Château de Chenonceau - Définition

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Introduction

Château de Chenonceau
Château de Chenonceau

Période ou style
Architecte Philibert Delorme
Début construction XVe siècle
Propriétaire actuel famille Menier
Protection Classé MH (1840)
Site Internet www.chenonceau.com/

Latitude
Longitude
47° 19′ 29″ Nord
       1° 04′ 13″ Est
/ 47.3247, 1.0703
  
Pays France  France
Région historique Touraine
Région Centre
Département Indre-et-Loire
Commune française Chenonceaux
 
Château de Chenonceau

Le château de Chenonceau est situé dans la commune de Chenonceaux en Indre-et-Loire (France). Il fait partie des châteaux communément appelés les châteaux de la Loire.

Château meublé, décoré de rares tapisseries et peintures anciennes, fleuri à chaque saison, c'est le monument historique privé le plus visité de France, serti de plusieurs jardins d'agrément, un parc et un domaine viticole.

La gare de Chenonceaux a été déplacée pour permettre un accès plus rapide au château, offrant ainsi une desserte attractive depuis Tours et Vierzon.


Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840.

Histoire

Le château de Chenonceau, construit sur le Cher en Touraine (région Centre, France). Ce château de la Loire fut bâti par Thomas Bohier et son épouse Katherine Briçonnet, mais c’est à Catherine de Médicis que l’on doit les galeries sur la rivière
Plan du logis par Jacques Androuet du Cerceau

Famille Marques

Le premier château édifié à Chenonceau remonte au XIIIe siècle, ainsi qu’un moulin fortifié datant de 1230, date à laquelle il est aux mains de la famille Marques. Le pont n'existe pas encore, et ne sera construit que bien plus tard. Ainsi, l'aspect stratégique du premier château ne réside pas dans un quelconque contrôle du passage d'une rive à l'autre, mais davantage dans une gestion du trafic fluvial sur le Cher, entre la Sologne et le Berry d'un côté, et la Touraine et l'Anjou de l'autre. Le fleuve est alors largement utilisé dans le transport de bois, de matériaux de construction, de sel, de vin, et de fourrage. Il subit les dévastations de la guerre de Cent Ans, époque durant laquelle Jean Marques se dresse contre le dauphin (futur Charles VII de France) et livre Chenonceau aux troupes anglaises. Chenonceau est reprise par les français en 1411, grâce à la victoire de Boucicaut dans les prés de Vestin. Le château est alors brûlé et rasé, ainsi que le château des Houdes, lui aussi propriété de la famille Marques.

Plus tard, Jean II Marques sollicite Charles VII dans le but de reconstruire un château sur le domaine. L’autorisation lui est donnée par lettres patentes en 1432. Le château est alors reconstruit à un autre emplacement, et présente une architecture nouvelle : appuyé au Cher, il délimite un espace presque carré (de 50 x 55m), terrassé et maçonné, entouré sur trois côtés de fossés d’eaux vives, le Cher terminant d’isoler le bâtiment. Il est cantonné aux angles de quatre tours rondes, les bases baignant dans les douves, munies de courtines, entre lesquelles se dressent les corps de logis, interrompus par les fortifications de la porte d’entrée. De ce château féodal ne subsiste de nos jours que la tour sud-ouest connue sous le nom de « tour des Marques ». Derrière le château, sur les rives du Cher, est bâti un moulin sur deux piles de pierre.

