Chronologie du Modèle standard de la cosmologie |
|
Disciplines concernées |
|
En 1948, l'astronome (Un astronome est un scientifique spécialisé dans l'étude de l'astronomie.) anglais Fred Hoyle développe une théorie (Le mot théorie vient du mot grec theorein, qui signifie « contempler, observer,...) selon laquelle les éléments chimiques se forment dans les étoiles. Cette théorie, appelée nucléosynthèse stellaire, explique de façon satisfaisante les populations relatives d'un grand nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) d'atomes. Cependant certains atomes posent problème : le deutérium (Le deutérium (symbole 2H ou D) est un isotope naturel de l'hydrogène. Son noyau atomique...), l'hélium (L'hélium est un gaz noble ou gaz rare, pratiquement inerte. De numéro atomique 2, il...) 4 et lithium (Le lithium est un élément chimique, de symbole Li et de numéro atomique 3.) 7. C'est pour cela que l'on a introduit la nucléosynthèse (La nucléosynthèse est un ensemble de processus physiques conduisant à la synthèse de noyaux...) primordiale qui aurait eu lieu aux tous premiers temps (Le temps est un concept développé par l'être humain pour appréhender le...) de l'Univers.
Actuellement, il y a environ un atome (Un atome (du grec ατομος, atomos, « que l'on ne peut...) de deutérium (hydrogène lourd : 2H) pour cent mille atomes d'hydrogène (L'hydrogène est un élément chimique de symbole H et de numéro atomique 1.). Même si son abondance est relativement faible, il est néanmoins le septième élément le plus abondant de l'Univers. Le deutérium est le plus fragile de tous les noyaux et ne résiste pas aux températures typiques des milieux stellaires où il est détruit par les réactions nucléaires (à partir d'un million (Un million (1 000 000) est l'entier naturel qui suit neuf cent quatre-vingt-dix-neuf...) de kelvins). Son origine ne peut être expliquée que par le Big Bang : la température (La température est une grandeur physique mesurée à l'aide d'un thermomètre et...) élevée, aux débuts de l’Univers, a permis sa fabrication et le refroidissement rapide, dû à l’expansion, a permis sa conservation.
L'abondance en masse (Le terme masse est utilisé pour désigner deux grandeurs attachées à un...) d'hélium 4 est actuellement de l'ordre de 23 à 30%. Les étoiles fabriquent de l'hélium grâce à la fusion (En physique et en métallurgie, la fusion est le passage d'un corps de l'état solide vers l'état...) de l'hydrogène. Mais la quantité (La quantité est un terme générique de la métrologie (compte, montant) ; un scalaire,...) fabriquée par le processus de nucléosynthèse stellaire (Stellaria est un genre de plantes herbacées annuelles ou vivaces, les stellaires, de la...) est trop faible car en fin de vie (La vie est le nom donné :) de l'étoile (Une étoile est un objet céleste émettant de la lumière de façon autonome, semblable à une...), lorsque l’hydrogène est trop rare en son centre, l'hélium fusionne à son tour pour donner des éléments plus lourds (Cycle carbone-azote-oxygène ou cycle CNO, et des noyaux plus lourds jusqu’au fer) ; cela fait que globalement, la quantité formée n’est pas très importante. Cela implique donc qu’à leur naissance, les galaxies devaient déjà contenir une grande partie de l'hélium actuel. Seul le Big Bang (Le Big Bang est l’époque dense et chaude qu’a connu l’univers il y a...) permet d'expliquer cette abondance.
Il existe un autre phénomène : le phénomène de spallation. Les rayons cosmiques hautement énergétiques brisent les atomes de carbone (Le carbone est un élément chimique de la famille des cristallogènes, de symbole C,...), azote (L'azote est un élément chimique de la famille des pnictogènes, de symbole N et de...) et oxygène (L’oxygène est un élément chimique de la famille des chalcogènes, de...) en atomes plus petits (6Li, 7Li, 9Be, 10B, 11B, He, H...). Les quantités créées étant très faibles, ce phénomène est négligeable en ce qui concerne les abondances d’hélium, d’hydrogène et de deutérium.
Grâce à la combinaison (Une combinaison peut être :) de ces trois modèles de la nucléosynthèse stellaire, de la nucléosynthèse primordiale et de la spallation, les abondances de tous les atomes peuvent être expliquées.
La nucléosynthèse primordiale se produit lorsque la température est de 109 K (soit dans la première minute ( Forme première d'un document : Droit : une minute est l'original d'un acte. ...) après le Big Bang).
