Cathédrale Notre-Dame d'Amiens - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Cathédrale Notre-Dame d’Amiens
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
49° 53′ 40″ Nord
       2° 18′ 07″ Est
/ 49.894444, 2.301944
 
Pays France France
Région Picardie
Département Somme
Ville Amiens
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Diocèse d'Amiens (siège)
Début de la construction 1220
Fin des travaux 1288
Style(s) dominant(s) Gothique
Classé(e) Monument historique
Patrimoine mondial
Localisation
 
France location map-Regions and departements.svg
Cathédrale Notre-Dame d'Amiens

La cathédrale Notre-Dame d’Amiens est la plus vaste de France par ses volumes intérieurs (200 000 m3). Avec les cathédrales de Chartres, de Reims et de Bourges , elle est considérée comme l'archétype du style gothique classique, comprenant aussi des éléments des phases suivantes du style gothique, du gothique rayonnant (notamment le chevet) et du gothique flamboyant (notamment la grande rosace de la façade occidentale, la tour nord et les stalles). Sa longueur hors œuvre est de 145 mètres et sa hauteur sous voûte de 42,30 mètres (proche du maximum supportable pour cette architecture).

Monument historique en France depuis 1862, elle est inscrite depuis 1981 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Histoire

La partie la plus ancienne de l'édifice, la nef, haute de 42,3 mètres, vue depuis le triforium du chœur - Au fond la rosace flamboyante surmontant la tribune des grandes orgues.

La cathédrale actuelle occupe un emplacement où plusieurs sanctuaires se sont succédé ; on en sait peu de choses. Le premier édifice date de la fin du IIIe siècle, à l'époque gallo-romaine, et aux cours des neuf siècles suivants plusieurs cathédrales furent édifiées. Plusieurs fois des incendies les réduisirent en cendres. Tel fut le cas en 850, lors d'une invasion normande, puis en 1019, puis encore en 1107. Après ce sinistre une nouvelle église, romane, fut édifiée en 1152 dont nous ne possédons aucun document permettant de déterminer ce qu'elle était.

Le 17 décembre 1206, un croisé picard nommé Wallon de Sarton, chanoine de Picquigny, qui lors du pillage de Constantinople par les croisés en 1204, avait réussi à subtiliser la sainte relique du crâne de saint Jean-Baptiste, rapporta celle-ci à Amiens où il fut reçu par l'évêque Richard de Gerberoy. Très rapidement la relique devint l'objet d'un important pèlerinage. De nombreux princes français et étrangers vinrent l'honorer. Mais la tête du saint attira surtout les gens atteints de surdité, de mutisme, de cécité et avant tous les gens atteints du mal saint-Jean, c'est-à-dire d'épilepsie. Cet afflux rendit fort vite la cathédrale romane trop petite.

En 1218, la foudre tomba sur la flèche de l'ancienne cathédrale, ce qui mit le feu aux charpentes. Le toit s'embrasa avec une rapidité stupéfiante et bientôt, ce fut l'édifice tout entier qui s'écroula dans les flammes. L'évêque Évrard de Fouilloy décida de reconstruire une nouvelle cathédrale, non seulement bien plus vaste et plus belle que la précédente, mais aussi inégalée parmi les autres sanctuaires de la chrétienté. Il fallait également que cette nouvelle cathédrale, par son programme iconographique soit un véritable livre de pierres, qui favoriserait l'enseignement de la religion auprès du peuple chrétien. On parlera plus tard de la Bible d'Amiens.

Et face à ce grand défi, comme architecte, il choisit Robert de Luzarches.

Les trois portails de la grande façade occidentale furent très rapidement édifiés. Ils datent des années 1220-1230 (premier tiers du XIIIe siècle.)
Ces bas-reliefs du soubassement du portail de droite (de la Mère-Dieu) de la façade occidentale se trouvent sous les statues des rois Salomon et Hérode et datent du début du XIIIe siècle. Ils sont remarquablement conservés. De gauche à droite : Salomon à table, Salomon sur son trône, le massacre des Innocents, Salomon avec la reine de Saba, Salomon en prière devant le Temple, Hérode donnant l'ordre de brûler les vaisseaux de Tharsis.

Édification de la cathédrale actuelle (1220-1288)

Les travaux de construction débutèrent en 1220 et la pose de la première pierre se déroula dit-on dans l'allégresse. Peu auparavant on avait reculé l'enceinte de la ville dont la population avait fort augmenté. En 1190, les remparts avaient été reculés à l'est et peu après en 1193, au sud. Les bâtisseurs bénéficiaient de ce fait d'un espace agrandi à l'intérieur de la nouvelle enceinte (dite de Philippe-Auguste) et purent ainsi prévoir un sanctuaire de dimensions gigantesques (145 mètres de long sur 70 de large au transept). Il fallut cependant détruire l'église Saint-Firmin-le-Confesseur qui occupait l'emplacement prévu pour le bras nord du transept, ainsi que l'Hôtel-Dieu qui aurait empêché la construction de la tour nord de la façade principale. Contrairement à la règle courante, les travaux commencèrent par la nef. La cathédrale continua pense-t-on à utiliser provisoirement le chœur de l'ancienne église romane.

