Église abbatiale Saint-Pierre et Saint-Caprais de Mozac | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Auvergne |
Département | Puy-de-Dôme |
Ville | Mozac |
Culte | Catholique romain |
Type | Abbatiale |
Rattaché à | Archidiocèse de Clermont |
Début de la construction | XIe siècle |
Fin des travaux | XVe siècle |
Style(s) dominant(s) | Préroman Roman Gothique |
Protection |
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L'abbaye Saint-Pierre et Saint-Caprais de Mozac, plus communément appelée abbaye de Mozac, est l'une des plus anciennes et des plus importantes abbayes de Basse-Auvergne. Située à Mozac (près de Riom dans le Puy-de-Dôme), elle est fondée à la fin du VIIe siècle et régie dès l'origine par la règle de saint Benoît. Elle est rattachée à l'abbaye de Cluny en 1095 et porte le titre d'« abbaye royale » (sous la protection du roi de France). Les moines la quittent à la Révolution française et l'abbatiale devient l'église paroissiale unique du village de Mozac en 1790.
L'église abbatiale et les bâtiments conventuels autour de l'ancien cloître sont un haut-lieu de l'architecture romane et sont classés monuments historiques. L'abbaye est inscrite dans le « Grand itinéraire culturel européen » comme un des sites clunisiens emblématiques, label décerné par le Conseil de l'Europe à la Fédération des sites clunisiens dont fait partie la commune de Mozac.
La grande renommée de l'abbaye est due à la qualité de la facture de ses chapiteaux romans, à sa crypte préromane découverte en 1849 et à la conservation de la châsse de son fondateur, saint Calmin, qui est le plus grand reliquaire au monde en émaux limousins du Moyen Âge. L'abbaye possède aussi, depuis le VIIIe ou IXe siècle, les reliques de saint Austremoine, premier évêque de Clermont et évangélisateur de l'Auvergne. Les ossements sont conservés dans une châsse en bois peint du XVIe siècle.
L'église possède plusieurs styles architecturaux suite à de nombreuses modifications au fil des siècles. Ainsi après les tremblements de terre qu'elle a subis au XVe siècle, certaines parties romanes de l'édifice furent restaurées en gothique.
L'abbaye a été vraisemblablement fondée au VIe ou VIIe siècle, au sud du village de Mozac, dans un lieu propice à son implantation et à son développement.
L'abbaye a été construite sur un promontoire artificiel issu de restes antiques ; en effet, l'église possède dans ses parties les plus anciennes (crypte et porche occidental carolingien) des réemplois d'impostes à rouleau, de grands blocs de pierre avec des trous de louve et autres systèmes d'agrafe typiquement antiques. De plus, la présence d'un autel gallo-romain dans le cloître de l'abbaye est attestée en 1604. Cet autel en marbre comporte une inscription latine datée du IIe ou du IIIe siècle : . D'après René Bouscayrol, ce serait une preuve qu’un lieu de culte s’élevait en l’honneur du Génie Arverne, dont l'emplacement est inconnu. Cependant, une telle dédicace ne prend son sens qu'au sein de la capitale arverne, et il est plus que probable qu'elle ait été transportée depuis Clermont-Ferrand, à une date inconnue.
Le site a également été choisi en raison de la présence d'un réseau hydrographique fourni (ruisseaux d'Ambène, des Moulins Blancs, etc.) qui favorise sa défense (au nord contre le village de Mozac, les enceintes bordent le ruisseau d'Ambène) et qui permet de bâtir deux moulins dans l'enclos monastique (un au nord sur l'Ambène, et un au sud sur le ruisseau des Moulins Blancs); le territoire mozacois comptera au fil des siècles jusqu'à dix-sept moulins.
Enfin, le monastère se trouve à proximité de la cité marchande de Riom (2 km à l'est) et sur le passage de l'ancienne voie romaine entre Augustonemetum et Avaricum, ce qui facilite son développement économique et ses communications.
Imposte à rouleau antique réemployée dans la porte sud de la tour-porche occidentale carolingienne de l'abbatiale |
D'après un auteur hagiographe du XVIIe siècle qui aurait travaillé sur des archives plus anciennes de l'abbaye, il faudrait retenir vers 533-535 comme date supposée de la fondation de l'abbaye par Calminius (saint Calmin) et son épouse Namadia (sainte Namadie). Calmin aurait enrichi la communauté, qu'il venait de créer, de prestigieuses reliques (de saint Pierre et de saint Caprais d'Agen) qu'il avait rapportées de Rome, de l'île de Lérins et d'Agen. Les reliques des époux fondateurs sont conservées depuis la fin du XIIe siècle dans une châsse en émaux champlevés de Limoges qui s'avère être la plus grande au monde.
