L'étalement urbain est une expression désignant le phénomène de développement des surfaces urbanisées en périphérie des villes.
Vitesse de déplacement et étalement urbain sont intimement liés : depuis 1960, l’explosion des mobilités a engendré une dilatation croissante des espaces urbains et des territoires. Cet étalement, qui est lié au développement démographique des agglomérations, se fait avec une densité du bâti d'autant plus faible que l'on s'éloigne du cœur des villes. La faible densité est due au caractère pavillonnaire de cette urbanisation, qui prend le plus souvent la forme du lotissement, la surface occupée par un foyer (maison + jardin privatif) étant plus importante que celle d'un appartement en immeuble, ainsi qu'à l'importance des espaces naturels conservés dans les communes concernées. Mais l’étalement urbain n’est pas le seul fait de l’habitat pavillonnaire : plus de la moitié des mètres carrés construits chaque année sont consacrés aux activités économiques. Au final, les sols artificialisés ne cessent de croître et la consommation énergétique liée aux transports est l’une des principales sources de l’aggravation de l’effet de serre.
Déjà au XIXe siècle, les théories hygiénistes préconisent, à une époque où la ville s'industrialise (avec toutes les conséquences que cela entraîne), une faible densité afin de « faire circuler l'air ». Ce mouvement s'accompagne des premières formes de transports en commun, qui accroissent la mobilité des populations : le chemin de fer. C'est aussi pour pallier les inconvénients de la ville qu'Ebenezer Howard (urbaniste anglais) imagine le concept des cités-jardins, entraînant une urbanisation à faible densité.
Le développement de l'automobile et sa démocratisation permettent un fort accroissement de l'étalement urbain, car les déplacements se sont affranchis de la dépendance liée aux transports en commun et ont ainsi permis la multiplication de ces urbanisations de très faible densité, essentiellement desservies par le réseau routier. L'accroissement de l'étalement urbain est de ce fait chronologiquement lié à cette démocratisation de l'automobile. Il se développe massivement dès le milieu du XXe siècle aux États-Unis et dans le dernier quart du XXe siècle en Europe Occidentale.
Cela occasionne, pour les gestionnaires de services d'intéret général, une hausse des dépenses nécessaires à la construction et l'entretien des réseaux (eau, gaz, électricité, lignes téléphoniques, transport de personnes, que ce soit des transports collectifs ou des routes, etc.). Ces dépenses ne sont pas à négliger, car elles ne sont pas liées à l'augmentation de la population, en croissance faible dans les pays occidentaux : l'essentiel des nouveaux réseaux sont établis pour desservir une population dispersée et peu dense, ce qui rend problématique à terme l'amortissement des dépenses, qui sont supérieures pour l'ensemble de la collectivité. Symétriquement, dans les territoires déjà urbanisés, la sous utilisation croissante des équipements publics dégrade les conditions financières de leur gestion courante, de leur maintenance et de coûteuses mises aux normes.
Elle entraîne la constitution de « villes dortoirs » et de fortes migrations pendulaires, ce qui demande de plus grands investissements en infrastructures routières, et de plus grandes dépenses énergétiques, ainsi qu’une plus grand pollution au gaz carbonique. De plus, l’augmentation des surfaces artificielles augmente la gravité et la rapidité des inondations.
Au-delà de ces aspects techniques, l'étalement urbain peut occasionner une perte de la ruralité, à la fois comme élément paysager et comme mode de vie.
La Fédération nationale des SAFER a déjà tiré la sonnette d'alarme en 2004 en publiant un livre blanc intitulé La fin des paysages. Il faut cesser de considérer la terre agricole comme une terre inutile ou inutilisée, expliquait-elle. La FNSAFER exposait que le pouvoir d'attraction touristique de la France (gastronomie, paysages, traditions rurales) ne peut pas se maintenir en même temps que la campagne s'urbanise et disparaît. Or, la France a vu le territoire urbain augmenter de 10% entre 1990 et 2004, passant de 10 à 11 millions d'hectares, ajoutant que sur 198 000 maisons construites en 2003, plus de 152 000 l'ont été en secteur diffus (mitage) plutôt qu'en secteur concentré.
