Architecture aux États-Unis - Définition

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La remise en cause du style international : le postmodernisme

National Gallery of Art, Ieoh Ming Pei, Washington DC, style postmoderne
Le musée Guggenheim à New York, dessiné par Frank Lloyd Wright
Frank Gehry, Walt Disney Concert Hall

Les années 1970 marquent un tournant dans l'architecture américaine : le choc pétrolier et la prise en compte de l'héritage patrimonial constituent la nouvelle donne pour les architectes. On assiste alors à la critique du style international et de sa tendance minimaliste et austère. De nombreux architectes réhabilitent les styles Beaux-Arts et Art déco.

Les œuvres majeures du postmodernisme sont le Lincoln Center et le Metropolitan Opera (New York, 1962–1966). La tendance éclectique s'exprime sur les campus universitaires comme celui de Yale (Gordon Wu Hall, 1980, Robert Venturi). Les gratte-ciel de Philip Johnson s'éloignent aussi de la banalité et de la tendance à l'uniformité (IDS Center à Minneapolis). Cet architecte cherche à placer des codes érudits, les références au passé et des éléments totalement modernes. L'American Telephone and Telegraph Company (1979) à New York dispose d'un arc d'entrée monumental sur 8 niveaux et d'un sommet en forme de fronton inachevé ; il a été largement critiqué.

Enfin, les musées ont besoin d'un renouvellement architectural pendant cette période. On pense en premier lieu au Musée Guggenheim de New York. Le Metropolitan Museum of Art se dote de nouvelles ailes confiées à John Dinkeloo et Kevin Roche, qui utilisent de grandes verrières (aile Sackler par exemple). Edward Larrabee Barnes adopte un plan audacieux en hélice pour le Walker Art Center de Minneapolis (1968–1971). Il travaille aussi pour le Dallas Museum of Art (1984) et le Smart Museum of Art de Chicago. Enfin, Pei et Richard Meier marquent de leur empreinte plusieurs lieux de culture dans les années 1980. Pour la National Gallery of Art, Pei juxtapose les volumes. Richard Meier renouvelle le genre Le Corbusier (Getty Center à Los Angeles (1985–1997), High Museum of Art à Atlanta (1980-1983)).

Les autres grands représentants du postmodernisme américain sont Charles Willard Moore, Stanley Tigerman, Wallace K. Harrison, Cesar Pelli et Robert Venturi. Certains connaissent une carrière internationale.

Le déconstructivisme s'exprima en architecture à la fin des années 1980 avec les œuvres de Frank Gehry : Weisman Art Museum (1993), Walt Disney Concert Hall (2003), Pavillon Jay Pritzker (2004). Michael Graves a également une renommée mondiale grâce à ses bâtiments conçus pour la société Disney : hôtels du Walt Disney World Resort à Orlando, siège social à Burbank par exemple.

L'architecture du XXe siècle (de 1914 à aujourd'hui)

L'œuvre de Frank Lloyd Wright

Robie House, Chicago, Frank Lloyd Wright, 1906-1909, style Prairie School

La Prairie School inaugure la période de l'architecture organique aux États-Unis. Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright sont considérés comme ses principaux représentants. La première grande maison de la Prairie est celle de Highland Park dans l'Illinois, terminée en 1902 pour Ward W. Willitts. Wright prend le parti d'un plan centré et asymétrique, organisé autour de la cheminée. La maison est représentative de l'idée d'ouverture sur la nature et d'horizontalité. L'entrée est modeste et les pièces basses de plafond : dans son autobiographie (1932), Wright avoue qu'elles sont calibrées sur la taille d'un homme de 1,74 m. L'exemple le plus abouti de la Prairie School est certainement la maison Robie située à Chicago (1906-1909) qui fait penser à un paquebot élancé.

Après un séjour au Japon, Frank Lloyd Wright revient aux États-Unis et met au point la technique dite des textile blocks, c'est-à-dire qu'il a recours à des blocs de béton standardisés. Cela donne des maisons à l'aspect ramassé comme la maison d'Alice Millard à Pasadena (1923, Californie). Grâce au mécénat d'Edgar J. Kaufmann, Wright poursuit ses recherches et construit la célèbre Maison de la Cascade en 1936. Il exploite les possibilités de porte-à-faux et des fenêtres d'angle. Au total, Frank Llyod Wright a conçu quelque 120 maisons entre 1948 et 1959.

L'Art déco dans l'architecture américaine

William Val Allen, Chrysler Building, New York, Art déco, 1930

À la fin des années 1920, l'influence de l'Art déco se fait sentir dans l'architecture américaine, en se mélangeant avec les exigences urbanistiques locales et les sources d'inspiration précolombienne. Le parti pris de la simplification géométrique, de la stylisation et de l'emploi de matériaux luxueux s'illustre essentiellement dans les gratte-ciel de New York (Chrysler Building, Empire State Building, Chanin Building, etc.). Les autres réalisations sont isolées (Board of Trade Building, Chicago ; Fisher Building, 1928 et Guardian Building, 1929, Détroit) ou situées sur la côte ouest (Los Angeles : Argyle Hotel, The Eastern Building, 1929, par Claude Beelman ; San Francisco : Golden Gate Bridge, 1937).