En ce début du XIIIe siècle, période du règne de Philippe-Auguste, Amiens vivait en pleine prospérité. La ville profitait de la proximité des Flandres dont l'activité drapière était florissante, ainsi que des foires de Champagne toutes proches. Mais c'était le commerce de la guède ou pastel des teinturiers, utilisée pour la teinture des draps et cultivée dans la région, qui assurait à la bourgeoisie amiénoise la base de sa fortune. Amiens en avait le quasi-monopole et l'évêché d'Amiens participait à la prospérité générale. Les généreux donateurs ne manquaient pas, et les ressources de l'évêché lui permettaient de financer ce chantier gigantesque.

Robert de Luzarches étant décédé en 1222, ainsi d'ailleurs que l'évêque Évrard de Fouilloy, le nouvel évêque, Geoffroy d'Eu, confia la suite des travaux à Thomas de Cormont. Les dons affluaient de tous côtés et le chantier avançait rapidement de ce fait. En 1228, les murs de la nef atteignaient déjà le niveau de la naissance des voûtes. Cette même année Renault de Cormont succéda à son père comme maître d'œuvre. La nef fut achevée vers 1230.

Vers 1236, à la mort de Geoffroy d'Eu, la grande façade s'élevait déjà jusqu'aux corniches situées au-dessus de la rosace, et la base du transept était édifiée.

Le nouvel évêque Arnoult s'attela dès lors à l'édification du chœur, et on construisit les chapelles rayonnantes. Mais dès 1240, les travaux ralentirent, le budget étant épuisé. On put cependant terminer le déambulatoire, où Arnoult fut inhumé en 1247.

Le nouvel évêque, Gérard de Coucy se soucia fort peu des travaux, lesquels se réduisirent à peu de choses entre 1247 et 1258. Cette année-là vit un incendie ravager les chapelles absidiales. Ce sinistre eut pour effet de fouetter l'ardeur des bâtisseurs et des bienfaiteurs, et les travaux reprirent à bon rythme jusqu'en 1269, année où le chœur fut terminé. La cathédrale gothique était dès lors opérationnelle, bien que les tours ne soient pas terminées.

Près de deux décennies plus tard, l'évêque Guillaume de Mâcon fit encore élever une flèche (la première) et fit exécuter diverses petites modifications au niveau du chœur et du chevet. Ces travaux se terminèrent en 1288. Cette année là, le labyrinthe fut créé, toujours sous la direction de Renault de Cormont. 1288 est la date retenue pour la fin de l'édification de la cathédrale. Les tours de la façade occidentale n'étaient toujours pas terminées. Au total cependant, l'édification avait été assez rapide puisque l'essentiel était fait. Cela donne à Notre-Dame d'Amiens une unité architecturale qui n'existe que rarement chez ses rivales.

La construction de la cathédrale d'Amiens a été fort importante pour le développement de la rationalisation des chantiers médiévaux et la taille en série des pierres. Dès le début de la construction en effet, Robert de Luzarches avait conçu quatre types différents de pierres qui furent fabriquées en série. Les pierres utilisées provinrent surtout des grandes carrières de Picquigny qui appartenaient aux chanoines de cette paroisse. Un contrat datant de 1234 nous est parvenu et fait état de cinquante livres parisis pour onze ans à payer aux chanoines de Picquigny. Les pierres furent acheminées par bateau sur la Somme jusqu'à la ville d'Amiens. On utilisa aussi des pierres provenant des carrières de Croissy, Domélier et Bonneleau.

Vue de la rosace ouest ou rosace de la mer, depuis le triforium du chœur - De style flamboyant, elle date du début du XVIe siècle.

De 1288 à la fin du XVe siècle

De 1290 à 1375, on construisit les chapelles latérales de la nef, non prévues dans le plan initial. Elles sont au nombre de onze, six au nord et cinq au sud, les plus anciennes à l'est, les dernières à l'ouest.

La tour sud de la cathédrale fut achevée en 1366 seulement. La tour nord posa quelques problèmes : en 1375, on dut construire une contre-butée à la tour nord, rendue nécessaire à cause de la déclivité du terrain. En 1385 se déroula en la cathédrale le mariage de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. En 1402, le couronnement de la tour nord fut enfin réalisé.