Thomas Bohier

L’un des successeurs de Jean II, Pierre Marques, épouse Martine Bérart, fille d’un trésorier de France et maître d’hôtel de Louis XI. Une mauvaise gestion du domaine, entrainant la famille dans de graves difficultés financières, contraint cependant à la vente du fief, dont Thomas Bohier, bourgeois de Tours récemment anobli, se porte acquéreur. Les Marques se retirent ainsi au manoir du Couldray, à Saint-Martin-le-Beau. En 1499, Guillaume Marques, frère de Pierre, revendique le domaine en invoquant la clause de retrait lignager, et engage des procédures en vue de récupérer le domaine. À son décès, sa fille Catherine Marques reprend le flambeau, et obtient en partie satisfaction, forçant Thomas Bohier à loger au château des Houdes, où il avait fait construire un logis. Catherine épouse François Fumée (le fils d’Adam Fumée), seigneur des Fourneaux. Elle engage de nouvelles procédures en vue d’acquérir également les Houdes, afin que l’ensemble des anciennes terres de la famille lui revienne. Au terme d’une difficile bataille judiciaire, le 8 février 1513 voit la confiscation de la seigneurie de Chenonceau et son adjudication au baillage de Tours. Catherine et François sont contraints de déménager au manoir des Fourneaux. Thomas Bohier peut ainsi librement prendre possession du domaine le 10 février (le dernier versement se porte à hauteur de 12 500 livres). Le 17 février, à Blois, il rend hommage à Louis XII, représenté pour l’occasion par l’évêque de Paris Étienne Poncher.

Thomas Bohier est un homme d’état influent et un financier habile. Notaire et secrétaire du roi en 1491, chambellan de Charles VIII, maître des comptes à Paris, il devient général des finances en Normandie. Il épouse Catherine Briçonnet, elle aussi issue d’une riche famille provinciale qui s’est enrichie en gravissant peu à peu les échelons menant aux charges les plus importantes de l’État. Thomas Bohier sert également dans l’administration de Louis XII et de François Ier. Il avait pour devise : « S'il vient à point m'en souviendra ».

Les six fiefs ainsi acquis par Thomas Bohier sont érigés en châtellenie (dépendante de la baronnie d’Amboise), couvrant près de 1 680 ha, sur une dizaine de paroisses, en février 1514. Il rend hommage le 27 février 1515 à Reims, au jeune François Ier tout juste sacré.

Nouveaux travaux

Thomas Bohier et sa femme vont entreprendre de nombreux travaux, amorçant la transformation du domaine, et sa mue vers ce que nous observons aujourd’hui. Il rase l’ancien château des Marques. La plate forme d’origine est gardée mais ne devient qu’une esplanade d’accès au nouveau château. Ce nouveau logis est édifié sur les piles de l’ancien moulin. Des anciens bâtiments, ne restent que la tour des Marques et le puits attenant. Les travaux durent de 1513 à 1521, et sont surtout dirigés par Catherine Briçonnet, pendant les longues absences de son mari.

Thomas Bohier meurt en 1524. Sa veuve meurt deux ans après, en 1526.

À sa mort un contrôle des comptes publics met en évidence des malversations. François Ier impose alors une forte amende à ses héritiers (le roi réclame près de 190 000 livres tournois au fils de Thomas, Antoine) et confisque le domaine en 1535.

Domaine royal

Henri II l'offre à sa favorite Diane de Poitiers, jeune veuve du vieux maréchal de Brézé, duchesse de Valentinois. Elle fait aménager sur la rive droite du Cher, par dom Pacello da Mercogliano le jardin qui porte son nom et confie à son architecte ordinaire, Philibert de l'Orme ou Delorme - qui donna son nom à un célèbre type de charpente - le soin de construire un pont reliant le château à la rive gauche afin d'y créer de nouveaux jardins et d'accéder à de plus grandes chasses ; ce pont faisait partie des plans originels des Bohier.

La tombe de Louise Dupin dans la forêt de Chenonceau

À la disparition de Henri II, mortellement blessé lors d'un tournoi en 1559 par le capitaine de sa garde écossaise Gabriel Ier de Montgomery, Catherine de Médicis contraint sa rivale Diane de Poitiers, à restituer Chenonceau à la Couronne et à accepter en échange le château de Chaumont-sur-Loire, dominant la Loire, entre Blois et Amboise.

Reine-mère après les accessions successives au trône de ses fils, François II, Charles IX et Henri III, Catherine fait édifier sur le pont de Diane deux galeries superposées formant un espace de réception unique au monde, et donnant ainsi au château son aspect actuel.

