Jacques Bergier | |
Activité(s) | Écrivain |
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Naissance | 8 août 1912 |
Décès | 23 novembre 1978 (à 66 ans) |
Genre(s) | Réalisme fantastique |
Distinctions | Prix Europa 1978 Chevalier de la Légion d'honneur 2 novembre 1945 |
Science-fiction |
La SF à l’écran |
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Le monde de la SF |
Auteurs - BD de SF |
Fandom - Prix littéraires |
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Jacques Bergier, né le 8 août 1912 à Odessa (Ukraine) et mort le 23 novembre 1978 à Paris d'une hémorragie cérébrale, est un ingénieur chimiste, alchimiste, espion, journaliste et écrivain de nationalité française et polonaise.
Salué dans la francophonie pour la grande diversité de ses connaissances et ses nombreux ouvrages, il a largement contribué à la promotion, en France, de phénomènes ou de faits négligés par la science, notamment avec son livre Le Matin des magiciens, écrit en collaboration avec Louis Pauwels.
Après des études secondaires au lycée Saint-Louis, il poursuit ses études à la Faculté des sciences de Paris et à l'École nationale supérieure de chimie de Paris. Ingénieur chimiste, licencié ès sciences, il se consacre alors à la recherche scientifique, notamment à la chimie nucléaire. En 1936, il découvre, avec le physicien atomiste André Helbronner, l’utilisation de l'eau lourde pour le freinage des électrons et réalise la première synthèse d’un élément radioactif naturel, le polonium, à partir de bismuth et d'hydrogène lourd en volatilisant un filament de tungstène. Ses autres collaborateurs scientifiques avant-guerre sont essentiellement Vladimir Gavreau ou encore le futur résistant Alfred Eskenazi. Très vite, il développe un penchant pour l'alchimie (renforcé par une rencontre supposée avec Fulcanelli en juin 1937), et affirme au début des années 1950 avoir obtenu par transmutation alchimique du béryllium à partir de sodium.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est résistant à Lyon au sein du trio des ingénieurs, puis du réseau Marco Polo mieux structuré à compter de décembre 1942 (faisant à l'occasion la connaissance de son futur grand ami François Le Lionnais -membre d'un autre groupe- en 1941). Grâce à des renseignements fournis par un ingénieur russe travaillant sur place et transmis à Londres, son réseau est ainsi à l'origine du bombardement de la base d'expérimentation de fusées V2 de Peenemünde. Le lieutenant Pecquet de la branche Nord du réseau signale quant à lui les sites de V1 implantés dans la Somme aux britanniques. Le 18 août 1943 a lieu l'Opération Hydra: 598 bombardiers lourds (Avro Lancaster, Handley Page Halifax et Short Stirling) dirigés par le Wing Commander John H. Searby frappent Peenemünde. Le Ministère de l'Air centralise ensuite les renseignements de divers réseaux français dont Marco-Polo, et l'Air Chief Marshall Sir Roderic Hill, commandant de la défense aérienne de Grande-Bretagne -à compter du 15 novembre 1943- et commandant en chef du "Fighter Command " de la RAF, procède le 5 décembre 1943 aux premiers bombardements de 21 sites de V1 sur le sol français, en détruisant 12 entièrement et 9 partiellement grâce au 8e Air Force. Bergier est alors -entre autres- chargé de gérer les rares postes émetteurs de Marco-Polo sur Lyon. Il y est arrêté le 23 novembre 1943 par la Gestapo, et soumis à la torture à 44 reprises. Il est enfermé dans les camps nazis de mars 1944 à février 1945. Ce passé de résistance lui permet ultérieurement quelques prises de contact directes avec Charles de Gaulle personnellement, malgré son aversion pour le personnage à compter de son retour aux affaires.
Après la guerre, il aurait été capitaine de la DGER (Direction générale des études et recherches), au sein de laquelle il aurait dirigé la branche française du CIOS (Centre interarmée de contre-espionnage alliés). Il participe ainsi durant la 2e moitié de 1945 à la MIST (Mission d'information scientifique et technique), dirigée par le capitaine Albert Mirlesse (ingénieur en mécanique, père fondateur du Normandie-Niemen) chef du 2e bureau de l'État-Major Général de l'Air -EMGA-, et rattachée au CIOS, pour des missions secrètes en Allemagne afin d'interroger des savants atomistes, et de trouver des armes secrètes dérivées de l'eau lourde. La MIST ramène ainsi de Forêt Noire le Dr Berthold, aérodynamicien directeur technique de la société d’ailes volantes Horten, jusqu’à Châtillon-sous-Bagneux (où travaille Bergier avant et après guerre), et capture en Bavière le Pr Willy Messerschmitt, faisant main basse sur un V1 complet, des éléments de V2, divers missiles prototypes, et sur les plans du chasseur à réaction Me 262. Bergier fait également partie alors des services britanniques de contre-espionnage, au même titre que son ami George Langelaan.
