Histoire de l'histoire naturelle - Définition

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XVIIIe siècle

Les progrès en biologie

Joseph Guichard Duverney (1648-1730) fait paraître au début du XVIIIe siècle plusieurs mémoires importants devant l'Académie des sciences de Paris sur les systèmes circulatoires et respiratoires de vertébrés à sang froid comme les grenouilles, les serpents, etc.

En 1720, Michael Bernhard Valentini (1657-1729) fait paraître une étude où il compare l'anatomie de différents vertébrés.

En 1734, Jacob Theodor Klein (1685-1759) fait paraître Naturalis dispositio Echinodermatum, œuvre pionnière sur les oursins.

La botanique

Sébastien Vaillant (1669-1722), botaniste français, publie post-mortem, après avoir longuement travaillé sur la reproduction des végétaux, le Botanicon Parisiense (ou Dénombrement par ordre alphabétique des plantes qui se développent aux environs de Paris) en 1727 par l'intermédiaire de Herman Boerhaave, illustré par Claude Aubriet. Cet ouvrage est l'un des premiers à décrire la flore des alentours de Paris.

Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), célèbre écrivain et scientifique allemand, publie, en 1790, un essai sur la métamorphose des plantes, Versuch die Metamorphose der Pflanzen zu erklären, dans lequel il établie une théorie générale sur la morphologie des végétaux en reconnaissant l’analogie de certaines formes comme les cotylédons, la forme des fleurs ou des feuilles. Il esquisse également une théorie de l’évolution chez les végétaux et relie la morphologie avec la phylogénie. Cette vision est très en avance sur les idées généralement tenues sur les végétaux à son époque. Il est ainsi l’un des premiers (et peut-être le premier) à employer le terme de métamorphose en botanique.

La question de la génération spontanée et l'étude des insectes

Les précurseurs

Martin Lister (v. 1638-1712) est un médecin et naturaliste britannique dont les travaux concernent de nombreuses espèces d'invertébrés, notamment parmi les mollusques et les araignées.

Anna Maria Sibylla Merian (1647-1717) occupe véritablement une place à part dans l'histoire de l'entomologie. Elle appartient à une prestigieuse famille de graveur et apprend très tôt le dessin et la peinture. Elle se passionne pour les insectes et notamment pour le phénomène de métamorphose, qui avait déjà été l'objet des observations et des illustrations de Jan Goedart (1620-1668). Elle découvre aux Pays-Bas plusieurs collections de papillons provenant des Amériques. Souhaitant les observer par elle-même, elle réalise un voyage en 1699 au Surinam. Les illustrations qu'elle réalise connaissent une grande popularité, elle s'attache à illustrer les différents stades de croissance des insectes (larvaire, nymphéal et adulte). Ses images ne sont pas accompagnées de texte, aussi son impact sur l'évolution de l'entomologie est assez réduit, elle est remarquable surtout parce qu'elle est l'une des rares femmes naturaliste de son temps.

Johann Leonhard Frisch (1666-1743) démontre que le développement d'un végétal peut être retardé par l'action de ses parasites. De 1696 à 1700, Antonio Vallisneri (1661-1730) fait paraître ses Dialoghi sopra la curiosa Origine di molti Insetti (Dialogues sur la curieuse origine de plusieurs insectes) dans La Galleria di Minerva. Il y expose ses premières expériences sur la reproduction des insectes qui, avec les observations de Francesco Redi (1626-1697) et de Marcello Malpighi (1628-1694), contribuent à démentir la croyance en la génération spontanée. Pierre Lyonnet (1708-1789) fait paraître ses premières observations sur l’anatomie des insectes en 1750 sous le nom de Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de Saule. Bien que ses dissections et ses illustrations soient remarquables, n'étant pas médecin, il manque des connaissances anatomiques et ses observations s'en ressentent parfois.

Moses Harris (1731-1785), illustrateur et entomologiste britannique, est le premier à utiliser les nervures des ailes des papillons pour leur classification.

