Castor fiber - Définition

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Conservation de l'espèce et gestion des conflits

La prise de conscience des impacts écologiques de sa disparition (assèchement et fermeture de zones humides, inondations en aval, sécheresses en amont, perte de biodiversité suite à la disparition de ses barrages là où il en faisait...), et des raisons éthiques ont motivé le lancement de programmes de réintroduction et conservation, qui lui ont permis à la fin du XXe siècle de réintégrer quelques cours d'eau, dans des régions ou pays d'où il avait disparu.

Après son retour spontané ou sa réintroduction, ses barrages (il n'en fait pas en zone rocheuse) peuvent à nouveau inonder des surfaces significatives, ce qui diminue le risque d'incendies de forêts et favorise le rechargement des nappes (Cf. loi de Darcy), mais peut aussi perturber les usages de ces zones si l'on y a entre temps construit des routes ou mis d'anciennes zones humides en culture. On peut facilement contrôler le niveau d'eau au moyen de siphons auto-amorcés silencieux (car c'est le bruit de l'eau qui coule, qui est le stimulus déclenchant l'acte instinctif de construire ou colmater un barrage).
Il peut faire quelques dégâts sur les populicultures ou sylvicultures situées sur les premiers 15 mètres de berges (sauf si les arbres sont protégés), ou très localement dans certaines cultures (ex : maïs). On se prémunit facilement par la pose d'un grillage bas ou d'un simple fil électrique (étant toujours mouillé, il y est particulièrement sensible et apprend très vite à s'en éloigner).

Les expériences européennes de réintroduction montrent que des efforts de communication et de pédagogie auprès des riverains des cours d'eau où il vit, et quelques mesures simples permettent d'éviter qu'il ne soit pas confondu avec le rat musqué ou ragondin et d'éviter qu'il entre en conflit avec la sylviculture ou l'agriculture (auxquelles il pourrait par ailleurs rendre certains services en tant qu'utile à la conservation de l'eau qui risque de manquer en été dans un contexte de bouleversements climatiques attendus).

Le castor est souvent menacé par les pièges et appâts empoisonnés destinés à éliminer les rats musqués et ragondins (Des pièges et appâts uniquement accessibles à ces deux espèces sont testés pour protéger les castors). En aval de zones urbanisées et cultivées, le castor risque aussi d'être en contact avec d'autres rodenticides mal utilisés (non fixés) près des berges et emportés par les crues vers les cours d'eau (et les barrages de castors quand ils existent).

En Europe

En France

Le castor européen occupait la majorité des cours d'eau du territoire français. Pourtant, dès la fin du XIXe siècle, la chasse en particulier pour sa fourrure très recherchée, le piégeage et la destruction de ses milieux de vie avaient entraîné une forte régression de l'espèce (moins d'une cinquantaine d'individus subsistaient en 1900) dont l'ultime refuge fut la basse vallée du Rhône.

En 1909, le castor d'Europe fut protégé dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse. La population put alors prospérer et atteignit même Lyon vers 1960. La construction de barrages sur le Rhône interdit par la suite la colonisation naturelle d'autres secteurs. Des réintroductions eurent donc lieu ça et là en France dès 1950.

En 2003, l'espèce est présente à des degrés divers dans 42 départements, essentiellement dans la moitié Est et dans le centre de la France. À cette date, la population estimée de castors est comprise entre 8 et 10 000 (dix-mille) individus.

Le castor est présent dans le delta du Rhône et le Rhône où l'effectif frôlerait actuellement les 3 000 sujets. Cette population se répartit sur le fleuve lui-même mais également sur la plupart de ses affluents en aval de Lyon (dont le Gardon, le Tarn, l'Ardèche, la Cèze, le Chassezac, l'Isère, la Drôme, le Gier, etc.). Dans ces régions à substrat rocheux, il fait peu de barrages.

