Abbaye Notre-Dame du Bec - Définition

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Introduction

Abbaye Notre-Dame du Bec
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
49° 13′ 57″ Nord
       0° 43′ 18″ Est
/ 49.2325, 0.721666666667
 
Pays France France
Région Haute-Normandie
Département Eure
Ville Le Bec-Hellouin
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Début de la construction 1034, puis 1039, enfin 1060 à l’emplacement actuel
Fin des travaux XVIIIe siècle par les Mauristes
Style(s) dominant(s) Régence
Protection Classé monument historique (1840, 1948 et 1963)
Localisation

 

(Voir situation sur carte : Haute-Normandie)
Abbaye Notre-Dame du Bec

 

(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Notre-Dame du Bec

L’abbaye Notre-Dame du Bec est une abbaye catholique bénédictine faisant aujourd'hui partie de la congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet et située au Bec-Hellouin, près de Brionne, dans le département de l’Eure. Elle a été fondée en 1034 par Herluin, chevalier du comte Gilbert de Brionne.

Avec l’arrivée de l’italien Lanfranc de Pavie, prieur et maître de l’école monastique, puis d’Anselme de Cantorbéry, le Bec devient l’un des principaux foyers de la vie intellectuelle du XIe siècle : le futur pape Alexandre II y étudie vers 1050 ainsi que nombre de futurs légats et évêques.

Depuis près de 1 000 ans, l’abbaye du Bec est liée par l'histoire à la cathédrale de Cantorbéry, à qui elle a donné trois archevêques.

Laissée en ruines par la Révolution, l'abbaye est classée à partir de 1840 au titre des monuments historiques, et aujourd'hui gérée par le Centre des monuments nationaux. Elle a retrouvé vie grâce aux moines bénédictins qui, depuis 1948, y perpétuent à nouveau la vie monastique, sous l'égide depuis son élection en 1996 de dom Paul-Emmanuel Clénet, 49e abbé.

L'abbaye se compose aujourd’hui de la salle capitulaire, du cloître (XVIIe siècle) et des majestueux bâtiments conventuels (XVIIIe siècle). La grande église abbatiale (XIVe siècle) ne possède plus que ses fondations (l’église actuelle se trouve dans l’ancien réfectoire). L’ensemble est dominé par la puissante tour Saint-Nicolas (XVe siècle).

Histoire de l'abbaye

Fondation

995 Naissance d'Herluin,
fondateur du Bec.
1034 Fondation du premier monastère
à Bonneville.
1042 Arrivée de Lanfranc de Pavie.
1059 Arrivée d'Anselme d'Aoste.
1063 Lanfranc est nommé abbé de
St Étienne de Caen.
1070 Lanfranc devient
archevêque de Cantorbéry.
1078 Mort d'Herluin.
Anselme élu 2e abbé du Bec.
1089 Mort de Lanfranc.
1093 Anselme nommé
archevêque de Cantorbéry.
1109 Mort d'Anselme.
1350 Début de la Guerre de Cent Ans.
1418 Pillage par les Anglais.
1450
1515
Reconstruction après
la guerre de Cent Ans.
1520 Début du régime commendataire.
1626 Réforme des Mauristes au Bec.
1644
1666
Construction du cloître.
1735 Construction du logis abbatial.
1742
1750
Reconstruction des bâtiments
conventuels.
1792 Expulsion du dernier moine
et arrêt de la vie monastique.
1802 L'armée transforme l'abbaye en
dépôt de remonte.
1809 L'ancienne abbatiale est vendue
comme carrière à pierres.
1940
1945
2e Guerre mondiale : différents corps
d'armée occupent les lieux.
1945 L'abbaye est abandonnée.
1947 Création d'une association de sauvegarde
des bâtiments subsistants.
1948 Restauration de la vie monastique.
1959 Transfert des reliques d'Herluin dans
la nouvelle église abbatiale.
1969 Dédicace de la nouvelle église abbatiale.

