Jean Houzeau de Lehaie - Définition

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Contribution à la diffusion des bambous en Europe et en Afrique

Le bambou et la pâte à papier

Perspectives agronomiques

L'étude des orchidées

Ses expériences de culture des orchidées tropicales

Avant que Jean Houzeau ne se passionne pour l'étude et la culture des bambous, d'autres végétaux le captivent pour leur beauté, leurs interactions avec le monde des insectes et celui des champignons : il s'agit des orchidées. Ce goût a pris corps avec la mise en place de serres chauffées dans la propriété parentale de Hyon puis à l'Ermitage. A cette phase d'expérimentation essentiellement avec des orchidées tropicales a succédé une observation minutieuse des orchidées de Belgique, en France, en Italie principalement. En 1977, Carl von Linné connaissait 105 espèces réparties dans 8 genres. John Lindley "père de l'orchidologie moderne", auteur d'une nouvelle nomenclature, avait répertorié 1980 espèces entre 1830 et 1840, époque où il élabora une nouvelle classification. En 1885, date à laquelle Jean Houzeau pris un intérêt croissant pour l'observation et la culture des orchidées, 6000 espèces étaient décrites et réparties dans 350 genres. A la fin de la vie de Jean Houzeau la famille des orchidées comprenaient 15000 espèces naturelles et pratique autant de variétés, hybrides et cultivar. La contribution de la connaissance botanique des orchidées s'inscrit dans ce mouvement d'étude et d'engouement pour cette plante terrestre ou epiphytes.

Jean Jules Linden
Cattleya clymene

Dès que Jean fut assez fort pour retourner la terre ses parents lui délimitèrent un petit jardin dans leur propriété de Hyon. Il obtint d'eux en 1877 ou 1878 la construction d'une orangerie et d'une serre froide. Celle-ci fut rapidement comble à une époque où son père le mis en relation avec un érudit et botaniste montois Paul Émile de Puydt auteur notamment de traités sur les cultures en serres et d'un ouvrage de référence sur les orchidées. Jean eut ,à de maintes reprises, l'occasion de rendre visite à Emile de Puydt qui pratiquait aussi la culture des orchidées exotiques depuis 1840. L'enchantement devant les opulentes floraisons allait de pair avec l'initiation à la culture spéciale des orchidées. Bien plus, Emile de Puydt lui fit cadeau de multiplications de divers espèces appartenant au genre Masdevallia, des antennifera et de multiples autres espèces de culture assez facile.

Cette passion ne fit qu'accroître avec la connaissance d'horticulteurs de Mons : Pourbaix père puis fils et Verlinden. En 1878, il obtint la construction d'une serre chaude qui fut divisé en 3 compartiments : froid, tempéré, chaud. Pendant vingt années, il y cultiva des centaines d'espèces d'orchidées qui lui procuraient "à foison les plus magnifiques floraisons".

Cette culture lui donna l'occasion de rencontrer de nombreux amateurs d'orchidées et de fréquenter les plus célèbres établissements horticoles notamment réputés pour leurs orchidées. A cette époque était abonné et consultait la revue de référence "Lindenia" du célèbre explorateur et horticulteur Jean Linden à laquelle il était abonné. Jean Houzeau et son père visitaient régulièrement l'établissement de Lucien Linden, chez lequel il vit souvent Jean Linden, son père qui prospectait le Brésil et savait où envoyer les collecteurs pour approvisionner en plantes les serres de Bruxelles. Il y avait aussi à Bruxelles un importateur nommé Binot, concurrent de Linden. "Il vendait des orchidées en arrachis qu'il plaçait sur les tablettes d'une serre au Jardin botanique de Bruxelles. C'était pour Jean très instructif pour apprendre comment ces plantes se présentent dans la nature, en épiphytes sur les arbres." Toutefois il comprit bien mieux et complètement lorsqu'il put ultérieurement les observer par millions en très nombreuses espèces dans les forêts tropicales africaines.