En 764, le roi Pépin le Bref (ou en 848 s'il s'agit plutôt de Pépin II d'Aquitaine) donne au monastère les reliques de saint Austremoine, premier évêque et évangélisateur de l'Auvergne. Il devient alors une abbaye royale. Cette première protection royale sera renouvelée par des souverains successifs : en 1095, Philippe Ier confirme la concession de l’abbaye de Mozac à l’ordre de Cluny ; en 1169, Louis VII le Jeune confirme les privilèges de l’abbaye ; Philippe-Auguste confirme en 1217 la charte royale précédente ; de même par Louis VIII en 1224 et enfin Louis IX en 1269. Plus tard, cette protection royale sera manifestée par la présence de la fleur de lys sur le blason du monastère.
La décadence constatée dans la communauté religieuse en 1095 la fait mettre sous la tutelle de l'abbaye de Cluny. Au moment de la venue du pape Urbain II au concile de Clermont qui lance la première croisade, l'évêque d'Auvergne Durand concède l'abbaye de Mozac à celle de Cluny. Comme Mozac est une abbaye royale, le roi Philippe Ier confirme par une autre charte, datée de la même année, la donation de l'évêque. Mozac a pu garder son importance car elle conserve son titre d'abbaye ; une bulle du pape Urbain II datée de Plaisance attribue à « Saint-Austremoine de Mozac le premier rang parmi ceux de Cluny ». L'abbaye de Mozac restera clunisienne jusqu'à l'extinction de l'ordre à la Révolution.
L'apogée de l'abbaye est atteint, peu de temps après la construction de l'église romane, en 1165. Le pape Alexandre III donne une bulle de confirmation des biens et privilèges qui énumère toutes les dépendances (prieurés, nominations, etc.) de l'abbaye de Mozac
La première négociation connue entre la ville de Riom voisine et la communauté religieuse intervient en juillet 1277 concernant les droits d'eau potable. Pierre de La Ferté, abbé de Mozac, concède à perpétuité l'exploitation de la source de Dragonescha située à Saint-Genest-l'Enfant (commune actuelle de Malauzat), aux consuls de Riom pour approvisionner leur ville. La transaction s'élève à 140 livres tournois.
Aucune date précise n'est connue, mais au vu du style architectural, on peut en déduire que le début du XIIe siècle voit la construction de l'abbatiale romane, appelée par convention Mozac II. Elle remplace la première église préromane dont subsistent la tour porche occidentale et la crypte.
En 1477 et 1490, l'abbaye est largement détruite par une série de tremblements de terre. De l'église romane et préromane, seuls subsistent la nef centrale avec ses quarante-sept fameux chapiteaux, le bas-côté Nord (façade visible depuis la rue), et la base et le premier étage du porche carolingien (Ouest). Le reste (le chœur, le transept, le bas-côté sud, le cloître et les bâtiments conventuels) est restauré par l'abbé Raymond de Marcenat : Mozac III. Un nouveau style architectural, le gothique, est alors utilisé. La pierre de Volvic (pierre volcanique) est utilisée en remplacement du calcaire. Les parties romanes écroulées, y compris les chapiteaux, sont réemployées dans les nouveaux murs gothiques. Cela explique pourquoi le Club historique mozacois a découvert depuis 1980 trente-deux chapiteaux romans qui sont exposés au musée lapidaire.
Tandis que les abbés étaient normalement élus au sein de la communauté réunie en chapitre, la réforme de la commende de 1516 introduit un changement radical dans le mode de direction de l'abbaye. Elle donc est mise en commende, c'est-à-dire que l'abbé sera désormais directement désigné par le roi. Les abbés commendataires cumulent plusieurs bénéfices abbatiaux et ecclésiastiques et sont quasiment absents de Mozac. La réelle direction de la communauté revient au prieur, véritable second de l'abbé.
Entre 1516 et 1524, le premier abbé commendataire Claude Duprat fait entièrement rénover la salle capitulaire en style gothique. Il termine en quelque sorte les derniers travaux de restauration engagés par l'abbé Raymond de Marcenat suite aux tremblements de terre.