Depuis le début des années 1960, une vingtaine d'opérations de réintroduction concernant environ 270 castors a été réalisée à partir de la souche rhodanienne, parmi les grands bassins concernés : la Loire, la Moselle, les affluents du Rhin (Doller, Ill, Moder), le Tarn dans le bassin supérieur de la Garonne.

Certains individus se seraient également implantés récemment plus au nord jusqu'à la Saône et dans quelques petits affluents du Jura français où les conditions environnementales pourraient lui être plus favorables (notamment à cause de la pollution du Rhône, mais surtout de son artificialisation et de l'aménagement des berges et digues pour les besoins du trafic fluvial ou le contrôle des crues).

En Bretagne, dix individus furent relâchés de 1968 à 1971 dans le parc naturel régional d'Armorique, sur le cours de l'Elez. La population s’est quelque peu développée et se maintient aujourd’hui aux alentours d’une cinquantaine d’individus. De plus le castor est bien présent en Loire Atlantique, le long de la Loire.

Des castors vivent également sur le Vidourle, un fleuve côtier qui rejoint directement la mer et non le Rhône. Dans son ouvrage Au pays des castors, Paul-Henry Plantain mentionnait dans les années 1970 une colonie sur le Vidourle, réputée récemment disparue. On peut imaginer que des animaux ont été importés sur le Vidourle de manière officieuse, mais la colonie considérée comme éteinte dans le livre de Plantain pourrait aussi correspondre à un peuplement très ancien, distinct du rhodanien. Une étude génétique de ces animaux pourrait lever le doute.

Plusieurs familles de castors sont installées en Alsace sur l'Ill, la Largue et la Doller en amont de Mulhouse. On peut observer la preuve de cette présence en marchant au bord de ces rivières et en étant attentif à la présence d'arbres coupés en forme de « crayons » à proximité immédiate de ces rivières.

Depuis les années 1990, de petites populations se reconstituent sur le bassin versant de la Loire (Lignon de Haute-Loire, Loire en Forez et Roannais, Allier), et le castor y est aujourd'hui bien présent jusqu'en Loire-Atlantique. Les réintroductions n'expliquent qu'une faible partie de cette expansion, le dynamisme de l'espèce, sa capacité à franchir les obstacles topographiques (il semble avoir franchi seul la ligne de partage des eaux entre Rhône et Loire, en haute Ardèche), lui permettent de recoloniser et d'animer à nouveau des kilomètres de ripisylves alluviales, maintenant qu'il est complètement protégé.

En Lorraine, 4 castors ont été réintroduits le 25 janvier 1983 sur la Moselle, suivis de 11 autres l'année suivante. Les individus se sont bien acclimatés et la population de castors connaît depuis une expansion régulière. Sa présence est considérée comme permanente sur la Moselle et ses affluents, dont le Madon, de Mirecourt à la ville de Toul. La population y était estimée à 40 individus en 1992.

Dans le Nord de la France

Champagne-Ardenne : Historiquement le castor est présent dans la région depuis les relachés d'animaux en 1952 sur le Lac du Der. Cette population est depuis disparue et seuls quelques individus se maintiennent sur la rivière Marne. La population de Castor européen sur la pointe des Ardennes est par contre bien vivace. Elle est effective depuis 1998. En effet, dès les relachés effectués sur la Meuse en Belgique, des animaux sont passés sur le territoire français et l'espèce colonise depuis progressivement le département des Ardennes.