Réaumur

L'entomologie obtient ses lettres de noblesses avec René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757). Membre de l'Académie des sciences en 1708, il conduit des expériences dans un grand nombre de sujets, les plus connus étant la mise au point d'un thermomètre et ses travaux sur la faïence. Il fait paraître, de 1734 à 1742, les six volumes des Mémoires pour servir à l'histoire des insectes. Il précise dans son introduction les raisons de sa publication :

« Nous ne sommes pas encore, à beaucoup près, arrivés au temps où l'on pourra raisonnablement entreprendre une histoire générale des insectes. Des savants de tout le pays se sont plus depuis un siècle à les étudier. L'attention qu'ils leur ont donnée nous a valu un grand nombre d'observations sûres et curieuses. Cependant, il s'en faut bien qu'il y en ait encore assez de rassemblées. Le nombre des observations nécessaires pour une histoire de tant de petits animaux passablement complète est prodigieux. »

Il fait ensuite remarquer le nombre des insectes est prodigieux. Des douze à treize mille plantes connues à son époque, il signale que chacune entretient des centaines d'espèces d'insectes différents, que ceux-ci sont la proie de prédateurs particuliers. Cette analyse écologique de la biodiversité est très en avance sur son temps. Il continue :

« L'immensité des ouvrages de la nature ne paraît mieux nulle part que dans l'innombrable multiplicité de tant d'espèces de petits animaux. »

Après avoir remarqué que la diversité des insectes est telle qu'aucun esprit ne saurait en faire le tour, il signale qu'il est surtout utile d'en connaître les principales formes. Il justifie aussi l'intérêt et l'importance de l'étude des insectes :

« Quoique nous resserrions beaucoup les bornes de l'étude de l'histoire des insectes, il est des gens qui trouveront que nous lui en laissons encore de trop étendues. Il en est de même qui regardent toutes connaissances de cette partie de l'histoire naturelle comme inutiles, qui les traitent, sans hésiter, d'amusements frivoles. »

Réaumur fait ensuite la liste des apports que peut réaliser ce qui ne se nomme pas encore l'entomologie : la cire et le miel apportés par les abeilles (miel qui était la principale source sucrée de l'époque), les colorants tirés de la cochenille, les figues dont le mûrissement dépend des insectes... Il indique aussi que la connaissance des insectes permet de les combattre.

Ses Mémoires ressemblent souvent à des monographies. Le volume IV est entièrement dédié à trois espèces de cigale. Il décrit l'anatomie externe, les organes buccales, l'oviposition, la production du stridulement, la ponte, etc. Réaumur étudie particulièrement les abeilles, qu'il baptise son cher petit peuple. Pour mieux observer le comportement des abeilles, il est le premier à concevoir une ruche comportant un système de vitre, un volet permet de protéger l'intérieur de la ruche de la lumière, Réaumur le levant uniquement pour faire ses observations.

Le XVIIIe siècle est une période l'étude des ravageurs des cultures commence à émerger. On peut citer notamment l'œuvre de l'italien Giovanni Targioni Tozzetti (1712-1783).

Les élèves et correspondants de Réaumur

  • Charles de Géer (1720-1778), Abraham Trembley (1710-1784), Lazzaro Spallanzani (1729-1799).

Charles Bonnet (1720-1793) fait paraître en 1745 ses observations sur la parthénogenèse des pucerons.

Buffon

Par ses écrits (notamment ses Histoires naturelles), le naturaliste français Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) a largement contribué à vulgariser l'histoire naturelle auprès de ses contemporains. Il a aussi été l'intendant du Jardin du roi entre 1739 et 1788.

Linné

Le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) a joué un rôle essentiel, notamment par ses descriptions de plusieurs dizaines de milliers d'espèces et l'introduction de la nomenclature binominale. Sa classification des plantes s'appuie entre autres sur les travaux de Rudolf Jakob Camerarius (1665-1721) sur la sexualité des végétaux.

L'essor de l'histoire naturelle et l'introduction du linnéisme en Europe

L'exemple de l'Autriche-Hongrie au XVIIIe siècle

Marie-Thérèse de Hongrie

L'impératrice Marie-Thérèse (1717-1780) décide de faire de l'Autriche-Hongrie l'un des foyers de la science européenne. Elle confie à son médecin personnel et protégé, Gerard van Swieten (1700-1772), d'origine néerlandaise, le soin d'organiser non seulement le service de santé du pays mais aussi l'université. Plusieurs naturalistes étrangers sont alors invités à venir travailler dans le pays. La figure marquante de ses émigrés est le naturaliste Nikolaus Joseph von Jacquin (1727-1817), également d'origine hollandaise, élève de Adriaan van Royen (1704-1779) et de Bernard de Jussieu (1699-1777). Il sera l'un des chefs de file de la diffusion du système linnéen. Il faut aussi évoquer la figure du Français d'origine, mais autrichien d'adoption Belsazar Hacquet (1739-1815), qui parcourt l'empire et réalise de très importantes observations tant sur les peuples que sur la géologie ou l'histoire naturelle. Les pays appartenant à la couronne contribuent aussi à l'essor scientifique du pays comme Giovanni Antonio Scopoli (1723-1788), qui bien qu'italien de culture va jouer un grand rôle dans la diffusion du linnéisme, ou le Hongrois József Jakab Winterl (1739-1809). Mais ce tour d'horizon ne serait pas complet si l'on n'évoquait quelques personnalités purement autrichiennes, au sens moderne, comme Franz Xaver von Wulfen (1728-1805) ou Heinrich Johann Nepomuk von Crantz (1722-1797).