En 1470, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, désireux de s'emparer d'Amiens avait installé son campement à Saint-Acheul. D'après Olivier de la Marche, il fut tellement ébloui par la grandeur de l'édifice qu'il interdit expressément à son artillerie de tirer sur le bâtiment.

Sauvée de l'écroulement en 1498-99

En 1498, Pierre Tarisel était maistre des ouvrages de maçonnerie. Il s'aperçoit qu'une catastrophe imminente se prépare et va causer l'écroulement de la cathédrale. À l'époque on n'avait pas oublié le désastre survenu en 1298 à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, dont le chœur qui s'élevait à 47 mètres s'était écroulé. Des travaux d'urgence sont nécessaires et sont effectués pour renforcer les arcs-boutants de la nef et du transept. De plus, les gros piliers de la croisée du transept bouclent sous l'effet de la poussée des grandes arcades s'élevant à 42,3 mètres. Dans un éclair de génie, il va alors cercler presque tout l'édifice d'un chaînage de fer fabriqué en Espagne, le meilleur de l'époque. Ce chaînage court dans le triforium de la nef et des transepts, encerclant presque tout l'édifice. Il est toujours en place aujourd'hui. Il ne fallut guère plus d'un an pour régler le problème. La cathédrale fut ainsi, non seulement sauvée à l'époque d'une destruction certaine, mais aussi rendue bien plus robuste pour les siècles à venir.

Chapelle de Notre-Dame du Puy située au croisement du double déambulatoire sud du chœur et du bras sud du transept. La statue de gauche, sainte Geneviève, fut transformée en déesse Raison durant la Révolution

De 1500 à la Révolution

De 1508 à 1519 eut lieu la création des magnifiques stalles du chœur. Elles étaient au nombre de 120 à l'origine, il en reste 110 à ce jour.

En 1528, la flèche de la cathédrale ayant été détruite par la foudre, on procéda à l'édification d'une nouvelle, celle que nous connaissons aujourd'hui. Son sommet est à 112,70 mètres du sol.

La rosace occidentale, dont le sommet est situé à 42 mètres, fut refaite au XVIe siècle dans le style gothique flamboyant, cela sur ordre du maire de la ville.

Au XVIIIe siècle, on procéda à une refonte importante de la décoration du chœur. Ainsi le jubé, détruit en 1755, fut remplacé par une superbe grille "rocailles", œuvre de Jean Veyren d'après les plans de Michel-Ange Slodtz. Ce chef-d'œuvre fut terminé en 1768. La clôture du chœur, du début du XVe siècle, fut en même temps détruite en grande partie. De superbes statues et une remarquable cathèdre baroque firent également leur apparition. Mais toutes ces innovations épuisaient le trésor, et de ce fait l'entretien de l'édifice était gravement négligé. Des réparations auraient du être faites au niveau des arcs-boutants du chœur, mais faute d'argent on laissa les choses s'aggraver.

À la Révolution, Notre-Dame d'Amiens a fort peu souffert comparativement à bien d'autres sanctuaires français. Les Amiénois réussirent à préserver leur patrimoine des atteintes des vandales de la Révolution, telles les troupes du conventionnel Joseph Lebon qui en 1793 exercèrent d'innommables cruautés en la ville voisine d'Arras. Il y eut bien quelques fleurs de lys, quelques croix et même quelques statues supprimées (notamment les dosserets fleurdelisés des stalles). Mais ce fut très marginal. Les grandes et petites statues des différents portails ainsi que celles de la galerie des rois restèrent donc intactes.
La cathédrale fut transformée en Temple de la Raison et de la Vérité. On peut voir aujourd'hui la statue de sainte Geneviève convertie en déesse Raison, sur l'autel de la chapelle du Puy Notre-Dame, à gauche dans le croisillon sud du transept.

De la Révolution à nos jours

Au XIXe siècle, Eugène Viollet-le-Duc, qui avait dressé un rapport alarmant sur l'état de la cathédrale, peu ou pas entretenue au cours du XVIIIe et du début du XIXe siècle, procéda à une restauration parfois controversée de l'édifice tout au long d'une période de 25 ans. Il y a en effet incorporé des éléments que le monument légué par le Moyen Âge n'avait jamais possédés. Il ajouta ainsi, au sommet de la grande façade, une galerie visant à réunir les deux tours : la galerie des Sonneurs.

En juillet 1918, lors de la dernière offensive allemande à l'ouest, la cathédrale tomba sous le feu des troupes impériales allemandes. Mais à la demande instante du pape Benoît XV, les Allemands cessèrent de prendre le sanctuaire comme cible. La cathédrale fut ainsi sauvée. Peu après, l'armée allemande recula au loin, et tout rentra dans l'ordre.

En mai 1940, lors des bombardements allemands qui affectèrent gravement la ville, la cathédrale fut également quasi miraculeusement épargnée.

Page générée en 0.527 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise