Cathédrale Saint-Pierre de Genève | |||
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Latitude Longitude | |||
Pays | Suisse | ||
Canton | canton de Genève | ||
Ville | Genève | ||
Culte | Réformé | ||
Localisation | |||
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La cathédrale Saint-Pierre de Genève est depuis 1535 l'église protestante principale de Genève (Suisse). Auparavant, elle fut pendant mille ans (dès la fin du IVe siècle) l'église cathédrale de l'évêque de Genève. Elle a été pour la dernière fois été reconstruite entre les XIIe et XVe siècles, avec un portail datant du XVIIIe siècle. Cette cathédrale est placée sous l'invocation de l'apôtre saint Pierre et porte à l'origine la dénomination « Saint-Pierre-ès-liens » (par référence à la basilique romaine). La cathédrale est aussi un « temple civique » où se tient l'assermentation du gouvernement cantonal (Conseil d'État).
La cathédrale Saint-Pierre de Genève a été inscrite en juillet 2009 dans la liste d'honneur « du patrimoine européen ».
Le premier établissement retrouvé dans la région de Genève, après l’ère glacière, se situe à Saint-Gervais sur la rive droite et date de 4500-4000 av. J.-C. Durant le Néolithique, les premiers villages s’installent autour de la rade et s’étendent partiellement sur l’eau durant l’âge du Bronze, défendus par des palissades. Une nouvelle agglomération naît sur la terre ferme à la fin du IIe siècle av. J.-C. mais on ne peut parler de ville qu’à partir de 122 av. J.-C.. Elle devient l’un des points militaires et commerciaux les plus importants aux confins de l’empire suite à la conquête de la Gaule par les Romains. Vers le milieu du Ier siècle av. J.-C., de larges fossés sont creusés autour d’une citadelle, avec en contrebas un quartier d’artisans et un petit sanctuaire. Après le passage de Jules César, de grands entrepôts, un édifice public et des habitations sont construits près du port et conforte l’idée du rôle de Genève comme un point commercial important.
Un grand bâtiment est construit au Ier siècle en haut de la pente du lac ; cette résidence n’a pas cessé de s’agrandir jusqu’au IVe siècle et devait appartenir à l’un des hauts personnages de la ville.
Suite au passage des Alamans en 260 et 277 et les destructions qu’ils amènent, Genève connaît une période de renouveau. Elle se fortifie grâce à un système de terrasses au centre de la cité entourée d’une enceinte fortifiée. Le grand bâtiment résidentiel est ensuite réorganisé : on installe le chauffage dans l’une des pièces et des bases de pilier permettent de penser qu’il existait un second étage.
Dès le début du IIIe, Genève redevient le centre régional qu’elle était et sera choisie comme siège épiscopal.
L’Empire romain d'Occident s’est dissout et, en 534, les Francs viennent d’annexer le royaume des Burgondes qui s’étaient installés en 443 à Genève. C’est sous ce nouveau règne que le groupe épiscopal subit de profonds changements. La ville voit naître la cathédrale orientale et de nouvelles structures administratives. Plus tard, au IXe siècle, sous le règne des Carolingiens, Genève est gouvernée par des comtes et, en 888, intègre le royaume de Bourgogne. À cette époque, la cité assiste à un monumental essor des paroisses rurales. Avec ce développement, vers l’an 1000, une crypte « hors-d’œuvre » s’ajoute à la cathédrale désormais unique et le chœur s’agrandit. Enfin, c’est en 1032 que Genève rejoint le Saint-Empire romain germanique.
La première cathédrale de Genève remonte à la fin du IVe siècle. Cette cathédrale (désignée comme "cathédrale nord" par les archéologues) est intégrée dans un ensemble qui comprend en outre un baptistère et une église qui fut probablement un martyrium (destinée à la vénération des reliques des martyrs) ; il y avait en outre des bâtiments d’habitation appuyés à la cathédrale nord. À cette époque, l'évêque est l’homme le plus important de la cité : il gouverne depuis le groupe épiscopal qui se dresse depuis la fin du IVe siècle sur la colline et où se déroule la plupart des activités religieuses, politiques et économiques. La ville de Genève est fortement influencée, tant au niveau politique que topographique, par l’essor du christianisme, suite à sa reconnaissance par l’empereur romain Constantin en l’an 313. L’évêque
Dans son état initial, aux alentours de l’an 380, cette cathédrale mesure 32 mètres de longueur par 15 de largeur et constitue un lieu de rassemblement pour les fidèles. Elle se dresse en fait sur les fondations du grand bâtiment résidentiel dont les axes ne se coupent pas à angle droit, ce qui explique la tenue légèrement en biais de l’église. La cathédrale ne possède qu’une entrée latérale précédée d’un vestibule et est montée en opus africanum. La nef est séparée en deux par une légère barrière dans le but hypothétique de créer une scission entre les fidèles privilégiés et les autres ; le cœur est également séparé de la nef par une barrière ; on nomme cette zone presbyterium.
