Une fois l'équation d'Einstein résolue pour obtenir la métrique, il reste à déterminer le mouvement des objets inertiels dans l'espace-temps. En relativité générale, on suppose que le mouvement inertiel a lieu le long de géodésiques de l'espace-temps, paramétrisées à l'aide de la variable temps propre. Les géodésiques sont des courbes qui transportent parallèlement leur propre vecteur tangent
où le point désigne la dérivée d / dτ par rapport au temps propre τ choisi comme paramétrisation de la courbe dans le cas où la courbe est de genre temps. Dans le cas d'une courbe de genre lumière, on ne peut choisir le temps propre comme coordonnée et il est alors nécessaire d'utiliser un paramètre affine. On observe alors la présence des symboles de Christoffel dans l'équation.
Une caractéristique principale de la relativité générale est de permettre de déterminer le chemin parcouru par des particules test ainsi que la trajectoire des rayons lumineux dans un champ gravitationnel. Il suffit pour cela de résoudre les équations géodésiques.
Les équations d'Einstein relient la distribution totale de matière-énergie à la courbure de l'espace-temps. Leur grande non-linéarité rend difficile la détermination exacte du mouvement précis de la matière dans un espace-temps courbe. Par exemple, dans un système composé d'une planète en orbite autour d'une étoile, le mouvement de la planète est déterminé en résolvant les équations du champ gravitationnel qui font intervenir le tenseur énergie-impulsion de la planète et de l'étoile. Le champ gravitationnel de la planète affecte la géométrie entière de l'espace-temps et par conséquent le mouvement des objets. Il est par conséquent raisonnable que les équations du champ gravitationnel déterminent les équations géodésiques.
Mathématiquement, la force de gravitation de Newton dérive d'une énergie potentielle. Le potentiel de gravitation associé à cette énergie potentielle obéit à l'équation de Poisson, qui n'est pas covariante sous transformation de Lorentz. La théorie de la gravitation de Newton n'est donc pas compatible avec le principe fondamental de relativité restreinte énoncé par Einstein en 1905.
Ce principe étant supposé avoir une validité universelle, Einstein va chercher une théorie de la gravitation qui soit compatible avec lui. Le résultat de sa quête est la théorie de la relativité générale.
Notre perception intuitive nous indique que l'espace-temps apparait régulier et continu, c'est-à-dire « sans trous ». Mathématiquement, ces propriétés vont se traduire par le fait que l'espace-temps sera modélisé par une variété différentielle lisse à 4 dimensions M4, c'est-à-dire un espace à 4 dimensions pour lequel le voisinage de chaque point ressemble localement à un espace euclidien à 4 dimensions.
Cet article suit les conventions de signe classiques de MTW
Il adopte également la convention de sommation d'Einstein.
La variété différentielle M est munie d'une métrique lorentzienne définie par un tenseur métrique
Soit un système de coordonnées quelconque xμ autour d'un point P, et soient
Les wμ sont appelée les composantes contravariantes du vecteur
où dxμ désigne la base duale de
Les composantes gμν(x) du tenseur métrique varient de manière continue dans l'espace-temps.
Le tenseur métrique peut ainsi être représenté par une matrice 4×4 réelle symétrique :
Or, toute matrice 4×4 réelle possède a priori 4 × 4 = 16 éléments indépendants. La condition de symétrie réduit ce nombre à 10 : il reste en effet les 4 éléments diagonaux, auxquels il faut ajouter (16 − 4)/2 = 6 éléments non diagonaux. Le tenseur gμν possède donc seulement 10 composantes indépendantes.
Le tenseur métrique définit pour chaque point
En particulier, en prenant deux vecteurs de base, on obtient les composantes :
Remarque : wμ désignant les composantes contravariantes du vecteur
Considérons le vecteur déplacement élémentaire
Si l'on note « à la physicienne » εμ = dxμ les composantes du vecteur déplacement élémentaire, la longueur infinitésimale s'écrit formellement :
Attention : dans cette formule, dxμ représente un nombre réel qui s'interprète physiquement comme la « variation infinitésimale » de la coordonnée xμ, et non une forme différentielle !
