Mangrove - Définition

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Flore

L'évolution a provoqué une convergence des solutions des plantes végétales des mangroves aux problèmes de la salinité variable, des variations des marées (inondation), des sols sans oxygène et de la lumière du soleil intense de la vie dans les tropiques. Les plantes se développant dans la mangrove doivent donc être adaptées à un milieu hostile :

  • Une salinité élevée
  • Des racines immergées
  • Une faible oxygénation du sol due à la vase
  • Un sol instable
  • Des eaux chaudes

Les palétuviers sont les principales espèces végétales de la mangrove. Ils ont su s'adapter à un milieu contraignant.

Adaptation à une salinité élevée

Les arbres tolèrent très bien le taux de sel élevé de la mangrove. On dit que ces plantes sont halophiles ou plus exactement halo-résistantes. Par exemple, les palétuviers rouges s'isolent du sel en ayant des racines imperméables qui se tubérisent fortement, agissant ainsi comme un mécanisme d'ultra-filtration pour filtrer le sel du milieu. L'eau du milieu contient jusqu'à 90%, et dans certains cas jusqu'à 97% de sel. Tout le sel qui rentre dans la plante s'accumule dans les pousses et est concentré dans de vieilles feuilles qui servent alors de hangar, stockage éloigné dans les vacuoles des cellules végétales. Les palétuviers blancs (ou gris) peuvent sécréter le sel par l'intermédiaire de glandes à sel à la base des feuilles (ce qui leur a donné leur nom puisqu'elles sont couvertes de cristaux blancs de sel).

Adaptation aux marées

La mangrove est parfaitement adaptée au cycle des marées qui sont une des sources d'énergie du système écotonial particulier qu'est la mangrove.

Adaptation à une faible oxygénation du sol

Le sol de la mangrove est constitué de vase littorale, un milieu souvent fortement anaérobie (sans oxygène), sauf quand il s'agit de sable. La respiration des arbres est donc assurée grâce à des organes complexes développés dans les racines. Par exemple, les palétuviers rouges, qui peuvent vivre dans les secteurs les plus inondés, poussent vers le haut au-dessus du niveau d'eau avec des racines échasses. Ils peuvent récupérer l'air par des fentes dans leur écorce appelées lenticelles. Les palétuviers noirs vivent sur des terrains plus élevés et produisent beaucoup de pneumatophores (des racines spécialisées qui poussent hors du sol vers le haut comme des pailles pour la respiration) qui sont couvertes de lenticelles. Ces « tubes pour respirer » atteignent des tailles de 30 centimètres, bien que quelques espèces en aient qui atteignent plus de 3 mètres de haut. Il y a quatre types de pneumatophore : échasse, droit, en arceau et en ruban.

Limitation des pertes en eau

En raison de la disponibilité limitée en eau douce dans les sols salés de la mangrove, les palétuviers ont développé des mécanismes pour limiter la quantité d'eau qu'ils perdent par leurs feuilles. Celles-ci peuvent contrôler l'ouverture de leurs stomates (des petits pores sur la surface de leurs feuilles qui échangent des gaz et de la vapeur d'eau pendant la photosynthèse) et également contrôler l'orientation de leurs feuilles. En les orientant pour éviter le soleil vif de midi, les palétuviers peuvent réduire l'évaporation à la surface de leurs feuilles.

Récupération de nutriments

Le plus gros problème auquel les palétuviers font face est la récupération des nutriments dans le milieu. Comme le sol dans lequel les palétuviers vivent est perpétuellement saturé en eau, il n'y a pas beaucoup d'oxygène libre disponible. Avec ces faibles teneurs en oxygène, les bactéries anaérobies produisent de l'azote sous forme gazeuse, du fer soluble, des phosphates inorganiques, des sulfures et du méthane, qui contribuent à l'odeur désagréable des marais à palétuviers et rendent l'environnement hostile aux espèces végétales. Puisque le sol n'est pas particulièrement nutritif, les palétuviers se sont adaptés en modifiant leurs racines. Les systèmes racinaires en forme d'échasses permettent aux palétuviers de récupérer les gaz directement de l'atmosphère et les divers autres aliments, comme le fer, du sol inhospitalier. Ils stockent souvent les gaz directement à l'intérieur des racines de sorte qu'ils puissent être tout de même alimentés lorsque les racines sont submergées pendant la marée haute.