Nord-Pas de Calais : De 1998 à 2000, une étude sur les potentialités d'accueil du castor européen dans la région a été commandée par le conseil régional. L'étude a été menée par les membres du Groupe Loutre/Castor Nord qui ont poursuivi depuis un travail d'information et de sensibilisation sur les régions Nord-Pas de Calais, Picardie et Champagne Ardenne.
À travers la préservation d'espèces menacées, cette étude visait la gestion restauratoire et conservatoire des milieux naturels que constituent les cours d'eau, principaux corridors écologiques des bassins versants de la région. À terme, le retour du castor d'Europe (appelé aussi Bièvre) au sein de rivières du bassin Artois-Picardie devait être la récompense d'un travail commun de réflexion, de la part des principaux acteurs, sur la préservation et l'évolution des cours d'eau de ce territoire, voire de la réhabilitation écologique de certains d'entre eux.
En effet, à l'occasion de chaque inondation, de chaque projet d'aménagement, la question de la gestion des cours d'eau revient au-devant de l'actualité. Qu'il s'agisse de petits cours d'eau oubliés ou de fleuves à forte valeur économique, la notion de « gestion intégrée » est maintenant entrée dans le vocabulaire commun, notamment grâce à la loi sur l'eau de 1992. Les applications sur le terrain sont quant à elles plus difficiles à mener.
La loi demande aux acteurs économiques de ne plus considérer les cours d'eau comme de simples vecteurs d'eau fluide à prélever, traiter, utiliser, épurer puis rejeter dans le milieu naturel. Ils doivent prendre de plus en plus en compte la qualité des milieux associés aux cours d'eau, l'objectif de la directive cadre sur l'eau étant le retour du « bon état écologique » des eaux et milieux humides en 2015. De leur côté, les acteurs chargés de la gestion durable de milieux fluviaux, notamment à haute valeur patrimoniale ne peuvent plus uniquement les considérer comme des espaces à conserver en l'état mais comme des écosystèmes complexes et dynamiques dont il faut accompagner l'évolution en préservant le fonctionnement hydrologique naturel et les écopotentialités du réseau hydraulique et de la trame bleue voulue par le Grenelle de l'environnement en 2007. « Laboratoires vivants », les espaces naturels fluviaux sont des terrains privilégiés pour la mise en œuvre de méthodes et de techniques originales en matière de gestion intégrée et restauratoire des cours d'eau et des milieux qui leurs sont associés.
Au travers de la concertation, le travail collaboratif du Groupe Loutre/Castor Nord (intégré depuis 1999 à l'association EAU VIVANTE) , est de créer une dynamique de préservation des cours d'eau. En effet, sous l'action de symboles tels que le Castor et la Loutre d'Europe, l'un des buts était de faire se rencontrer les divers acteurs et gestionnaires institutionnels de nos fleuves, rivières et ruisseaux, afin que ceux-ci s'écoutent mutuellement et soient amenés à collaborer autour d'un projet de retour potentiel de ces animaux sur les rivières de la région. L'étude remise en octobre 1999 a conclu qu'un retour du Castor européen en Avesnois était possible, la qualité des cours d'eau, la végétation et le cloisonnement limité des rivières et espaces aquatiques étant favorables à l'installation d'une trentaine de familles soit un peu plus de 100 individus sur le territoire du Parc Naturel Régional de l'Avesnois. En 2010, le Conseil Régional Nord-Pas de Calais a souhaité réactualisé cette étude. Les travaux d'inventaire sont en cours. Ils ont été confiés au bureau d'Etudes Biotope. La restauration de la Biodiversité des zones humides, dont le castor est un gestionnaire naturel, est la finalité de l'étude engagée.

Picardie : Depuis 2007, quelques Castors européens ont passé la frontière en venant de Belgique (au sud de Chimay). Ils sont installés dans le nord de la Thiérache.

Avec l'aide de l'ensemble des acteurs institutionnels, locaux, associatifs et les populations riveraines des cours d'eau, des aménagements peuvent être réalisés spécifiquement en accompagnement du retour du plus gros rongeur européen dans le nord de la France (spontané ou aidé par réintroduction officielle des pouvoirs publics). Toute une politique de partenariat entre ces acteurs permettrait de développer à terme une démarche éco-touristique similaire aux actions engagées dans le territoire belge voisin.

