Tussilage - Définition

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Description

Tussilago farfara
Akènes munis d'une aigrette
Tussilago farfara, espèce sociale de terrain instable
Tussilago farfara, feuilles
Tussilago farfara, capitules

Tussilago farfara est une plante vivace de 10 à 30 cm, géophyte dont la souche est composée de rhizomes très courts. La floraison apparait de février à avril, avant la feuillaison. Pollinisée par les insectes, elle est ensuite dispersée par le vent. Le tussillage est une espèce pionnière.

  • Les fleurs, capitules jaunes solitaires de 12-15 mm de diamètre, sont dressées sur des hampes aux écailles pourprées, demi-embrassantes et couvertes de poils cotonneux. Les hampes se penchent après la floraison.
  • Les feuilles sont toutes basales, pétiolées et polygonales, montrant un feutrage blanc à la face inférieure et un vert clair sur la face supérieure. Ces feuilles peuvent atteindre 20 cm de diamètre. Elles apparaissent après la floraison, et feuilles et fleurs ne sont pas présentes en même temps.
  • Les fruits sont des akènes munis d'une aigrette à la manière des astéracées

Confusion possible

Il est possible de confondre Tussilago farfara avec le pissenlit ou les espèces du genre Petasites. En effet ces dernières voient leur floraison apparaitre bien avant la feuillaison mais leur limbe est plus sinué et denté et est vaguement rond ou triangulaire. Autrefois, le genre Tussilago comportait ces espèces mais elles appartiennent maintenant au genre Petasites.

Maladies et Parasitisme

Plusieurs espèces de larve de lépidoptère se nourrissent du tussilage, dont les Gouttes de sang (Tyria jacobaeae) de la famille des Arctiidae, Naenia typica, et Euplexia lucipara, de la famille des Noctuidae ; toutes d'origine européenne.

Usages et propriétés

Tussilago farfara est cultivée en tant que plante ornementale.; elle est utilisée comme plante alimentaire et médicinale.

Constituants

  • La feuille contient du mucilage (6 à 10%), une résine, du tanin, une huile essentielle, de l'inuline, de la vitamine C, des sels minéraux (Ca, Mg, P, K, Na, S, Fe, Si), des alcaloïdes pyrrolizidiniques (senkirkine majoritaire, sénécionine) et une substance antibiotique.
  • La fleur, quant à elle, contient des flavonoïdes (rutoside, hypérine, quercétine, kaempférol et leurs glucosides), environ 8% de mucilage (composé de polysaccharides), 10% de tanins, des alcaloïdes pyrrolizidiniques (senkirkine majoritaire, sénécionine à l'état de traces), un ester sesquiterpénique (tussilagone), de la vitamine C et du zinc.

Toxicité

On sait que la plupart des alcaloïdes pyrroliziniques sont hépatotoxiques et mutagènes et que les plus toxiques d'entre-eux sont les diesters macrocycliques. Or la senkirkine du tussilage est précisément un macrocyclique.

Hirono et collaborateurs ont d'abord montré en 1976 que les rats nourris à forte dose de fleurs de tussilage développaient un sarcome du foie (pour 8 sur 12 d'entre-eux). Quelques années plus tard, une autre équipe toujours autour de Hirono montrait que la senkirkine injectée à des rats induisait des tumeurs hépatiques. Candrian et al. ont ensuite montré que la senkirkine avait une activité mutagène.

Sachant que la sensibilité aux alcaloïdes pyrrolizidiniques peut varier suivant les espèces et en l'absence d'étude sur l'homme, les avis des spécialistes sont assez partagés. La présence de senkirkine invite certains à proscrire l'usage régulier de tussilage.

Teinture

Les feuilles du tussilage teignent la laine en jaune-verdâtre avec de l'alun et en vert avec du sulfate de fer.

Utilisations alimentaires

  • Les capitules floraux sont comestibles crus ou cuits.
  • Les feuilles sont également comestibles. Très jeunes, elles peuvent se consommer crues, en particulier leur pétiole qui est juteux. Rapidement, les feuilles deviennent caoutchouteuses et seront meilleures cuites (particulièrement en beignet)
  • La cendre des feuilles séchées et brulées crée un succédané du sel. Elle a été utilisée comme condiment.

Plante à fumer

Le tussilage est un succédané passable du tabac. Il est conseillé de laisser fermenter les feuilles après les avoir empilées puis de les sécher. Botan (1935) conseille aux fumeurs un mélange à part égale de feuilles sèches de tussilage, de marronnier et d'aspérule odorante : les faire macérer dans de l'eau fortement sucrée au miel. Les refaire sécher, les comprimer et les découper finement comme du tabac. Deux parties de ce mélanges ajoutées à une partie de tabac ordinaire compose un mélange à fumer délicat. Fumées, les feuilles de tussilage sont conseillées par P. P. Botan contre l'asthme et le coryza.

