En algèbre linéaire, la comatrice d'une matrice carrée A est une matrice introduite par une généralisation du calcul de l'inverse de A. Elle a une importance considérable pour l'étude des déterminants. Ses coefficients sont appelés cofacteurs de A, et ils permettent d'étudier les variations de la fonction déterminant.
La comatrice (En algèbre linéaire, la comatrice d'une matrice carrée A est une matrice introduite par une généralisation du calcul de l'inverse de A. Elle a une importance considérable pour l'étude des déterminants. Ses...) est aussi appelée matrice des cofacteurs, ou encore, hélas, matrice adjointe (par exemple dans le logiciel (En informatique, un logiciel est un ensemble d'informations relatives à des traitements effectués automatiquement par un appareil informatique. Y sont inclus les instructions de traitement,...) Maple).
Le déterminant pour les matrices est naturellement défini comme une fonction sur les n vecteurs colonnes de la matrice. Il est cependant légitime de le considérer aussi comme une fonction qui aux n2 coefficients de la matrice associe un scalaire (Un vrai scalaire est un nombre qui est indépendant du choix de la base choisie pour exprimer les vecteurs, par opposition à un pseudoscalaire, qui est un nombre qui peut...).
Quand on gèle tous les coefficients de la matrice à l'exception d'un seul, le déterminant est une fonction affine (En mathématiques élémentaires, une fonction affine est une fonction de la variable réelle dont la représentation graphique est une droite. C'est une fonction polynôme de degré inférieur ou égal à un. ....) du coefficient variable. L'expression de cette fonction affine (En mathématiques, affine peut correspondre à :) est simple à obtenir comme cas particulier de la propriété de n-linéarité ; elle fait intervenir un déterminant de taille n-1, appelé cofacteur du coefficient variable.
Ces considérations permettent d'établir une formule de récurrence ramenant le calcul d'un déterminant de taille n, à celui de n déterminants de taille n-1 : c'est la formule de Laplace.
Soit A une matrice carrée de taille n. On observe l'effet d'une modification d'un des coefficients de la matrice, toutes choses égales par ailleurs. Pour cela on choisit donc deux indices i pour la ligne et j pour la colonne, et on note A(x) la matrice dont les coefficients sont les mêmes que ceux de A, sauf le terme d'indice i,j qui vaut ai,j+x. On écrit la formule de linéarité pour la j-ème colonne
Le déterminant noté Cofi,j est appelé cofacteur d'indice i,j de la matrice A. Il admet les interprétations suivantes
Dans la pratique, on calcule les cofacteurs de la façon suivante : on appelle M(i;j) le déterminant de la sous-matrice (Une sous-matrice est une matrice obtenue à partir d'une matrice en ne gardant que certaines lignes ou colonnes.) déduite de M en ayant enlevé la ligne i et la colonne j (on parle de mineur pour un tel déterminant). Alors le cofacteur est (-1)i+j fois M(i;j).
Si n>1 et A est une matrice carrée de taille n alors on peut calculer son déterminant en fonction des coefficients d'une seule colonne et des cofacteurs correspondants. Cette formule, dite formule de Laplace, permet ainsi de ramener le calcul du déterminant à n calculs de déterminants de taille n-1.
Quitte à transposer la matrice, il suffit de prouver la formule du développement par rapport à une colonne.
On considère la matrice M0 obtenue en remplaçant la colonne j de la matrice A par une colonne de 0. Le déterminant de M0 est nul.
On passe de M0 à A en modifiant successivement les différents coefficients de la colonne j. On fait d'abord passer (Le genre Passer a été créé par le zoologiste français Mathurin Jacques Brisson (1723-1806) en 1760.) le premier coefficient de 0 à a1;j, puis le second de 0 à a2;j et ainsi de suite. La première opération revient à ajouter a1;j multiplié par son cofacteur, la seconde ( Seconde est le féminin de l'adjectif second, qui vient immédiatement après le premier ou qui s'ajoute à quelque chose de nature identique. La...) a1;j multiplié par son cofacteur.
Au bout du compte, pour passer du déterminant de M0 (nul) à celui de A, on a ajouté successivement tous les termes intervenant dans la formule de Laplace.
Remarque : pour la correction de la preuve, il est important de noter que les cofacteurs à chaque étape sont bien les mêmes que ceux de la matrice A, puisqu'on ne modifie que la colonne j.
On introduit la comatrice de A, matrice constituée des cofacteurs de A. On peut généraliser les formules de développement du déterminant par rapport aux lignes ou colonnes
On prend de nouveau pour matrice M0 la matrice obtenue en remplaçant la colonne j de la matrice A par une colonne de 0. Le déterminant de M0 est nul.
