France | |
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Autres noms | France (1960) Norway (1979) Blue Lady (2006) |
Type | Paquebot transatlantique |
Histoire | |
Quille posée | 7 octobre 1957 |
Lancement | 11 mai 1960 |
Mise en service | 19 janvier 1962 |
Statut | Démoli en 2009 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 315,66 m (hors-tout) 299,25 m (flottaison) 290,00 m (entre perp.) |
Maître-bau | 33,70 m |
Tirant d'eau | 10,48 m |
Tirant d'air | 66,90 m |
Déplacement | 57 607 t |
Port en lourd | 13 960 tpl |
Tonnage | 66 348 tjb |
Propulsion | 4 hélices fixes, ∅5,8 m 4 groupes CEM-Parsons |
Puissance | 160 000 ch |
Vitesse | 31 nœuds |
Ponts | 12 |
Autres caractéristiques | |
Passagers | 2 032 |
Équipage | 1 100 |
Chantier naval | Chantiers de l'Atlantique |
Armateur | Norwegian Cruise Line |
Affréteur | Star Cruises |
Pavillon | Bahamas |
Coût | 420 millions de FF (1962) |
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Le France, (rebaptisé Norway en 1979, puis Blue Lady en 2006), était un paquebot transatlantique construit aux chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire où il fut mis à l'eau, le 11 mai 1960, en présence du président de la République française le général de Gaulle.
Son port d'attache était alors au Havre et il est mis en service en janvier 1962 pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique. Luxueusement meublé, le paquebot a été décoré par plusieurs peintres de l'École de Paris et notamment par Louis Vuillermoz.
Il assura des traversées transatlantiques et quelques croisières autour du monde jusqu'en 1974, où il fut désarmé pour raisons économiques. Revendu à un armateur norvégien en 1979 et rebaptisé Norway, il assura alors, après plusieurs transformations, des croisières en mer des Caraïbes. Revendu à un ferrailleur, il fut rebaptisé Blue Lady en 2006 et la démolition prit fin en 2009 en Inde, sur le chantier d'Alang. Il aura fallu environ deux ans pour démolir le paquebot.
Le navire est conçu pour être le plus long paquebot à son époque. Ceci se justifie par la volonté d'atteindre la vitesse de 31 nœuds, permettant de traverser l'Atlantique en cinq jours et de rentabiliser le navire.
Le France est construit aux Chantiers de l'Atlantique ; la première tôle de la quille est posée le 7 octobre 1957 sur la cale no 1 de Penhoët à Saint-Nazaire, là où avait été construit le Normandie. Les services techniques du chantier s'étaient intéressés dès 1935 à la construction d'un « petit frère » du Normandie, appelé Bretagne, mais la guerre avait empêché ce projet.
Le chantier emploie 1 300 ouvriers à la construction de la coque sous la supervision d'Alfred Lafont qui contrôle la conception et l'exécution du projet, Antoine Barthélémy (ingénieur du génie maritime) et Jean-Paul Ricard, ingénieur en chef de la partie technique. La construction durera quatre ans. 7 500 plans sont nécessaires à la construction, dont 3 295 pour la machinerie, ce à quoi s'ajoutent 42 000 croquis de préfabrication.
Les pièces proviennent de différents endroits : le gouvernail est construit par les Chantiers de la Ciotat ; les arbres d'hélice le sont aux Ateliers du Creusot ; la mèche de safran est fabriquée aux Usines Saint-Jacques à Montluçon. Le France renferme 46 kilomètres de conduits de ventilation, 100 km de tuyaux d'acier et 160 en cuivre.
La quille est entièrement posée à la mi-janvier 1958. Les éléments suivants sont préfabriqués en « bloc », ce qui est depuis devenu la norme, chaque bloc pesant entre 30 et 80 tonnes. Les blocs sont ensuite assemblés sur la quille, puis les uns sur les autres. 6 000 tonnes de tôles sont assemblés en octobre, l'étambot prend place le 19 décembre ; 20 000 tonnes sont assemblées fin 1959. Le 24 novembre de cette année, le dernier élément de 31 tonnes est assemblé. L'assemblage est rendu plus compliqué par la dilatation due à la chaleur pendant la journée, et à l'inclinaison de la cale de lancement obligeant à corriger les angles. La peinture de la coque commence en mars 1960 et le mât-radar de 30 mètres est posé le 3 mai.
