Minority Report | |
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Réalisation | Steven Spielberg |
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Acteurs principaux | Tom Cruise Colin Farrell Max von Sydow Samantha Morton Kathryn Morris |
Scénario | Scott Frank Jon Cohen |
Photographie | Janusz Kaminski |
Montage | Michael Kahn |
Musique | John Williams |
Production | Jan de Bont Bonnie Curtis Gerald R. Molen Walter F. Parkes |
Budget | 102 millions de dollars américains |
Pays d’origine | États-Unis |
Langue(s) originale(s) | Anglais |
Format | Son : Dolby Digital DTS Projection : 2.35 : 1 Cinémascope Production : 35mm |
Durée | 145 minutes |
Sortie |
21 juin 2002 2 octobre 2002 |
Minority Report (Rapport minoritaire en français) est un film de science-fiction américain réalisé par Steven Spielberg, sorti sur les écrans en 2002.
Adaptation cinématographique de la nouvelle éponyme de Philip K. Dick, Minority Report place le spectateur dans un futur proche cyberpunk, une dystopie dont le cadre est le Washington de 2054 où des êtres humains mutants, les précogs, peuvent prédire les crimes à venir grâce à leur don de préscience.
En 2054, la ville de Washington a réussi à éradiquer la criminalité. Grâce aux visions du futur fournies par trois individus précognitifs, les agents de Précrime peuvent écrouer les criminels juste avant qu’ils n'aient commis leurs méfaits. Mais un jour, l’agent John Anderton reçoit des précogs une vision le concernant : dans moins de 36 heures, il aura assassiné un homme qu’il ne connaît pas encore et pour une raison qu’il ignore. Choqué, il prend alors la fuite, poursuivi par ses propres coéquipiers qui ont pour mission de l’arrêter conformément au système...
Le film se déroule à Washington en 2054. Il s'ouvre sur John Anderton, agent de l'organisation gouvernementale Précrime. Son équipe est en train de tenter d'appréhender un suspect. Dans cette séquence, on découvre qu'à cette époque on parvient à prédire les crimes à l'aide de précogs (abréviation de précognitifs, « qui ont la capacité de voir l'avenir ») : trois humains en état de stase, préservés au cœur du siège de Précrime, fournissent l'heure du méfait, le nom de l'agresseur et le nom de la victime. Tous les autres aspects du crime ne peuvent être obtenus qu'en décryptant de maigres indices dans les images relayées par les précogs. Celles-ci sont des visions de l'avenir entourant le moment du crime et sont transférées dans un système informatique grâce auquel Anderton manipule les images à travers une interface de réalité virtuelle. Ainsi, il cherche où ont lieu les crimes et d'autres informations utiles avant d'intervenir.
Durant ces manipulations, Anderton est observé par Danny Witwer, un agent du Ministère de la Justice envoyé pour évaluer le système car les Américains vont bientôt être consultés par référendum pour étendre à tout le pays le programme Précrime, uniquement utilisé à Washington.
Après l'intervention et le placement en état de stase du pré-criminel, Anderton retourne dans son appartement et y regarde des vidéos holographiques de son fils de six ans. Il devient évident, dans l'esprit du spectateur, que celui-ci est décédé et que l'agent est maintenant divorcé.
Le matin suivant, Witwer visite la salle où les trois précogs reposent dans un bassin rempli d'une substance translucide. Un technicien lui explique que celle-ci aide à relayer les images que les précogs produisent. Anderton, en retrait, est apostrophé par l'un des précogs, Agatha, qui émerge de l'eau et lui montre des images d'une femme en train d'être assassinée. Intrigué de ne jamais avoir vu ces images, Anderton enquête. Il visionne les enregistrements.
Les images des deux autres précogs sont enregistrées, celles-ci ne montrent pas de meurtre. Celles d'Agatha, qui est a priori la plus fiable du trio, ont disparu. Anderton prévient alors le responsable de la cellule anti-criminelle de Washington, Lamar Burgess, qui n'apparaît pas concerné. L'agent retourne donc à son travail.