L'exemple de la Russie et l'œuvre de P.S. Pallas

Reise durch verschiedene Provinzen des Rußischen Reichs (1771) de P.S. Pallas.

La plupart des contributeurs à la science russe sont d'origine étrangère et viennent principalement d'Allemagne. Les voyages de ces naturalistes en Asie centrale, en Sibérie, dans le Caucase ou en Crimée font découvrir la faune et la flore de ses immenses régions. On peut citer les noms suivant : Johann Peter Falck (1727-1774), Johann Gottlieb Georgi (1729-1802), Ivan Lepekhin (1740-1802), Johann Anton Güldenstädt (1745-1781), Samuel Gottlieb Gmelin (1744-1774) . On peut ajouter au siècle suivant : Alexander von Bunge (1803-1890), Friedrich Ernst Ludwig von Fischer (1782-1854), Karl Friedrich von Ledebour (1785-1851), Friedrich August Marschall von Bieberstein (1768-1826), Carl Anton Andreevic von Meyer (1795-1855), Friedrich August Marschall von Bieberstein (1768-1826), Christian von Steven (1781-1863), Édouard Ménétries (1802-1861)... Le premier voyage russe autour du monde, 1803-1808, compte un naturaliste allemand, Wilhelm Gottlieb von Tilesius von Tilenau (1769-1857).

Parmi ceux-ci, il faut faire une place particulière à Peter Simon Pallas (1741-1811). Après un long voyage en Asie centrale, de 1768 à 1774, Pallas revient à Saint-Pétersbourg où il occupe une place centrale à l'Académie royale des sciences de Saint Pétersbourg, notamment parce que c'est un proche de l'impératrice Catherine II (1729-1796). Outre la publication des comptes rendus des voyages et l'analyse des spécimens récoltés, on lui doit une sorte de synthèse entre le système de Linné et l'approche de Buffon. Il fait figure de novateur par l'étude des variations géographiques. Pour lui, les espèces ne sont pas fixées définitivement, elles peuvent voir leur apparence évoluer notamment sous l'action des facteurs climatiques.

La fondation du Muséum national d'histoire naturelle de Paris

Le Muséum national d'histoire naturelle est un établissement d'enseignement et de recherche institué sous la Révolution française par un décret du 10 juin 1793. Il est créé en réorganisant l'ancien Jardin du roi, un jardin botanique fondé à Paris en 1635 et dont Buffon avait été l'intendant de 1739 à 1788.

La naissance de l'histoire naturelle nord-américaine

John Bartram (1699-1777) est un botaniste autodidacte surtout connu pour avoir collecté un grand nombre d'espèces végétales nouvelles en voyageant à travers l'Amérique du Nord. Il est aussi le fondateur du plus ancien jardin botanique de ce qui allait devenir les États-Unis.

Les voyages scientifiques

  • La mesure de l'arc du méridien par l'Académie des sciences donne lieu, entre 1735 et 1737, à l'organisation de deux expéditions scientifiques en Laponie et au Pérou. Le botaniste Joseph de Jussieu (1704-1779) participe à l'expédition menée au Pérou.
  • Le double transit de Vénus de 1761 et 1767 est l'occasion d'organiser de grands voyages autour du monde. Parmi ceux-ci, le premier voyage commandé par James Cook (1728-1779) à bord de l'Endeavour. Plusieurs naturalistes y participent comme Sir Joseph Banks (1743-1820) ou Daniel Solander (1733-1782).
  • Linné envoie ses apôtres dans le monde entier pour y étudier la flore, notamment Pehr Kalm (1716-1779) en Amérique du Nord, Fredric Hasselquist (1722-1752) en Égypte et en Palestine, Andreas Berlin (1746-1773) en Afrique, Pehr Forsskål (1732-1763) au Moyen-Orient, Pehr Löfling (1729-1756) au Venezuela, Pehr Osbeck (1723-1805) et Olof Torén (1718-1753) en Chine et en Asie du Sud-Est et Carl Peter Thunberg (1743-1828) au Japon.
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