Rue Bialik - Définition

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Introduction

Rue Bialik
Rue Bialik
Situation
Pays Israël  Israël
Ville Tel Aviv
Morphologie
Type rue

La rue Bialik (en hébreu: רחוב ביאליק - Rehov Bialik) est une rue dans le centre historique de Tel Aviv qui regroupe un nombre important de petits immeubles de style Bauhaus des années 1930-1940.

Description

La rue Bialik débute rue Allenby et se termine par la place Bialik, à l'intersection avec les rues Idelson et Rabenu Tam.

Cette petite rue, longue d'environ trois cents mètres, a su garder une uniformité dans le style de ses immeubles. La très grande majorité des bâtiments, entièrement rénovés pour le centenaire de la naissance de Tel Aviv sont de style international des années 1930-1940, dérivé du style allemand Bauhaus, dont le leitmotiv était : "la forme suit la fonction". Il est caractérisé par des lignes claires, des angles droits et une décoration minimale, consistant principalement en des balcons saillants et occasionnellement des rebords avec arêtes pour produire une ombre affilée sur les murs inondés par le fort soleil méditerranéen.

La rue Bialik doit son nom au poète Haïm Nahman Bialik, l'un des plus grands poètes de langue hébraïque, qui vécut dans une des maisons de la rue, transformée maintenant en "musée Bialik". En 1924, lors d'une cérémonie officielle, en présence du poète lui-même, la rue est officiellement baptisée par les autorités. Centre de la vie intellectuelle et artistique dans les années 1930, beaucoup d'artistes, de professeurs et de docteurs y habitaient. Aujourd'hui, la rue, qui a gardé un charme un peu rétro, fait l'admiration des nombreux touristes attirés par ses quatre musées, le musée du peintre Rubin, le musée du poète Bialik, et les deux musées récemment inaugurés, le musée du Bauhaus et le musée de l'Histoire de Tel Aviv - Jaffa.

Place Bialik

Située à la fin de la rue Bialik, cette place est bordée du coté sud par la maison Bialik et par la maison Shlomo Yafe, du coté est par le Centre de musique Felicja Blumental et vers le nord par l'ancien bâtiment de la mairie de Tel Aviv.

Dans les années 1920, un jardin occupe le centre de la place. Celui-ci sera rapidement réduit en taille afin de faciliter le trafic hypo et automobile. En 1971, la municipalité décide de transformer l'ancien hôtel de ville en un musée historique et en même temps de réaménager son environnement.

La sculpture de Gutman:4 000 ans d'histoire

Pour la place Bialik, elle fait appel au sculpteur et peintre Nahum Gutman (1898-1980), artiste israélien né à Teleneşti, Moldavie, à l'époque partie de l'Empire russe, et dont les parents se sont installés à Odessa en 1903, avant d'émigrer en Israël en 1905. Celui-ci conçoit une sculpture composée de douze panneaux de mosaïque, située tout autour d'un petit bassin et racontant les 4 000 ans d'histoire de Tel Aviv et de Jaffa:

  1. La légende grecque d'Andromède sauvée du monstre par Persée à Jaffa.
  2. En -1482, Tsahouti, le commandant de l'armée, envoie Thoutmôsis III, pour prendre Jaffa par ruse.
  3. La forteresse de Tel Qasile, près de la rivière Yarkon, avec le port et une caravane à l'époque des rois de Juda.
  4. La bataille entre Richard Cœur de Lion et Saladin en 1191-1192.
  5. En 1799, Bonaparte visitant ses soldats malades de la peste au monastère arménien.
  6. Chabbat dans la cour juive: au début du XIXe siècle, commencement de l'émigration en provenance d'Afrique du Nord. La mosaïque représente Yehuda Margoza, rabbin de Jaffa, ainsi qu'Aharon Chellouche et les familles Matalon et Moyal.
  7. Sir Moïse et lady Judith Montefiore visitant ses plantations d'agrumes en 1855, en compagnie du consul général britannique à Jaffa Haïm Amazleg.
  8. Theodor Herzl à l'hôtel Kamenitz de Jaffa en 1898, dans le but de rencontrer l'empereur Guillaume II.
  9. Neve Tzedek, un jour de semaine. En 1887, Neve Tzedek est le premier quartier de Tel Aviv.
  10. Le port de Jaffa à la fin du XIXe siècle.
  11. Tel Aviv au début des années 1930. Le poète Bialik se promène, tandis que d'autres artistes, Nathan Alterman, Abraham Shlonsky et Eliezer Steinman, sont attablés dans un café.
  12. 14 mai 1948, Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël. David Ben Gourion s'adresse à la foule.
Détails de la sculpture de Gutman
Détails de la sculpture de Gutman