Un meurtre va avoir lieu dans trente-six heures. Anderton récupère le nom du meurtrier, qui n'est autre que le sien. Sachant qu'il va évidemment être capturé, il s'enfuit. Il parvient à semer l'équipe de Witwer dans une usine de voitures et à se réfugier dans la maison d'Iris Hindeman, pionnière de Précrime avec Lamar. La vieille dame lui révèle qu'il arrive qu'un précog ait une vision de l'avenir différente de celle de ses camarades mais que, par souci de fiabilité, le système exclut alors la vision discordante. Toutefois, une trace de cette vision demeure présente dans l'esprit d'Agatha, la plus forte des précogs. Mis au courant de ce secret jusqu'ici connu des seuls Lamar et Iris, Anderton voit alors sa seule chance de prouver son innocence dans la récupération d'un éventuel « rapport minoritaire » afférent à la prédiction le concernant, rapport qui aurait été ignoré par le système.
En 2054, il est difficile de se déplacer incognito car toutes les personnes sont soumises à des scanners rétiniens (pour la personnalisation des messages publicitaires audios par exemple). Pour échapper à toute identification, Anderton va se faire transplanter de nouveaux yeux chez un chirurgien informel. Alors qu'il dort pour récupérer de l'opération le temps que ses greffes prennent, l'agent rêve d'un souvenir : on apprend alors que son fils a été kidnappé. Il se réveille et découvre que des agents de Précrime sont en train de fouiller le bâtiment où il se trouve. En quête de ses fugitifs, l'équipe sur place déploie des spyders, de petites araignées robotiques chargées de scanner les yeux des badauds et des habitants. Parvenues à Anderton, celles-ci cherchent à l'identifier mais, du fait de l'opération chirurgicale, ne le reconnaissent pas.
Anderton se rend ensuite à Précrime où il arrive à pénétrer, en plaçant devant les multiples scanners d'identification rétinienne ses anciens yeux qu'il a conservés. Parvenu au cœur du bâtiment, il sort Agatha de son bassin, déconnectant ainsi le réseau trial de précogs qui fait fonctionner Précrime. Il s'échappe en embarquant avec lui la précognitive, et va trouver un de ses amis hacker qui scanne la mémoire d'Agatha : Anderton accède ainsi à la vision du meurtre qu'il est censé commettre. Toutefois, la vision est identique à celle qui avait été sélectionnée par le système : il n'existe pas de « rapport minoritaire » pour son cas.
Anderton part donc à la recherche de sa potentielle victime, Leo Crow, qui est absent de son appartement. En fouillant ce dernier, Anderton trouve des quantités de photos d'enfants éparpillées et, parmi elles, certaines de son fils. L'idée qu'il n'y a pas de « rapport minoritaire » pour son crime s'affirme : il a toujours prémédité la mort du kidnappeur de son fils si jamais il le trouvait, et Leo Crow s'avère être celui-ci. Il décide donc de le tuer.
Sommé par Agatha de réfléchir, Anderton reconsidère son envie de meurtre et décide simplement d'arrêter Crow. Il lui annonce ses droits Miranda. C'est alors que Crow annonce que s'il n'est pas tué, sa famille n'aura rien. Anderton comprend que tout cela était donc une mise en scène. Crow parvient à accrocher le pistolet d'Anderton et se suicide par police interposée en appuyant sur la main de l'agent. Anderton et Agatha quittent alors l'appartement.
Witwer et l'unité Précrime arrivent sur les lieux et étudient la scène du crime. Witwer analyse les photos répandues et devient très sceptique : les cas d'orgie de preuves comme celle-ci sont très peu probables. Il va donc voir Lamar Burgess et l'entretient de ses doutes. Il lui montre les rapports concernant le meurtre de la femme : le « rapport minoritaire » d'Agatha et le rapport majoritaire des deux autres précogs. Il y a des différences qui tendent à prouver que les deux visions ne datent pas du même moment : le meurtre étant commis près d'un lac, on peut remarquer que d'une version à l'autre, les ondulations de l'eau ne vont pas dans le même sens. À cet instant, Burgess tue Witwer, sans raisons apparentes. Le Précrime n'a pas pu prédire ce meurtre en l'absence d'Agatha.
Anderton s'est réfugié dans la maison de son ex-femme Lara et il comprend pourquoi il est l'objet de manipulations : la femme dont il a vu le meurtre n'est autre que la mère d'Agatha. Celle-ci tentait de récupérer sa fille, utilisée comme précog ; on l'a donc assassinée pour le bien du programme.
La police intervient et arrête Anderton. Plus tard, Lara s'entretient avec Burgess au sujet de la femme et comprend que c'est lui qui en a été le meurtrier. Elle va donc libérer Anderton, placé en stase. Ils se rendent à une conférence donnée par Burgess et le confrontent à son crime. Burgess sort son pistolet et menace Anderton avant de se suicider pour le bien du programme.