Propriétés médicinales

Historique

Depuis deux millénaires, le tussilage est un remède prescrit pour les mêmes indications aussi bien en Europe qu'en Chine. D'un bout à l'autre de l'Eurasie, la médecine traditionnelle le recommande avec constance depuis l'Antiquité comme antitussif.

  • En Europe

Le médecin grec du Ier siècle, Dioscoride, consacre une notice à une plante qu'il nomme bechium βηχιον (qui calme la toux, βηχις, dont le français "béchique" dérive) qu'on considère être le tussilage. Après en avoir donné une description, il indique :

Le naturaliste romain du Ier siècle, Pline l'Ancien, reprend la prescription de Dioscoride pour une plante qu'il appelle farfarum ou farfugium, et dont il indique que "dans les vieilles toux, on en inspire la fumée à l'aide d'un entonnoir" (Histoire naturelle, tome II livre XXIV, trad. Littré). De la Matière médicale sera aussi souvent cité par Galien et restera la référence majeure de la thérapeutique romaine du Haut-Empire. Il sera imprimé à Venise en 1499 et restera jusqu'au XIXe siècle une source habituelle de tous les ouvrages de pharmacologie en Europe (Dachez).

Pendant longtemps, les médecins ont prescrit de fumer les feuilles de tussilage en guise de tabac, en cas d'asthme ou de coryza.

Des praticiens de la fin du XVIIIe siècle (Fuller, Cullen, Hufeland) et du début du XIXième siècle (Bodard, Roques, Cazin) ont relaté les effets puissants de la décoction ou du suc frais des feuilles et racines du tussilage dans la scrofule. Aujourd'hui, malgré des recherches récentes décelant une substance antibiotique, un glucoside amère et du tanin, rien n'explique les guérisons rapportées par ces auteurs. Une étude sur les extraits de la plante entière a révélé que les polysaccharides renforceraient les défenses immunitaires et seraient anti-inflammatoires.

  • En Chine

A peu près à la même époque que Dioscoride (sous les Han postérieurs donc), le premier ouvrage de matières médicales chinoises était compilé et, allait comme l'ouvrage du médecin grec, servir de référence aux médecins traditionnels asiatiques jusqu'à l'époque actuelle. L'ouvrage en question appelé le "Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste" (Shénnóng běncǎo jīng 神农本草经) consacre une brève notice à une plante nommée kuan dong hua 款冬花, le tussilage :

Seize siècle plus tard, Li Shizhen (1518-1593), considéré par les Chinois comme le plus grand médecin naturaliste de l'histoire chinoise, synthétisa dans son "Grand traité de matière médicale" (Bencao gangmu) les connaissances médicinales de son temps. Il prescrit pour traiter la toux des fumigations faites avec des fleurs de tussilage mélangées à du miel.

Et avec une fidélité remarquable au passé, un ouvrage de pharmacologie chinoise publié en 2003 par les Universités de MTC de Nankin et Shanghaiindique deux fonctions pour le kuan dong hua 1) humidifie le poumon et descend le qi du poumon 2) expectorant, antitussif.

Usages médicinaux modernes

Le tussilage est un adoucissant, un émollient, un anti-tussif et un expectorant. L'infusions de feuilles ou de fleurs est réputée pour lutter contre la toux, les bronchites, les trachéites et les rhumes. Mais ce sont surtout les fleurs qui sont employées en infusion ou en sirop. On utilise également les fleurs en teinture-mère pour soigner les maladies pectorales, bronchites et crises d'asthmes allergiques. La teinture-mère de feuilles, quant à elle est utilisée en usage externe pour soigner les abcès et kystes et en usage interne, les diarrhées.

La plante renferme, en faible quantité un alcaloïde pyrrolizidinique, la senkirkine, toxique pour la cellule hépatique. Pour certains spécialistes, les doses médicinales courantes sont sans risques mais il faut éviter les traitements excessifs et prolongés. C'est pourquoi, elle est déconseillée pendant la grossesse, l'allaitement et ne convient ni aux enfants de moins de 6 ans ni en cas de maladie du foie. D'après F. Couplan, cet alcaloïde serait détruit par l'ébullition.

Cueillette des capitules et des feuilles

Les fleurs de tussilage seront récoltées au tout début de leur épanouissement car, trop ouvertes, à l'instar des astéracées, elles murissent leurs fruits au séchage. Elles doivent être séchées très rapidement en couche mince, dans un lieu sec et aéré. Les feuilles demandent moins de précaution.

Abeille et pollen

Les fleurs apparaissant abondamment au mois de février en plaine (au Québec, d'avril à mai selon les régions), elles constituent un apport non négligeable en pollen pour les abeilles. En effet, cet apport conséquent leur permet de développer leur Couvain, les autorisant alors à sortir de leur léthargie hivernale. Ce pollen est de couleur orangé à brun. Le Tussilage ne produit ni nectar, ni propolis à la différence de beaucoup de plantes mellifères

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