Architecture moghole - Définition

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L' architecture atteint sous les moghols une perfection exceptionnelle, en poursuivant les traditions iraniennes et locales antérieures, et en les enrichissant d'éléments européens et totalement nouveaux.

Pour les problèmes de vocabulaire spécifiques liés à cet article, vous pouvez vous référer au glossaire de l'art moghol

Les acquis de l'architecture prémoghole

voir aussi : art de l'Inde des sultanats

Plusieurs éléments se mettent en place dans l'architecture indienne avant les moghols, qui seront repris durant l'empire. En particulier :

  • l'utilisation du grès rouge et du marbre blanc comme matériaux ;
  • la formule salle sous coupole et iwan accolé, qui vient elle-même d'Iran ;
  • les claustras fermant les fenêtres
  • les plates-formes surélevant certains bâtiments, qui proviennent de l'architecture hindue ;
  • le plan-type de la mosquée indienne, avec une grande cour, une salle de prière barlongue à une seule nef découpée en plusieurs espaces voûtés sous coupole ;
  • le pishtâk, qui provient du monde iranien ;
  • les chatrî, petits kiosques ouverts surmontés d'une coupole ;
  • les chajjâ, auvents reposant sur des corbeaux pour protéger du soleil ou de la pluie ;
  • Les jharokhâ, ou fenêtres d'apparition, qui comme leur nom l'indique, sont des fenêtres ou autres cadres architecturaux permettant les apparitions officielles de l'empereur ;
  • le décor de carreaux de céramique, provenant autant des traditions rajput qu'islamiques ;
  • certains motifs décoratifs, comme l'étoile à six branches, par exemple.

Le règne d'Akbar (1556 - 1605)

Le tombeau d'Humayun à Delhi

Premier grand monument édifié par Akbar, la tombe de son père, Humayun, à Delhi est édifiée au centre d'un grand jardin en Chahar Bagh, à la croisée des deux axes principaux. Il est bâti sur une plate forme de 99 mètres de long et 6,50 m de haut qui comporte en tout 124 pièces voûtées dans lesquelles sont inhumées plusieurs princes et princesse mogholes depuis le XVIe jusqu'au XIXe siècle. En grès rouge et marbre blanc, son plan est un plan centré courant chez les Moghols et en Iran dit en hasht bihisht (huit paradis), c'est-à-dire avec huit espaces autour d'un neuvième. La tombe comporte deux étages et mélange influences timurides (iwans, décor d'étoiles à six branches) et hindues (chatris sur les éléments latéraux). Ce type de mélange est courant sous Akbar, dont on a déjà précisé l'ouverture d'esprit.

Alors que Delhi était la capitale de son prédécesseur, Akbar utilise tout d'abord Âgrâ (renommée provisoirement en Akbarabad, la ville d'Akbar), puis construit une nouvelle ville ex-nihilo, Fatehpûr Sîkrî, à quarante kilomètres. Il la quittera en 1585 pour Lahore avant de retourner à Âgrâ en 1598, chacun de ces déplacement entraînant une production architecturale. Grand constructeur, Akbar est aussi le commanditaire de forts, de palais et de résidences secondaires dans de nombreuses autres villes.

Âgrâ

Le Fort Rouge d'Agra

Âgrâ, à deux cents kilomètres au sud-est de Delhi, est édifiée sur les rives de la Yamuna, un important fleuve. Il existe déjà une forteresse à Âgrâ lorsqu'Akbar choisit la ville pour capitale : de plan irrégulier, plus ou moins semi circulaire, elle a été bâtie par les Lôdis. Le souverain moghol va donc s'y installer puis procéder à des aménagements et des réfections. Il commence ainsi, en 1565, par remplacer le mur de briques par un rempart en grès rouge, qui s'ouvre par la porte d'Amar Singh à l'ouest. Celle-ci sera dotée une enveloppe extérieure, tout comme l'enceinte, sous le règne d'Auwrangzeb, mais la porte intérieure est restée à l'état du règne d'Akbar, décorée de céramiques glaçurées de bleu. Une seconde porte, la porte de Delhi, rompt le rempart vers l'ouest.

De nombreux bâtiments ont été édifiés dans la forteresse, plus de cinq cents selon Abu'l-Fazl, mais la plupart ont subi des destruction sous Shah Jahan. Néanmoins, le Jahangiri Mahal, le bâtiment principal du zanâna (ou zenana), la partie réservée aux femmes, semble y avoir survécu. Malgré son nom, il s'agirait en fait du plus ancien bâtiment moghol présent dans le fort. Il s'organise sur un plan carré autour de deux cours entourées de portiques, cantonné de quatre tours polygonales surmontées de chatrî aux angles. L'une des façades donne sur la rivière, tandis que l'entrée, en ressaut, se situe à l'opposée. Le décor est sculpté en relief dans le grès et incrusté de marbre blanc. On retrouve ici le goût pour le mélange des influences : alors que les colonnes des portiques évoquent les talars d'Asie Centrale, les corbeaux au profil sinueux et très travaillés sont évidemment un rappel de l'Inde hindue pré-moghole, et les motifs sculptés dans le stuc et la pierre dérivent quant à eux du style timuride international.

Un deuxième bâtiment du fort d'Âgrâ, l'Akbari Mahal, est visiblement dû également au mécénat d'Akbar. Organisé comme le précédent autour de grandes cours centrales, il est partiellement détruit, mais semble présenter les mêmes caractéristiques que le précédent.