Contrairement à ce qui se faisait le plus souvent au XIe siècle, l'origine de la fondation de l'abbaye du Bec n'est pas une dotation de riches seigneurs normands, mais celle d'Herluin, simple chevalier sans éducation, tardivement touché par la dévotion. Propriétaire de terres à Bonneville, sur le plateau à l'ouest de la vallée du Bec, Herluin s'y retire et y bâtit un ermitage en 1034 avec l'accord du comte Gilbert de Brionne, le seigneur local et son ancien maître. Cette première donation se limite au patrimoine de son fondateur, et la charte mentionne : « Que tous ceux qui font profession de la religion chrétienne sachent que moi, Hellouin, fils d'Ansgot, en présence et de l'agrément et de l'aveu de mes frères, Eudes et Roger, avec l'approbation de Gilbert, comte, d'Albert et de Ranulphe, du consentement de Robert, comte, et de Robert, archevêque, j'ai donné à Notre-Dame le tiers de Bonneville, y compris les dépendances, Quevilly et Surcy, avec ce qui dépend de ces deux domaines, la terre de Cernay avec ses attenances, biens qu'Ansgot, mon père, a possédés pendant sa vie ; j'y ajoute la dot de ma mère qui, par la volonté expresse de mon père, m'a été donnée en entier : en présence des témoins Fulbert, prêtre, Vital Rainald et autres. »

Le 24 mars de l'année suivante, l'évêque de Lisieux le nomme abbé, à la tête du monastère soumis à la règle de saint Benoît, et consacre la chapelle dédiée à Notre-Dame.

Pendant cinq ans, Herluin et ses compagnons cultivent et défrichent les terres autour du monastère. Puis, vers 1039, ils doivent descendre dans la vallée en raison du manque d'eau sur le plateau et s'installent à Pont-Authou, à la confluence du Bec et de la Risle. Une seconde église est consacrée le 23 février 1041 par l'archevêque de Rouen Mauger. Cent trente-six moines font profession sous l'abbatiat d'Herluin.

Les possessions s'étendent notamment par une part de la forêt de Brionne, le Parc-du-Bec, grâce au soutien de Guy de Bourgogne, seigneur de Brionne après l'assassinat du comte Gilbert, et l'abbaye de Saint-Évroult, apportée par Guillaume Giroie dans laquelle Herluin restaure la vie religieuse.

L'école du Bec

Lanfranc du Bec avec, à ses pieds, son adversaire Béranger de Tours.

Le rayonnement du monastère commence à se faire sentir avec la création de l'École du Bec, en 1045, par Lanfranc de Pavie arrivé en 1039 dans la communauté, et qui devient prieur de l'abbaye. Elle est, comme d'autres monastères bénédictins au XIe siècle, ouverte non seulement aux oblats mais aussi aux fils d'aristocrates, destinés ou non à une carrière ecclésiastique. Selon Guillaume de Malmesbury, cette école publique permet à la communauté de récolter de larges fonds financiers. Les qualités d'enseignement du prieur, déjà exercées à Avranches, font venir des élèves de toute la Normandie, fils de barons et de riches laïcs. Ils étaient une centaine à suivre ensemble les cours de Lanfranc. Passeront par ce « centre intellectuel le plus considérable de la Normandie et même de la France », de nombreux intellectuels, comme Anselme de Laon, plusieurs évêques dont Yves de Chartres et le futur pape Alexandre II, et Anselme d'Aoste, qui succèdera à son maître Lanfranc à la tête de l'école puis au siège de Cantorbéry.