Précisons maintenant l'expression lorentzienne, qui signifie que le tenseur métrique est de signature (1,3). Le principe d'équivalence assure qu'on peut effacer localement un champ de gravitation en prenant un système de coordonnées localement inertiel bien choisi. Dans un tel système de coordonnées localement inertiel Xα autour du point P précédent, l'invariant ds2 s'écrit :
où ηαβ est la métrique plate de Minkowski. On adopte ici la convention de signe MTW :
On utilisera ici les conventions usuelles suivantes :
Par exemple, le 4-vecteur position s'écrit dans un système de coordonnées localement inertiel :
Le caractère lorentzien de la variété M assure ainsi que l'espace euclidien tangent à M possède en chaque point un pseudo-produit scalaire (pseudo au sens où l'hypothèse de positivité est retirée) ayant 3 valeurs propres strictement positives (associées à l'espace) et une valeur propre strictement négative (associée au temps). En particulier, l'intervalle élémentaire de temps propre séparant deux évènements vérifie :
D'une manière générale, on appelle connexion
On dit que
La dérivée covariante vérifie les deux propriétés de linéarité suivantes :
Une fois que la dérivée covariante est définie pour les champs de vecteurs, elle peut être étendue aux champs tensoriels en utilisant la règle de Leibniz : si
La dérivée covariante d'un champ de tenseurs le long d'un vecteur
On définit la connexion de Levi-Civita [1] comme étant l'unique connexion vérifiant en plus des conditions précédentes que, pour tous champs de vecteurs X, Y, Z de TM, on ait :
La dérivée covariante d'un vecteur est un vecteur, et peut ainsi être exprimée comme une combinaison linéaire de tous les vecteurs de base :
où Γρ représente la composante du vecteur dérivée covariante dans la direction
Pour décrire la dérivée covariante il suffit de décrire celle de chacun des vecteurs de base
La connexion de Levi-Civita est entièrement caractérisée par ces symboles de Christoffel. Appliquons en effet la formule générale :
sous la forme :
Sachant que
Le premier terme de cette formule décrit la « déformation » du système de coordonnées par rapport à la dérivée covariante, et le second les changements de coordonnées du vecteur
On en déduit la formule importante pour les composantes :
En utilisant la formule de Leibniz, on démontrerait de même que :
Pour calculer explicitement ces composantes, les expressions des symboles de Christoffel doivent être déterminées à partir de la métrique. On les obtient aisément en écrivant les conditions suivantes :
Le calcul explicite de cette dérivée covariante conduit à :
où
Les symboles de Christoffel ont une symétrie par rapport aux indices du bas :
Remarque : on définit parfois aussi les symboles suivants :
tels que :
Le tenseur de courbure de Riemann
Ses composantes s'écrivent explicitement en termes de la métrique :
Les symétries de ce tenseur sont :
Il vérifie de plus la relation :
Le tenseur de Ricci est le tenseur d'ordre 2 défini par contraction du tenseur de courbure de Riemann :
Ses composantes s'écrivent explicitement en fonction de la métrique :
Ce tenseur est symétrique :
La courbure scalaire est l'invariant défini par contraction du tenseur de Ricci avec la métrique :
L’équation complète du champ gravitationnel, qu'on appelle l'équation d'Einstein, s’écrit :
où Λ est la constante cosmologique, c est la vitesse de la lumière dans le vide, G est la constante gravitationnelle qui apparaît aussi dans la loi de la gravitation newtonienne, et Tμν le tenseur énergie-impulsion.
Le tenseur symétrique gμν possédant 10 composantes indépendantes, l'équation tensorielle d'Einstein est équivalente à un système de 10 équations scalaires indépendantes. Ce système aux dérivées partielles non linéaires couplées est le plus souvent très difficile à étudier.
Le tenseur énergie-impulsion peut s'écrire sous la forme d'une matrice 4×4 réelle symétrique :
On y retrouve les grandeurs physiques suivantes :
est la matrice des flux de moments. En mécanique des fluides, sa diagonale correspond à la pression, et les autres composantes correspondent aux efforts tangentiels dus à la viscosité.
Pour un fluide au repos, le tenseur énergie-impulsion se réduit à la matrice diagonale diag(ρc2,p,p,p) où ρ est la masse volumique et p la pression hydrostatique.