A Gand, Jules de Cock vendait aux enchères des orchidées en arrachis durant leur saison de repos. Leurs provenances étaient beaucoup plus variées que chez Binot : Asie tropicale, Amérique Centrale et Amérique du sud. La clientèle était belge, française, hollandaise, anglaise et allemande. Jean Houzeau était enthousiasmé à l'idée de trouver dans les touffes d'orchidées les plus volumineuses d'autres épiphytes tels que des Peperomia, des fougères, des sélaginelles, des jeunes Aroideae, des mousses, des lichens et même des insectes vivants !

Son père le mis en relation avec un ancien ingénieur de l'Ecole des Mines de Mons qui dirigeait le service des eaux à Caracas (Vénézuela. Ce dernier mis Jean Houzeau avec un jardinier qui des plantes d'orchidées en arrachis. Ainsi pour 1 fr il put se procurer des plans de Cattleya. Cattleya mossiae était pour lui la plus belle espèce du plus beau genre d'orchidées de l'Amérique tropicale.

Il eut ainsi en 2 ou 3 ans, plus de 200 plantes de Cattleya représentée par environ 150 variétés.

En 1880 il avait acquis toutes les techniques de culture des orchidées et ses notes relatent avec beaucoup de précisions l'empotage et le bassinage des orchidées épiphytes tropicales. Ses parents s'intéressaient beaucoup à ses cultures. Il recevait des conseils de sa mère Mélanie qui avait vécu trois ans au Surinam et qui se souvenait avoir accompagné des esclaves noirs qui allaient en forêt près de Fort Amsterdam faire des récoltes de gousses de vanille et lui avaient cueilli des touffes de Sophronitis Grandiflora. Il put se procurer aussi des exemplaires de ces belles Cattleya. Il résulta de ses succès en culture florale qu'Auguste, son père, consentit à des constructions successives de serres à l'Ermitage. Jean disposait en 1910, en plus de la véranda placée contre la façade Ouest du logis, de 100m² de serres chauffées distribuées en serres froides, tempérées et chaudes. L'un des compartiments tempérés avait 10 m de haut. Ses serres restituaient une véritable ambiance tropicale avec 4000 plantes en pots... sans oublier le perroquet vert amazone Coco que sa mère avait ramené du Surinam. Jean avait observé que perroquet contribuait lui aussi à augmenter le nombre des semis d'orchidée, il ouvrait les gousses de Catteleya Mossiae (orchidée de son pays) puis s'envolait, le bec couvert de débris, pour le nettoyer sur ce qui lui convenait. Tout se passa donc comme si ce perroquet était l'un des transporteurs et semeurs de Cattleya M. au Brésil ou au Vénézuela !

Ses observations sur les Orchis et Ophrys

Ophrys insectifera
Jean Houzeau considère que les Orchis et Ophrys sont les fleurs les plus étranges parce qu'elles font songer à des insectes
Ophrys insectifera L.
Ophrys apifera2.jpg

|Ophrys apiferaL'occupation allemande et les dégâts collatéraux produits par l'artillerie du Commonwealth peu de temps avant l'armistice ont mis un terme à la culture et l'observation des orchidées tropicales. De cette période dorée, il ne restent malheureusement que des photographies prises par Jean Houzeau car les nombreuses aquarelles peintes par Jean Houzeau avant 1914 ont été volées au début de la guerre. Toutefois, dès 1890 il s'était déjà intéressé aux "orchidées terrestres qui colonisent les bois, les prairies, les marais des contrées dont le climat est analogue au nôtre, ou même plus rigoureux". Ces investigations sur les orchidées indigènes ont été poursuivies de façon assidue jusqu'en 1935.