Face au nombre grandissant de moines s'y présentant, la nouvelle abbaye se révèle insuffisante en plus d'être humide et malsaine. Sous l'impulsion de Lanfranc, devenu proche conseiller du duc Guillaume de Normandie sans abandonner la communauté d'Herluin, une translation et une extension sont envisagées. Financés par les dons des seigneurs normands dont les enfants fréquentent l'école, les travaux débutent en 1060. En trois ans, les bâtiments claustraux sont achevés, mais les moines ne quittent Pont-Authou qu'à l'automne 1073. Anselme, arrivé comme élève en 1059, devient prieur et écolâtre du Bec quand son maître Lanfranc est appelé par Guillaume le Conquérant à la tête de l'abbaye Saint-Étienne de Caen en 1063. Après que Lanfranc soit nommé par le duc, archevêque de Cantorbéry en 1070, l'élève et le maître, tous deux italiens, poursuivent à distance une relation épistolaire faite de respect mutuel. Le primat d'Angleterre vient consacrer le 23 octobre 1077 la nouvelle église qu'il avait contribué à faire édifier, en présence des évêques de Bayeux, Évreux, Lisieux, Sées et Le Mans, et de nombre de seigneurs normands, français et anglais. Herluin meurt en 1078, et Anselme lui succède comme abbé du Bec, avant d'être appelé en 1093 à succéder à Lanfranc à Cantorbéry.

Anselme de Cantorbéry.

Sous la direction de Lanfranc puis d'Anselme, l'enseignement du trivium et du quadrivium à l'école du Bec a gagné une réputation de qualité « exceptionnelle », qui a fait venir pendant un demi siècle, des élèves « de France, de Gascogne, de Bretagne, de Flandres, d'Allemagne et de Rome même ». Si le sanctuaire normand possède aussi des chaires de théologie, d'écriture sainte et de droit canonique et civil, il se différencie des autres communautés scolaires de cette époque par l'importance donnée par ses deux premiers écolâtres à la littérature, la mettant presqu'autant à l'honneur que la discipline monastique. Et lorsque Baudri de Bourgueil visite l'abbaye, il loue « l'esprit religieux dans toute sa plénitude, sans mensonge, sans flatterie, sans défaillance ». Un « esprit de douceur et de bénignité » vanté également par l'abbé Porrée dans son Histoire de l'abbaye du Bec, et que Bernard Gicquel attribue aux trois fondateurs de l'abbaye — Herluin, Lanfranc, et Anselme — ayant respectivement apporté la « piété », la « science » et la « mansuétude ». A l'enseignement de la scolastique, s'ajoute la participation de l'abbaye aux controverses théologiques de son temps, telle celle sur la nature de l'eucharistie pour laquelle Lanfranc défend contre Bérenger de Tours sur le principe d'une présence substantielle et non seulement spirituelle du corps et du sang du Christ dans l'ostie et le vin, ou encore la dénonciation du nominalisme de Roscelin de Compiègne par Anselme. Autre trace de cette activité intellectuelle, l'écriture très probable dans cette enceinte vers 1050 de la Chanson de saint Alexis, et plus tard la Chanson de Roland de Turold. La musique y est également pratiquée.

La prestigieuse école forme durant cette période des auteurs de la pensée ecclésiastique, des acteurs du monachisme normand, des réformateurs de l'Église d'Angleterre… Ainsi, on compte parmi ses élèves le futur pape Alexandre II, Guillaume Bonne-Âme, archevêque de Rouen, Yves, évêque de Chartres, les évêques de Rochester Hernost, Gundulf (en) et Arnoul, Foulques, évêque de Beauvais, Turold d'Envermeu, évêque de Bayeux, Guillaume, abbé de Cormeilles, les premiers abbés de Lessay Roger et Geoffroy, Henri, abbé de la Bataille, Richard, abbé d'Ely, Richard, abbé de Sainte-Vaubourg, Lanfranc, neveu de l'écolâtre, abbé de Saint-Wandrille, Adelelme, abbé d'Anchin, Lanfred, abbé de Saint-Wulmer, William, écolâtre de Bamberg, moine de Fulda et abbé de Mersbourg, Henri, doyen de Cantorbéry, Bernard, abbé du Mont-Saint-Michel, Durand, Guillaume, Normand, abbés d'Ivry, Jean, abbé de Saint-Sabas, et Jean, abbé de Telese, en Italie, ou encore les théologiens Anselme de Laon et Guimond d'Aversa.