Fatehpur-Sikrî

L'implantation de la capitale à Fathabad, "la ville de la victoire", qui deviendra Fatehpur-Sikrî, a lieu en 1571, après le succès face aux sultans du Gujarat. L'endroit est déjà habité : on y extrait du grès, Babûr y a installé ses "jardins de la victoire" et on y trouve une mosquée et une petite résidence réalisée pour Humayun. C'est aussi le lieu de vie d'un mystique, Chaykh Salim Chishti (1479 - 1572), auquel Akbar aime rendre visite, en particulier lors fréquents pèlerinages à Ajmer sur la tombe du sufi shaykh Mu'in al-Din Chishti. Une autre considération que l'hommage à ce shaykh entre aussi en compte : Akbar cherche à attirer la cour dans un lieu un peu éloigné d'Âgrâ, qui reste la capitale économique et politique du pays (la monnaie en particulier y est toujours battue), afin d'asseoir son pouvoir. En 1585, celui-ci est plus assuré et la ville est moins nécessaire, ce qui explique que le souverain la déserte.

Le site est édifié autour d'un grand lac, sur un plateau, et une quarantaine de bâtiments ont été fouillés. Ceinte d'un rempart, la ville comportait une grande mosquée, un caravansérail, le tombeau de shaykh Salim Chishti, un bazar, peut-être un hôtel des monnaies, des bâtiments palatiaux (diwan-i 'Am, diwan-i Khass…).

La porte Buland Darvaza

La grande mosquée, l'une des plus grande d'Inde, peut être datée des années 1573 - 1574. Etrangement, son entrée donne à l'ouest, et non pas vers le quartier palatial, ce qui n'est toujours pas expliqué par les chercheurs, même si plusieurs hypothèses ont été émises. Elle se compose d'une vaste cour rectangulaire (95 x 118 m)entourée d'arcades surmontées de petits dômes. La façade de la salle de prière est divisée par un grand iwan qui mène à un sanctuaire sous dôme entouré de deux petites salles également sous dôme. Dans l'axe de la porte et du dôme principal, à l'extérieur se trouve l'ermitage du shaykh Salim. Deux entrée monumentales mènent à la mosquée : la Badshahi Darvaza, ou porte impériale, qui donne accès au palais, et la Buland Darvaza, dont l'accès se fait par un escalier abrupt et qui présente un plan en hasht bihisht.

Tombe de Salim Chishti

Dans la cour de la mosquée se trouve un petit édifice de plan carré (14,63 m de côté), entièrement en marbre blanc. Ce tombeau, qui est destiné à shaykh Salim Chishti possède autour de sa salle centrale un écran treillissé de manière complexe, l'un des plus beaux exemples connus. Son porche est soutenu par des corbeaux serpentiformes exceptionnels, et à l'intérieur se trouvait un baldaquin de bois incrusté de nacre. L'utilisation du marbre blanc sans association avec du grès rouge est elle aussi extraordinaire à cette période, et a donné lieu à plusieurs hypothèses : s'agit-il d'une manière de distinguer visuellement les tombes de saints ? Ou le bâtiment a-t-il été reconstruit à l'identique (les corbeaux étant bien datés du règne d'Akbar) mais en marbre blanc à une date postérieure ? La question n'est toujours pas tranchée.

Le quartier palatial est un large complexe (340 x 275 m), divisé par quatre axes parallèles coupés par six axes perpendiculaires, formant ainsi une sorte de grille. Les différents bâtiments s'organisent suivant une succession de cours, ce qui pose parfois des difficultés pour en connaître la fonction.

Le diwan-i 'Am, ou salle des audiences publiques, est une des première structures de l'ensemble, fini en 1573. Il servait aux audiences publiques, mais aussi aux fêtes et aux prières privées. On y trouve une jharôka à la place du mihrab qui se trouverait dans une mosquée, ce qui rappelle sans doute la place quasi-divine prise par Akbar, surnommé "qibla de son peuple". Le diwan-i Khass, quant à lui, était peut-être le bâtiment des audiences privées, mais cette fonction n'est pas assurée, les noms ayant été donnés aux XIXe siècle par des touristes britanniques. Il est peut-être inachevé, certains chercheurs pensant qu'une coupole était prévue pour surmonter le tout, mais d'autres, mettant en avant les innovations et le syncrétisme propres à cette période, pensent plutôt que le diwan-i Khas était destiné à rester dans cet état. À l'intérieur, un pilier au fût polygonal et au chapiteau composé de deux rangées de corbeaux sinueux servait peut-être à l'empereur comme trône. Il est relié aux angles par des ponts, eux mêmes connectés les uns aux autres par un couloir.
Alors que la cour du pachisi servait d'échiquier monumental, dans une autre, celle de l'Anup Talao se trouvait un grand bassin et petit bâtiment dit palais de la sultane turque, qui possède un décor en bas relief avec des animaux et des oiseaux qui rappellent le style timuride.
Le palais de Jodhbai est l'un des plus énigmatiques. Il pourrait avoir été réalisé avant le règne d'Akbar, car son décor intérieur est complètement rajput.
Enfin, il faut aussi évoquer le Panj Mahal, le plus haut bâtiment du complexe palatial, dont le nom signifie d'ailleurs cinq niveaux. Il possède en effet cinq étages hypostyles aux colonnes très décorées, et son toit est terminé par des chatris

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