Entre 1987 et 1994, des groupes de travail réunissant des spécialistes de l'ISAS (ancienne agence spatiale japonaise à vocation scientifique absorbée par la suite par la JAXA) et de la NASA étudient différentes missions dont un projet de rendez-vous avec un astéroïde qui deviendra la mission NEAR Shoemaker et un projet de retour d'échantillon de comète qui deviendra la mission Stardust. En 1995 l'ISAS choisit de financer une mission de retour d'échantillon d'un astéroïde. La NASA qui doit initialement participer au projet, y renonce pour des raisons financières. La sonde spatiale japonaise doit initialement être lancée en juillet 2002 vers l'astéroïde (4660) Nérée mais une défaillance du lanceur M-V au cours d'un lancement en juillet 2000 entraine le report du tir. L'objectif initial désormais hors de portée, il est remplacé par l'astéroïde 1998 SF36 qui est rebaptisé à cette occasion du nom d'un pionnier de l'astronautique japonaise Hideo Itokawa. Après un dernier report de quelques mois pour des raisons techniques, le lancement est finalement planifié pour mai 2003. Le coût de la sonde Hayabusa est estimé à 12 milliards de yens (environ 120 millions d'euros).
La sonde Hayabusa a la forme d'un parallélépipède rectangle long et large de 1,5 mètres et haut de 1,05 mètres. La sonde japonaise qui pèse au lancement 530 kg emporte 50 kg carburant utilisé par ses moteurs chimique et 65 kg de xénon utilisé par les moteurs ioniques. Il est stabilisé sur 3 axes. Deux panneaux solaires (SCP) constitués de cellules solaires en arséniure de gallium et d'une superficie totale de 12 mètres carrés, se déploient de chaque côté de la sonde et fournissent 2,6 kW lorsque la sonde se trouve à une unité astronomique du Soleil : l'électricité produite, primordiale pour la propulsion ionique, est stockée dans des batteries rechargeables de type nickel-métal hybride (Ni-Mh) d'une capacité de 15 Ampères-heures. Une antenne parabolique à haut gain (HGA) de 1,5 mètres de diamètre occupe une des faces du satellite. Elle assure les communications en bande X avec la Terre : la puissance est de 20 Watts et le débit de 8 ko/s; elle est assistée par deux autres antennes à faible gain fixées sur d'autres faces de l'engin et fonctionnant en bande X. Les panneaux solaires comme les antennes sont fixes. Sur la face opposée à l'antenne principale, un cornet long d'un mètre et comportant à sa partie inférieure une ouverture de 40 centimètres de diamètre doit permettre la récupération des échantillons du sol de l'astéroïde.
Hayabusa est dotée de deux systèmes de propulsion :
Outre le système de prélèvement d'échantillons, plusieurs instruments scientifiques équipent la sonde dont certains sont utilisés pour la navigation.
Équipement | Description |
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Asteroid Multiband Imaging CAmera (AMICA) | Cette caméra dotée d'un objectif télescopique avec un angle de vision de 5,7° a un usage mixte (appelée ONC-T pour la navigation) : sur le plan scientifique il est utilisé pour faire de l'imagerie ainsi que des mesures de polarimétrie (4 polariseurs) et de spectroscopie (7 filtres passe-bande). |
X-Ray Fluorescence Spectrometer (XRS) | Ce spectromètre a été conçu pour étudier les rayons X émis par l'astéroïde. Il permettra d'en identifier les constituants chimiques principaux. Avec son angle de vision de 3,5° sa résolution va de 160 eV à 5,9 keV. |
Near-IR Spectrometer (NIRS) | Cet appareil fonctionne dans le proche infrarouge (longueurs d'onde de 800 à 2 500 nm). Il peut détecter les différents matériaux qui composent la surface de l'astéroïde. Avec son angle de vision de 0,1° la résolution obtenue est comprise entre 6 et 90 mètres par pixel. |
Les manœuvres à proximité de l'astéroïde nécessitent d'avoir recours à plusieurs instruments combinant optique et ondes radio :
Équipement | Description |
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Optical Navigation Camera (ONC) et Light Detection And Ranging (LIDAR) | Cet équipement a un usage mixte : pour la navigation, lors du processus d'approche de l'astéroïde, il permet de calculer une position relative à un astéroïde (ou à un corps céleste en général) en utilisant la détection et la télémétrie par la lumière avec l'altimètre laser LIDAR qui permet une précision d'un mètre à une distance de 50 mètres. |
Fan Beam Sensor (FBS) | Ce capteur de faisceau électromagnétique permet de détecter la présence d'obstacles sur le site d'atterrissage de la sonde. |
Laser Range Finder (LRF) | Durant la descente vers l'astéroïde, quatre faisceaux laser sont émis de manière légèrement oblique depuis la face tournée vers le sol. Ils permettent à la sonde de vérifier que son orientation est correcte et que le cornet utilisé pour la collecte est correctement orienté c'est à dire perpendiculaire par rapport au sol. |
Star Tracker (STT) | Cet instrument permet de déterminer avec précision l'orientation de la sonde dans l'espace, en observant et en identifiant la position des étoiles. Il permet de maintenir notamment le pointage de l'antenne de télécommunications vers la Terre. Il est composé de deux parties : une partie optique située au sommet de l'antenne parabolique et un calculateur. |
Pour atterrir sur l'astéroïde, la sonde doit faire face à de nombreuses contraintes :
Le déroulement de l'atterrissage est piloté par des logiciels de guidage et de navigation complexes et plusieurs instruments fournissent des indications sur la position de la sonde par rapport au sol. La descente se déroule en trois étapes :
Il était prévu initialement que la NASA fournisse un petit rover qui devait être déposé sur l'astéroïde afin d'en étudier la surface. Ce projet a cependant été annulé à la suite de restrictions du budget spatial américain. Un autre micro-robot appelé Minerva (acronyme de MIcro/Nano Experimental Robot Vehicle for Asteroid) a été développé par la JAXA, pour être lâché sur l'astéroïde afin d'en étudier la surface.
Il se présente sous la forme d'un hexadécagone (un polygone à 16 côtés) de 120 millimètres de diamètre pour 100 mm de haut pour une masse de seulement 591 grammes. Son alimentation électrique est assurée par plusieurs petits panneaux solaires qui couvrent sa surface. Toutes les opérations effectuées sur Itokawa doivent tenir compte de la gravité extrêmement faible régnant autour de celui-ci. Comme se mouvoir sur des roues à la surface d'un corps nécessite un minimum de gravité, un autre mode de déplacement a dû être développé. Le robot était conçu pour se déplacer en bondissant, avec une vitesse maximale de 9 cm/s. Minerva doit calculer chaque bond avec précision pour éviter, soit de « flotter » au-dessus du sol d'Itokawa, soit de se mettre en orbite autour de celui-ci.
Minerva est équipé de 3 caméras CCD, dont deux sont utilisées ensemble pour générer une représentation tridimensionnelle de la surface d'Itokawa. La mise au point se fait à une distance comprise entre 10 et 50 cm. La troisième caméra permet d'obtenir des images de cibles plus éloignées. Minerva embarque également six capteurs thermiques. La sonde Hayabusa sert de relais vers la Terre pour la transmission des données recueillies par Minerva.