Château de la Turmelière | |||
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Période ou style | |||
Début construction | XIIIe siècle | ||
Fin construction | XIXe siècle | ||
Propriétaire actuel | commune | ||
Protection |
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Site Internet | www.turmeliere.org | ||
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Latitude Longitude | |||
Pays |
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Région | Pays de la Loire | ||
Département | Maine-et-Loire | ||
Commune française | Liré | ||
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Le château de la Turmelière est situé à Liré dans le Maine-et-Loire lieu de naissance de Joachim du Bellay.
Le domaine de la Turmelière doit son nom de « Turmelière » des « tours meulières », les moulins, qui existaient en grand nombre sur cette hauteur.
Le chevalier Jean d'Avoyr apparaît à Liré vers 1228, il a épousé Jeanne, fille de Matthieu de Liré. Ce seigneur s’occupa surtout des intérêts de son domaine. Les immenses bois qui occupaient la majorité du territoire commencèrent à être défrichés, et le droit de pâture permis et réglé. La culture de la vigne s’étendit. Depuis longtemps déjà les seigneurs habitaient le château de Vieille-Cour élevé à proximité de l’ancienne « motte féodale ». Des douves entourant le bâtiment en assuraient la défense. Ces douves furent comblées à la fin du XIXème. Des restes de cette motte primitive sont encore visibles dans une propriété privée (route de Bouzillé, au lieu-dit « Vieille Cour »).
« En 1230, le roi de France Louis IX et Blanche de Castille, poursuivant la lutte contre le roi d’Angleterre et son allié Mauclerc, duc de Bretagne, établirent leur camp à Liré, avant d’investir les châteaux d’Ancenis et de Chasteauceaux. »
La Turmelière est mentionnée pour la première fois en 1285 dans un manuscrit où le Chevalier Hardouin d'Avoyr s’intitule « seigneur de Lyré et de la Turmelière ». Celle-ci devait à l’époque n’être qu’une place forte avancée, le seigneur de Liré résident à la « Vieille Cour » (actuellement route de Bouzillé).
Le château primitif date du XIIIe siècle. Il fut restauré au XVe siècle par Perceval Chabot, aïeul de la mère de Joachim du Bellay. La Turmelière est alors une place-forte, situé au confins de l'Anjou où les Seigneurs de Liré se retranchaient en cas de guerre. La position du bâtiment, entre des coteaux escarpés et la Loire, le rendait quasiment imprenable.
La Turmelière est abritée contre les vents du Nord par le plateau de Liré. Le seigneur qui la construisit était plus soucieux de sa tranquillité que des riches aspects de la belle nature : il voulut profiter pour la défense du château du ravin escarpé du Douet. La présence de la rivière du Douet assurait un approvisionnement facile en eau potable. La situation du château à mi-pente s’imposait, d’une part pour être protégé des vents, d’autre part le creusement des fondations requiert un terrain ni trop dur ni trop mou, et les matériaux doivent être disponibles à proximité. La Turmelière est un quadrilatère fermé au sud par un simple mur au-dessus du ruisseau, à l’est par une muraille crénelée avec deux faibles tours de quatre mètres de diamètre. A l’est toujours elle est protégée par une douve, qui est plutôt une pièce d’eau. Au nord il y avait une douve, aujourd’hui comblée. Face à la chapelle Sainte Madeleine, qui était peut-être à l’origine le châtelet d’entrée, détourné au XVIème siècle (travaux de Perceval) de sa fonction défensive, se trouvait l’habitation des serviteurs. Puis l’on franchissait une deuxième porte pour entrer dans le « quarteron » (deuxième cour »). Le logis des maîtres s’y trouvait, formé de deux ailes disposées en équerre, regardant le midi et le soleil couchant. La distinction entre « haute cour », ou cellule défensive, et « basse cour », ou cellule domestique, est soigneusement marquée. Sans doute des bâtiments agricoles étaient-ils sis dans l’enclos seigneurial, à côté du logis. Il y avait d’un côté, le petit jardin noble, mi-ornemental, mi-potager, sur lequel ouvraient les principales croisées du logis (généralement vers le levant), de l’autre, la cour utilitaire autour de laquelle s’alignaient granges, étables, bergeries, écuries, pressoir, remises et autres annexes agricoles.
Vers 1408, l’héritière de Liré, Perrine dAvoyr, épousa Guillaume de L'Isle-Bouchard, seigneur de Gonnord et de Thouarcé. Châtelaine de Liré, dame de Gonnord et de Thouarcé, leur fille Jeanne de L’Isle-Bouchard était restée veuve très jeune d’un premier mariage. Riche, elle contracta bientôt une nouvelle alliance avec un jeune seigneur d’une race non moins ancienne que la sienne, Perceval Chabot, originaire du Poitou. En 1431 malgré l’opposition des membres de sa famille, notamment de son cousin germain Georges de la Trémoille, premier ministre de Charles VII et ancien compagnon de Jeanne d'Arc, elle épousa Perceval Chabot, après un enlèvement romantique.