Adaptation au sol

En plus de leur rôle respiratoire, les racines ont bien sûr un rôle de fixation important. Elles permettent à la plante d'assurer sa fixation au sol constitué de vases peu stables. Les mangroves évitent l'érosion des côtes grâce à leurs racines formant un rempart aux vagues et permettant de retenir les alluvions provenant des cours d'eau.

Évolution des jeunes plantules

Dans cet environnement dur, les palétuviers ont évolué pour proposer un mécanisme d'aide aux jeunes plantules. Tous les palétuviers ont des graines flottantes qui favorisent la dispersion par l'eau. À la différence de la plupart des plantes, dont les graines germent dans le sol, beaucoup de palétuviers (par exemple palétuvier rouge) sont vivipares c'est-à-dire que leurs graines germent sur l'arbre parent avant de tomber. Une fois que la graine a germé, la plantule se développe dans le fruit (par exemple Aegialitis, Acanthus, Avicennia et Aegiceras), ou vers l'extérieur en se servant du fruit comme support (par exemple Rhizophora, Ceriops, Bruguiera et Nypa). On nomme ce dernier système un propagule (une plante prête à aller), qui peut produire sa propre nourriture par l'intermédiaire de la photosynthèse. Quand le propagule est mûr, il chute dans l'eau où il peut être transporté sur grandes distances. Il peut survivre à la dessiccation et rester dormant durant des semaines, des mois, ou même une année jusqu'à ce qu'il arrive dans un environnement approprié. Une fois qu'un propagule est prêt à s'enraciner, il changera sa densité de sorte qu'au lieu de faire un système racinaire horizontal favorisant la flottaison, il produit un système racinaire vertical. En cette position, il est prêt s'enraciner dans la boue. Si un propagule ne s'enracine pas, il peut changer sa densité de sorte qu'il flotte plus loin encore à la recherche de conditions plus favorables.

Des espèces adaptées au milieu

À marée basse, affleurement des tannes (terre salée) au milieu des mangroves dans un bolong du Sine-Saloum près de Mboss Dor (Sénégal)
Rhizophora racemosa est un des arbres de la forêt estuarienne de mangrove, ici près de Vigia (État du Pará, Nord du Brésil, à marée basse)

Pour ces raison, rares sont les espèces d'arbres qui se sont adaptées à ce milieu ; ce sont :

  • les palétuviers
  • la fougère dorée
  • le manglier jaune (Avicennia)
  • le manglier rouge (Rhizophora)

Espèces dominantes

Famille Genre et nombre d'espèce
Avicenniaceae Avicennia, 9
Combretaceae Laguncularia, 11; Lumnitzera, 2
Arecaceae Nypa, 1
Rhizophoraceae Bruguiera, 6; Ceriops, 2; Kandelia, 1; Rhizophora, 8
Sonneratiaceae Sonneratia, 5

Espèces minoritaires

Famille Genre et nombre d'espèce
Acanthaceae Acanthus, 1; Bravaisia, 2
Bombacaceae Camptostemon, 2
Cyperaceae Fimbristylis, 1
Euphorbiaceae Excoecaria, 2
Lythraceae Pemphis, 1
Meliaceae Xylocarpus, 2
Myrsinaceae Aegiceras, 2
Myrtaceae Osbornia, 1
Pellicieraceae Pelliciera, 1
Plumbaginaceae Aegialitis, 2
Pteridaceae Acrostichum, 3
Rubiaceae Scyphiphora, 1
Sterculiaceae Heritiera, 3
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