Internet - Définition

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Visualisation des multiples chemins à travers une portion de l'Internet.
Visualisation des multiples chemins à travers une portion de l'Internet.

Internet est le réseau informatique mondial qui rend accessibles au public des services comme le courrier électronique et le World Wide Web. Ses utilisateurs sont désignés par le néologisme " internaute ". Techniquement, Internet se définit comme le réseau public mondial utilisant le protocole de communication IP (Internet Protocol).

Internet ayant été popularisé par l'apparition du World Wide Web, les deux sont parfois confondus par le public non averti. En réalité, le web est une des applications d'Internet, comme le sont le courrier électronique, la messagerie instantanée et les systèmes de partage de fichiers poste à poste.

Par ailleurs, du point de vue de la confidentialité des communications, il importe de distinguer Internet des intranets, les réseaux privés au sein des entreprises, administrations, etc., et des extranets, interconnexions d'intranets pouvant emprunter Internet.

Terminologie

Le nom Internet vient de INTERconnected NETworks (en français : réseaux interconnectés). L'usage francophone est d'écrire le mot avec une majuscule et sans article, bien que ce ne soit pas plus un nom propre qu'une marque[1]. Ceci dit, il y a encore beaucoup de controverse sur le sujet entre les partisans d'" Internet " et de " l'internet "[2],[3],[4].

Historique

Les mémos que J.C.R. Licklider du Massachusetts Institute of Technology (MIT) écrivit en août 1962 sont les plus anciens textes décrivant les interactions sociales qui seraient possibles avec un réseau d'ordinateurs. Cela devait notamment faciliter les communications entre chercheurs du Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA). En octobre 1962, Licklider fut le premier chef du programme de recherche en informatique du DARPA. Il persuada ses successeurs Ivan Sutherland, Bob Taylor et le chercheur du MIT Lawrence G. Roberts de l'intérêt des réseaux informatiques.

En 1961, Leonard Kleinrock du MIT avait publié le premier texte théorique sur les télécommunications par paquets et en 1964 il publia le premier livre sur le sujet.

En 1965, Roberts testa avec Thomas Merrill la première connexion informatique à longue distance, entre le Massachusetts et la Californie. Le résultat montra que des ordinateurs pouvaient travailler ensemble à distance, mais que le mode de télécommunication par établissement de circuit du système téléphonique était inadapté. Le concept de communication par paquets de Kleinrock s'imposa.

En 1966, Roberts fut engagé par Taylor au DARPA pour concevoir l'ARPANET. Il publia les plans en 1967. En présentant ce texte, il découvrit deux autres groupes de chercheurs travaillant indépendamment sur le même sujet : un groupe du National Physical Laboratory (NPL) du Royaume-Uni avec Donald Davies et Roger Scantlebury, et un groupe de la RAND Corporation avec Paul Baran.

Entre 1962 et 1965, le groupe de la RAND avait étudié la transmission par paquets pour l'armée américaine. Le but était de pouvoir maintenir les télécommunications en cas d'attaque (éventuellement atomique), ce que permet une transmission par paquets dans un réseau non centralisé. Il s'agissait d'un développement indépendant d'ARPANET : bien que probablement robuste face à une telle attaque, ARPANET n'a pourtant été conçu que pour faciliter les télécommunications entre chercheurs. Le rapport de Paul Baran est resté purement théorique, et est rapidement tombé dans l'oubli. Mais le mythe d'" ARPANET comme dernier rempart à une attaque atomique " trouve là son origine.

Pendant ce temps-là, au British National Physical Laboratory, l'équipe de Donald Davies avait progressé : NPL Network, le premier réseau maillé fondé sur la transmission de datagrammes (packets) était fonctionnel. Mais l'histoire d'Internet n'a pas été écrite par les Européens : ARPANET sera désormais l'origine officielle d'Internet.

En août 1968, le DARPA accepta de financer le développement du matériel de routage des paquets d'ARPANET. Ce développement fut confié en décembre à un groupe de la firme BBN (Bolt Beranek and Newman) de Boston. Ce dernier travailla avec Robert E. Kahn (Bob Kahn) sur l'architecture du réseau. Roberts améliorait les aspects topologiques et économiques du réseau. Kleinrock préparait des systèmes de mesures du réseau.