Le baptistère est une annexe réservée au baptême et dont la forme changera beaucoup. Dans les premiers temps, c’est un simple bâtiment rectangulaire doté d’une abside et équipé d’une cuve à immersion d’un mètre carré placée dans un coin. La salle est également séparée, mais cette fois le presbyterium est très peu développé.
Pour augmenter les proportions du groupe et en faire un complexe comparable à celui de Lyon ou de Grenoble, il est remanié vers l’an 400. L’évêque fait donc construire une nouvelle cathédrale au sud. Le baptistère est alors déplacé pour l’harmonie de l’ensemble. Entre les trois bâtiments se loge unatrium permettant de circuler d’une cathédrale à l’autre et servant de cour à l’évêque qui vient y faire ses discours. Des annexes, servant à subvenir aux besoins terrestres des moines, fleurissent tout autour du complexe.
La cathédrale méridionale est construite en tant qu’église secondaire destinée aux enseignements religieux et aux lectures de textes sacrés. Elle mesure approximativement la taille de sa jumelle et son architecture parait plus soignée. La nef, dotée de deux rangées de colonnes, est à nouveau séparée en deux, délimitant ainsi les zones pour les deux classes de fidèles. Le cœur, quant à lui, est totalement interdit aux laïcs par un mur. Cette frontière entre le presbyterium agrémentée d’une solea se terminant sur un ambon polygonal, ce qui nous indique que l’évêque lit « des textes sacrés au milieu des fidèles.»
L’ancien baptistère sert désormais de vestibule au second qui est équipé d’une cuve octogonale couverte d’un ciborium soutenu par huit colonnes qui forme un ensemble monumental. À nouveau, la partie réservée aux ecclésiastiques est séparée du reste de la pièce.
L’augmentation du nombre des moines pousse l’évêque à faire agrandir le cœur de la cathédrale nord dans le but d’obtenir un presbyterium plus grand. Au Ve, seul le cœur a été modifié et l’église conserve sa largeur originale, tandis que la longueur se rallonge de 11 mètres . Une solea, dont la paroi intérieure sud est aménagée d’un tombeau vénéré se terminant par une ouverture et un escalier, s’avance dans la nef. Deux rangées de piliers remplaceront plus tard le chancel. Cet aménagement est sûrement destiné aux processions liturgiques, ce qui marque la différence entre les deux cathédrales au niveau de leurs rôles. Le premier baptistère est détruit et le second s’allonge jusqu’à toucher le mur de l’atrium. Au Ve, l’abside est reconstruite dans un modèle carré à l’extérieure et rond à l’intérieur, ce qui donne un aspect très massif. La place ainsi créée sert à l’ajout d’un autel posé sur un podium séparé de la nef par une barrière . Une solea se terminant par un ambon ouvert est construite à l’entrée et suit l’axe de l’ancien baptistère . La cuve déplacée a gardé ses proportions et sa forme mais le ciborium qui la recouvre a bien changé. Les huit colonnes de l’an 400 ont été récupérées, retaillées et enfoncées dans les maçonneries de la cuve . Celle-ci aussi a changé. En effet, l’eau est acheminée d’un puits par le biais de tuyaux faits de sapins évidés et reliés entre eux par des frettes de fer jusqu’à la cuve où elle passe par le coude pratiqué dans un bloc de calcaire et ressort comme un petit jet d’eau. Un second ambon arrondi et flanqué de deux plaques latérales, se dresse près de la piscine. L’évêque peut ainsi facilement atteindre le front des personnes debout dans la cuve .
Au Ve siècle encore, l’évêque exige la construction d’une salle de réception contre la paroi de la cathédrale sud. Cette pièce mesure 9,40 m par 5,50 m et est chauffée par des conduits d’eau chaude. Elle est aussi dotée d’un système d’évacuation de la fumée et composée de tuyaux pratiqués dans l’épaisseur des murs. Le sol est entièrement recouvert de mosaïques représentant cinq rangées de neuf dessins. Les thèmes de ces motifs mélangent la culture antique avec la symbolique chrétienne qui domine finalement grâce à l’adjonction de deux grandes croix aux bouts de la pièce . Les murs sont magnifiquement décorés comme le prouvent les fragments de peinture retrouvés au XXe siècle. Cette salle sert de bureau à l’évêque, c’est de là qu'il traite les questions religieuses et administratives de son territoire.
