La première partie de cet article présente plusieurs résultats mais aucune preuve. L'existence même d'un icosaèdre régulier convexe n'est pas démontrée. Une méthode simple consiste à déterminer des points, candidat à être les sommets d'un polyèdre régulier convexe. La démarche utilisée ici consiste à trouver un ensemble de points E possédant 4 propriétés qui sont vérifiées si ces points sont les sommets de l'icosaèdre :
La dernière propriété est une conséquence de la stabilité de l'icosaèdre par trois rotations d'un demi-tour et d'axes perpendiculaires deux à deux. Pour obtenir des calculs simples, il est judicieux de fixer la longueur d'une arête à 2 et de positionner celle la plus à droite, parallèle à l'axe des y. On obtient les coordonnées suivantes :
Ici φ désigne le nombre d'or, égal à 1/2.(1 + √5). Une fois les coordonnées établies, on dispose d'une preuve de l'existence d'un icosaèdre régulier convexe à 12 sommets. On peut en effet montrer que P est un polyèdre régulier à 12 sommets. Il suffit de vérifier que pour tout sommet, il existe exactement 5 arêtes contenant ce sommet, qu'elles sont de mêmes longueurs et que ces 5 arêtes définissent bien 5 triangles équilatéraux.
Ces coordonnées permettent aussi de calculer les constantes caractéristiques de l'icosaèdre, décrites dans le paragraphe précédent.
On cherche à construire l'ensemble E, de centre le vecteur nul et dont les arêtes sont de longueur 2. On choisit comme base orthonormale (e1, e2, e3), définie dans la boite déroulante précédente à la troisième proposition. Soit S1 un point de E tel que sa première coordonnée soit la plus grande possible, et soit (a, b, c) les coordonnées de S1.
On sait qu'il est possible de multiplier chaque coordonnée d'un point de E par -1 sans quitter l'ensemble, on en déduit que les quatre points (a, ±b, ±c) sont dans E. Comme ces points sont les plus à droite de E, ils sont situés sur une même face. Aucune face ne contient 4 points, on en déduit que soit b soit c est nul. Quitte à permuter e2 et e3, on peut choisir c nul. L'arête à l'extrémité de l'axe de la rotation du groupe de symétrie, dirigée par e1 possède pour extrémité S1 de coordonnées (a, b, 0) et S2 de coordonnées (a, -b, 0). Une arête a pour longueur 2, ce qui montre que b est égal à 1.
Comme il est possible de multiplier par -1 n'importe quelle coordonnée d'un sommet pour obtenir les coordonnées d'un nouveau sommet, les deux points (-a, ±1, 0) sont aussi des sommets.
Les points S1 et S2 définissent une arête partagée par deux faces du polyèdre. Soit S5 le troisième sommet de la face se trouvant dans la zone des troisièmes coordonnées positives. Le point S5 est dans le plan situé à équidistance entre S1 et S2. On en déduit que la deuxième coordonnée de S5 est nulle. Soit (f, 0, g) ces coordonnées, on obtient comme précédemment 4 nouveaux sommets de coordonnées (±f, 0, ±g). Une fois connu f et g, il ne restera plus que 4 points à trouver.
Considérons le dernier sommet d'une face contenant l'arête d'extrémité (f, 0, g) et (a, 1, 0). Sa troisième coordonnée est strictement plus petite que celle de g. La multiplication des coordonnées par ±1 donne les sommets restants. On en déduit que les points S5 et S6, de troisième coordonnée égal à g sont les deux plus hauts du polyèdre. Ils forment une arête, ce qui montre que g est égal à 1. Le carré de la norme de S5 est égal à 1 + f 2. Il est encore égal au carré de la norme de S1, c'est-à-dire 1 + a2, car il existe une sphère de centre le vecteur nul, contenant tous les points de E. Comme a et f sont choisis positifs, a est égal à f. Ceci termine la démonstration de la proposition.
La distance séparant S1 de S5 est égale à 2, ce qui donne l'équation suivante :
L'équation précédente admet une unique solution positive. Par définition, cette valeur est égale au nombre d'or.
Considérons le point S9 de deuxième coordonnée positive et troisième sommet de la face contenant l'arête [S5, S6]. Un argument de symétrie déjà utilisé montre que sa première coordonnée est nulle. Un autre argument déjà utilisé montre que sa deuxième coordonnée est maximale dans les sommets du polyèdre, ce qui montre que sa troisième coordonnée est égale à 1. Comme S9 est sur la sphère dont le carré du rayon est égal à φ2 + 1, et que sa deuxième coordonnée est positive, elle est égale à φ.
Il suffit de multiplier par -1 les différentes coordonnées de S9 pour trouver les 3 autres.
Pour être rigoureux, il est nécessaire de montrer que l'enveloppe convexe des points de E forme bien un polyèdre régulier. Le calcul direct est un peu fastidieux, le paragraphe suivant offre une preuve alternative. L'analyse des représentations d'un groupe de 60 éléments montre l'existence d'un solide de Platon à 12 sommets et contenant comme faces des triangles équilatéraux et que les 12 sommets sont situés sur une sphère. Il montre aussi l'existence de 3 rotations d'un demi-tour et d'axes orthogonaux deux à deux. Comme les 12 points de E correspondent à l'unique solution, à une rotation près, vérifiant ces propriétés si la longueur d'une arête est égale à 2, son enveloppe convexe est nécessairement un icosaèdre régulier.