En septembre 1969, BBN installa le premier équipement à l'université du sud de la Californie (UCLA) où travaillait Kleinrock. Le second nœud du réseau fut installé au Stanford Research Institute (SRI) où travaillait Douglas Engelbart sur un projet d'hypertexte. Deux nœuds supplémentaires furent ajoutés avec l'université de Santa Barbara et l'université de l'Utah. Fin 1969, ARPANET comptait donc quatre nœuds.

Le Network Working Group (NWG) conduit par Steve Crocker finit le protocole de communication poste-à-poste NCP en décembre 1970. Ce protocole fut adopté entre 1971 et 1972 par les sites branchés à ARPANET. Ceci permit le développement d'applications par les utilisateurs du réseau.

En 1972, Ray Tomlinson mit au point la première application importante : le courrier électronique. En octobre 1972, Kahn organisa la première démonstration à grande échelle d'ARPANET à l'International Computer Communication Conference (ICCC). C'était la première démonstration publique.

Le concept d'Internet est né d'ARPANET. L'idée était de permettre la connexion entre des réseaux divers : ARPANET, des communications avec les satellites, des communications par radio. Cette idée fut introduite par Kahn en 1972 sous le nom de Internetting. Le protocole NCP d'ARPANET ne permettait pas d'adresser des hôtes hors d'ARPANET ni de corriger d'éventuelles erreurs de transmission. Kahn décida donc de développer un nouveau protocole, qui devint finalement TCP/IP.

En parallèle, un projet inspiré par ARPANET était dirigé en France par Louis Pouzin : le projet Cyclades. De nombreuses propriétés de TCP/IP ont ainsi été développées, plus tôt, pour Cyclades. Pouzin et Kahn indiquent que TCP/IP a été inspiré par Cyclades.

En 1973, Kahn demanda à Vinton G. Cerf (Vint Cerf) (parfois appelé père d'Internet) de travailler avec lui, car Cerf connaissait les détails de mise en œuvre de NCP. Le premier document faisant référence à TCP est écrit en 1973 par Cerf : A Partial Specification of an International Transmission Protocol. La première spécification formelle de TCP date de décembre 1974, c'est le RFC 675.

La version initiale de TCP ne permettait que la communication en établissant un circuit virtuel. Cela fonctionnait bien pour le transfert de fichiers ou le travail à distance, mais n'était pas adapté à des applications comme la téléphonie par Internet. TCP fut donc séparé de IP et UDP proposé pour les transmissions sans établissement d'un circuit.

À la fin des années 1980, la NSF (National Science Foundation) qui dépend de l'administration américaine, met en place cinq centres informatiques surpuissants, auxquels les utilisateurs pouvaient se connecter, quel que soit le lieu où ils se trouvaient aux États-Unis : ARPAnet devenait ainsi accessible sur une plus grande échelle. Le système rencontra un franc succès et, après la mise à niveau importante (matériels et lignes) à la fin des années 1980, s'ouvrit au trafic commercial au début des années 1990. Le début des années 1990 marque, en fait, la naissance d'Internet tel que nous le connaissons aujourd'hui : le réseau reliant tous ces réseaux parlant le même langage, connu sous le nom de norme TCP/IP (Transmission Control Protocol / Internet Protocol) qui permet à des ordinateurs différents de communiquer aisément entre eux.

Gouvernance

Selon la définition du groupe de travail sur la gouvernance d'internet, il faut entendre par " gouvernance de l’Internet " l’élaboration et l’application par les États, le secteur privé et la société civile, dans le cadre de leurs rôles respectifs, de principes, normes, règles, procédures de prise de décisions et programmes communs propres à modeler l’évolution et l’usage de l’Internet.

Il faut noter l'importance des registres de métadonnées dans l'établissement de règles d'accès aux ressources web qui utilisent les Uniform Resource Identifier (qui peuvent être les URL qui s'affichent sur la barre de navigation de l'ordinateur personnel).

nombre d'utilisateurs par pays en 2006, (sources CIA).
nombre d'utilisateurs par pays en 2006, (sources CIA).

