Pour discuter les conséquences d'une attaque, il faut discuter deux points principaux :
Sans avoir d'expérience du phénomène, ces conséquences sont très difficiles à prévoir. Plusieurs analyses prédisent que les EEI n'auront pas d'effets délétères sur beaucoup de victimes .
Les effets d'une contamination radioactive accidentelle ont été rapportés à plusieurs reprises. Un exemple est l'accident survenu à Goiânia, au Brésil, entre septembre 1987 et mars 1988 : deux ferrailleurs pénètrent dans une clinique de radiothérapie abandonnée, et en retirent une capsule source contenant du césium 137 de 50 térabecquerels. Ils la rapportent chez l'un des hommes pour la démonter et la vendre à la ferraille. Plus tard le même jour, les deux hommes montrent des signes d'irradiation aiguë, par des vomissements, et un des deux présente un gonflement d'une main, et une diarrhée.
Quelques jours après, un des hommes perce la fenêtre épaisse de 1 mm de la capsule, permettant ainsi à la poudre de sortir. Quand il réalise que la poudre brille en bleu dans le noir, il la rapporte chez lui pour la montrer à sa famille et à ses amis. Au bout de deux semaines de dispersion, de contamination par contact provoquant des malaises croissants, le diagnostic correct de syndrome d'irradiation aiguë est posé à l'hôpital, et les précautions adaptées sont mises en œuvre. A ce moment, 249 personnes ont été contaminées, 151 présentent des contaminations externes et internes, 20 en deviennent sérieusement malades, et 5 en décèdent .
L'accident de Goiânia montre
Ceci renforce l'inquiétude au sujet de terroristes utilisant de fines poussières de matériaux radioactifs alpha, qui posent un élevé à l'inhalation .
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la crainte d'attaque par des groupes terroristes avec des EEI a considérablement augmenté, ce qui a été souvent rapporté dans les médias. Le mot « terroriste » est ici employé conformément à la définition du Département de la Défense des États-Unis : « L'usage calculé de violence illégale, ou de menace de violence illégale, en vue de provoquer la peur ; dans le but de contraindre ou d'intimider les gouvernements ou les sociétés, pour des objectifs de nature généralement politique, religieuse ou idéologique ».
Les experts et les politiques mettent en garde contre le risque d'utilisation d'EEI par les terroristes, bien qu'aucun n'ait encore été en date de 2008. Malgré les craintes croissantes d'une attaque à l'EEI, il est très difficile d'estimer si le risque réel d'un tel événement a augmenté significativement.
Le concept d'EEI est en 2008 spéculatif et discuté par les forces de sécurité et les médias. Les discussions ne sont fondées que sur la statistique, les hypothèses d'experts et quelques scénarios comparables.
Une organisation terroriste qui veut construire et utiliser un EEI doit d'abord se procurer les matériaux radioactifs, en les volant, ou en les achetant par des voies légales ou non. Ces matériaux peuvent provenir des millions de sources radioactives des utilisées dans le monde pour l'industrie, les traitements médicaux et les applications de recherche .
L'autorité de sûreté nucléaire américaine estime que rien qu'aux États-Unis, environ une source disparaît par jour, par perte, abandon ou vol. L'estimation pour l'Union européenne est d'environ 70 par an . Il existe donc des milliers de telles sources « orphelines » dispersées dans le monde, mais parmi celles dénombrées comme perdues, pas plus d'environ 20 % peuvent être considérées comme un souci de sécurité sérieux pour l'usage en EEI.
C'est surtout la Russie qui est considérée comme hébergeant des milliers de sources orphelines, perdues lors de l'effondrement de l'URSS. Un nombre élevé, mais inconnu, de ces sources tombent dans la catégorie à haut risque pour la sécurité. En particulier il faut compter les sources bêta très puissantes de strontium 90 utilisées comme générateurs thermoélectriques de puissance pour les phares dans les régions isolées .
En décembre 2001, trois bûcherons géorgiens tombèrent sur ce genre de générateur, et le ramenèrent à leur campement pour l'utiliser à se chauffer. En quelques heures, il furent victimes du syndrome d'irradiation aiguë, et allèrent à l'hôpital pour se faire soigner. L'AIEA déclara plus tard que le générateur contenait une quantité de strontium équivalente à la quantité de radiation relâchée immédiatement après l'accident de Tchernobyl.
Malgré la crainte croissante de l'utilisation par des terroristes d'EEI avec des matériaux acquis au marché noir , et bien qu'il y ait eu un accroissement constant du trafic illicite de sources radioactives de 1996 à 2004, les faits avérés de trafic se rapportent principalement à des sources orphelines, sans signe d'activité criminelle, et on a soutenu qu'il n'y avait aucune preuve d'un tel marché . Outre les obstacles à l'obtention des matériaux radioactifs utilisables, il y a plusieurs conditions contradictoires que les terroristes doivent prendre en compte :
Un exemple extrême serait le cas où une organisation terroriste possèderait une source très fortement radioactive, par exemple, un au strontium 90, possédant la capacité intrinsèque de créer un incident comparable à l'accident de Tchernobyl. Bien que le scénario conduisant à l'explosion d'un EEI utilisant une telle source paraisse terrifiant, il est clair qu'il serait difficile d'assember l'engin et de le transporter sans irradiation grave, et mort possible des conjurés. Un blindage efficace de la source la rendrait de fait pratiquement impossible à transporter, et diminuerait considérablement son rendement à l'explosion.