Les calculs des coordonnées des sommets montrent, par homothétie de rapport a/2, si a est un réel strictement positif, que les coordonnées d'un icosaèdre régulier convexe sont, dans un repère bien choisi :
Les points de plus grandes normes de l'icosaèdre sont les sommets, le rayon rext est égal à la norme d'un sommet et :
Les points de plus petites normes de la surface de l'icosaèdre sont les milieux des faces. Le point M de coordonnées données par les calculs suivant est le milieu d'une face :
Un calcul de la norme de M permet de finaliser la détermination :
L'arête du cube circonscrit possède une longueur égale à la distance entre deux centres d'arêtes opposées de l'icosaèdre. Le point de coordonnées (a.φ/2, 0, 0) est le centre d'une arête. Le centre de l'arête opposée a pour coordonnées (-a.φ/2, 0, 0), ce qui permet d'en déduire le résultat.
Une face est un triangle équilatéral de côté a. Sa hauteur est donnée par l'application du théorème de Pythagore, on trouve √3.a/2. Sa surface est le produit de la moitié de la longueur d'un côté par la hauteur, on trouve √3.a2/4. La surface du polyèdre est composé de 20 faces, ce qui permet de trouver le résultat.
L'icosaèdre se décompose en 20 cônes de sommet le centre du solide et de base une face de surface Sf. On en déduit la formule, si d désigne la distance entre le centre du solide et celui d'une face :
Le rayon de la sphère circonscrite est égal à rext, une valeur déjà calculée. On en déduit le volume Vs de la sphère :
La connaissance du volume de l'icosaèdre permet de finir le calcul :
Cette question est traitée dans l'article Isopérimétrie.
La loi de composition des isométries d'un espace euclidien de dimension 3 confère à l'ensemble de ces applications une structure de groupe. Les isométries laissant globalement invariant l'icosaèdre est un sous-groupe, d'ordre 120, dénommé groupe de symétrie de l'icosaèdre. Ce groupe contient lui-même un sous-groupe, composé des rotations, il est dénommé groupe de symétrie propre. Il contient 60 éléments et sa structure est connue. Elle est une copie d'un sous-groupe du groupe des permutations d'un ensemble de 5 éléments. Cette structure de 60 éléments est constitué par toutes les permutations qui s'obtiennent en combinant des permutations qui bougent 3 éléments et en laissent 2 stables, elle porte le nom de groupe alterné de degré 5. L'existence d'une telle structure permet d'étudier l'icosaèdre à l'aide d'une démarche usant de techniques radicalement différentes et issues de la théorie des groupes. La théorie des représentations d'un groupe fini nous indique que, en un certain sens, il n'existe qu'une manière d'incarner le groupe A5, en un ensemble de 60 rotations d'un espace euclidien de dimension 3 (les démonstrations sont données dans l'article groupe alterné). On peut, à l'aide de cette théorie, démontrer rigoureusement l'existence d'un solide de Platon, contenant 12 sommets, 30 arêtes et 20 faces, globalement invariant par un groupe de rotations, copie du groupe alterné de degré 5. Les faces de ce polyèdre sont des triangles équilatéraux.
Le groupe de symétrie complet est isomorphe au produit direct du groupe alterné par le groupe cyclique d'ordre 2, qui forme bien un groupe d'ordre 120.
L'article groupe alterné montre que le groupe des rotations d'un icosaèdre est le groupe alterné de degré 5. Cette démonstration assure au passage l'existence d'un solide de Platon à 12 sommets. Il reste encore à établir le groupe de symétrie, c'est-à-dire celui contenant non seulement les isométries directes, ou encore de déterminant égal à 1, mais toutes les isométries. Pour déterminer ce groupe, trois lemmes sont utiles :
Si le groupe de symétrie contient une isométrie de déterminant égal à -1, deux cas se présentent. Soit il existe une isométrie de déterminant égal à -1 qui commutent avec tous les éléments de H, alors le groupe symétrique G est le produit direct de H et d'un groupe cyclique d'ordre 2, soit un tel élément n'existe pas et G est le produit semi-direct des deux groupes précédents. Une seule partie de cette propriété nous intéresse ici.
Il ne reste plus qu'à trouver l'isométrie de déterminant égal à -1, qui commute avec tous les éléments de A5 et qui laisse invariant l'icosaèdre. On démontre ici un lemme un peu plus puissant, aussi utile pour le paragraphe suivant. On appelle e1 un vecteur de norme 1 situé dans l'axe d'une rotation ρ1 d'un demi-tour. Cette rotation est choisie dans le groupe des rotations de l'icosaèdre. Une rotation d'un demi-tour est une rotation involutive. Le groupe alterné d'ordre 5 contient de telles involutions, elles sont toutes de la forme (ab)(cd), où a, b, c et d sont quatre éléments distincts pris dans l'ensemble {1, 2, 3, 4, 5}. Pour les notations, voir Groupe symétrique.
Cette propriété peut se démontrer en établissant que les coordonnées du paragraphe précédent définissent bien un icosaèdre. Il est aussi possible de procéder directement avec des techniques issues de la théorie des groupes.
Une fois les trois lemmes établis, il devient aisé de démontrer la proposition de la boite déroulante. Il suffit de montrer que l'homothétie de rapport -1 est élément du groupe de symétrie.