L'abbaye est le théâtre d'un conflit armé en 1595 : le roi de France, Henri IV, donne ordre au comte d'Auvergne de faire démolir les fortifications. En effet, avec la complicité des moines, l'abbaye et son fort sont occupés par les Ligueurs servant de base contre la ville de Riom qui a prêté serment au roi le 5 avril 1594.
En 1644, des frères Récollets souhaitent s'installer près du village de Mozac. Ils reçoivent la permission de l'abbé de Mozac Camille de Neufville de Villeroy. Mais à cause du coût de l'entretien de cette communauté, les consuls de la ville de Riom s'y opposent. Un arrêt du Conseil, en date du 26 juin 1644, fait « défenses audits pères Récollets de bâtir aucune maison en la ville de Riom, en les faubourgs, audit village de Mozac ni à deux lieues aux environs de ladite ville ».
L'abbaye subit sa plus importante réforme le 2 juin 1644 depuis son rattachement à l'abbaye de Cluny en 1095. Suite à la fusion entre l'ordre de Cluny et les monastères mauristes en 1635, la réforme dite de Saint-Maur est introduite à l'abbaye de Mozac. Les religieux de Mozac sont un temps séparés entre ceux qui souhaitent continuer leur vie monastique comme auparavant (les Anciens dits de « l'Ancienne observance ») et ceux qui acceptent la réforme de Saint-Maur (« l'Étroite observance »).
La réforme n'empêche pas le relâchement de la discipline. En 1658, une procédure judiciaire est intentée contre le prieur, Blaise Rigoulet, accusé de nicolaïsme, de violence à l'encontre des frères, de ne plus assister aux offices, etc. S'il s'agit bien de lui, il serait condamné par contumace, après un bail de prison aux galères par sentence du juge royal.
Le 23 juillet 1665, un changement de gestion économique voit le jour. Les revenus de l'abbaye sont partagés en trois entre l'abbé commendataire et la communauté religieuse. Le troisième lot est utilisé pour payer les charges. Ce traité entérine de fait l'absence de l'abbé commendataire mais fixe les responsabilités financières de chacune des parties. L'abbaye est considérée pour l'abbé qui la possède comme un bénéfice dont il peut personnellement tirer profit.. Les derniers grands travaux sont achevés en 1741 lorsque les religieux commandent le remplacement du plafond en bois de la nef par une voûte en pierre. Les travaux sont confiés à « Jean Chalat maître tailleur de pierre de Riom ».
Le 27 juin 1783, après un violent orage, un torrent de boue traverse l'enclos de l'abbaye; un moulin au sud de la propriété ainsi que plusieurs segments de l'enceinte murale s'écroulent. Une grande partie du territoire de Mozac est noyée et les récoltes (vignes, blés, etc.) sont détruites .
Le dernier acte de la vie religieuse à Mozac est signé le 28 mars 1790. Les sept derniers moines doivent quitter le monastère qui deviendra bientôt l'église paroissiale unique de la commune de Mozac.
Suite au départ des moines, la majeure partie des bâtiments conventuels et la propriété comprise dans la première enceinte monastique (environ 4 hectares) sont vendues le 22 mars 1792 pour un montant total de 71 200 livres au titre des biens nationaux à Gaspard Antoine Verny, président de la cour d'appel de Riom, qui en fait sa résidence. En revanche, l'église, le presbytère contre le bras sud du transept (sacristie, ancien dortoir des moines et les deux tiers de la salle capitulaire) et une partie des écuries à l’ouest de l’église (aujourd’hui le musée lapidaire) restent propriétés de la commune.
L'église abbatiale devient paroissiale (utilisée pour le culte public du village de Mozac). Les bâtiments sont du ressort de la commune. Le reste des bâtiments, surtout l'aile sud (réfectoire et cuisines), ainsi que la propriété de l'abbaye (environ 4 hectares dont les 2/3 du cloître) sont vendus au titre des biens nationaux à Gaspard Antoine Verny 1792.
La partie privée restera une résidence interdite au public, jusqu'en décembre 2007 lorsque le Conseil municipal de Mozac vote l'acquisition de l'ensemble de la propriété qui redevient publique. Ainsi, le patrimoine de l'abbaye de Mozac est réunifié comme avant 1792.