Le lancement a lieu le mercredi 11 mai 1960, devant une centaine de milliers de spectateurs, pour certains venus par des trains et avions spécialement affrétés pour l'occasion. Après les discours de bienvenue, le navire est béni par Mgr. Villepelet, évêque de Nantes, à 15 h 50. Sous la coque, des ouvriers s'activent pour enlever les dernières cales, accores et tôles qui retiennent le navire. Sur le pont, le commandant Henri Le Huédé assure la manœuvre.
Le navire est lancé à 16 h 15, une demi-heure avant la pleine mer afin de profiter du courant de flot (le jour a été choisi car il correspondait à un jour de la première marée avec une amplitude suffisante). Sa marraine, Yvonne de Gaulle, épouse du général, coupe le ruban qui retient la bouteille de champagne, et le France glisse sur les rampes de bois puis pénètre dans l'eau à 33 km/h. Sept minutes plus tard, six remorqueurs le prennent en charge et l'amènent vers la forme Joubert, à partir d'où quatre des remorqueurs l'amènent ensuite au quai de Penhoët. À 16 h 30, le Général de Gaulle prononce un discours, qui s'achève par « Et maintenant, que France s'achève et s'en aille vers l'Océan pour y voguer et servir ! Vive le France, vive la France ! »
Dans la forme Joubert débute l'installation de divers équipements, en commençant par le gouvernail de 74 tonnes et sa mèche de 29 tonnes, ainsi que les quatre arbres d'hélice de 53 tonnes chacun le 18 juillet 1960. Cela continue avec les grands locaux, le cloisonnement des ponts, les installations électriques et la ventilation.
La construction des cheminées s'achève le 11 mars 1961 par la pose des ailerons caractéristiques. Ces ailerons sont conçus pour éviter que la fumée ne se rabatte sur le pont ; l'autre solution pour éviter les retombées de suie consistait à avoir des cheminées cylindriques, hautes et étroites, ce qui ne correspondait pas avec l'esthétique du France. Les ailerons ont été conçus pour évacuer la fumée par les côtés et ont été testés en soufflerie à Poitiers. Au final, les cheminées pèsent 40 tonnes dont 19 pour les ailerons et 2 pour le chapeau ; elles mesurent 15,6 mètres de haut, 19,8 de long à la base pour 9,5 de large ; l'envergure des ailerons est de 19 mètres.
En juillet 1961, le France rentre une dernière fois en cale sèche. Les hélices fabriquées par des fonderies marseillaises y sont installées. Les hélices bâbord sont en laiton et pèsent 27 tonnes ; celles de tribord sont en alliage et pèsent 25,4 tonnes ; toutes quatre mesurent 5,8 mètres de diamètre et ont été testées au Bassin d'essais des carènes de Paris. La décoration intérieure est finie, et le 11 novembre 1961, les 8 000 ouvriers des Chantiers de l'Atlantique montent à bord pour admirer leur travail terminé. Le 19 novembre à 14 heures, le France quitte Saint-Nazaire pour le Havre, son port d'attache. Il effectue ses essais en mer près de Belle-Île, commandé par le commandant Croisile.
Le France comportait un certain nombre d'innovations technologiques, notamment par rapport aux paquebots de la génération précédente. Il dispose de superstructures en alliage léger d'aluminium et d'une coque presque entièrement soudée lui permettant d'avoir un tirant d'eau relativement faible, 10,48 m à pleine charge. Son déplacement est de 25 % inférieur à celui du Normandie bien qu'ayant des dimensions semblables. Ceci lui permet d'atteindre la vitesse de 31 nœuds.
Sa chaudière est également d'un type nouveau, de grande puissance, à haute pression (65 bars) et haute température (500°C), permettant un meilleur rendement. Ainsi, le France ne possède que huit chaudières, contre 29 pour le Normandie (fonctionnant à 28 bar et 350°C), permettant une économie de carburant estimée alors entre 40 et 50 %.
Une innovation étonnante pour l'époque consiste en quatre ailerons stabilisateurs de roulis, fabriqués par la société Provence de Constructions Navales et Industrielles. Ils sont groupés par paire de chaque côté, fixés au niveau du bouchain ; lorsqu'ils ne sont pas utilisés, ils sont rentrés dans un caisson aménagé sur la coque. Les ailerons comprennent deux volets oscillant permettant d'ajuster finement la force anti-roulis.
Chaque cabine passager et équipage dispose également de l'air conditionné, alimenté par 102 conditionneurs Westinghouse, ce qui était considéré comme un luxe à l'époque.