Dans la séquence finale, Anderton explique que l'expérience Précrime est arrêtée et que tous les précriminels ont été libérés sans conditions. Les précogs ont été mis au secret et vivent une vie normale. Anderton s'est réconcilié avec Lara qui est enceinte...
La distribution des rôles initialement prévue a été en partie revue à la suite des retards pris par le tournage du film.
C'est Tom Cruise, tombé amoureux de la nouvelle, qui aura l'idée du projet Minority Report et d'y convier Steven Spielberg. Cela marque la première collaboration des deux hommes qui avaient prévu de travailler ensemble dès leur première rencontre en 1983, à l'époque de Risky Business. Ils se retrouveront dans La Guerre des mondes. L'acteur a effectué la plupart de ses cascades lui-même, fort de son expérience sur Mission: Impossible II même si le réalisateur est parvenu à l'empêcher d'en faire certaines.
Avant que Colin Farrell ne fasse partie du projet, c'est Matt Damon, puis Yorick van Wageningen, qui devaient interpréter Ed Witwer.
Dans la distribution initiale, c'est Ian McKellen qui devait interpréter le directeur Burgess.
Samantha Morton remplaça au pied levé Jenna Elfman qui dut se retirer du film à cause des retards pris par celui-ci. Cette dernière avait déjà remplacé Cate Blanchett.
Il était initialement prévu que Meryl Streep soit l'actrice du rôle dévolu à Lois Smith.
William Mapother est le cousin de Tom Cruise.
Plusieurs célébrités ont un caméo dans le film :
À l'origine, la nouvelle Rapport minoritaire de Philip K. Dick devait être adaptée de manière à devenir une suite du film Total Recall de Paul Verhoeven, qui était déjà une adaptation d'une nouvelle de l'auteur sans autre rapport avec celle-ci. Ce scénario devait être créé par les scénaristes Ronald Shusett, Gary Goldman et, arrivé plus tard sur le projet, Robert Goethals. De ce fait, l'histoire devait être délocalisée sur Mars où les précogs auraient été des personnes mutées par l'atmosphère martienne, problème central du premier film. Le personnage principal, John Anderton, aurait aussi été substitué à celui de Douglas Quaid, héros du premier film, joué par Arnold Schwarzenegger. Le projet a été annulé mais les scénaristes, toujours détenteurs des droits de la nouvelle, ont réécrit le scénario en ôtant toute référence à Total Recall. C'est a priori au moment où le scénariste Jon Cohen a été engagé, en 1997, que ce précédent scénario a été mis de côté et totalement réimaginé.
C'est en 1998 que Steven Spielberg et Tom Cruise rejoignent le projet Minority Report et annoncent qu'il s'agira d'une coproduction entre la 20th Century Fox, la compagnie de Spielberg (DreamWorks SKG), celle de Cruise (Cruise/Wagner Productions) et celle de Jan de Bont (Blue Tulip). La production est alors étalée sur plusieurs années. Le tournage était prévu une fois celui du film Mission: Impossible II avec Cruise achevé. Mais les préparatifs du film n'ont pu être terminés à temps, ce qui a permis au scénariste Scott Frank, fraichement débarqué sur le projet, de retravailler le scénario.
Puis, la mort de l'ami de Steven Spielberg, Stanley Kubrick, a contraint le réalisateur à finir le projet de ce dernier, A.I.: Intelligence Artificielle, reportant ainsi Minority Report. Tom Cruise ayant travaillé sur le dernier film de ce dernier, Eyes Wide Shut, l'ombre de Kubrick ne pouvait pas ne pas planer sur le film. On peut ainsi voir dans le film de nombreuses références au metteur en scène disparu :
Dans le film, le scénario réserve aussi des hommages à deux autres réalisateurs :
Le tournage commença finalement le 22 mars 2001 juste après que Cruise eut terminé le tournage de Vanilla Sky.
La gestion des sons dans le film a été un vrai défi technique. Gary Rydstrom, le superviseur de ceux-ci, a dû par exemple faire appel à une équipe de chercheurs de l'université Cornell pour créer les bruits des spyders, restitution des sons inaudibles créés par les araignées. En revanche, le son du maglev vient de sa machine à laver.
Un album a été diffusé comprenant la bande originale du film, elle est composée par John Williams.