En l’an 500 et 501, l’incendie provoqué à Genève par la guerre fratricide opposant Gondebaud à Godegisèle, cause de sérieux dégâts. Les frères s’allient pour la reconstruction de la ville et apportent des modifications à certains bâtiments. Le chantier est repris en 516 par le nouveau roi Burgondes couronné à Carouge . Le cœur de la cathédrale nord est une nouvelle fois modifié. L’abside est à nouveau rebatie et les annexes latérales sont associées au cœur pour former un transept à croisée. Après la guerre, au début du VIe, une autre salle de réception est construite derrière la cathédrale méridionale et marque la volonté du groupe de s’étendre à toute la colline et de descendre vers le lac. La salle mesure approximativement 125 mètres carrés et son sol est recouvert de terre argileuse. Au Nord, une porte s’ouvre sur un couloir agrémenté des colonnes de bois permettant de retourner à la cathédrale sud depuis la salle. Il est fortement possible que ce complexe serve de résidence à l’évêque.
L’établissement de la cathédrale orientale dans le prolongement du baptistère du Ve siècle-VIe siècle siècle provoque la disparition du quartier antérieur. Néanmoins, l’espace à disposition ne suffira pas et plusieurs édifices sont encore démantelés pour permettre la construction de ce bâtiment. Cet ensemble architectural n’est cependant pas né sans une raison bien déterminée, l’occupation de cet emplacement privilégié étant très dense et les parcelles de terrain difficile à libérer. Il est vrai que les dégâts provoqués par la guerre dynastique des Burgondes en l’an 500 engendrèrent un renouveau qui modifia la ville.
Le caractère architectural de cette cathédrale varie beaucoup des édifices antérieurs. Cependant, son abside monumentale ressemble fortement à celle de la cathédrale nord, elle aussi dotée de contreforts. De plus, les chantiers de construction de ce bâtiment et celle de la cathédrale nord se relient et il semble évident, pour le bas-côté sud, que l’architecte a tenu compte de l’ancien portique de la salle de réception (groupe épiscopal du IVe siècle). Ce n’est pas le cas pour l’autre partie du chantier, au nord, où le mur qui limitait la parcelle est abattu, le chevet n’étant pas dans le même axe que celui-ci.
Au début de la construction, des piliers carrés, bâtis sur une solide maçonnerie formant un chaînage horizontal et séparant la cathédrale en trois nefs, supportent les grandes arcades de la cathédrale. Une porte, taillée dans du calcaire massif, arrive par les bas-côtés au presbyterium (espace réservé aux ecclésiastiques). Le chœur, légèrement surélevé par rapport aux nefs, est accessible à travers deux portiques latéraux et fermé par une barrière. Cette paroi étroite en stuc (toujours visible de nos jours) qui recouvre des décorations de motifs grecs en tuf (roche volcanique) est haute de deux mètres et sépare le presbyterium du vaste espace réservé à la circulation des fidèles qui se recueillaient devant l’abside pour pratiquer le culte du souvenir.
Le chœur évoluera en trois phases jusqu’à l’établissement de la cathédrale de l’an 1000. Ainsi, au VIIe siècle siècle, pour donner de la valeur à la sépulture privilégiée, la séparation décorée en stuc est remodelée et des estrades apparaissent des deux côtés. Une seconde limite, placée en avant dans la nef principale, et des chancels (barrière entre les colonnes) canalisent la circulation des laïcs se rapprochant de la tombe du défunt vénéré (ces chancels en cloison séparant la nef centrale des collatéraux seront renouvelés plusieurs fois). C’est à cause de la tombe aménagée dans l’abside au VIIe siècle que le chœur est réorganisé et que l’espace réservé aux ecclésiastiques, auparavant minuscule, prend de nouvelles dimensions.
