L'acide acétylsalicylique est obtenu par acétylation de l'acide salicylique. Le nom de cet acide vient du latin salix qui signifie saule, cet acide ayant été isolé pour la première fois dans l'écorce de cet arbre.
L'appellation aspirine vient du nom de marque Aspirin®, déposé en 1899 par la société Bayer. Ce nom a été formé de a- (qui renvoie à l'acétylation), et « -spirine » (qui renvoie à l'acide spirique). L'acide spirique était extrait de la Spiraea ulmaria, dénomination latine donnée à cette époque à la reine-des-prés, et on a rapidement constaté que l'acide spirique et l'acide salicylique étaient une seule et même substance.
L'aspirine possède les propriétés pharmacologiques suivantes :
En 1971, John R. Vane, lors de recherches qui lui valurent le prix Nobel de médecine en 1982, découvrit que l'aspirine inhibe la production de prostaglandines et de thromboxanes. L'aspirine par une réaction chimique d'acétylation inhibe de façon irréversible les enzymes cyclo-oxygénase ( COX 1 ET COX 2 ), des enzymes participant à la production de prostaglandines et de thromboxanes. L'aspirine est différente des autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui inhibent de façon réversible cette enzyme.
L'aspirine fait baisser la fièvre (antipyrétique), en réduisant la production de prostaglandines dans l'hypothalamus, thermostat de la température corporelle.
Elle réduit la douleur (analgésique) en bloquant la production des hormones responsables des messages transmis aux récepteurs de la douleur dans le cerveau, d'où son efficacité sur les migraines et les douleurs d'origines diverses. Par le même mode d'action, elle réduit les inflammations (AINS) résultant d'une dilatation vasculaire, comme les coups de chaleur, qui ne s'accompagnent pas forcément de coups de soleil.
L'aspirine agit sur les plaquettes sanguines, en inhibant la cyclo-oxygénase, une enzyme ayant un rôle important dans l'agrégation des plaquettes, et ce, de manière permanente, c'est-à-dire durant toute la durée de vie de la plaquette (entre 7 et 15 jours). Il favorise par ce biais la circulation et peut servir pour prévenir les attaques cardiaques, en évitant la formation de caillots (thrombose).
L'acide acétylsalicylique pourrait avoir une action sur le système immunitaire en stimulant légèrement (à faible dose) ou au contraire en inhibant (à forte dose) la production des cytokines.
L'aspirine est absorbée au niveau de l'estomac et du duodénum. Le taux d'absorption dépend de la dose : de 60 % pour moins de 500 mg à 90 % pour 1 g ou plus par saturation de l’hydrolyse hépatique. La prise de certains aliments épicés semble réduire le taux d'absorption.
Pour les formes pharmaceutiques immédiates, le pic de concentration est atteint de 25 à 60 minutes après la prise. Il peut être atteint plusieurs heures après pour une forme gastro-résistante ou à libération modifiée.
Sa demi-vie dans le sang n'est que de 15 à 20 minutes et de 2 à 4 h pour l'acide salicylique qui est un métabolite actif obtenu par hydrolyse.
L'aspirine est utilisée depuis plus de cent ans pour soulager la douleur, faire baisser la fièvre et le traitement de l'inflammation.
Dans le cas très précis des rhinites cependant, l'opportunité de son administration est discutée.
À petite dose (entre 75 et 300 mg/jour suivant les études), les propriétés antiagrégantes de l'aspirine préviennent efficacement la formation de caillots de sang dans les vaisseaux sans causer de dommages significatifs à l'organisme. Le bénéfice de cette prise a été prouvé en prévention secondaire, c'est-à-dire, après un premier accident vasculaire et elle est largement préconisée dans ce cas. Le bénéfice excède significativement le risque majoré d'hémorragie dans ce cas. Son efficacité dans la prévention des accidents lors d'une artérite des membres inférieurs n'est cependant pas prouvée.