En 1435, le livre des comptes du seigneur Perceval Chabot fait état des travaux de rénovation entrepris à la Turmelière : les salles basses et hautes du manoir sont restaurées, de même, le pont-levis et les douves. A l’époque les seigneurs de Liré habitaient leur fief de Vieille-Cour et non la Turmelière, qui était une place-forte où l’on se retranchait en cas de guerre.
En 1472 Christophe Chabot, petit-fils de Perceval, et grand-père maternel du poète, abandonne la Vieille Cour pour s’installer définitivement à la Turmelière. Christophe Chabot est chargé par le roi de France de garder la Turmelière contre les invasions des Bretons. Les années 1490 sont marquées par des guerres fréquentes entre Bretagne et Anjou. Christophe Chabot meurt en 1503. Sa fille, Renée, élevée à la Cour d’Anne de Bretagne, alors reine de France, épousera son cousin Jean du Bellay, issu d’une grande famille originaire de Saumur, à l’âge de 14 ans.
L'arrière grand-père du poète, Jean du Bellay (1400-1480) s'installe à la Turmelière en 1472.
Son grand-père Eustache du Bellay, est également seigneur de Gizeux, autre résidence familiale des du Bellay, situé à l'autre bout de l'Anjou, au nord de Bourgueil.
En 1504 Jean du Bellay, père de Joachim, épouse Renée Chabot, l'héritière de la Turmelière et de Liré, qui entrent dans le patrimoine des Du Bellay.
Joachim du Bellay est né à la Turmelière vers 1522-1525. Il y passera toute sa jeunesse et il est certain que les paysages de bocage qui entourent le château ont pu inspirer au poète son attachement à la douceur angevine… La Turmelière demeure possession des du Bellay jusqu'en 1562, date à laquelle décède, sans descendance, Claude du Bellay, neveu de Joachim, mort deux ans plus tôt. Le domaine revient alors à la sœur du poète Catherine, mariée à Christophe du Breil. Jusqu'en 1643 les du Breil sont maîtres de la Turmelière.
En 1504, au moment du mariage de Jean du Bellay avec Renée Chabot, la Turmelière est devenue le siège de la seigneurerie de Liré car les seigneurs ont abandonné leur château primitif de Vieillecour. Aveu de 1521 de Jean du Bellay à son suzerain de Champtoceaux : « le manoir, hostel de la Turmelière, maison, tours, fossés, pont-levis, grange, pressoir en dehors, garennes, domaine de 32 septées de terre en un tenant, entre le ruisseau du Douet du Lou, les terres du Plessis, la Martinière et le dit ruisseau du Lou » Les armes des du Bellay sont « d’argent à la bande fuselée de gueules, accompagné de six fleurs de lis d’azur, trois à dextre, trois à senestre. »
Jean du Bellay ne modifiera guère l’aspect rustique du château de la Turmelière. Il exécute des travaux plus importants dans son château de Gonnord, pour le modifier dans le goût du XVIème siècle. La Turmelière restera un petit manoir rustique comme tant d’autres (il y en avait une vingtaine dans la seigneurie de Champtoceaux). A cette époque, l’appareil militaire est détourné de sa fonction, et le châtelet d’entrée est peut-être devenu à ce moment-là la chapelle. « Quant à l’enceinte, dite encore clôture, circuit, estrize du lieu, elle a progressivement perdu sa valeur défensive véritable. Des fossés doublés de murailles en délimitent le tracé ; des tours rondes renforcent les angles. De telles dispositions ne sauraient guère permettre de soutenir un siège véritable ; tout au plus représentent-elles un moyen de dissuasion contre les attaques des brigands. »
Le 12 mars 1793 départ de l’insurrection vendéenne à Saint-Florent : les populations sont mécontentes des mesures prises par le nouveau gouvernement (conscription et constitution civile du clergé). Les Liréens suivent l’armée de Bonchamp. Sous les ordres de Chetou et Oger de L'Isle, ils combattent.
Le 18 octobre 1793, l’armée vendéenne franchit la Loire à Saint-Florent et l’artillerie commandée par Piron traverse la Loire au port des Léards face à Ancenis. C’est la « virée de galerne ».
Les 16 et 17 décembre 1793, les Vendéens poursuivis par Westermann repassent la Loire entre Ancenis et Liré : désastre, plus de mille morts. La Rochejaquelein, Stofflet et Beauje qui avaient été des premiers à passer se cachent quelques jours à la Turmelière.
