La question des relations entre croissance économique (ou " développement économique ") et environnement naturel soulève de nombreuses difficultés qui suggèrent quelques éclaircissements préliminaires.
Ces difficultés tiennent tout d'abord à l'histoire. Les sociétés " traditionnelles ", issues de la révolution néolithique n'ont connu que des croissances économiques très lentes, voire inexistantes dans de nombreux cas. Ce que nous appelons " croissance économique " est un phénomène historiquement daté par la Révolution Industrielle et situé dans un espace géographique particulier : l'Europe et les colonies de peuplement européennes (Etats-Unis, Canada, Australie...) au XIXème siècle. Il en résulte deux éléments à toujours garder à l'esprit.
Ces difficultés sont aussi d'ordre méthodologique. La pensée économique nourrit des conceptions diverses et parfois contradictoires de la " croissance économique ". Partant, toute discussion cherchant à cerner les enjeux environnementaux de la croissance pourra aboutir à des conclusions différentes selon la vision de la " croissance " qu'elle adopte. La section suivante propose un rappel de ces conceptions utile pour cadrer le problème.
Le terme de " croissance " recouvre deux acceptions dans le discours économique. La première renvoie aux mouvements conjoncturels de l'activité économique : phases de croissance ou de récession. La seconde désigne le développement à long terme de l'activité économique, on parle alors parfois de " trend de croissance " ou de " croissance tendancielle à long terme ". S'agissant de réfléchir sur les liens entre croissance et environnement, et donc de s'intéresser au long terme, c'est la seconde acception qu'il convient de définir et de préciser.
Pour l'analyse économique, la croissance à long terme est la résultante du jeu combiné de quatre grandes catégories de facteurs :
Si l'analyse économique dispose aujourd'hui de sérieuses références tant théoriques que chiffrées pour ce qui concerne les trois premières catégories de facteurs, il n'en est pour l'instant pas de même pour le facteur " demande ". Sans entrer dans les détails, on peut avancer deux raisons à cet état de fait.
D'une part, les économistes n'accordent qu'un statut flou à la notion de " besoin ". Les " besoins " sont en effet des constructions sociales complexes, historiquement et culturellement datées, en partie, mais en partie seulement, influencés par l'offre disponible de produits, et soumis à des dynamiques temporelles à long terme encore très mal comprises et étudiées. D'autre part, l'étude de la dynamique des demandes suppose une théorie préalable de la dynamique des préférences, c’est-à-dire des critères de choix des biens achetés par les consommateurs. Cette théorie devrait de plus se présenter sous une forme telle qu'il soit possible d'inclure la dynamique des préférences comme co-construite à l'intérieur de la dynamique d'ensemble du système économique. Les économistes, dans leur jargon, parlent " d'endogéneisation " de la dynamique des préférences dans la théorie de la croissance pour désigner cette co-construction. Dans l'état actuel de la science économique, cet objectif relève largement de projets de recherche à long terme, un préalable à sa réalisation étant de disposer d'une théorie économique explicative de la formation et de l'évolution des inégalités sociales suffisamment robuste et solide, ce qui est encore aujourd'hui loin d'être le cas.
Laissons de côté ce problème des demandes. Si les économistes, toutes écoles de pensée confondues, s'accordent sur le fait que les trois premières catégories de facteurs précitées jouent un rôle effectif sur la croissance, ils divergent sur leur importance relative et surtout sur la manière dont elles interagissent les unes avec les autres. Il n'est pas simple de résumer des débats qui durent depuis deux siècles et se poursuivent encore, mais on peut tenter d'identifier deux points principaux de divergence :
Il en résulte une matrice de prises de positions qui vont de ceux qui accordent un rôle premier aux institutions et voient dans les rendements décroissants une sorte de " loi d'airain " qui borne de manière indépassable l'horizon de croissance d'une économie (certains marxistes ou représentants de l'École classique anglaise du XIXème siècle) à ceux qui accordent peu d'attention aux facteurs institutionnels et pensent que l'inventivité humaine est inépuisable et donc non soumise aux rendements décroissants (certains économistes libéraux " optimistes "). On trouve aussi bien entendu des positions intermédiaires, comme celle de Shumpeter, pour qui la croissance correspond à la phase " aventureuse " du capitalisme, destinée à être remplacée à terme par un socialisme d'État providence globalement stagnant, suite à l'extinction de l'esprit d'entreprise.
La notion de " rendements décroissants " demande à être précisée mais on peut retenir pour l'instant que les prises de position des uns ou des autres vis à vis de ces deux points de divergence vont conduire à deux grandes visions polaires de la croissance (avec toutes sortes d'intermédiaires plus nuancés, bien entendu).
1) Une vision de la croissance comme un processus de nature " catastrophique ", au sens de la théorie des catastrophes. Que le discours soit centré sur des " crises " ou qu'il évoque des " étapes " historiques de croissance, le processus est vu comme fondamentalement heurté.
Pour Marx, les contradictions entre " modes de production " (les " institutions " précédentes) et " forces productives " (le progrès technique, la dynamique des classes et de leurs rapports de force socio-politiques) sont à la fois source de crises et de développement par " dépassement " des contradictions. Pour Hicks, la croissance procède par " grandes traversées " dominées par la recherche d'échappatoires aux rendements décroissants (un développement personnel chez cet auteur d'idées attribuées à Marshall). Ici la croissance résulte de la recherche systématique par les firmes industrielles de zones de rendements croissants (où les profits augmentent proportionnellement plus vite que les coûts quand la production augmente). Le textile industriel, l'exploitation minière, la sidérurgie, le chemin de fer vont avoir ses caractéristiques au début de la Révolution Industrielle, mais leurs marges de progrès seront bientôt limitées par la loi des rendements décroissants et c'est l'électricité, la chimie ou l'automobile qui vont prendre le relais au début du XXème siècle, inaugurant une nouvelle phase de croissance qui va s'épuiser à la fin de ce siècle, l'informatique, les nano ou biotechnologies constituant les ferments de la future " grande traversée " du XXIème siècle.
Chez Rostow, la logique de crise est très atténuée et s'y substitue une notion " d'étapes " de la croissance économique. Il faut voir que Rostow nourrit une vision du développement comme un processus d'installation progressive des conditions socio-économiques nécessaires au passage à l'étape suivante. Mais il est très peu disert sur les raisons (ou les " mécanismes ") qui font que l'économie passe à l'étape prédéterminée suivante dès lors que les conditions " favorables " sont réunies.
2) Une vision de la croissance comme une progression, où les crises (ou les " étapes ") sont des " accidents ", en quelque sorte secondaires, impliqués par le caractère historiquement " ouvert " de tout système social ou économique.
C'est la vision actuellement dominante chez les économistes au sein du courant néo-classique dominant, vision incarnée par les " nouvelles théories de la croissance ", dites aussi " théories de la croissance endogène ". Sans rentrer dans les détails, donnons en un aperçu sommaire.
Une présentation " commode ", comme l'aiment les professeurs d'économie, serait de raconter la construction de cette vision comme le développement harmonieux d'un programme de recherche opérant par généralisations successives à partir d'une " graine " constituée par le modèle général d'activité de Von Neuman (1932). Bien entendu, il n'en est rien et de nombreux doutes et oppositions ont agité, et agitent encore, les spécialistes de ce courant de recherche. S'agissant de parler d'environnement, on peut néanmoins se contenter de ce " digest " commode.
Ce qu'il est convenu d'appeler la " théorie néo-classique de la croissance optimale " s'est centrée à l'origine sur la deuxième catégorie de facteurs de croissance : l'accumulation de capital productif. Ses principaux résultats d'intérêt sont les suivants.
En l'absence de progrès technique et d'évolution démographique, l'économie tend à long terme vers une croissance zéro. C'est une conséquence de la loi des rendements décroissants : si la productivité marginale d'une unité supplémentaire de capital décroît avec le nombre d'unités de capital installé, alors accumuler sans cesse du capital ne permet pas de soutenir à long terme une croissance positive.
Si la population augmente, et donc si la main d'œuvre disponible augmente en permanence, une croissance positive à long terme est possible et son taux optimal est le taux de croissance démographique (c'est ce que les économistes appellent la " règle d'or simple "). Si la productivité des facteurs augmente sous l'effet d'un progrès technique " spontané " (résultant de l'activité d'inventeurs désintéressés) alors une croissance optimale positive au taux de progrès technique s'instaurera à long terme.
Le message central de cette théorie est donc qu'à défaut de progrès technique suffisant, la croissance est un phénomène voué à disparaître, la tendance " naturelle " du système étant de tendre vers la stagnation. Le problème de ce message est d'être contre-factuel : la croissance économique tend à s'accélérer historiquement, elle était beaucoup plus faible dans les pays industrialisés au XIXème siècle qu'aujourd'hui. Pour s'en sortir, les économistes invoquent deux types d'arguments. Le premier est un argument dit de " transition ". Certes à long terme, c’est-à-dire dans très longtemps, la croissance disparaîtra, mais nous sommes aujourd'hui dans une phase de transition, et une accélération transitoire de la croissance est parfaitement concevable dans cette théorie. Par ailleurs, la croissance observée est probablement due au progrès technique et ceci plaide pour une revalorisation du progrès technique (la troisième catégorie de facteurs) par rapport à l'accumulation du capital (la deuxième catégorie) dans les explications de la croissance. Deuxième argument : il existe peut être des processus dynamiques d'accumulation qui échappent à la loi des rendements décroissants et dont il faudrait tenir compte. Parmi ceux ci, deux candidats " potables " peuvent être envisagés : le niveau d'éducation (ou de " capital humain ") et le niveau des connaissances scientifiques et techniques. Par ailleurs, la technologie de production est peut être elle-même à rendements non décroissants, ou plus exactement, il serait possible de concevoir une combinaison de progrès technique et d'amélioration de la productivité du travail telle que l'économie pourrait rester indéfiniment " près " ou " pas trop loin " d'une zone de rendements croissants, créant ainsi une croissance permanente. On retrouve ici certaines conjectures de Hicks.
La grande difficulté de cette approche est qu'on voit mal par quel miracle de coordination dynamique un système économique réel pourrait s'approcher un tant soit peu de cet idéal de fonctionnement. Bien sûr, on peut s'en tirer à bon compte en disant que justement, cela ne marche pas, et que c'est pour cela qu'il y a des crises et des tensions dans le système, mais c'est un peu court comme " explication ".
C'est ce qui motive l'orientation actuelle des recherches vers des explications de la croissance (un phénomène macroéconomique) comme un processus dynamique émergent à partir des comportements des agents économiques individuels (firmes et ménages). Dans le jargon économique on parle de " modèles micro-fondés de la croissance économique ".
Pour conclure sur ce point, que dire de la validité factuelle de ces deux grandes visions de la croissance ? Ce qui frappe au vu de l'imposant corpus de données et de références factuelles accumulé par l'histoire économique c'est l'importance des régularités et de la stabilité des évolutions de long terme de nombreuses variables économiques clés au XXème siècle, et cela malgré deux guerres mondiales et des épisodes de crises économiques, financières et monétaires sévères. En ce sens, la balance de la preuve empirique pencherait plutôt vers les analyses néo-classiques de la croissance (qui valorisent la stabilité de long terme), et c'est probablement la raison pour laquelle elles se sont progressivement imposées comme la doxa dans la pensée économique contemporaine. Bien entendu, le point mérite une analyse plus fouillée, mais qui dépasserait les limites de cet article.
Par commodité d'exposé, on abordera d'abord la question des liens entre croissance et disponibilité des ressources naturelles (entendues au sens de matières premières) avant de s'intéresser aux liens entre état de l'environnement naturel (les écosystèmes au sens large) et croissance.
Rappelons d'abord la distinction primordiale opérée par les économistes entre ressources naturelles " renouvelables " et " non renouvelables ".
Comme toute définition, celle-ci décrit un réseau de références à des termes comme " disponibilités ", " services ", " fini ", " infini ", qu'il convient de préciser un tant soit peu. Il s'agit aussi d'une définition " économique ", c’est-à-dire que des chimistes, des géologues ou des biologistes en donneraient probablement une définition toute différente.
Commentons brièvement ces termes de référence. Par " disponibilité ", l'économiste entend un certain niveau de capacité d'accès, physiquement, historiquement, techniquement et culturellement déterminé. C'est dire si le terme est " chargé " et d'un maniement délicat. Le système de calcul des réserves pétrolières en est une bonne illustration. On y distingue les réserves prouvées, probables et possibles. Les premières sont des champs pétroliers identifiés, accessibles avec les techniques actuelles et économiquement rentables à exploiter, les secondes sont des réserves repérées, dont les conditions d'accès sont imparfaitement connues ou non rentables économiquement, les troisièmes sont des réserves imparfaitement identifiées, généralement inexploitables de façon rentable avec les techniques existantes et les niveaux de cours du pétrole actuels. Il en résulte que lorsque le prix du pétrole augmente, un certain montant de réserves " probables " passent dans la catégorie " prouvées ", leur exploitation devenant rentable à un niveau plus élevé de prix, sans que cela corresponde à de quelconques " nouvelles " découvertes de pétrole. Il est également clair que selon qu'on raisonne sur l'une ou l'autre catégorie de réserves on aboutit à des projections d'épuisement de la ressource très différentes (de 1 à 3 selon les cas).
Le terme de " services " est encore plus ambigu. Il désigne un flux, en principe mesuré en " valeur ", un flux de " richesses " donc, en fait le plus souvent mesuré en termes réels, c’est-à-dire en équivalent " physique " de produits fabriqués et consommés à partir de ressources naturelles. La difficulté ici vient du fait que les prix interviennent dans la mesure de ce flux de " services ". Identifier cette mesure de " valeur " des services fournis par les ressources naturelles à la " valeur " de cette ressource suppose que les prix sont " corrects ", ce qui n'est vrai qu'en situation de concurrence pure et parfaite sur tous les marchés (et pas seulement ceux des ressources naturelles). Vu l'irréalisme d'une telle situation, on aboutit à des débats confus (et par construction sans fin) sur le " juste " prix des ressources naturelles à partir du " juste " prix des services qu'ils fournissent aux sociétés qui les utilisent.
Tout en gardant à l'esprit les ambiguïtés de cette classification des ressources naturelles, on devine aisément qu'une croissance à long terme peut être obtenue dans une économie basée sur des ressources renouvelables mais que ce sera généralement très difficile lorsque cette économie mobilise des ressources non renouvelables, dès lors que celles-ci sont " essentielles ", c’est-à-dire qu'il est impossible de produire quoi que ce soit sans les utiliser.
On le voit aisément si l'on introduit une ressource épuisable comme facteur de production supplémentaire dans le modèle de croissance macroéconomique de base, où la production provient de la combinaison de capital à du travail, si la ressource épuisable est essentielle, qu'il n'y a pas de progrès technique et que la loi des rendements décroissants s'applique, l'économie tendra vers une croissance zéro. En d'autres termes une croissance infiniment positive est impossible sur le long terme.
Bien entendu, un progrès technique suffisant peut " sauver " la croissance en particulier en substituant les ressources non renouvelables (par exemple le pétrole) par des ressources renouvelables (le solaire).
Une autre manière d'éviter ce problème de finitude des ressources, est d'introduire le recyclage des matières premières. Le recyclage a connu une accélération très importante depuis les trente dernières années. Pour certaines ressources, comme le mercure, le plomb ou le fer, les taux atteints aujourd'hui sont tellement élevés que les réserves primaires sont considérées comme suffisantes pour des milliers d'années. Le mercure et le plomb sont d'ailleurs aujourd'hui estimés comme " inépuisables ". Pour le cuivre, un métal qui a fait couler beaucoup d'encre à l'époque du rapport du Club de Rome (qui prédisait en 1972 son épuisement dans une trentaine d'années), la combinaison du recyclage, de l'amélioration des techniques de traitement des minerais et du remplacement des fils de cuivre par des fibres optiques ont repoussé à 600 ans son horizon d'épuisement même avec une projection de croissance mondiale à 3% par an pour les prochains siècles.
Au milieu de ce paysage minéral, le pétrole et le gaz font tache car eux sont non recyclables et concentrent naturellement l'ensemble des peurs de la société face à l'épuisement des ressources naturelles.
Plus encore que le problème de l'épuisement des ressources non renouvelables, celui des relations diversement conflictuelles entre croissance économique et état de l'environnement fait l'objet de débats nourris et parfois confus. On peut distinguer deux grandes catégories de problèmes en discussion dans ce contexte :
La première catégorie de problèmes supposerait des développements préalables importants sur les principes de la bioéconomie que l'on n'abordera pas ici. Le problème des pollutions fournit une assez bonne illustration de la question des relations entre état de l'environnement et croissance économique et c'est ce qu'on va tenter de développer maintenant.
Une des caractéristiques importantes des pollutions est d'être bien souvent cumulatives : accumulation de CO2 ou de SO2 dans l'atmosphère, de nitrates ou de pesticides dans les nappes et les rivières, contamination progressive des sols, des eaux et de l'air par des métaux lourds comme le mercure, toxiques. Certes, il existe des processus naturels d'élimination ou de recyclage de ces produits, mais dès que les émissions sont trop importantes ils ne parviennent pas à empêcher l'accumulation dans le milieu de polluants. En ce sens, la croissance économique peut être décrite comme un processus d'accumulation progressive de richesses entraînant une accumulation progressive de substances dangereuses pour les milieux naturels et la santé humaine. Notons aussi, et c'est important, que ces phénomènes résultent bien souvent de l'exploitation de ressources non renouvelables, au travers de l'extraction minière ou de la consommation de combustibles fossiles. Donc non seulement la croissance économique accélère l'épuisement des ressources non renouvelables de la planète mais elle fait de cet épuisement un vecteur de propagation de pollutions à petite comme à grande échelle.