Malgré la crise qui part de Wall Street en 1929, les gratte-ciel sortent de terre, parfois à une vitesse impressionnante comme pour l'Empire State Building, qualifié de merveille du monde moderne. Le Rockefeller Center, énorme complexe architectural au cœur de Manhattan, marque l'idée ambitieuse de construire une « ville dans la ville », à une époque plutôt morose. Pour soutenir cet élan et baisser le chômage dans le secteur du bâtiment, le président Roosevelt engage une série de grands chantiers publics. L'Art déco a connu un développement singulier en Floride : de nombreux hôtels sont construits à Miami Beach après l'ouragan de 1926. Les éléments décoratifs en stuc et en marbre reprennent la faune et la flore locales (flamants roses, palmiers...) si bien que l'on parle de tendance Tropical Art Deco. Elle utilise des couleurs pastel. La commission des sites historiques a classé plus de 800 de ces constructions parfois exubérantes, qui se concentrent sur Lincoln Road Mall et Ocean Drive. L'Art déco floridien se décline en quatre tendances des années 1920 aux années 1940 : Zig-zag modern, Mediterranean revival, Streamline modern et Depression modern.

Le Style international et l'influence de l'école du Bauhaus

Albert Kahn, General Motors Building, Détroit, Michigan, style international

L'expression « Style international » est pour la première fois utilisée en 1932 dans un ouvrage de Henry-Russell Hitchcock et Philip Johnson, rédigé à la suite d'une exposition du MoMA de New York intitulée Modern Architecture. La montée des dictatures en Europe a laissé à l'Amérique l'initiative de diffusion du modernisme architectural en accueillant les architectes européens émigrés, en particulier allemands et autrichiens. En 1933, l'école du Bauhaus ferma ses portes en Allemagne sous la contrainte des nazis, ses artistes pourchassés durent s'enfuir souvent aux États-Unis, notamment à Chicago, alors que leurs œuvres étaient, en Allemagne, systématiquement détruites.

Les trois règles de base marquent une rupture avec l'architecture traditionnelle : mettre en valeur les volumes par des surfaces externes lisses ; éviter tout élément décoratif mais soigner les détails architecturaux ; enfin suivre le principe de régularité. Le Style international se présente donc comme une tendance résolument moderniste et recherche le dépouillement.

Le siège de l'ONU, 1951, New York, style international, œuvre collective

Le siège de l'ONU à New York est l'illustration la plus remarquable du style international après 1945. Il fut construit le long de l'East River sur un terrain acquis grâce à une donation de John Davison Rockefeller Junior. Il a été inauguré le 9 janvier 1951 et devient le symbole de l'internationalisme et du progrès. Il applique la conception de bâtiments séparés selon leur fonction. Le gratte-ciel abritant le secrétariat des Nations unies culmine à 164 mètres et se présente sur deux faces comme un mur-rideau de verre et aluminium, alors que les autres côtés sont couverts de plaques de marbre.

La période de l'après-guerre est marquée par les œuvres du Finlandais Eero Saarinen dont l'éclectisme se manifeste dans l'auditorium Kresge du Massachusetts Institute of Technology (MIT - 1956), l'arche de Saint Louis (1967) ou encore dans son travail sur les terminaux des aéroports de New York et Washington DC. L'Allemand Walter Gropius enseigne l'architecture à Harvard et construit avec Pietro Belluschi l'immeuble controversé de la Pan Am à New York (1963). Il forme les grands architectes de la génération suivante. Ludwig Mies van der Rohe arrive aux États-Unis en 1937 et applique ses conceptions du classicisme moderniste à New York (Seagram Building, 1958), Chicago (université à South Side). Il est l'architecte le plus fécond de tous.

Victor Gruen (1903-1980), architecte d'origine autrichienne, concepteur de grands centres commerciaux (Le South Coast Plaza et le Southdale Center), était de conviction plutôt socialiste. Pour son concepteur, il s’agit de proposer des espaces publics protégés du climat, couverts et totalement contrôlés.

Le courant moderniste utilisa largement le béton, le laissant à l'état brut dans plusieurs ouvrages des années 1960 et 1970 : le Carpenter Center for the Visual Arts sur le campus de Harvard est le seul bâtiment dessiné par Le Corbusier aux États-Unis. Les représentants les plus célèbres de la tendance brutaliste sont Paul Rudolf, Marcel Breuer, Bertrand Goldberg et Louis Kahn.

Après la Seconde Guerre mondiale, les années de croissance économique voient éclore le Pop Art qui influença les réalisations architecturales. Robert Venturi et Charles Willard Moore sont des architectes qui osent utiliser une décoration pittoresque et variée, en totale contradiction avec l'austérité du style international contemporain. La mode du California Crazy, utilisée par James Wines, consiste à faire d'un objet trivial et quotidien une forme architecturale (un snack bar en forme de hamburger). Les parcs d'attraction utilisent cette architecture du loisir, critiquée comme étant une architecture de façade, vulgaire et éphémère. On trouve cette tendance colorée, voyante et excentrique à Las Vegas.

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