Son utilisation en prévention primaire (c'est-à-dire, avant même l'apparition d'une maladie vasculaire) reste plus discutée : l'efficacité semble être partielle (diminution des infarctus du myocarde mais tendance à l'augmentation des accidents vasculaires cérébraux de type hémorragique) et n'a été testée que sur des populations bien ciblées (médecins) ou femmes de plus de 45 ans avec une diminution modérée des accidents vasculaires cérébraux mais un effet sur la mortalité et la morbidité cardio-vasculaire non significatif. Des différences d'efficacité chez l'homme et la femme ont aussi été constatées. Les résultats sont plus mitigés pour d'autres études, bien qu'elles soient faites chez des personnes dites « à hauts risques ».
Malgré l'absence de preuves solides, les recommandations médicales préconisent l'emploi de l'aspirine en prévention primaire chez les patients dits « à hauts risques ».
Des études sur les effets à long terme de petites doses d'aspirine en chimioprévention montrent qu'elle aurait un effet contre certains types de cancers, comme ceux du colon, sein, prostate, bouche, gorge, œsophage, estomac, poumon (non à petites cellules).
Une vingtaine d'études de cancérogenèse chez rats et souris étayent cet effet protecteur. Plusieurs essais cliniques montrent que de petites doses d'aspirine diminuent, modestement, la récurrence des polypes intestinaux et la survenue des cancers du côlon, essentiellement si ces derniers expriment l'enzyme cyclo-oxygénase de type 2 (ce qui représente environ 2/3 des dits cancers). Cependant les doses indiquées sont susceptibles de provoquer des saignements gastriques ou intestinaux et l'utilisation de l'aspirine n'est actuellement pas recommandée pour la prévention des cancers.
Selon une étude réalisée en 2004 à l'hôpital de Falun en Suède, la prise d'aspirine à 75 mg/jour augmenterait l'efficacité de la fécondation in vitro en améliorant la vascularisation de l'utérus.
Ses effets secondaires sont des troubles gastriques (exemple : gastrite voire hémorragie digestive en cas de dose élevée).
L'aspirine doit être utilisée avec prudence chez le nourrisson et l'enfant, car en cas de surdosage (au-dessus de 50 mg par kg et par jour), elle est neurotoxique. En outre, elle peut entraîner l'apparition du syndrome de Reye en cas de varicelle ou de grippe.
Les cardiaques, sous traitement au long cours à petites doses en raison de son effet antiagrégant, peuvent être exposés à ses effets secondaires. Le bénéfice du traitement reste cependant de loin supérieur au risque, ce qui justifie sa prescription.
Chez les personnes souffrant d'un ulcère gastrique, l'aspirine peut occasionner une hémorragie digestive.
Lors d'une grossesse, elle peut être prise à titre ponctuel pendant les deux premiers trimestres. Puis, l'utilisation d'aspirine est contre-indiquée au troisième trimestre : sur le fœtus à partir du sixième mois, ce type de médicament exerce des effets vasoconstricteurs au niveau des reins et peut conduire à une insuffisance rénale ou encore à des troubles de l'appareil cardio-pulmonaire.
Ce médicament passe dans le lait, mais compte tenu de la demie vie d'élimination très courte, l'usage de ce médicament est généralement autorisé pendant l'allaitement en utilisation de courte durée (quelques jours).
En cas de risque de dengue, l'utilisation de médicaments à base d'aspirine, est fortement désapprouvée vu le risque d'apparition de la forme hémorragique de la maladie. Cet avis doit accompagner, au Brésil, toute publicité du produit.
De manière générale, l'aspirine fluidifie le sang car elle inhibe l'agrégation plaquettaire. Par conséquent, le risque d'hémorragie est à prendre en compte, surtout s'il y a déjà prescription d'anticoagulants. Par ailleurs, la prise d'aspirine (comme celle d'anti-inflammatoires ou d'antibiotiques, médicaments ototoxiques) a été signalée comme pouvant occasionner une perte d'audition ou l'apparition d'acouphènes.
De manière anecdotique, de très fortes doses d'aspirine telles qu'elles ont été préconisées à l'époque (plus de 8 g/24 h) ont pu contribuer à accroître la mortalité et la sévérité des symptômes lors de la pandémie de grippe espagnole à la fin des années 1910.