Au cours de ses observations sur l'évolution de la flore, de la faune et du sol en corrélation, il avait constaté, à son grand étonnement, l'arrivée de 10 espèces d'orchidées terrestres indigènes de Belgique sur son terrain expérimental de Saint-Symphorien et de Spiennes alors qu'il n'en avait constaté jusqu'alors que trois à proximité. Ces premières investigations ont porté sur l'origine des semis. Il fit des observations et émis des hypothèses sur les agents de propagation des graines d'orchidées (et du champignon endophyte indispensable):outre le vent mais aussi, s'agissant de grandes distances il étudia le rôle que pouvait jouer les oiseaux (via les pattes, le plumage ou le tube digestif). Puis au cours de ses excursions il commença à ou observer qie "chez la plupart des 10 espèces la variation individuelle était à peu près indéfinie au point de former des chaînes entre les espèces affines". De ses longues et méthodiques investigations il est arrivé à reconnaître que la variation de la partie aérienne des orchidées indigènes est de deux ordres :

1° La variation au sein de l'espèce, dans l'espace et dans le temps qu'il appelle variation intraspécifique ;
2° La variation chez l'individu, dans le temps : il s'agit de la variation individuelle.

Sur le premier point il observe que chez certaines espèces d'orchidées la variation est plus amples que chez les autres végétaux indigènes et aussi fréquente et ample que chez l'espèce humaine. Il n'y aurait pas, selon l'auteur, chez les espèces envisagées de lignées pures. Le démembrement en sections, sous-sections, variétés et formes comme l'on fait Acherson et Graaebner à propos de l'Orchis latifolia L. ne constituerait pas une réponse adéquate. Il a suggéré et a décrit à ce propos une méthode de systématique numérique intraspécifique.

Sur le deuxième point Jean Houzeau a aussi observé en 1925, des variations individuelles, en culture. Ainsi pour certaines espèces, notamment pour Ophrys muscifera Huds. "la variation individuelle d'une année à l'autre est aussi étendu que la variation intraspécifique".

Toutes ces observations lui ont permis de comprendre que , pour certaines espèces, la variabilité est telle, suivant les divers points de l'Europe, que les divers auteurs, parlant d'une espèce à laquelle ils ont donné une même désignation linnéenne, décrivent et figurent chacun des formes distinctes, quoique rentrant toutes dans la même espèce.

Jean Houzeau reconnaît que son propos n'a pas eu forcément d'échos. Si des auteurs "aussi pulvérisateurs" que Rouy, Fournier, Tinant, Grisebach, Reichenbach, Camus, Druce, Stephenson avaient été frappés par les multiples variations ils auraient beaucoup augmenté le nombre des formes décrites !

Outre l'intérêt purement scientifique de ses recherches Il y a aussi des implications pratiques qui résultent de la variation individuelle des organes aériens des orchidées.

Odontoglossum crispum
Orchidée épiphyte de Colombie à fleurs très variables.
Une des plus belles orchidées ...
C'est aussi la plus chère !
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Avant la Première Guerre, une importante firme bruxelloise spécialisée dans l'importation et la culture des orchidées exotiques, avait vendu un jour une magnifique variété d'Odontoglossum crispum, espèce éminemment variable. Elle l'avait vendu sur le vu d'une aquarelle la représentant. L'an suivant, la plante transportée à l'étranger, porta des fleurs moins belles. Et l'acquéreur fit un procès au célèbre établissement. Et celui-ci dut verser à l'adjudicataire une indemnité quadruple du prix de vente soit 40 000 francs-or. Il est évident que si le tribunal avait eu la preuve scientifique de la variation individuelle de Odontoglossum crispum, le responsable de cette grande firme belge d'orchidées n'aurait pas été ruiné et déshonoré.

Ses excursions à pied ou à bicyclette se développèrent, puis à partir de 1925 avec sa Ford. Il parcourut d'abord la Belgique avec Ernest Van den Broeck qui avait créé à Genval le jardin qu'il nomma "Les Roches fleuries". Puis avec le directeur du Jardin botanique expérimental Jean Massart à Auderghem et enfin avec Louis Magnel, Président de la Société Royale de Botanique de Belgique. Il gagana ensuite la Hollande, principalement dans la région de Vermeulen, puis la France grâce aux renseignements du colonel anglais Godferrey et surtout E. G. Camus "bon auteur" dans le domaine des orchidées avec lequel il avait déjà eu des relations au sujet des bambous, puis en 1931, en Italie en Espagne et au Maroc. Il amassa ainsi une somme énorme d'observations accompagnées de 1200 aquarelles de fleurs d'orchidées.

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