Mais cette fois au lieu de faire apparaître en colonne j les coefficients ai;j, on fait apparaître successivement les coefficients ai;k d'une autre colonne. La matrice finale obtenue admet alors deux colonnes identiques, donc est elle aussi de déterminant nul. Ceci signifie
En effet par rapport à la démonstration précédente, si les coefficients ont changé, les cofacteurs non.
Si on ajoute à cette étude le cas j=k qui a été examiné dans le paragraphe précédent, on arrive à
qui est exactement, composante par composante, la formule souhaitée.
La matrice transposée de la comatrice est appelée matrice complémentaire de A. Notamment si A est inversible, l'inverse (En mathématiques, l'inverse d'un élément x d'un ensemble muni d'une loi de composition interne · notée multiplicativement, est un élément y tel que x·y = y·x = 1, si 1 désigne...) de A est un multiple de la matrice complémentaire. Ce qui veut dire qu'on a obtenu une formule pour l'inverse, ne nécessitant que des calculs de déterminants
Cette formule est encore valable si les matrices sont à coefficients dans un anneau A. Elle est utilisée pour démontrer que M est inversible en tant que matrice à coefficients dans A si et seulement si det(M) est inversible comme élément de A.
Elle est d'un intérêt limité pour calculer explicitement des inverses de matrices; en pratique elle est trop lourde dès que n=4 et la méthode plus élémentaire à base d'opérations élémentaires sur les lignes (inversion par pivot de Gauss) est plus efficace, aussi bien pour l'homme (Un homme est un individu de sexe masculin adulte de l'espèce appelée Homme moderne (Homo sapiens) ou plus simplement « Homme ». Par distinction, l'homme...) que pour la machine.
Nous avons
et
La comatrice est aussi compatible avec la transposition :
de plus,
Si p(t) = det(M - tIn) est le polynôme caractéristique (En algèbre linéaire, à toute matrice carrée ou à tout endomorphisme d'un espace vectoriel de dimension finie est associé un polynôme appelé polynôme caractéristique. Il renferme d'importantes...) de M et que q est le polynôme (En mathématiques, un polynôme est la combinaison linéaire des puissances d'une variable, habituellement notée X. Ces objets sont largement utilisés...) défini par q(t) = (p(0) - p(t))/t, alors
La comatrice apparaît dans la formule de la dérivée d'un déterminant.
Pour :
Si et
,
(et est donc nulle si, et seulement si, A n'est pas inversible). Si n=2, on a Com(Com(A))=A pour toute matrice A (ce qu'on peut inclure dans la formule précédente avec la convention x0 = 1 pour tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou l'univers.)
, y compris pour x=0).
Si , les matrices
telles que A=Com(A) sont la matrice nulle et les matrices spéciales orthogonales. Si n=2, ce sont les matrices multiples des matrices spéciales orthogonales.
Le formule de Leibniz (Plusieurs formules portent le nom de Formule de Leibniz) montre que le déterminant d'une matrice A s'exprime comme somme et produit de composantes de A. Il n'est donc pas étonnant que le déterminant ait de bonnes propriétés de régularité. On suppose ici que K est le corps des réels.
Si est une fonction de classe
à valeurs dans les matrices carrées d'ordre n, alors
est également de classe
.
La formule de dérivation s'obtient en faisant intervenir les colonnes de A
Cette formule est analogue formellement à la dérivée d'un produit de n fonctions numériques.
Cette propriété a des conséquences topologiques intéressantes : ainsi le groupe GLn() est un ouvert, le sous-groupe SLn(
) est un fermé.
En effet le calcul des cofacteurs peut être vu précisément comme un calcul de dérivée partielle
Toutes ces dérivées partielles étant elles-mêmes des déterminants, par récurrence le déterminant est . En outre on peut écrire le développement limité (En physique et en mathématiques, un développement limité d'une fonction f au voisinage de x0, est l'écriture d'une fonction sous la forme d'une fonction polynôme et d'un reste .) à l'ordre un du déterminant au voisinage (La notion de voisinage correspond à une approche axiomatique équivalente à celle de la topologie. La topologie traite plus naturellement les notions globales comme la continuité qui s'entend ici comme la continuité en tout point. En...) de A
C'est-à-dire que si on munit Mn() de son produit scalaire (En géométrie vectorielle, le produit scalaire est une opération algébrique s'ajoutant aux lois définissant la structure d'espace vectoriel. À deux vecteurs elle associe leur produit, qui est un nombre (ou scalaire)....) canonique, l'application déterminant a pour gradient
Notamment pour le cas où A est l'identité
Articles de mathématiques (Les mathématiques constituent un domaine de connaissances abstraites construites à l'aide de raisonnements logiques sur des concepts tels que les nombres, les figures, les structures et les...) en rapport avec l'algèbre linéaire (L’algèbre linéaire est la branche des mathématiques qui s'intéresse à l'étude des espaces vectoriels (ou espaces linéaires), de leurs...) |
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