des députés.
« [...] Mais je dis plus. Quand cette expérience n'aurait pour résultat même en échouant, que d'arracher enfin son secret au fleuve, son secret à la marée, son mystère à la navigation maritime de la Seine, oui, quand elle n'aurait pour résultat que d'arracher le oui ou le non définitif à la nature, sur la possibilité ou l'impossibilité de prolonger de cent vingt kilomètres la navigation française, ce oui ou ce non arrachés à la nature valent à eux seuls vos deux millions ! »
— Lamartine, Discours devant le chambre des députés
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, suite à la destruction de la quasi totalité des vignobles français par le phylloxéra de la vigne, l'activité portuaire augmente grandement en recevant la production vinicole de l'Algérie.
Avec le début de la Première Guerre mondiale, le trafic augmente fortement. Celui-ci est notamment porté par le développement des importations de charbon anglais. Le Port de Rouen devient le premier port français, place qu’il conserve jusqu’aux années 1930.
La Seconde Guerre mondiale sera dramatique pour le port de Rouen : le trafic est réduit à néant pendant trois années consécutives (de 1941 à 1943) et la quasi-totalité des installations portuaires est détruite.
La reconstruction fait de Rouen un port pratiquement neuf, très bien adapté aux trafics qu’il a à traiter. Les installations portuaires se déplacent vers l’aval du port et le développement de la rive gauche se fait en étroite liaison avec celui de l’industrie. Les liaisons d’avant-guerre avec les Iles britanniques, l'Europe du Nord et et l’Afrique du Nord retrouvent rapidement leur niveau d'avant-guerre. Des nouvelles lignes régulières sont mises en place vers la Côte occidentale d’Afrique, l’Océan Indien ainsi que l’Amérique du Sud ou encore les États-Unis. Même s’il n’est plus le premier port français, le Port de Rouen ne cesse de se développer.
Des progrès très importants sont réalisés grâce à l’aménagement du nouveau chenal de l’estuaire ouvert en 1960. Le trafic passe de 10 Mt en 1963 à 13 Mt en 1970 et atteint pour la première fois le seuil des 20 Mt en 1979. La structure du trafic se modifie profondément. En 1968, les céréales, farines, sucres et produits pétroliers, deviennent majoritaires pour la 1re fois dans le trafic.
Après la Seconde Guerre mondiale, les pays européens se trouvent dans une situation de pénurie alimentaire. Afin de sortir de cette dépendance, une Politique Agricole Commune est mise en place en 1962. La production agricole est encouragée et un soutien est apporté aux exportations ce qui permet au Port de Rouen de faire un véritable bond en avant. Dès lors, Rouen se situe au premier rang des ports européens d’exportation céréalière. Plus de quatre décennies plus tard et malgré les fortes évolutions enregistrées au niveau communautaire, Rouen occupe toujours cette position de leader.
L’application du statut d’autonomie en 1966 consacre le port de Rouen comme l’un des grands ports français appelés à jouer un rôle national.
La dernière décennie (1990-2000) génère de profondes transformations provoquées par la réforme de la politique agricole commune en 1992. Cette période voit le trafic céréalier reculer au port de Rouen de 1994 à 1996. Pendant ce temps, la réforme nationale de la manutention portuaire de 1992 permet de redonner fiabilité et compétitivité au port.
Le centre commercial Docks 76 est installé dans les anciens entrepôts réhabilités du port de Rouen. |
L'Armada est un large rassemblement de grands voiliers organisé à Rouen. Évènement majeur du monde de la mer, il a lieu tous les quatre à cinq ans sur les quais de la Seine. Cette manifestation dure en général une dizaine de jours.
Durant les dix jours, les quartiers de Rouen sont aux couleurs des différentes nationalités des bateaux invités. Près de 8000 marins sont présents dans les rues de la ville. Au terme de ces dix jours, les navires descendent la Seine les uns à la suite des autres. Cette « parade de la Seine » s'achève au large de Honfleur et du Havre et les navires retrouvent alors la mer.