Ses déplacements l'amènent à fréquenter plusieurs écrivains. Il fut ainsi l'ami intime de Jean Bruce et de son épouse Josette Bruce (créateurs d'OSS 117), de Victor Alexandrov, et de bien d'autres auteurs parmi lesquels Arthur C. Clarke, spécialiste en ondes radar pour l'armée anglaise durant la guerre, qu'il rencontre vers 1941, et Ian Fleming, rencontré une première fois à Lisbonne fin 1942 lors de ses activités au sein du « trio des ingénieurs ». Bergier affirma à plusieurs reprises lui avoir fourni l'idée du personnage de James Bond. En 1956, il entame une collaboration avec une autre de ses relations suivies, Robert Amadou pour sa revue La Tour Saint-Jacques.
Après la mort de son compagnon de résistance Guivante (dit "Paul", ou "Guivan") de Saint-Gast au début des années 1950 (membre -dirigeant- de Marco-Polo, tout comme son cousin germain député, ministre des finances, puis du commerce et de l'industrie, Henri Ulver de 1951 à 1956), Bergier décide de délaisser ses activités d'ingénieur-conseil « chasseur de tête » scientifique et de recherches en synthèse d'ersatzs de carburants pour le tiers-monde au sein de la société "Recherches et Industrie", créée avec son ami de lycée -rencontré dès leur arrivée parisienne comme immigrés- Albert Mirlesse et Saint-Gast, pour se lancer dans l'écriture. Il est ainsi le premier à traduire en français Lovecraft, pour lequel il a une immense admiration, et dont il est le « correspondant » par l'interposition de la revue Weird Tales.
En 1953, il soumet à l'éditeur Robert Laffont un projet de collection française de science-fiction qu'il dirigerait conjointement avec le mathématicien François Le Lionnais, mais la collection ne voit pas le jour. En septembre 1957, il classe en 20 thèmes majeurs la trame des romans policiers, avec Fereydoun Hoveyda, ami rencontré en 1953 au secrétariat de l'UNESCO... et futur ambassadeur d’Iran auprès des Nations unies de 1971 à 1979. Rentré au mensuel Constellation d'André Labarthe également en 1957, il écrit de nombreux ouvrages sur l'espionnage, et publie aussi chez Gallimard en 1960 le livre Le Matin des magiciens en collaboration avec Louis Pauwels qu'il a connu en 1954 (suivi de l'Homme éternel dix ans plus tard), qui constitue le manifeste du mouvement réaliste fantastique.
La mise en forme de cet ouvrage nécessita cinq années, sur la base d'une volumineuse documentation, qui sera inventoriée en 2007 à la Bibliothèque nationale de France dans le Fonds Pauwels. L'idée initiale germa dans l'esprit de Bergier alors qu'il était alité à l'infirmerie de Güsen, annexe du camp de Mauthausen. Bien que très critique face aux arts divinatoires en général (et à l'astrologie en particulier), Bergier fait la part belle dans ce livre à des thèmes ésotériques, aux civilisations disparues et aux religions occultes.
En 1961, toujours avec Louis Pauwels (et François Richaudeau), il crée la revue Planète, à laquelle participeront ses grands amis Aimé Michel (connu dès 1953, avec lequel il précise le concept de l'orthoténie... sur le coin d'une nappe de restaurant), Charles Noel Martin, Remy Chauvin et George Langelaan. Ces travaux sont un mélange entre des éléments réellement scientifiques, des éléments qui relèvent plutôt de la science-fiction, et d'autres de l'occultisme. Si le courant issu du Matin des Magiciens relève clairement de la pseudo-science, on ne peut être que fasciné par la créativité de Louis Pauwels et Jacques Bergier.
Avec son vieux complice Georges H. Gallet, lui aussi grand collectionneur de pulps, il codirige plusieurs collections chez Albin Michel de 1970 à 1975, dont la collection Science-fiction de l'éditeur. Bergier est également codirecteur de la collection Les Classiques de la S-F du Club du livre d'anticipation (CLA) aux éditions Opta avec Michel Demuth, de 1968 à 1970. Dans Admirations (réédité en 2000 aux éd. Œil du Sphinx), il rend hommage à John Buchan, Abraham Merritt, Robert E. Howard, Tolkien, etc.