XIIe ‑ XVIe siècle : déclin intellectuel et enrichissement foncier

Sceau de l'abbaye : « Dans une niche supporté par un piédouche godronné : à gauche, la vierge debout, couronnée, portant l'enfant Jésus ; à droite, un prélat mitré, crossé, tenant un livre »

Appelé à Cantorbéry, Anselme choisit en 1093 pour lui succéder à la tête de la congrégation, Guillaume de Beaumont, prieur de Poissy après avoir passé 15 ans au Bec. De 1077 à 1106, le Bec enregistre la fondation de onze prieurés aussi bien en Normandie qu'en Île-de-France et en Angleterre. À ce moment, l'aristocratie est très impliquée dans le développement du Bec, tant au niveau le plus élevé avec les ducs de Normandie et les rois de France, qu'au niveau des familles qui gravitent dans l'entourage des précédents, ou de la petite aristocratie qui dote le Bec de terres, de fours, de moulins et d'églises dans le voisinage de l'abbaye. On trouve notamment parmi ses bienfaiteurs les noms de Richard de Bienfaite, Henri d'Eu et Hugues III de Meulan.

L'école du Bec perd de son aura au début du XIIe siècle, époque correspondant au départ d'Anselme pour l'archevêché de Cantorbéry et avec lui l'émigration en Angleterre de plusieurs de ses compagnons, ainsi qu'à l'affaiblissement général des écoles monastiques au profit des écoles urbaines qui se multiplient, en particulier celles de Paris. Tandis que le nombre des moines sur place diminue au profit des prieurés donnés ou fondés sous l'autorité de la communauté, « il n'y a plus au Bec ni philosophe, ni théologien » au milieu du XIIe siècle. Jusqu'à la fin du siècle, l'abbaye poursuit toutefois sa tradition scolaire et intellectuelle, accueillant en ses murs le chroniqueur Robert de Torigni et les poètes Étienne de Rouen et Pierre de Dives, et sa réputation attire toujours de nouveaux frères, à l'instar du roi Philippe Ier et le dauphin Louis VI qui s'affilie au Bec sous l'abbatiat de Guillaume.

L'abbaye continue de s'agrandir et de voir augmenter son rayonnement. En ce temps-là, la célèbre abbaye possède dans tout le pays de si gros revenus et de si vastes propriétés que l'on dit à son propos : « De quelque côté que le vent vente, l’abbaye du Bec a rente ». Elle profite de la générosité de nombreux donateurs, parmi lesquels Henri Ier d'Angleterre, proche de l'abbé Boson, puis sa fille Mathilde l'Emperesse qui s'y fait inhumer en 1167. Avec la conquête de l'Angleterre par le Guillaume de Normandie, les barons En Angleterre même, le village de Tooting Bec, aujourd’hui dans la banlieue londonienne, tient son nom de ce que l’abbaye en possédait les terrains.

En 1138, Thibaut, ancien prieur du Bec, puis abbé, est élu à son tour archevêque de Cantorbéry. À l'abbaye, lui succède Létard, moine natif du village du Bec, qui fait construire la salle capitulaire de 1140 à 1146, grâce aux libéralités de Robert de Neubourg qui prend la robe à la fin de sa vie. Le successeur de Létard, Roger 1er, fait rénover entièrement l'église abbatiale, dont la première pierre est posée le 14 août 1161 par l'évêque Rotrou et la consécration célébrée en avril 1178 en présence du roi d'Angleterre. Roger fait également édifier une infirmerie et une maison pour recevoir les voyageurs, rénover le dortoir, creuser des canaux pour porter l'eau aux appartements.

L'église est partiellement détruite en 1195. En 1214, l'architecte Enguerrand (ou Ingelramme), successeur de Jean d'Andely pour l'édification de la cathédrale de Rouen, entame sa reconstruction. Les travaux sont poursuivis par Gautier de Meulan, mais elle est brûlée à deux reprises avant d'être reconstruite vers 1275.