Le rapport du Groupe de travail sur la gouvernance de l’Internet[5] donne un ensemble de r t.

Un certain nombre d'organismes sont chargés de la gestion d'Internet, avec des attributions spécifiques. Ils participent à l'élaboration des standards techniques, l'attribution des noms de domaines, des adresses IP, etc. :

  • ICANN, sous la tutelle du ministère du Commerce américain ;
  • IETF ;
  • ISOC.

Dans un but de maintenir ou d'élargir la neutralité des réseaux, mais aussi d'engager les diverses parties globales dans un dialogue sur le sujet de la gouvernance, les Nations unies ont convoqué :

  • SMSI ;
  • Forum sur la gouvernance de l’Internet.

Au niveau régional (continents)

Dans l'Union européenne :

Voir Utilisation de l'URI pour l'accès aux ressources informatiques dans l'Union européenne

Statistiques

Selon Internet World Stats[6] on dénombre 1,32 milliard d'internautes en décembre 2007.

Aspects juridiques

Le droit de l'Internet regroupe l'ensemble des idées et concepts relatifs au droit applicable au réseau Internet.

Le droit de l'Internet est dans une problématique spéciale, puisque le réseau Internet est international, avec une gouvernance principalement privée. Toutefois, les États peuvent se prévaloir de la direction ou de la gouvernance de la partie locale/nationale du réseau internet.

C'est ainsi que des organisations comme la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) exercent une mission de contrôle des activités de l'Internet français.

Dans le même ordre d'idée, la Chine, par exemple, bloque une part importante des sites web d'ampleur internationale (Google, ou Wikipédia).

Il faut noter que la notion de ressource a évolué depuis la naissance du web, et des réflexions sont en cours sur la notion de ressource web, et notamment sur les conditions d'accès par adresse IP, par nom de domaine, et par identifiant de ressource uniforme (Uniform Resource Identifier en anglais).

Les flux d'information peuvent dans certains cas utiliser des métadonnées (auteur, titre, date...), ce qui peut poser des questions en rapport avec le droit de la propriété intellectuelle.

Technique

Internet est composé d'une multitude de réseaux répartis dans le monde entier. Chaque réseau est rattaché à une entité propre (université, fournisseur d'accès à Internet, armée) et se voit attribuer un identifiant unique appelé Autonomous System (AS). Afin de pouvoir communiquer entre eux, les réseaux s'échangent des données, soit en établissant une liaison directe, soit en se rattachant à un nœud d'échange (point de peering).

Chaque réseau est donc connecté à plusieurs autres réseaux. Lorsqu'une communication doit s'établir entre deux ordinateurs appartenant à des AS différents, il faut alors déterminer le chemin à effectuer parmi les réseaux. Aucun élément d'Internet ne connaît le réseau dans son ensemble, les données sont simplement redirigées vers un autre nœud selon des règles de routage. Environ 50 % du trafic mondial d’Internet passe par l'État de Virginie.

Des chercheurs israéliens de l'université de Bar-Ilan ont déclaré après avoir analysé les nœuds reliant l'ensemble des sites qu'Internet est un réseau méduse. Ils la définissent comme ayant un cœur dense (où se trouvent des moteurs de recherche) connectés à une multitude d'autres sites, qui ne sont reliés entre eux que par ce cœur, semblable à un maillage à structure fractale. Cette zone permet à 70% du réseau de rester connecté sans passer par le cœur. Les chercheurs indiquent donc cette zone comme piste pour désengorger le trafic, en répartissant mieux les sites de cette zone[7].

Requis

Aller sur Internet nécessite un accès IP. Pour cela, le grand public emploie matériel et logiciels suivants :

Des logiciels sont, eux, nécessaires pour exploiter Internet suivant les usages :

  • Messagerie électronique : un client SMTP et POP (ou POP3) ou IMAP (ou IMAP4)
  • Transferts de fichiers : un client ou un serveur FTP (File Transfert Protocol)
  • World Wide Web : un navigateur web

D'autres encore assurent la sécurité, par exemple :

  • Pare-feu

Protocoles

Internet fonctionne suivant un modèle en couches, calqué sur le modèle OSI. Les éléments appartenant aux mêmes couches utilisent un protocole de communication pour s'échanger des informations.