Aux IXe siècle et Xe siècle siècles. un effort particulier est consacré à la cathédrale orientale et, pour lui donner des proportions plus équilibrées, elle est prolongée à l’ouest jusqu’à l’atrium, au dépens de l’ancien baptistère et de la grande annexe de la cathédrale nord. L’ouverture latérale reste en fonction mais une porte principale est placée dans l’axe de la nef centrale. Les quatre piliers de départ sont complétés par quatre colonnes occidentales, montées séparément et installées sur les murs rasés du baptistère. L’abside est renforcée, le presbyterium est élevé de plus d’un mètre et des murs épais remplacent les chancels entre les piliers pour supporter ce chœur désormais massif. Ce dernier atteint ici la troisième phase de ses variations architecturales. À l’intérieur, le soutènement remplaçant le mur décoré en stuc passe devant les colonnes pour ensuite se tourner perpendiculairement jusqu’à la limite de la première travée. Des marches, prenant toute la largeur de la nef et établies après les deux premières travées ainsi que les deux accès latérales depuis les bas-côtés, permettent l’accès aux aménagements liturgiques et conservent la circulation nécessaire aux cérémonies.
Par conséquent, ce nouveau corps, basilique carolingienne et dernière évolution de la troisième cathédrale, laisse apercevoir, à travers ses solides fondations, les bases des édifices à venir et son importance future.
Au tournant de l’an 1000, l’ensemble du groupe épiscopal est à nouveau réorganisé et restauré. Les changements viennent sans doute d’une envie d’unifier le complexe architectural à travers un seul et unique bâtiment.
Toutefois, au VIIIe siècle, une « réforme des institutions » a une grande incidence topographique sur la ville dans les années qui suivent et donc une grande influence sur les développements structuraux de la nouvelle cathédrale. Cette réforme est celle de Charles Martel, évêque de Metz, un intellectuel qui a joué un rôle capital lors de la renaissance carolingienne. Il impose aux chanoines (religieux entourant l’évêque) une « règle » qui leur dicte une vie commune très stricte : ils doivent vivre avec l’évêque dans les cités des abbayes, dormir dans le même dortoir et manger dans le même réfectoire. C’est ainsi que des véritables monastères s’installent dans les villes de l’Empire. Confronté à ce problème d’habitation — il est en effet indispensable que l’enclos canonial se trouve à proximité immédiate de la cathédrale —, l’évêque se procure le terrain nécessaire en rachetant ou en détruisant les espaces autour de la cathédrale. Par conséquent, les espaces funéraires auparavant gardés « hors-les-murs » commencent à infiltrer les remparts de Genève qui, avec cette réorganisation urbaine, s’étendent par-dessus les anciens sanctuaires. Désormais, c’est autour des paroisses et des lieux de cultes à l’intérieur de la ville que s’implantent les cimetières. C’est pourquoi, en raison de l’Institutio canicorum (Règle des chanoines) de Charlemagne qui poursuit l’action de l’évêque, la cathédrale double (nord et sud) et le reste du groupe épiscopal sont démolis au profit de l’édifice central qui s’agrandit. Enfin, la dernière raison d’unification est, qu’à l’époque, le rapport en mode entre cathédrale et abbatiale veut que le bâtiment soit unique pour créer un lien matériel et spirituel avec les constructions autour d’elle. C’est justement en France, comme à Paris, que des bâtiments tels que les baptistères sont détruits pour faire de la place à un monument unique et particulièrement gigantesque..
Tout commence avec le prolongement à l’est du plan à trois nefs par de très puissantes fondations. L’architecte préparait peut-être un transept (nef coupant la nef principale perpendiculairement pour former une croix) non saillant ou surélevé comme il en existait déjà en France à cette époque. Ce projet est pourtant abandonné et une crypte voit le jour dans les fondations déjà établies. Le plan de ce deuxième chœur indépendant s’inspire sans doute de la célèbre crypte du monastère de Saint-Bénigne de Dijon, restaurée au XIe siècle et dotée elle aussi d’un double déambulatoire. La crypte est donc inscrite dans ce massif rectangulaire, mais circulaire à l’intérieur, et munie d’une abside saillante du côté oriental. La rotonde contient une double couronne de colonnes et quatre dans son abside. Les deux larges couloirs latéraux contrôlent la circulation des touristes. Ce genre de rotonde abritait généralement en son centre une tombe ou un coffre contenant des reliques et un autel dans l’abside.
La construction du chœur de la cathédrale romane passe par une troisième phase, lorsqu’on opte pour une véritable reconstruction afin d’unifier les deux monuments. C’est ainsi que l’on arrive à un troisième palier dans la nef. Le presbyterium prend la place de l’ancien chœur et l’on y aménage un large espace pour les chanoines. Alors que le chevet de l’ancienne cathédrale évolue énormément, le reste du groupe épiscopal change vraisemblablement très peu. Néanmoins, les parois latérales sont plusieurs fois recouvertes de badigeon et une nouvelle banquette, sur lequel on pouvait s’asseoir ou poser des cierges, court le long du mur. La façade occidentale est percée d’un nouveau portique et un escalier donnant sur une chapelle haute ou à une galerie est aménagé dans la même extrémité. On perfectionne la porte principale de deux mètres de hauteur en lui ajoutant deux battants et deux montants monolithes.