Le 20 février 1794, un ordre d’évacuation venant de Nantes ordonne le départ des populations des bords de Loire vers Angers, Blois et Orléans. Ceux qui refusent sont considérés comme rebelles et poursuivis par les « colonnes infernales ». Le 16 mars 1794, une de ces colonnes conduite par le général Étienne Jean-François Cordellier-Delanoüe et venant de Saint-Laurent-des-Autels envahit Liré. Les récoltes et habitations sont brûlées. Les hommes, femmes et enfants massacrés dans les fermes, dans les champs, dans le bourg. 102 morts au moins.
En plus des habitants tués, il y eut la mort des enfants de Pierre Thoinnet, le seigneur de Liré : Pierre-Guillaume, Eutrope-Rosalie à qui la Turmelière avait échu (mort le 19 mars 1794) et Jean-Baptise moururent du typhus dans les prisons de Nantes, Nicolas-Dominique fut guillotiné à Nantes, Pierre-Jean fusillé à Ancenis.
Jusqu’au traité de Pouancé le 20 janvier 1800, amenant la paix définitive, des guérillas se poursuivirent encore dans la région. Les conséquences de ces dix ans de guerre civile furent catastrophiques pour Liré (habitations du bourg et fermes détruites, campagne en friche, morts…)
La Turmelière : en 1772 le château est acheté par Pierre Thoinnet, maire d’Ancenis depuis 1757. Fermier général de la baronnie d’Ancenis depuis 1765 et secrétaire du roi au Parlement de Bretagne. Il achète le domaine au marquis de la Bourdonnaye, ruiné.
Il eut 20 enfants en deux mariages. Il meurt en 1788 et sa femme en 1792. Son fils Pierre Thoinnet lui succède en 1756 (Thoinet de la Beuvrie).
En 1781 Pierre Thoinet s’associe avec son frère pour faire du commerce. En 1790 la ville de Nantes le charge de l’approvisionnement de la ville. Il est envoyé par Nantes comme député à la Convention en 1792. Malgré cela la Turmelière est pillée en 1793. C’est lui qui fit construire des terrasses par des ouvriers sans travail de Nantes, terrasses où furent plantés des marronniers au-dessous de la chapelle. En 1794, ces mêmes ouvriers revinrent incendier le château. Les deux frères Thoinet furent arrêtés et moururent à Nantes.
La veuve d'Eutrope, un des deux fils qui mourut dans les prisons de Nantes, revenue à Liré après les guerres de vendée fait construire avec les matériaux du château détruit une nouvelle demeure.Ce deuxième château se trouve à l'emplacement de la terrasse sud du château actuel.il est précédé de large avenues et de beaux massifs de verdure.Il ne reste aujourdh'ui rien de cette construction, sauf la porte d'entrée, qui sera par la suite plaquée sur la chappelle des ruines... Le petit fils d'Eutrope, Charles Thoinnet, effectue une brillante carrière politique. Il deviendra l'un des plus fidèles serviteurs de Napoléon III. Il sera conseiller général, député de Loire-inférieure, et maire de Liré de 1859 à 1870. Charles Thoinnet obtiendra le titre de comte de la Turmelière. Il épouse en 1860, Adèle Velpeau, fille unique du célèbre chirurgien Velpeau. C'est à Velpeau en effet que l'on doit la fameuse bande élastique qui porte son nom. Cette union augmente considérablement la fortune de Charles Thoinnet. Alliés à la grande bourgeoisie de la région, fréquentant la noblesse des environ, ayant de hautes relations dans le monde politique et financier de la capitale, le comte et la comtesse Thoinnet habitent l'hiver leur hôtel de la rue de Varennes à Paris, l'été leur château de Liré où ils mènent grand train de vie.
Le château actuel est construit en 1887. Il est la réplique du château de Beaumesnil en Normandie. L'édifice n'est pas encore terminé lorsque le comte Charles Thoinnet décède à Paris. Il ne vivra donc jamais dans cette demeure imposante, mais ses initiales (CTT) figurent un peu partout à l'extérieur (balcons, cheminées, portes) et à l'intérieur du château (plafonds).
Adèle Thoinnet, férue de peinture, a décoré les plafonds de l'une des salles de représentations d'angelots potelés figurant les 4 saisons.
Le comte a fait aménager les ruines du château fort en jardin. Des grottes artificielles, des cascades, des plantations en terrasse, ajoutent alors au caractère "romantique" du lieu.
Le fils unique du comte, Pierre, sera jusqu'à sa mort conseiller général d'Ancenis. Comme ses parents, il habite tantôt Paris, tantôt son château de Liré. C'est là qu'il meurt, célibataire, en 1920.
Le château et son parc seront achetés par un notable nantais. Occupée par les allemands en 1939-45 et très endommagée, la propriété est revendue après la seconde guerre mondiale à la Fédération des Amicales Laïques de Loire-Atlantique (FAL 44) qui y crée un institut spécialisé pour les enfants, devenu en 1982 l'I.R.P (institut de rééducation et de psychothérapie) Jean Baptiste Daviais, hébergeant une centaine de jeunes pensionnaires.