Un protocole est un ensemble de règles qui définissent un langage afin de faire communiquer plusieurs ordinateurs. Ils sont définis par des normes ouvertes, les RFC.

Chaque protocole a des indications particulières et, ensemble, ils fournissent un éventail de moyens permettant de répondre à la multiplicité et à la diversité des besoins sur Internet.

Les principaux sont les suivants :

  • IP (Internet Protocol) : protocole réseau qui définit le mode d'échange élémentaire entre les ordinateurs participants au réseau en leur donnant une adresse unique sur le réseau.
    • TCP : responsable de l'établissement de la connexion et du contrôle de la transmission. C'est un protocole de remise fiable. Il s'assure que le destinataire a bien reçu les données, au contraire d'UDP.
      • HTTP (HyperText Transfer Protocol) : protocole mis en œuvre pour le chargement des pages web.
      • HTTPS : pendant du HTTP pour la navigation en mode sécurisé.
      • FTP (File Transfer Protocol) : protocole utilisé pour le transfert de fichiers sur Internet.
      • SMTP (Simple Mail Transfer Protocol) : mode d'échange du courrier électronique en envoi.
      • POP3 (Post Office Protocol version 3) : mode d'échange du courrier électronique en réception.
      • IMAP (Internet Message Access Protocol) : un autre mode d'échange de courrier électronique.
      • IRC (Internet Relay Chat) : protocole de discussion instantanée.
      • NNTP (Network News Transfer Protocol) : protocole de transfert de message utilisé par les forums de discussion Usenet
      • SSL ou TLS : protocoles de transaction sécurisée, utilisés notamment pour le paiement sécurisé.
      • P2P (Peer to Peer) : mode d'échange de fichiers
    • UDP : permet de communiquer, de façon non fiable mais légère, par petits datagrammes.
      • DNS (Domain Name System) : système de résolution de noms Internet.
    • ICMP (Internet Control Message Protocol) : protocole de contrôle du protocole IP.

Indépendamment du transfert entre deux points, quelques protocoles sont nécessaires aussi pour que les passerelles puissent s'échanger des informations de routage. Ce sont Interior Gateway Protocol (IGP), Exterior Gateway Protocol (EGP) et Border Gateway Protocol (BGP).

La Toile comme utopie

La Toile (le World Wide Web en anglais) est sans doute la dernière utopie après la chute du communisme et partage toutes les caractéristiques propres aux utopies effectivement mises en place. D’une part, la Toile se base sur des principes abstraits et elle est guidée par un certain idéalisme, mais d’autre part, les intérêts privés ont tendance à reprendre le dessus et à combattre les principes d’origines.

La Toile est guidée par un certain idéalisme basique. Celui qu’on peut considérer comme l’inventeur de la Toile, le Britannique Sir Tim Berners-Lee, inventeur du premier navigateur, du protocole d’écriture HTTP et président du World Wide Web Consortium a en effet abandonné tous ses droits afin de permettre la rapide diffusion du protocole HTTP et de l’idée de Toile en général. En outre, il a toujours insisté sur l’idée que la Toile devait être un système non hiérarchisé où les liens se font directement par hypertexte et non par un nœud centralisant les informations. La Toile quelque part permet même la réalisation d’un vieux rêve de réorganisation de l’information selon non plus des modèles linéaires mais par hypertexte exposé pour la première fois par Vannevar Bush. Mais la Toile est aussi déterminée par d’importants intérêts privés venant du fait que l’informatique privée se développe extrêmement rapidement. La multiplication de sites commerciaux en est déjà un signe. Mais il faut bien voir que certaines entreprises ont quasiment tenté de dominer la Toile.

Toute analyse de la Toile se trouve donc au carrefour de plusieurs niveaux de lectures et d’analyse : économie, informatique, sociologie, technologie. Mais le concept-clé pour le définir reste celui d’utopie appliquée.

Notes et références

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