Les trois volées de marches, montant des nefs charpentées jusqu’au chœur voûté, accentuent ce caractère monumental de la cathédrale qui devient le point de focalisation de la ville. Cette dernière n’est plus complètement axée sur le culte du souvenir comme son aïeul. Toutefois, l’instauration d’un cimetière sur l’ancien atrium et la présence de la crypte retiennent le souvenir d’un culte, qui a toujours été présent sur la colline genevoise.
La cathédrale de l’an 1000, prenant de plus en plus d’importance à Genève, est un préliminaire pour l’église à venir en s’adaptant aux besoins populaires variés d’une ville qui occupe un lieu extrêmement stratégique au niveau du commerce, du voyage ou, surtout en ces temps-là, du plan militaire. L’engouement est tel à l’égard de cet édifice moderne que l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Conrad II le Salique, vient s’y faire sacré roi de Bourgogne. En revanche, avec la réforme grégorienne, lorsque l’église se bat pour la souveraineté sur la ville, le lieu de culte devient un lieu de polémique.
Placée au cœur des conflits qui opposent les seigneurs locaux, la cathédrale devient une citadelle entre 1289 et 1300. L'office religieux cesse d'y être célébré et le bâtiment est endommagé par les pierres catapultées depuis le Bourg-de-Four et par les nombreux incendies qui ont lieu au XIVe siècle.
Avec l'arrivée de la Réforme protestante, le destin de la cathédrale change brutalement. Le 8 août 1535, Guillaume Farel, malgré l'interdiction des magistrats y prêche la Réforme pour la première fois devant une foule immense. C'est l'après-midi de ce même jour, durant les vêpres, que des iconoclastes ont dévasté la cathédrale en y brisant les statues et en lacérant les images qui n'entraient pas en considération avec le nouveau culte réformé. En voici un récit (en ancien français) d'Antoine Froment, qui prêchait la Réforme à Genève depuis environ 1532 : « Dieu..suscita une vintaine de petits enfans contre tout l'entendement des hommes une Dimenche, à Vespres. Après que Farel eust presché à Saint-Pierre, en la grande église quathedralle. Du temps que les Prebstres chantoyent leurs Vespres, et disans le Psalme 114, IN EXCITU ISRAEL DE EGYPTO, etc., ces petits enfans, sans que personne y pensa rien, commencèrent à crier, à bryre et à urler comme les Prebstres... Alors ces petis enfans poursuivent à fayre ung grand bruict, remuans les sieges des fourmes, où les Prebstres se souloynt assoyer, et frapper, baisser et relever ces sièges en dérision des Prebstres, tellement que tous furent estonnés ouans ce bruict. Alors le Magnifique Mesgret Dict à Baudichon, qui estoient dans l'église avec les aultres, n'y pensant aultre chose : Certes cecy passe nostre entendement ; Dieu veult faire quelquechose que nous n'entendons pas. Et soubdaynement voicy venir Amy Perrin, Jehan Golle et certains aultres ouans le bruict qui souventesfois auparavant avoiant prié et requesté le Conseil de mattre bas les ydolles, comme auoit esté deffini, ce que le Conseil n'avoit jamais voullu fayre. Lesquelz voyans ces petits enfans faysans tel bruict contre les Prebstres et se joyans de leurs marmousets, etrérent dans le cueur du temple et à la présence des Prebstres soubdaynement jetterent par terre leurs ydolles. Et mes petits enfans à courir et à saulter après ces petits dieux et cryoyent à haute voix joyeulx au peuple qui estoit arresté dehors l'Église: « Nous auons les dieux des Prebstres, en voullès-vous? » et les jetoynt après eulx. Et les Prebstres à fouyr dehors du temple pensans estre perdus et à courir aux Sindicques, et de courir après leurs dieux : et des folles femmes de la ville à plourer et à gemir, mauldissans ces cagnes qui ont destruit leurs bons Sainctz. »
Suite à cet événement le Conseil décide, le 10 août 1535 de suspendre la messe provisoirement. Cette précaution ne sera en réalité pas relevée, et la messe sera ainsi abolie. C'est encore un point pour la réforme, qui ne cesse d'en marquer depuis le départ du Prince évêque en 1533.La Réforme sera officielle à Genève en le 21 mai 1536.
Par ailleurs, durant 23 ans, Jean Calvin y lit et explique les Saintes Écritures.