Quarante-sept abbés se sont succédé à la tête du monastère, de sa fondation à la fin du VIIe siècle jusqu'à son extinction à la Révolution.
L'abbaye de Mozac a possédé pendant toute son existence jusqu'à une quarantaine de prieurés (conventuels ou simples), cures et autres dépendances religieuses ou temporelles, répartis pour l'essentiel en Basse-Auvergne et également en Bourbonnais sur la route menant à l'abbaye de Cluny dont elle dépendait depuis 1095.
Les plus anciennes dépendances de l'abbaye de Mozac remontent à une donation royale de Pépin le Bref (en 764) ou de Pépin II d'Aquitaine (en 848). Cette première charte énumère seize lieux rattachés au patrimoine de l'abbaye : l'église de Saint-Caprais (appelée Podangas, située près de Limoges), l'église de Vieille-Brioude, l'église de Saint-Victor (dans la vallée de La Dore), l'église de Saint-Pourçain, l'église de Saint-André l'Apôtre près de Thuret, l’église de Saint-Désiré avec le bourg de Loriges, le village d'Entraigues, l'église appelée Navas près de Chantelle, l'église de Saint-Bonnet appelée Charbonnières, l'église de Modon et vingt-cinq fermes qui en dépendent, les fiefs de Bellenave et de Plumberias, l'église Saint-Martin sous le nom de Sadoc à Mozac, le fief de Pragoulin dans la vicairie de Randan, la chapelle Saint-Hilaire dans la ville de Moulins, des fermes et des vignes au lieu-dit de Cassaniolas proche de Pragoulin.
En 1165, la bulle pontificale d'Alexandre III destinée à l'abbé de Mozac, Pierre II de la Tour, dresse la liste quasi-définitive des possessions mozacoises : « 38 églises, 13 chapitres et 14 châteaux-forts relevaient de sa suzeraineté ».
Les moines de Mozac obtiennent des lettres de confirmation et de sauvegarde de leurs biens en 1169 (Louis VII), en 1217 Philippe Auguste, en 1224 Louis VIII, en 1269 Louis IX, en 1460 Charles VII et en 1490 Charles VIII.
Un acte de 1633 énumère les dépendances (prieurés) de l'abbaye de Mozac dite « de fondation royale » : « Royat, Volvic, Châteaugay, Marsat, Paugnat [commune actuelle de Charbonnières-les-Varennes, Les Martres-d'Artière, Saint-Ours, Saint-Pierre-le-Chastel, Notre-Dame de Loriges, Saint-Bonnet de Montpensier, Saint-Georges-de-Mons, Saint-Germain-des-Fossés et Saint-Ambroise [commune actuelle de Saint-Léon] ». Cet acte ne répertorie pas l'ensemble du réseau mozacois, mais il donne une indication sur les dépendances qui prédominent au XVIIe siècle.
La richesse de l'abbaye de Mozac dépendait de la vitalité économique de son réseau de dépendances qui lui permettait de bénéficier des nombreux biens fonciers mis en affermage et dont l'abbaye tirait des revenus en nature ou en argent que ce soit le cens ou la dîme payée au prorata de la taille de la propriété exploitée et du volume de la production.
Un des moines s'occupait de la gestion financière de la communauté : le « procureur-syndic ». Il devait enregistrer mensuellement dans un registre les comptes (dépenses et recettes appelées « mises »). Pour Mozac, les registres de 1671 à 1790 sont conservés aux Archives départementales du Puy-de-Dôme et donnent un aperçu du mode de vie des moines : par exemple les achats pour la vie quotidienne (surtout la nourriture), les dépenses liées à la liturgie, ou bien pour les aléas de la vie (paiement d'un médecin...), etc.
La puissance foncière de l'abbaye est consignée dans des terriers (quatre sont toujours conservés) ou lièves de cens. Les noms des fermiers sont énumérés pour chaque lieu dépendant de l'abbaye, avec le montant qu'ils doivent régler annuellement au propriétaire.
Les archives contiennent également des traités qui définissent les acquisitions foncières, les fondations perpétuelles de vicairies, etc. Le traité qui bouleverse le plus la vie économique de l'abbaye est sans aucun doute celui de 1665 qui partage la mense en trois lots.