Louis XIV lors de sa visite le 14 juillet 1650, offre un grand portrait d'apparat qui est exposé dans le salon Louis XIV.

L'histoire du château est marquée par les femmes qui en furent les propriétaires et les bâtisseuses, d'où son surnom de « château des Dames ». Parmi elles, Louise de Lorraine épouse de Henri III dont la chambre, au second étage, porte le deuil de son mari assassiné en 1589. Elle vécut ainsi à Chenonceau jusqu'à sa mort, et fut entourée de religieuses qui avaient élu domicile à Chenonceau, le transformant en une sorte de couvent à la mort de Catherine. Une pièce est dédiée aux filles et belles-filles de Catherine de Médicis, la "chambre des Cinq Reines (Marie Stuart, Marguerite de France (la reine Margot), Louise de Lorraine, Élisabeth d'Autriche et Élisabeth de France).

Le plan du château retenu par Catherine de Médicis, mais qui ne verra jamais le jour.

Au lendemain des fastes royaux de la Renaissance, Chenonceau retourne dans le domaine privé au fil de successions multiples et de mutations diverses.

Famille Dupin

Claude Dupin, fermier général, acheta le château en 1733 au duc de Bourbon. Sa seconde femme, Louise Dupin, y tint salon et y reçut notamment Voltaire, Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Buffon et Rousseau. C'est à Louise Dupin que l'on attribue la différence d'orthographe entre le nom de la ville (Chenonceaux) et celui du château (Chenonceau), bien qu'aucune source n'ait véritablement confirmé ce fait. Propriétaire du château pendant la Révolution française et grande amie des villageois - elle sauva la chapelle en la laissant être transformée en resserre à bois - elle voulut faire un geste pour différencier la Royauté, dont le château était un symbole fort, de la République.

En 1799, son petit-neveu René Vallet de Villeneuve, né en 1777, hérita du château qui resta dans sa famille 65 ans; à partir de 1859, l'abbé Casimir Chevalier inventoria, classa et publia les archives du domaine, irremplaçable référence documentaire aux grands travaux entrepris ensuite par Mme Pelouze.

Les comtes de Villeneuve y reçurent le duc et de la duchesse d'Orléans en 1840, celle de George Sand petite-fille de Charles-Louis Dupin de Francueil et donc sa cousine, en 1842 ou encore celle de Gustave Flaubert et de son ami Maxime Du Camp en 1847 et celle d'Abd el-Kader en 1851. De février 1863 à 1864, le château appartint à Septime de Villeneuve et à la marquise douairière de La Roche-Aymon.

Dorothée de Courlande, duchesse de Dino et nièce de Talleyrand, qui y fit halte vers 1840 en se rendant à celui de Saint-Aignan, a brièvement évoqué le château et son mobilier dans son journal.

Photographie de la façade Nord du château en 1851.

Travaux de madame Pelouze

En mai 1864, les Villeneuve, après la création de la gare de Chenonceaux, vendent le château et 136 hectares de terres pour 850 000 francs à Marguerite Pelouze, née Wilson, richissime héritière qui de 1867 à 1878 en confia la restauration à l'architecte Félix Roguet ; parmi ses grands - et ruineux - travaux figurent le rétablissement dans son état initial de la façade d'entrée modifiée par Catherine de Médicis, la seconde volée de l'escalier, plusieurs cheminées de style Renaissance et la porte de la chapelle, à la sculpture de très grande qualité.

Certaines fresques intérieures sont dues au peintre, aquarelliste et illustrateur Charles Toché (Nantes, 1851 - Paris,1916) que Paul Morand connut à Venise en 1909 :

« Personnage resté très Mac-Mahon; il continuait à peindre à fresque comme l'on peignait à Venise trois siècles auparavant (…) bel homme, il avait séduit la propriétaire de Chenonceaux, lui faisant donner des fêtes vénitiennes où erraient des gondoles amenées de la piazetta (…) il redescendait notre escalier en fredonnant quelque Ombra adorata, frisant une moustache de reître à la Roybet »

.