Au centre du bassin, trois grandes dalles de mosaïque: la première décrit de façon colorée l'arrivée et le déchargement des cèdres du Liban au port de Jaffa et leur transport à Jérusalem pour l'édification du Temple. La seconde représente le prophète Jonas prenant un bateau à Jaffa pour Tarsis, dans le but de fuir Dieu. La troisième représente des scènes de Tel Aviv à ses débuts.

Ces créations originales de Gutman, sont réalisées sous sa supervision dans un atelier de mosaïques de Ravenne en Italie. L'œuvre qui porte le nom de Quatre mille ans d'histoire, est inaugurée le 18 janvier 1976.

Le choix de Gutman fait l'objet d'éloges de la part de la classe politique et des artistes. Le maire de Tel Aviv de l'époque, Shlomo Lahat écrit à ce propos:

« Dans l'histoire de l'art, il existe de nombreux artistes qui s'identifient presque totalement avec leur lieu de naissance ou leur lieu de résidence. Mais il me semble qu'il n'y a aucun autre cas d'un artiste qui ait grandi ensemble avec sa ville elle-même, comme Nahum Gutman et Tel Aviv. Il n'y a pas d'autre artiste au monde, apparemment, qui ait eu le privilège d'être en relation avec une ville, depuis ses premières habitations construites sur le sable doré nu, jusqu'à son développement en une ville de plusieurs centaines, puis plusieurs milliers de résidents. »

Une nouvelle restauration et transformation de l'ancien hôtel de ville de Tel Aviv-Jaffa est prévue pour commémorer les cent ans de la Ville Blanche. En 2007, la municipalité considérant que les plaques de mosaïque cachent en partie la vue de la façade de l'ancien hôtel de ville, décide de retirer la sculpture de Gutman et de la remonter dans un autre lieu. A la place sera installé un bassin biologique, similaire à celui qui se trouvait avant la sculpture, avec des poissons rouges, des lis et une fontaine. Devant la fronde des habitants du quartier, la ville nomme un comité d'artistes et d'architectes qui suggère de descendre légèrement les dalles de mosaïque afin de permettre une vue complète du bâtiment. Mais la municipalité refuse leur proposition. Pour beaucoup, c'est une aberration:

« La rue Bialik accueille certaines des constructions architecturales les plus intéressantes et les mieux préservées de la ville, et est vue par beaucoup comme un musée à ciel ouvert présentant les divers styles de construction spécifiques à Tel Aviv. Aussi, quelle est la logique de retirer une pièce d'art qui raconte l'histoire de la ville, et qui est elle-même une pièce de l'histoire de la ville, d'une rue historique qui doit accueillir un musée de l'histoire de la ville? »
La nouvelle place Bialik en 2009, après retrait de la sculpture de Gutman. A gauche, l'ancien hôtel de ville. Au fond au centre, le Centre Felicja Blumental

L'enlèvement de la sculpture se fait en janvier 2008, contre l'avis de nombreux résidents et de la famille du sculpteur. Celle-ci doit être remontée sur le parvis d'un nouvel immeuble de bureaux, l'Afrique-Israël, situé boulevard Rothschild, une fois celui-ci terminé. Entre temps, la sculpture est mise en réserve par la ville.