Années | Revenus (en livres) | Charges (en livres) | Excédents (en livres) | |
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1671 | 3950 | 4150 | -200 | |
1690 | 5717 | 4377 | 1340 | |
1694 | 4731 | 3035 | 1696 | |
1695 | 5362 | 6243 | -881 | |
1696 | 5382 | 3549 | 1833 | |
1697 | 4683 | 3583 | 1100 | |
1714 | 4847 | 3711 | 1136 | |
1742 | 7802 | 4330 | 3472 | |
1768 | 5868 | 2377 | 3491 | |
1790 | 17090 | 8146 | 8944 | |
Moyennes | 6543,2 | 4350,1 | 2193,1 |
En analysant plus de cent vingt ans de comptes, on aperçoit des disparités significatives d’une année sur l’autre, sans doute liées aux aléas agricoles. On remarque que pour la période comprise entre 1694 et 1714 les recettes restent dans une fourchette entre 4000 et 6000 livres. La stabilité des revenus sur deux décennies peut s’expliquer par des lièves de cens relativement immuables.
Les revenus dépassent pour la première fois la barre des 6000 livres en 1742 ; c’est justement à cette période que de grands travaux sont entrepris sur les bâtiments. Le record se produit pour la dernière année d’existence de l’abbaye, en 1790 avec un excédent de près de 9000 livres. Les revenus de 1790, largement supérieurs aux autres années, ont certainement été artificiellement gonflés par les moines ; dans le contexte de la Révolution, il valait mieux prouver que le monastère était viable et pouvait éviter la suppression. Seules deux années rencontrent un déficit : 1671 (seulement 200 livres) et 1695 (avec 881 livres). Mais ces pertes d’argent ne sont que momentanées et rapidement renflouées par un excédent. En 1696, les revenus sont pourtant du même ordre, mais on décide de diminuer les charges qui se maintiennent en dessous de 4000 livres jusqu’en 1714.
La plus grosse source de revenu, pour une part écrasante (86%), apparait sous l’appellation de « revenus du couvent ». Ce sont toutes les perceptions (dîmes, rentes, etc.) extérieures et payées à l’abbaye. Malheureusement, il est difficile de détailler les recettes du couvent. Pour évaluer par exemple la part des rentes affermées par rapport au revenu total de l’abbaye, il faudrait dépouiller les milliers de reçus de cens dans les archives.
Le reste des recettes (14%) se compose des « revenus des officiers claustraux » (aumônier, sacristain, chantre et réfecturier) qui reversent à l'abbaye une part de leurs propres bénéfices pour participer à l'entretien du couvent (soin aux pauvres, achats pour la liturgie, frais de fonctionnement de la communauté, etc.).
Les dépenses sont classées dans deux catégories principales : les « mises ordinaires » et les « mises extraordinaires ».
Les dépenses ordinaires concernent tous les produits d’alimentation pour les repas des moines. En 1695, prise comme année de référence parce que l’on dispose de données plus précises dans ce registre, l’abbaye dépense 917 livres en frais de bouche soit en moyenne 76 livres par mois, soit près de 15 % des dépenses totales.
1695 est déficitaire car elle est la première année de la première vague de travaux effectués dans l'abbaye, à la suite du traité de partage de la mense abbatiale en 1665 qui oblige le couvent à être mieux entretenu et à effectuer des réparations dans les prieurés comme celui de Volvic (215 livres). Ainsi, pour cette rubrique, l'abbaye dépense extraordinairement 649 livres, soit un peu plus de 10% du total.
L'abbaye participe aussi à la vitalité de son réseau monastique en reversant des pensions et des gages à l’ensemble de religieux, à l’exception des officiers claustraux qui ont le privilège de trouver leurs rémunérations dans leurs propres bénéfices (donc qui n'entrent pas en compte dans le budget général de l'abbaye). L’abbaye doit pareillement verser la portion congrue aux curés de Saint-Priest de Volvic, de Saint-Julien de Volvic, de Notre-Dame de Volvic, de Saint-Martin de Mozac, de Saint-Bonnet-Las-Champs, de Saint-Hippolyte, de Saint-Genès-l’Enfant, ou leur laisser une pension dite des curés (684 livres y compris les rentes). La solidarité financière s'exprime aussi à travers la taxe versée à l'ordre de Cluny ou encore lorsqu'elle paie deux fois par an, en mars et octobre, respectivement 699 et 279 livres de décimes et de taxes au diocèse de Clermont.