La 8e symphonie en si mineur, dite « L'Inachevée » D.759 (1822) de Franz Schubert, absente de cet album, est très présente dans le film. La bande originale en elle-même a été composée par John Williams qui a souvent collaboré avec Steven Spielberg. Elle a été orchestrée par John Neufeld et la performance vocale et de Déborah Dietrich. Elle s'inspire de l'œuvre de Bernard Herrmann. Steven Spielberg pense que c'est la première composition de Williams pour un de ses films qui soit « en noir et blanc ». Cette bande-son est profondément connotée « science-fiction », notamment avec le thème principal, dont les sons d'explosions font écho à ceux de Vangelis dans sa bande originale de Blade Runner, film également tiré de Philip K. Dick.
On peut trouver de nombreuses différences entre la nouvelle et le film :
Sous couvert du thème de la sécurité, Minority Report pose la question philosophique classique du libre-arbitre face au déterminisme L'une des questions principales est donc : « le futur est-il écrit ou le libre-arbitre, les choix, peuvent-ils modifier celui-ci ? ». Celle-ci est aussi discutée à travers la question de la justesse de la vision des précogs. Agatha affirme que dès l'instant où Anderton connaît son avenir, il peut le changer. Le film montre aussi que c'est cette connaissance d'Anderton qui peut être la cause de la mort de Leo Crow. Dès lors, peut-on accuser quelqu'un du fait qu'il va commettre un meurtre si quelqu'un peut faire en sorte, à l'aide des précogs, de faire commettre un meurtre ? Le crime existerait-il si l'on ne tentait pas de l'empêcher ? Le traitement de ce thème a entraîné des critiques à la fois positives, parfois même faisant de ce point le principal intérêt du film, et négatives.
On peut également, comme Les Cahiers du cinéma, voir une interrogation sur le concept de « zéro tolérance » de l'ère post-Giuliani.
Minority Report est un film d'anticipation qui compose à la fois avec des éléments d'une dystopie et d'une utopie. Le film livre une vision du futur proche plus précisément décrit que dans la nouvelle dont il est adapté. Pour créer un futur proche crédible, Steven Spielberg, en 1999, invita quinze expert du Global Business Network, son président Peter Schwartz, le fondateur de Wired Kevin Kelly et le démographe et journaliste Joel Garreau dans un hôtel de Santa Monica. Ils y ont fait un brainstorming pour réfléchir en détail à quoi ressemblerait le monde de 2054. Parmi les experts, on pouvait compter Stewart Brand, Peter Calthrope, Douglas Coupland, le professeur au Media Lab du MIT Neil Gershenfeld, le chercheur en biomédecine de la DARPA Shaun Jones, l'un des inventeurs de la réalité virtuelle Jaron Lanier, le designer automobile Harald Belker (qui avait travaillé sur xXx et Armagedon) et l'ancien doyen de l'école d'architecture du MIT William J. Mitchell. Le film aura d'ailleurs prédit quelques innovations technologiques apparus les années suivantes : avènement des interfaces tactiles, écrans publicitaires intelligents...
Les discussions n'ont pas changé les éléments clefs dont les séquences d'action du film avaient besoin, mais ont néanmoins influencé les aspects utopiques du film. John Underkoffler, le conseiller scientifique et technologique du film, décrivit au final celui-ci comme « plus gris et plus ambigu » que ce qu'ils avaient prévu en 1999.
D'un point de vue stylistique, Minority Report peut faire penser à A.I.: Intelligence Artificielle, précédent film réalisé par Steven Spielberg, plus qu'à E.T. l'extra-terrestre, un autre de ses films de science-fiction référence. Le film est volontairement suréclairé et durant la post-production, un procédé sans blanchiment (bleach bypass) a été utilisé. Cela donne au film un aspect particulier, avec des couleurs vraiment désaturées. On dirait presque un film en noir et blanc du fait que les tons noirs et les ombres sont très marquées. Le film possède 481 plans d'effets spéciaux, ce qui en fait le film le plus complexe de Steven Spielberg, selon Bonnie Curtis, qui n'avait pas atteint ce nombre depuis Rencontres du troisième type.
On lui prête pourtant parfois, malgré une apparence froide futuriste donné par ces couleurs, un aspect fin des années 1970, rétrofuturiste. Selon Spielberg lui-même, la musique renvoie aux films noirs de l'époque d'Humphrey Bogart et de John Huston.
Concept car de Lexus créé pour le film |