Le 24 mai 2007, la FNSAFER a renouvelé son avertissement : « les espaces ruraux sont encore considérés comme le réservoir de l'extension urbaine ».
Quelques cas d'étalement urbain :
D'après l'IFEN, 60 000 hectares de terres naturelles ou agricoles disparaissent chaque année en France sous l'effet de l'urbanisation. Les surfaces artificielles (routes, bâtiments, parkings, etc.) augmentent trois fois plus vite que la population (en France, la population a augmenté de 8 % de 1982 à 1999, les surfaces artificielles de 42 %). Dans certaines régions, les surfaces artificielles ont même doublé durant la même période (cas du Pas-de-Calais).
En artificialisant de plus en plus de sols (routes, habitations individuelles plus vastes...), ce sont sans cesse plus d'espaces agricoles, forestiers, pastoraux ou des espaces naturels qui disparaissent, et avec eux leur faune et leur flore. En jargon biologiste, le biotope disparaissant, la biocénose associée disparait, et en conséquence, l'écosystème n'existe plus.
Outre la faune et la flore, les sols artificialisés nuisent à l'infiltration des eaux de pluie et favorisent le ruissellement, facteur d'érosion sur les terres — cultivées ou non — mitoyennes. L'étalement urbain peut ainsi entraîner la raréfaction — voire la disparition — de certaines espèces animales (comme la tortue d'Hermann ou certaines grenouilles) ou végétales. Le morcellement de l'habitat naturel, qui peut constituer une barrière aux flux de gènes entre les différentes populations d'une même espèce, peut ainsi être à l'origine d'une réduction de la diversité génétique.
Enfin, le coût énergétique de ce type de développement est élevé, du fait de l'accroissement des déplacements qu'il induit et de la plus grande difficulté à chauffer et isoler thermiquement les constructions de faible densité qui accompagnent l'étalement urbain.
Quelques questions à se poser :
Le 15 octobre 2007, l'Institut français de l'environnement (Ifen) a indiqué qu'entre 1990 et 2000, trois fois plus de terres avaient été "artificialisées" dans les communes littorales que dans la moyenne du pays, surtout dans la zone comprise entre 500 mètres et 2.000 mètres de la côte. L'Ifen ajoutait que la construction de logements avait plus que doublé depuis 1990 et que le bétonnage du littoral entraînait la disparition progressive des terres agricoles, l'appauvrissement des milieux naturels et la modification des paysages de bord de mer sous l'effet du "mitage".
On peut aussi s'interroger sur le phénomène de ségrégation de ce mode de développement et sur l'absence de mixité sociale.
Les lotissements pavillonaires sont construits en très peu de temps et peuplés par des foyers très similaires : jeune couple avec des enfants en bas âge ou projetant d'en avoir (peu de célibataires, de personnes agées, de couples sans enfant).
De plus, la construction ou l'agrandissement d'un village traditionnel avec des rues et des constructions du type R+1 ou R+2 créait une proximité entre voisins et une vie sociale groupée qui disparaît avec la zone pavillonnaire. Chaque maison est cachée derrière une haie et une clôture, avec une façade de 30 ou 50 mètres sur la voie publique. Tout déplacement à pied devient long et inutile. Long car la façade sur rue de chaque habitation n'est plus de 8 ou 15 mètres mais de 30 à 50 mètres, et inutile car il n'est plus question de faire des courses autrement qu'en sortant la voiture. D'où éventuellement un impact négatif en termes de santé publique (sédentarité accrue). De plus, la circulation à pied dans ces rues désertes crée pour le promeneur une ambiance inquiétante. Chacun est retranché dans un terrain grillagé, à l'écart de la voie, souvent défendu par un chien menaçant qui accompagne le passant derrière la clôture.