En Belgique

Le Castor européen est aujourd'hui bien présent en Belgique. Après une apparition en 1991 de quelques individus à l'Est du pays en provenance de réintroductions faites en Allemagne, l'espèce a fait l'objet d'une réintroduction volontaire (1998-1999) dans toute la Wallonie à l'initiative d'associations privées (101 individus provenant également d'Allemagne), accélérant de la sorte la re-colonisation naturelle qui aurait été génée par les nombreux aménagements réalisés sur les rivières depuis sa disparition 100 ans plus tôt. La population de castors était estimée en 2009 entre 800 et 1000 individus. A la faveur des nombreux lieux de lâcher, l'espèce s'est ré-implanté et depuis re-colonise progressivement tout son territoire historique, tant en Ardenne que dans les zones à plus forte population humaine. On peut aujourd'hui l'apercevoir jusqu'en ville, comme à Liège. En effet, le castor est assez peu sensible à la pollution de l'eau et il peut s'installer là où il dispose d'une ripisylve. Le castor peut ponctuellement causer quelques gènes aux activités humaines dans le cadre des travaux qu'il réalise pour aménager son territoire (inondations ponctuelles, creusement de chenaux, coupes d'arbres non protégés et plantés trop près des berges,...). Aujourd'hui, mis à part quelques problèmes isolés, les acteurs belges de l'environnement s'accordent sur le rôle essentiel de l'espèce dans la préservation et surtout la restauration de la biodiversité des zones humides qu'il a recolonisé. Depuis 2005, en Belgique, le castor fait l'objet d'une activité écotouristique en plein essor, dénommée le Tourisme Castor ou encore le Pays des Castors (très nombreux lieux-dits, rivières et communes portant la déclinaison du mot Bièvre). Des excursions à la découverte des sites de castors les plus spectaculaires sont proposées dans tout le pays. Le Pays des Castors

En Suisse

Selon le dernier recensement en 2008, la Suisse compterait 1 600 castors. Les principaux effectifs se concentrent sur le plateau, entre le lac Léman et le lac de Constance. Récemment, des populations se sont installées le long du Rhône dans le Valais à partir du lac Léman. Au printemps 2008, les premiers castors sont revenus naturellement dans les grisons depuis le Tyrol voisin en remontant la vallée de l'Inn.

On les observe depuis les années 90 sur les rives nord du lac Léman, de la Venoge, de l'embouchure du Boiron, ainsi que dans le vallon de l'Aubonne. « Des gens m'ont dit avoir vu des arbres découpés de façon étrange sur un des coudes de la Venoge... des arbres avaient été coupés par des castors.... entre Bussigny et Échandens... Des fruitiers... » Des individus ont aussi été observés dans la cité universitaire du bas de la ville de Lausanne, entre la Sorge, la Mèbre et la Chambronne.

Pour d'autres informations visiter * Beaverwatch - Suivi du castor en Suisse

Dans d'autres pays européens

  • Plusieurs centaines de castors ont survécu dans le bassin de l'Elbe et en Scandinavie.
  • Des castors ont récemment été réintroduits en Bavière.
  • Des castors ont récemment été réintroduits aux Pays-Bas où ils reconstituent de petites populations, y compris dans des eaux de médiocre qualité.
  • Au Royaume-Uni, Il était considéré comme éteint dans les îles Britanniques, mais quelques individus ont été aperçus en Écosse (échappés ou relâchés). Six castors ont également été réintroduits dans le Gloucestershire.
    Une réintroduction avec suivi scientifique est en cours en 2008 dans la région d'Argyll, à l'Est de l'Écosse ; ce sont 4 familles de castors (chacune composée d'un mâle, d'une femelle et de un à trois petits) venant de Norvège, qui doivent être lâchés au printemps 2009 après six mois de quarantaine. Ce seront les premiers mammifères sauvages réintroduits dans ce pays d'où le castor a disparu il y a environ 400 ans. Selon un sondage fait par les autorités écossaises, 73% des habitants se sont dits favorables à cette tentative de réintroduction du castor en Écosse
    Un autre projet existe dans le Kent avec le parc de découverte de Wildwood (une famille de castors, qui vit pour l'instant dans un site clôturé).

En Asie

Quelques populations subsistent dans des régions isolées de Sibérie et Mongolie.

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