C'est sans doute à cause des trois contraintes mentionnées ci-dessus pour réaliser effectivement des EEI qu'ils doivent être considérés comme des armes « high-tech », ce qui explique probablement pourquoi ils n'ont pas été utilisés jusqu'à présent.
Malgré tout, on a noté plusieurs essais de la part de groupes militants pour se procurer des matériaux radioactifs, éventuellement dans le but de fabriquer des EEI, mais aucun n'a abouti à une explosion. La littérature américaine se focalise surtout sur les tentatives, réelles ou supposées, rattachées à Al-Qaida, en raison du traumatisme des attentats du 11 septembre 2001
Les traités internationaux concernant l'utilisation des armes atomiques ne s'appliquent pas aux EEI.
Bien que pour la majorité des personnes présentes lors d'une attaque à l'EEI radiologique, les risques sanitaires (par exemple l'accroissement de probabilité d'avoir un cancer plus tard en raison de l'exposition aux rayonnements) soient très limité, et comparables à ceux correspondant à fumer 5 paquets de cigarettes, ou de manger de la crème glacée tous les jours, la crainte des radiations est parfois irrationnelle, même pour une exposition minime. Beaucoup de gens perçoivent l'irradiation comme spécialement dangereuse, parce que c'est un facteur qu'ils ne peuvent ni voir ni sentir, et c'est donc une source de dangers inconnus. Le traitement de la panique peut s'avérer la plus épineuse des questions dans le cas d'une attaque à l'EEI.
Les autorités, les scientifiques et les médias devraient informer le public du danger réel afin de réduire les effets psychologiques et économiques.
Cependant, les affirmations des autorités peuvent contribuer sans nécessité à cette psychose : quand le ministre de la justice américain (Attorney General), le 10 juin 2002, annonce l'arrestation de José Padilla, soupçonné de vouloir faire ce genre d'attaque, il dit « [une] "bombe sale" radioactive (...) disperse de la matière radioactive, qui est hautement toxique pour les humains, et peut provoquer des morts et des malades en masse ».
Cette crainte du public devant les radiations joue aussi un grand rôle pour expliquer pourquoi le coût d'une attaque d'EEI sur une grande zone métropolitaine (comme le bas de Manhattan) pourrait atteindre ou dépasser celui des attentats du 11 septembre 2001. En supposant que les niveaux de radiation ne sont pas trop élevés, et que la zone ne doive pas être abandonnée comme la ville de Pripiat près du réacteur de Tchernobyl, une procédure onéreuse et longue de décontamination commencera. Elle consistera principalement en démolir les immeubles fortement contaminés, enlever le sol contaminé, et appliquer rapidement des substances collantes sur les surfaces restantes, pour coller les particules radioactives avant qu'elles ne pénètrent dans les matériaux de construction .
Ces procédures représentent les connaissances à jour sur l'art de la décontamination, mais quelques experts jugent qu'un nettoyage des surfaces externes en zone urbaine jusqu'au niveau considéré comme admissible n'est peut-être pas faisable techniquement. En tous cas, la perte de temps de travail sera considérable pendant la période de nettoyage, mais même après la fin des procédures et la réduction du niveau de radiation à un niveau acceptable, il peut rester une crainte résiduelle dans le public par rapport au site, y compris un refus possible d'aller y travailler comme d'habitude. L'activité touristique ne reprendra probablement jamais.
Le thème est abordé début juin 2006 dans les médias, après que le 2 juin à Londres, 250 policiers attaquent une maison où l'on soupçonne une « bombe sale » chimique. L'avertissement vient d'un informateur des services de renseignements internes britanniques MI5. Peu auparavant, sur informations, des journaux ont averti les services de sécurité de s'attendre à une attaque imminente. Pourtant aucun engin n'est trouvé dans la maison. Les médias commentent le fait sous le nom de « bourde de Forest Gate ».
Pour le mondial de football en juin/juillet 2006 en Allemagne, militaires, pompiers et aides techniques sont entraînés à de telles attaques, afin de pouvoir secourir effectivement des victimes d'EEI NRBC.
A l'automne 2006, l'existence possible d'EEI radiologiques aux mains des terroristes est à nouveau évoquée en Angleterre. Les conséquences d'une attaque sont dramatisées : « Quelques experts pensent ..., que plusieurs kilomètres carrés d'une ville attaquée deviendront inhabitables pour des décennies, et il qu'il faudra s'attendre à de multiples décès par cancer, outre les victimes immédiates ».
En septembre 2007, le ministre de l'intérieur allemand Schäuble avertit à nouveau du risque, car « il n'est plus question de comment, mais seulement de quand on arrivera à une attaque avec des matières nucléaires ». Il y a de vives réactions de la part du SPD, parti de la coalition. Schäuble précise alors « qu'il n'y a pas d'indication concrète sur un plan d'attaque avec de tels EEI » « bien que ce soit la crainte de tous les experts ». Les Verts exigent alors la démission du ministre, au motif qu'il « ne fait rien pour combattre les peurs, ... ce qui est pourtant de son ressort ». Le FDP et la Gauche le critiquent également ouvertement.