En juin 2009, le journal Haaretz provoque un petit scandale en retrouvant la sculpture déposée dans un parking des bennes à ordure:

« Après avoir cherché obstinément, j'ai trouvé ces magnifiques objets d'art déposés comme des ordures, dans le parking des camions poubelle du département de la propreté de la ville, situé au coin des boulevards Derekh Hashalom et Hahaskala, et reposant contre un vulgaire mur de briques. »

Le lendemain, Eran Avrahami, directeur adjoint de la planification doit s'expliquer dans Haaretz:

« C'est la société italienne qui a créé la mosaïque qui s'est occupée de son transport jusqu'au parking et qui la remontera et la restaura à son nouvel emplacement. La mosaïque est gardée 24 heures sur 24. J'ai choisi cet emplacement parmi plusieurs qui m'ont été proposés.  »

Ancien hôtel de ville – Musée historique de Tel Aviv

L'hôtel de ville à la fin des années 1920

Situé en bordure nord de la place Bialik, avec pour adresse, 27 rue Bialik, l'ancien hôtel de ville de Tel Aviv- Jaffa, maintenant rénové et devenu le Musée historique de Tel Aviv, clôt la perspective de la rue Bialik, vue de la rue Allenby.

En 1925, Isidor et Phillip Sekura, dirigeants de la Banque américano-palestinienne, font construire un hôtel par l'architecte Moshe Tzerner. Ce bâtiment sera par la suite connu sous le nom de Maison Sekura. A la même période, la municipalité de Tel Aviv qui se trouve à l'étroit dans la Maison de la communauté, une petite structure située avenue Rothschild, en dessous du château d'eau, est à la recherche d'un nouveau bâtiment pour ses bureaux.

La municipalité décide de louer la Maison Sekura pour en faire l'hôtel de ville de Tel Aviv- Jaffa et en 1928 acquiert le bâtiment. Les services administratifs de la ville vont occuper ce bâtiment pendant quarante ans, jusqu'à la construction en 1965 de l'hôtel de ville actuel, situé place Rabin, anciennement place des rois d'Israël.

Le déménagement ne s'achève qu'en 1968. Le bâtiment est alors aménagé en Musée de l'histoire de Tel Aviv et rouvre ses portes en 1971. Après une vingtaine d'années, le bâtiment commence à se détériorer et le musée doit fermer. Les locaux sont alors utilisés pour stocker les archives de la ville. En 2002, les archives sont transférées au Musée de la Terre d'Israël à Ramat Aviv et le bâtiment passe sous l'autorité du Département de la construction pour l'amélioration de la ville avec en prévision les cérémonies du centenaire de la ville.

Quand en 2003, l'UNESCO classe la Ville blanche de Tel Aviv comme faisant partie du patrimoine mondial, le quartier Bialik en sa totalité est inclus dans la déclaration. La municipalité décide de procéder à la restauration de l'ancien hôtel de ville sous la direction des architectes Meira Kowalsky et Zvi Efrat, directeur du département architecture à l'École Bezalel, et de l'architecte d'intérieur Dan Hasson. Le nouveau Musée historique de Tel Aviv ouvre ses portes en fin 2009, à l'occasion du centenaire de la ville.

L'ancien hôtel de ville rénové. On aperçoit à l'arrière du bâtiment ancien, la Boîte noire

Le musée comprend deux parties. La première, située dans la Maison Sekura d'origine, comprend différentes pièces, restituant un Tel Aviv d'avant guerre. Sous la supervision du Dr. Doron Luria, le bureau du premier maire de Tel Aviv, Meïr Dizengoff (1861-1936), a été reconstitué en son intégralité, y compris les peintures murales qu'il avait spécialement fait peindre. La seconde partie, logée dans un bâtiment nommé la Boîte noire, accolé à l'arrière de la Maison Sekura, de forme cubique et de couleur gris anthracite, présente des collections permanentes et temporaires, un centre d'information virtuel sur le passé de la ville, une bibliothèque et plusieurs salles d'activités.

Le but de ce nouveau musée est double selon sa directrice et conservatrice en chef, Ayelet Bitan-Shlonsky:

« Nous avons deux objectifs pour ce lieu: un musée de façon à se familiariser avec Tel Aviv, son histoire et ses activités, où chaque enfant ou adulte pourra prendre connaissance de l'histoire et de l'esprit de la ville; et sa deuxième fonction d'être une maison communale. Mon intention est de créer une plateforme de participation des citoyens aux questions urbaines. Il est important pour nous, en tant que municipalité, d'être à l'écoute des idées, des désirs et des pensées des résidents sur ce qui concerne le développement de Tel Aviv.  »

En ce qui concerne le bâtiment ajouté, celui-ci a été critiqué en raison de son architecture contemporaine, accolé à un bâtiment éclectique. Kowalsky assure sa défense:

« Je ne pense pas que nous ayons fait quelque chose d'extrême. Voila un bâtiment historique qui dans le passé n'était orienté que vers la place Bialik, et nous avons voulu le prendre et lui donner une nouvelle présence et une nouvelle perspective sur la ville. Le monolithe noir est une proclamation emblématique adapté à la ville d'aujourd'hui. »

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Le centre de Musique Felicja Blumental

Centre de musique Felicja Blumental

Sur le coté nord-est de la place Bialik, est situé le Centre de musique Felicja Blumental, un bâtiment de trois étages sur rez-de-chaussée, en crépi orange:

«  La peinture orange de la façade du bâtiment, dont on aurait pu penser qu'elle perturberait la tranquillité de la place, est l'élément qui en association avec la couleur bleue du ciel et la couleur verte des arbres crée une harmonie qui inspire la paix et la sérénité à la place. »

Sur le site, la famille Shenkar, de riches industriels, ont fait bâtir, en 1931, une maison résidentielle de trois étages. Ils en feront don à la ville de Tel Aviv pour être utilisée comme centre culturel. Trop vétuste, elle est démolie en 1994. La ville confie alors à l'architecte Nili Portugali la construction d'un nouveau Centre de Musique qui prendra le nom de la célèbre pianiste Felicja Blumental, née à Varsovie (Pologne) le 28 décembre 1908, et décédée à Tel Aviv le 28 décembre 1991.

Nili Portugali est une architecte, née le 15 mars 1948 à Haïfa, diplômée de l'Architectural Association School of Architecture (A.A) de Londres en 1973, ayant complété ses études de 1979 à 1981 à l'Université de Californie à Berkeley (USA), et participé aux travaux de recherche du professeur Christopher Alexander au Centre pour la structure environnementale à Berkeley. Elle enseigne à Haïfa, à la Faculté d'architecture et de planification urbaine du Technion, la plus ancienne université technique d'Israël.

Nili Portugali a non seulement réalisé le bâtiment, mais a conçu chaque détail de l'intérieur, de la couleur de la moquette jusqu'à la forme des sièges du petit auditorium de 130 places à la sonorité acoustique exceptionnelle.

Le problème majeur pour l'architecte a été d'incorporer dans un tissu d'habitations historiques un bâtiment moderne. Portugali explique ses choix basés sur la holistique:

« Le nouveau Centre de musique construit place Bialik en 1997, est situé sur le site d'une maison résidentielle de trois étages, construite en 1931 et détruite en 1994. Ma mission a été de concevoir un nouveau bâtiment intégrant une partie reconstruite de la façade de l'ancien.

Ma conception est qu'une fois que vous démolissez un bâtiment et que vous reconstruisez juste un seul élément isolé de celui-ci, il devient un fragment sans signification, car il ne fait alors plus partie d'un tout, et en conséquence ne sert plus le but initial de préserver l'ancien. C'est pourquoi j'ai essayé de traiter la partie reconstruite comme un élément environnemental qui doit être naturellement intégré avec le nouveau bâtiment conçu pour former une entité cohérente fonctionnelle et visuelle.

L'intention était de concevoir un nouveau centre qui soit une partie intégrante de la place. »

Le bâtiment est inauguré en 1996 et est dédié à la pianiste Felicja Blumental. Il incorpore le Centre de musique et sa bibliothèque musicale. La bibliothèque a été fondée en 1951 sous le nom de AMLI (Americans for a Music Library in Israel) et comprend une importante collection de musique classique, de musique israélienne, yiddish et religieuse, de cantillations et de des chansons, formant un ensemble de plus de 18 000 enregistrements, de plus de 5 000 CD et 130 cassettes vidéo, ainsi qu'environ 85 000 livres sur la musique et une collection d'instruments de musique.

Parmi les documents les plus importants, la bibliothèque héberge les archives du violoniste Bronisław Huberman, des compositeurs Menashe Ravina et Yitzchak Edel, du compositeur et violoncelliste Joachim Stutschewsky, ainsi que de la pianiste Felicja Blumental. La collection a été enrichie par les donations faites par le luthier Moshe Weinstein et par la professeur Edith Gerson-Kiwi.

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