Urbanisme aux États-Unis - Définition

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Introduction

Vue aérienne de Washington, D.C.

L'urbanisme aux États-Unis est caractérisé par une très grande importance des banlieues (suburbs) résidentielles, le centre-ville (downtown) étant souvent délaissé aux populations les plus modestes. Mis à part quelques grandes villes, telles New York ou Baltimore, elles ont une densité de population relativement faible, s'étendant sur des aires métropolitaines immenses (Los Angeles, Chicago, Dallas, etc.), le transport interurbain fonctionnant principalement à l'aide de la voiture. On distingue aujourd'hui, sur le territoire américain, quatre grandes régions urbaines : l'aire urbaine du nord-est (BosWash, qui s'étend de Boston à Washington), la côte californienne de San Francisco à San Diego, la région des Grands Lacs et le sud de Dallas à Miami. L'essor urbain touche aujourd'hui les métropoles de la Sun Belt, dont la population augmente rapidement. Depuis les années 1980, l'urbanisme néo-traditionnel tente de populariser une approche urbanistique moins focalisée sur la voiture.

Histoire

Les villes coloniales

Au XVIIIe siècle se développe le style géorgien et le palladianisme à partir de la ville de Williamsburg en Virginie. Celle-ci bénéficie d'un plan d'urbanisme moderne, en damier. Deux voies principales se coupent à angle droit : l'une d'elles, la duke of Gloucester Street est large de 30 mètres et longue d'1,2 kilomètres. Elle relie le collège de Guillaume et Marie au capitole. L'axe nord-sud aboutit au palais du gouverneur, édifié en 1706-1720.

Réforme pour l'hygiène publique (1820 à fin XIXe siècle)

Représentation d'une épidémie de choléra au XIXe siècle montrant la diffusion de l'épidémie sous la forme d'air empoisonné.
Logements ouvriers à New York. Construits sur la totalité de la parcelle, ils n'étaient pas séparés et avaient un faible renouvellement en air.

Tandis que les villes américaines avaient 300 000 habitants en 1800, ce nombre fut porté à 6,2 million en 1860 et atteint 54 million en 1920. Ainsi, devant la forte arrivée d'immigrants, la population passe de 6% d'urbains en 1800 à 51% en 1920. Les autorités prirent conscience que des mesures étaient nécessaire pour accompagner ce changement, s'intéressant particulièrement à deux problèmes. Le premier et principal était les mauvaises conditions sanitaires entraînées par la pauvreté des cités industrielles et propicent aux épidémies de maladies contagieuses (typhus, choléra, variole, ...). Par exemple, les immeubles où les ouvriers s'entassaient étaient construits sur toute la surface du lot : un ensemble d'immeuble n'était donc pas séparé par des ruelles et le renouvellement de l'air était ainsi très faible. Lorsque ces immeubles n'étaient pas reliés aux égouts, le seul espace disponible devant servait à jeter les ordures. Le second problème était que la masse énorme du sous-prolétariat était potentiellement révolutionnaire.

Répondant à la première préoccupation, la société médicale de l'État de New York décida en 1835 d'offrir un prix au meilleur essai sur le sujet. Le docteur Benjamin W. McCready le remporta, et mentionna la mauvaise ventilation des maisons parmi les facteurs de maladie ne pouvant être ignorés. Des institutions furent créées pour étudier ce problème d'épidémies, tels le Conseil d'hygiène et de Santé Publique de New York. La théorie du miasma était alors celle adoptée et fut résumée par Southwood Smith en 1846 :

« Dès lors que des substances animales ou végétales sont en état de décomposition, des matières empoisonnées s'y développent, se mélangent avec l'air qu'elles corrompent, et le rende dangereux pour la santé ainsi que mortel... Si des actions ne sont pas prises pour supprimer immédiatement ces poisons, ils sont transportés par l'air aspiré dans les poumons, où ils transpercent la délicate membrane des cellules et passent donc directement dans le flot de circulation. »

Autrement dit, la théorie médicale alors en vogue était de considérer que l'air traversant la matière organique en putréfaction était nuisible. Outre le nettoyage, l'action préconisée ayant d'importantes répercussions sur l'urbanisme était d'augmenter la ventilation. Pour cela, les immeubles compacts devaient être abandonnés et des espaces bien plus larges devaient être crées. Frederick Law Olmsted, architecte-paysagiste ayant conçu Central Park à New York, déclara ainsi que les problèmes sanitaires provenaient des ruelles étroites et de la surpopulation, concluant que « les deux grands agents naturels de désinfection, la lumière du soleil et le feuillage » avaient besoin d'espace.