Pourtant, si l'on examine l'évolution des principales pollutions, force est de constater que la situation s'améliore globalement dans la plupart des pays développés alors qu'elle se détériore rapidement dans de nombreux pays en développement, en particulier dans les pays dits " émergents " du sud est asiatique et la Chine. Il faut donc abandonner l'idée d'une relation simple entre croissance et environnement, la première entraînant automatiquement une dégradation du second.
Si l'on en cherche la raison, on se trouve confronté à un faisceau complexe de facteurs :
Il en résulte deux visions possibles pour l'avenir : l'une plutôt " optimiste ", la second, nettement plus " pessimiste ".
Selon une vison " optimiste ", la corrélation positive entre croissance et pollution tend à se défaire lorsque des sociétés enrichies ont à la fois les moyens et le souci de protéger l'environnement. Si l'on pense que les sociétés actuellement pauvres vont elles aussi accéder au niveau de richesse des pays industrialisés au cours de ce siècle, elles devraient parvenir à améliorer significativement la situation de l'environnement sur la planète.
Pour les " pessimistes ", le message précédent ne défend qu'une fuite en avant. La majorité de la population mondiale vivant aujourd'hui dans des PVD, leur accession aux modes de consommation des pays riches ne peut qu'entraîner une dégradation massive de l'environnement, dégradation tellement importante et irréversible que même s'ils décidaient demain de protéger leur environnement, il n'y aurait plus grand chose à protéger, et il leur serait tout à fait impossible de " recréer " un environnement naturel de qualité.
L'humanité est rentrée dans une nouvelle période de son histoire dans le courant du XIX° siècle ; une période industrielle, ce qui a débouché sur deux révolutions industrielles successives.
Or, le besoin de ces industries de voir leur production être consommée, toujours plus, afin d'entrer dans une logique de croissance économique, cela s'ajoutant à l'avènement de la vaccination et au progrès médical (et donc d'une baisse importante du taux de mortalité), et, après la seconde guerre mondiale, la fin de guerres ayant un impact sur l'importance de la population mondiale (en proportion), sont des facteurs qui ont abouti à une finalité vue par la plupart des personnes comme naturelle : une croissance de la population mondiale exceptionnelle.
Jamais dans l'histoire du monde une espèce n'avait dominé toutes les autres, au point de faire dépendre l'avenir de ces autres espèces à sa volonté ; ce n'est plus le cas, avec l’apogée de l'espèce humaine. Mais la terre est-elle capable de supporter cette espèce, sans cesse grandissante, toujours plus entassée et ne cessant pas pour autant de s'étendre sur chaque espace pouvant l'accueillir ?
On parle d'une nature bien faite, mais le fait d'empêcher cette nature d'agir, par exemple en limitant les épidémies qui, même si la morale publique s'en émeut et ne voit en leur limitation que le bien commun humain, sont naturelles, ces épidémies stoppant des surpopulations que la nature ne peut sans doute pas supporter (il suffit d'imaginer ce que serait un endroit sans organisation structurelle possédant la densité d'une ville moyenne ; il n'y aurait tout simplement pas assez de nourriture pour tout le monde, une hygiène de vie déplorable due à la proximité des gens, qui s'ajouterait à l'impossibilité de se débarrasser de ses morts : une telle situation d'insalubrité favoriserait le développement de maladies graves, ce qui exterminerait la majorité des gens), cette simple restriction de l'action de la nature ne serait-elle pas une entrave aux lois biologiques naturelles?
Aussi, on remarque que le développement de l'attitude expansionniste des hommes a coïncidé avec la disparition d'espèces animales ou végétales. On a souvent réduit ces disparitions à la pollution, action humaine ne pouvant pas être minimisée et/ou cachée, mais on peut aussi penser que la simple présence humaine représente aussi une menace pour la biodiversité ; ainsi, bien avant que l'homme ne commence à développer des activités polluantes (activités rejetant des déchets se révélant être une menace directe), on a vu que l'augmentation de la présence humaine s'avérait être une menace pour la biodiversité, avec par exemple en France, la destruction de la quasi-intégralité des forêts au Moyen-Âge, le bois étant un besoin des hommes à cette époque.
Ainsi, la croissance continue de la population n'est pas remise en cause malgré ses aspects néfastes qui eux sont minimisés en grande partie à cause de son intérêt économique, mais on peut réellement se demander, compte tenu des prévisions en nombre de la population mondiale dans les années à venir (on prévoit qu'en 2050, la population mondiale approchera ou aura dépassé les 10 Milliards d'être humains), quelles seront les conséquences qu'un tel évènement, qui sera sans doute fêté par la majorité des hommes, sur la planète et sur les autres espèces, spectatrices incapables d'agir, elles, et donc de défendre leurs vies et leur droit de vivre…