Mais au milieu du XIVe siècle l'abbaye doit s'organiser en raison de la Guerre de Cent Ans. Le plan de Louis d'Harcourt qui prévoit de démolir l'église à peine érigée n'est pas appliqué, mais en 1358 la basilique et le chapitre sont fortifiés et entourés de fossés, tandis que trois côtés du cloître et une partie du dortoir et du cellier sont rasés. Financièrement exsangue, partiellement détruite par le conflit, l'abbaye est restaurée à l'ultime fin du XIVe siècle. Mais la lutte entre Anglais et Français se poursuit, et en 1418, après un siège d'un mois par le duc de Clarence, la place forte se rend en laissant l'abbaye aux pillards. Reprise en 1421 par les Français, les fortifications du Bec sont par la suite rasées par les troupes anglaises. Pour abriter ses moines durant le conflit, l'abbé Robert III fait construire l'hôtel du Bec à Rouen, à l'emplacement de l'hôtel des Fontaines. C'est surtout à partir de 1450, à la sortie des hostilités, que l'abbaye commence à se redresser sous l'administration de Geofroy d'Épaignes, qui restaure église, bâtiments claustraux et infirmerie, et de celle de Jean Bouchard, premier abbé commendataire, qui fait achever le beffroi. Robert d'Évreux lui succède en 1484 comme abbé régulier, il démissionne l'année suivante en faveur de Guillaume Guérin (1492-1515), trente-troisième abbé du Bec, et dernier régulier.

Régime de la commende

Le régime de la commende est établi par le concordat de Bologne de 1516 conclu entre le Pape Léon X et François Ier. L'abbé n'est plus élu, mais nommé par le roi de France. Ces abbés sont mis en place plus pour les revenus des abbayes que pour assurer leur direction ou la défense de leurs intérêts. En effet, une part importante des rentes de l'abbaye leur revient, cette part, d'au moins un tiers, peut se monter aux deux tiers.

Le cloître du XVIIe siècle.

Le Bec connait sept abbés commendataires dont le plus jeune est âgé de 10 ans. Le régime de la commende affaiblit beaucoup l'abbaye financièrement, mais aussi spirituellement si bien que l'esprit monastique s'étiole.

À cela, il faut ajouter les troubles causés par les guerres de religion. L'abbaye est complètement saccagée par les huguenots et deux moines sont égorgés. Les moines sont obligés de quitter l'abbaye et les abbés commendataires laissent les bâtiments à l'abandon ; très vite l'abbaye n'est plus que ruines.

Réforme de Saint-Maur

La Congrégation bénédictine de Saint-Maur entreprend de réformer la plupart des monastères français par une restauration de la discipline régulière, une vie austère tournée vers le travail intellectuel et des travaux d'érudition. Elle engage aussi de vastes entreprises de construction, dont le Bec — une des premières abbaye à être réformées — bénéficie largement. Malgré la forte réticence de la plupart des abbés commendataires, l'abbaye du Bec est restaurée avec beaucoup de soin. Le rayonnement intellectuel de l'abbaye s'en trouve également grandi.

Mise en économat en 1766, l'abbaye du Bec est donnée en 1782 à Yves Alexandre de Marbeuf (1782-1790), évêque d'Autun, puis archevêque de Lyon à partir de 1788. Il devait être le dernier abbé du Bec.

Liste des abbés

Dépôt des Remontes générales de l'Armée

Dessin de l'abbaye à la veille de la Révolution de 1789

La Révolution française arrive et, en 1792, le dernier moine est expulsé. Pendant une dizaine d'années, les bâtiments subissent dégradations et pillages divers. Le chartrier est brûlé, la bibliothèque pillée, les sculptures martelées, jusqu'à ce qu'en 1802, les lieux soient transformés en dépôt d'étalons à usage de l'armée. Le mobilier cultuel (maître-autel, jubé…) et les pierres tombales des abbés sont transférés en l'église Sainte-Croix de Bernay. L'église abbatiale et la salle capitulaire sont vendues comme carrière à pierres en 1809 et détruites. Les bâtiments conventuels, transformés en écuries et en chambrées de caserne, résistent malgré tout à cet état de choses qui dure jusqu'en 1940.