Avant 1010 K (t<1s), les photons, les neutrinos et antineutrinos, les baryons (neutrons et protons) ainsi que les électrons et les positrons sont en équilibre selon les réactions :
Le rapport du nombre de protons et du nombre de neutrons est alors déterminé par la loi statistique (Une statistique est, au premier abord, un nombre calculé à propos d'un échantillon....) de Maxwell-Boltzmann :
À 1010 K, les neutrinos s’annihilent. Ainsi, les antineutrinos disparaissent et l’équilibre est rompu. À la rupture de l’équilibre, on a un rapport np/nn de l'ordre de 6 (un neutron (Le neutron est une particule subatomique de charge électrique totale nulle.) pour 6 protons). N'étant alors modifié que par la désintégration β- du neutron (n → p + e-+ νe : durée de vie : 889,1s +- 2,1) va augmenter.
Tant que la température reste supérieure à 109 K, les noyaux de deutérium (deutérons) formés (n+p→D+γ) sont dissociés par les photons (En physique des particules, le photon est la particule élémentaire médiatrice de l'interaction...) qui ont assez d’énergie à cette température.
Ces noyaux ne deviennent stables qu’à 109 K. On a alors np/nn≈7 et la nucléosynthèse primordiale commence avec la formation des éléments légers :
(γ : photon)
À t≈103s, à cause de l’expansion, la température devient trop faible pour permettre la fusion d’autres noyaux et la nucléosynthèse s’arrête.
Pendant l'ère de la radiation (Le rayonnement est un transfert d'énergie sous forme d'ondes ou de particules, qui peut se...) (jusqu'au découplage matière-rayonnement) quelques 100-aines de milliers d'années, le plasma ( En physique, le plasma décrit un état de la matière constitué de particules chargées (d'ions...) ionique est composé des noyaux résultants de cette nucléosynthèse :
L'hydrogène :
L'hydrogène résiduel, qui occupe (toujours) la place principale ~75%.
De son isotope stable (Un isotope stable d'un élément chimique est un isotope qui n'a pas de radioactivité...), le deutérium : 2H.
Le tritium (Le tritium (T ou 3H) est - comme le deutérium - l'un des isotopes de l'hydrogène. Il...) 3H quant à lui, s'est transformé progressivement en 3He au début de cette ère de part sa radioactivité (La radioactivité, phénomène qui fut découvert en 1896 par Henri Becquerel sur...) β-, d'une demi-vie (La demi-vie est le temps mis par une substance (médicament, noyau radioactif, ou autres) pour...) de 12 ans 1/3.
L'hélium :
L'hélium-3 produit durant cette nucléosynthèse forme la source principale de l'3He naturel, confondu avec l'hélium-3 produit par la radioactivité du tritium initial.
L'hélium-4 constitue presque tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) le reste de la matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses...) ayant réagit ~25%. Presque tous les neutrons y sont incorporés.
Note : Dans l'Univers actuel, la majorité de l'hélium est de l'hélium primordial, l'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) stellaire a augmenté son abondance qu'au plus de quelques %. La quasi-intégralité de l'hélium actuellement présent sur Terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...) n'est ni de l'hélium primordial, ni stellaire, mais celui issu de la radioactivité α des éléments lourds, thorium (Le thorium est un élément chimique, un métal de la famille des actinides, de symbole...) et uranium (L'uranium est un élément chimique de symbole U et de numéro atomique 92. C'est un...).
Le Lithium :
Il reste une dose infime de lithium (6Li et 7Li) primordial, où provenant de la radioactivité ε du béryllium (Le béryllium est un élément chimique de symbole Be et de numéro atomique 4....) 7Be initialement produit, se transformant en 7Li en une demi-vie de 53,12 jours (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la...) dans les conditions ambiantes (qui n'étaient pas celles de cette ère : plasma en dilution).
Eléments, qui comme les isotopes de l'hydrogène 2H et 3H et de l'hélium 3He ; n'ont pas réagit avant la fin de la nucléosynthèse, une trempe nucléaire (Le terme d'énergie nucléaire recouvre deux sens selon le contexte :) en quelque sorte . . .
Le paramètre (Un paramètre est au sens large un élément d'information à prendre en compte...) clé de la nucléosynthèse primordiale est le nombre baryonique (En physique des particules, le nombre baryonique est un nombre quantique invariant. Il peut être...) qui est le rapport entre le nombre de baryons et le nombre de photons :
Ce seul nombre baryonique permet de déterminer les abondances primordiales des différents éléments légers créés lors de cette nucléosynthèse.
La mesure des abondances des éléments possède des enjeux importants, dont la preuve de la théorie du Big Bang.
Le modèle standard prévoit des abondances de 25% pour l'hélium et 1% pour le deutérium.
Les abondances des éléments légers sont calculées par trois types de mesures :
Ces mesures sont effectuées en observant les spectres d'absorption ( En optique, l'absorption se réfère au processus par lequel l'énergie d'un photon est prise par...) et d'émission des éléments et leur intensité (exemple avec l'hydrogène et le deutérium : observation (L’observation est l’action de suivi attentif des phénomènes, sans volonté de les...) des séries de Lyman et de Balmer).
D'après la revue récente de Gary Steigman[1][2] le modèle standard de la cosmologie (La cosmologie est la branche de l'astrophysique qui étudie l'Univers en tant que système...) prédit un rapport[3] en excellent accord avec la valeur observée combinant les résultats de WMAP[4] et de Large Scale Survey qui donne . L'abondance primordiale de 3He déduite des observations est également en accord avec les prédictions du modèle standard. L'abondance primordiale de 4He présente un accord relativement moins bon car seulement à 2 sigma mais il est indiqué que la différence peut être due à des erreurs systématiques dans les mesures d'abondance et qu'il est donc difficile de savoir s'il faut y voir un signe d'une physique (La physique (du grec φυσις, la nature) est étymologiquement la...) au-delà du modèle standard. Enfin, l'accord sur l'abondance de 7Li est plus mauvais[5] mais étant donné que les observations faites sur l'abondance du 7Li sont faites au sein d'étoiles de notre Galaxie (Galaxies est une revue française trimestrielle consacrée à la science-fiction. Avec...) il est tout à fait possible que l'abondance primordiale aient été modifiée par des processus stellaires et l'incertitude astrophysique sur cette mesure est donc élevée[2].
Les prédictions du modèle standard peuvent être également confrontées à la mesure de certains paramètres cosmologiques, comme la densité (La densité ou densité relative d'un corps est le rapport de sa masse volumique à la...) baryonique dans l'univers dont la valeur observée[6] Ωbh2 = 0.0230 est en excellent accord avec la valeur prédite[1].
En résumé[1], le modèle standard de la cosmologie est robuste vis à vis des données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) observationnelles actuelles. Pour autant la mesure des abondances primordiales des éléments légers est une tâche délicate : les objets observés dans lesquels le deutérium n'a pas été affecté depuis sa création dans l'univers primordial sont assez rares, 3He est observé dans le gaz (Un gaz est un ensemble d'atomes ou de molécules très faiblement liés et...) interstellaire de notre galaxie (Une galaxie est, en cosmologie, un assemblage d'étoiles, de gaz, de poussières et de...) qui est actif d'un point (Graphie) de vue (La vue est le sens qui permet d'observer et d'analyser l'environnement par la réception et...) chimique et donc susceptible d'affecter l'abondance de cet élément, les erreurs systématiques sur l'observation (L’observation est l’action de suivi attentif des phénomènes, sans volonté de les...) de 4He sont probablement encore grandes. Il n'est donc pas exclu a priori que les valeurs observationnelles des abondances d'éléments légers varient quelque peu dans les années à venir et affectent potentiellement l'accord avec le modèle standard ce qui apporterait des indications et de nouvelles contraintes sur la physique au-delà de celui-ci.
La connaissance des abondances permet de connaître de manière plus précise la valeur du nombre baryonique qui est le seul paramètre en jeu. Ce nombre baryonique est très important puisqu'il permet de déterminer la fraction de matière baryonique.
La différence de cette fraction de matière baryonique avec la fraction (plus faible) de matière lumineuse (calculée à partir de l'observation) permet de déterminer la fraction de matière baryonique non lumineuse (trous noirs, naines brunes).
De plus, la différence de cette fraction de matière baryonique avec la fraction (plus élevée) de matière dynamique (Le mot dynamique est souvent employé désigner ou qualifier ce qui est relatif au mouvement. Il...) calculée à partir de ses effets gravitationnels (rotation des galaxies...)) permet de montrer l'existence de matière non baryonique inconnue à l'heure (L’heure est une unité de mesure du temps. Le mot désigne aussi la grandeur...) actuelle (neutrinos, ...).
Il existe d'autres modèles non standard qui introduisent une non homogénéité afin de mieux expliquer les différences qui pourraient exister entre les résultats des mesures et interpolations et les valeurs théoriques.