Le peintre, après des études d'architecture, avait séjourné cinq ans à Venise, copié les maîtres anciens et rencontré Édouard Manet. Il travailla dix ans à ces décors, et en 1887 il exposa à la galerie Georges Petit à Paris une série de cartons aquarellés de ces fresques allégoriques qui le firent connaître.

C'est au château qu'il connut Gustave Flaubert, se lia d'amitié avec lui et illustra sa Tentation de Saint-Antoine. Il exposa au Petit Palais à Paris en 1887, décora de fresques le théâtre de Nantes, ainsi - entre autres établissements parisiens - que "Le Chabanais", célèbre maison close fréquentée entre autres célébrités par le prince de Galles, futur Édouard VII, où le peintre tint table ouverte pendant un an, d'où le sobriquet de "Pubis de Chabanais" que lui donnèrent alors les élèves des Beaux-Arts.

Dans l'été 1879 Mme Pelouze reçut dans son orchestre de chambre le jeune pianiste Claude Debussy, et en 1886 Toché organisa pour Jules Grévy, président de la République de 1879 à 1887, beau-père du frère de la châtelaine - et son probable amant - « une fête de nuit sur le Cher, avec reconstitution du Bucentaure entouré de gondoles » (Paul Morand, op.cit.) - dont témoigne encore une Allégorie du Cher où figure un gondolier (tapisserie de Neuilly, fin XIXe siècle) exposée dans le vestibule du deuxième étage du château.

Son frère Daniel Wilson (1840-1919), député radical d'Indre-et-Loire en 1869 et 1871, puis député de Loches (1876-1889), y reçut l'opposition républicaine locale; en octobre 1881 s'y déroula la réception de son mariage avec Alice Grévy. Il fut l'instigateur du "scandale des décorations" qui éclata le 7 octobre 1887 et entraîna en décembre la démission de Grévy.

Nouveaux propriétaires

L'année suivante, le domaine est saisi à la demande des créanciers et racheté par le Crédit foncier. En 1891, il est acquis par M. Terry, riche américain; le 5 avril 1913, il est mis en vente aux enchères publiques par ses héritiers pour 1 300 000 francs à l'audience des criées, où trois compétiteurs sont en lice : l'industriel Henri Menier, le fabricant de cycles Clément et l'antiquaire Guérault.

Cette vente judiciaire par adjudication le fait entrer pour 1 361 660 francs dans le patrimoine de Henri Menier (1853-1913), homme de la grande bourgeoisie industrielle, mais celui-ci meurt d'une phtisie le 7 septembre ; son frère Gaston (1854-1934) en hérite et le transmet, son fils aîné, Georges étant mort un an avant lui, à son petit-fils Antoine, disparu sans enfants en 1965.

Suite à un imbroglio juridique qui donna lieu à un procès avec l'association "La Demeure historique", légataire des parts d'Antoine, la Cour de Cassation en 1975 établit la pleine propriété du domaine aux propriétaires actuels du château.

Époque contemporaine

Pendant la Première Guerre mondiale, comme d'autres châtelains français, Gaston Menier installa au château un hôpital militaire où 2 254 soldats blessés furent soignés ; "les grandes fresques furent recouvertes d'une peinture blanche, que l'Armée imaginait plus hygiénique. Les deux galeries comptaient 120 lits, 70 dans celle du premier étage et 50 dans celle du rez-de-chaussée, où avait été aménagée une salle d'opération"

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'édifice se retrouve à cheval sur la ligne de démarcation avec un côté en zone occupée et l'autre en zone libre. En 1944 une bombe tomba à proximité de la chapelle et détruisit les vitraux d'origine, remplacés ensuite par Max Ingrand.

Le 9 novembre 1988, le prince Charles et son épouse lady Diana, pendant un séjour en France, visitent le domaine de Chenonceau. Le château fut fermé au public pour l'occasion.

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