En 1802 Napoléon transforme le Bec en dépôt d'étalons dépendant du haras du Pin. Le nombre d'étalons au Bec varie dans le temps de 25 à plus d'une cinquantaine. L'arrivée des chevaux sauve l'abbaye d'une destruction qui aurait fini par être complète, mais pour adapter un monastère aux nécessités d'un haras on a engagé d'importantes transformations et quelques démolitions. Malgré cela, les bâtiments n'ont jamais été parfaitement adaptés à ce nouvel usage. Le manège est installé dans le cloître du XVIIe siècle, et la grande écurie dans le réfectoire mauriste du XVIIe siècle, l'église abbatiale actuelle. Quand le corps de Remonte est créé en 1831, le dépôt de remonte du Bec devient une succursale du dépôt de Caen (actuel Quartier Lorge), siège de la première circonscription de Remonte.

À partir de 1945, les chevaux ont également accès au deuxième étage par « l'escalier des matines » dont la conception aux larges marches, peu hautes, permet cette ascension.

Restauration de la vie monastique

Enfin, en 1947, une association se crée pour sauvegarder les bâtiments subsistants. L'année suivante, un siècle après la mention du lieu parmi les monuments historiques à sauvegarder, une partie des ruines est classée.

À Cormeilles en Parisis, une communauté bénédictine olivétaine, engagée dans le mouvement œcuménique, a désiré s'enraciner dans un lieu où les anglicans venaient communier dans le souvenir de Lanfranc et d'Anselme. L'État prit à sa charge les travaux indispensables de restauration et de mise dans un état minimum d'habitabilité, puis loua les bâtiments à l'association qui les mit aussitôt à la disposition des moines. Pierre Mendès France, alors président du Conseil général et parlementaire, a joué un rôle capital dans la renaissance du Bec.

Une nouvelle époque s'ouvre alors qui voit la restauration de la vie monastique au Bec et une lente mais régulière remise en état de l'abbaye désormais rendue à sa destination première. En 1948, la vie monastique reprend à l’abbaye du Bec.

Bibliothèque

La bibliothèque actuelle.

Il y a peu ou pas de continuité entre la bibliothèque de l'abbaye sous l'Ancien Régime et celle que la communauté s’efforce de reconstituer depuis cinquante ans. L'histoire de la bibliothèque du Bec se découpe en quatre tranches chronologiques :

  • la bibliothèque médiévale, telle qu’elle a pu se constituer dès les origines sous l’impulsion de Lanfranc, d’Anselme et de leurs successeurs ;
  • la bibliothèque mauriste, héritière de ce passé, mais qui va connaître un nouvel essor grâce à la tradition intellectuelle de cette Congrégation et au développement du livre imprimé ;
  • la période révolutionnaire et post-révolutionnaire où la bibliothèque sera pillée et dispersée ;
  • la bibliothèque actuelle enfin qui, depuis la restauration de l’abbaye il y a cinquante ans, mais surtout depuis une vingtaine d’années, connaît un fort développement.

En 1991, la communauté commence l'informatisation du catalogue. Cette tâche est aujourd’hui bien avancée, puisque la base bibliographique comporte en 2006 environ 50 000 notices et s’enrichit régulièrement.

Durant ces vingt dernières années, les acquisitions de livres ont connu un rythme soutenu. Le fonds a pour ainsi dire doublé, atteignant aujourd’hui environ 90 000 volumes.

Abbaye Notre-Dame du Bec, panoramique de la façade sud, église abbatiale et bâtiments conventuels.
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