Réforme des immeubles (1900-1914)

Les docteurs établirent que les épidémies n'étaient pas causées par un mauvais air mais par des bactéries se transmettant à travers des infections. Cependant, les tenants de la réforme déclarèrent que les conditions dans lesquelles les bactéries pouvaient vivre provenaient de l'environnement, ce qui continua de lier l'urbanisme à la santé publique. Les mauvaises conditions de la classe ouvrière étaient donc toujours un sujet de préoccupation, qui reçu une attention grandissante de la part des autres citoyens avec la publication en 1890 de How the Other Half Lives, travail de photojournalisme de Jacob Riis dans les taudis de New York. Les bâtiments construits sous le Tenement House Act de 1901 devaient avoir une grande court intérieure et, sous l'influence de Lawrence Veiller, des limitations furent faites sur la hauteur des bâtiments ainsi qu'un espace obligatoire de chaque côté de la parcelle pour forcer la présence de lumière et une ventilation accrue.

Mise en place du zonage (1907-1926)

Tandis que les deux réformes précédentes visaient à améliorer les conditions de la classe ouvrière pour réduire les problèmes de santé publique, la création de plan d'utilisation des sols visait à protéger la santé et le confort financier des classes moyennes et aisées. Pour cela, des banlieues furent construites en interdisant tous les bâtiments jugés indésirables, c'est-à-dire usines, appartements, magasins de détail, etc. L'idée du plan provenait d'Allemagne, mais il y autorisait une utilisation des sols mixes (par exemple des appartements au-dessus de magasins) tandis que son application aux États-Unis fut celle d'une séparation complète des usages industriels, résidentiels et commerciaux. La séparation à l'intérieur d'une zone résidentielle était également faite selon le type d'habitations, visant à rassurer les acheteurs quant à leur investissement. Cette politique conduisit à une ségrégation des villes en des quartiers constitués selon la classe sociale et la race.

La banlieue et les jardins (1898-1930)

Réseau de Cités-jardin d'Ebenezer Howard.

Dans Garden Cities of To-morrow, publié en 1898, l'urbaniste britannique Ebenezer Howard propose une combinaison de la ville et de la campagne, appelée Cité-jardin. Chaque cité-jardin serait de forme circulaire, d'un rayon d'environ 1 km, et conçue selon un motif en couches : au plus proche du centre se trouvent les bâtiments administratifs, au milieu les logements (maisons séparées), à la périphérie les usines, et au-delà les espaces agricoles. Chaque ville était ainsi auto-suffisante, et les habitants pouvaient s'y déplacer en marchant contrairement aux trois mouvements urbains précédents qui augmentent les distances. Pour Howard, la nature était source de bénéfices sur la santé autant physique que mentale. Ce principe d'une entité urbaine séparée fut mis en pratique à travers le modèle du superblock construit à Sunnyside Gardens dans le Queens, puis à Radburn. Sunnyside héritait de la planification urbaine typique du début du XXe siècle aux États-Unis, avec son réseau routier en forme de grille, tandis que le projet de Radburn n'avait pas la contrainte de réutiliser un réseau routier et put ainsi innover. Le réseau routier de Radburn mit en place des Impasses et des routes des routes secondaires ainsi que tertiaires. Le but était d'isoler au maximum le trafic automobile afin de permettre aux piétons de se déplacer en sécurité, ce qui était entièrement à l'opposé de la planification urbaine des années 1920 qui se concentrait sur la mobilité des voitures et ne construisait pas de trottoirs. Pour isoler le trafic, le réseau routier tortueux était conçu de façon telle qu'il soit beaucoup plus long de traverser le quartier plutôt que due d'emprunter les routes droites l'entourant. Par ailleurs, les routes entourant le quartier conduisait à son isolation des autres quartiers, réduisant la probabilité que des piétons souhaite traverser ce qui pourrait s'apparenter à une autoroute. Cette idée d'un quartier comme unité se retrouve dans les travaux de Clarence Perry, qui la présenta dans une conférence de sociologie en 1923, et considérait un quartier comme une entité dans laquelle il devait être possible de se déplacer à pied et de trouver des bâtiments éducatifs pour les enfants, des espaces de jeux, et des boutiques.

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