Architecture aux États-Unis - Définition

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Introduction

Les États-Unis ont une histoire relativement récente et les Amérindiens n'ont pas laissé de bâtiments aussi spectaculaires qu'au Mexique ou au Pérou. C'est pourquoi l'architecture américaine est marquée par la modernité et l'on pense spontanément aux gratte-ciel des XIXe siècle et XXe siècle comme symboles de cette modernité. Compte tenu de l'originalité du peuplement américain, il faut s'interroger sur le caractère spécifique de l'art du pays : existe-t-il une architecture spécifiquement américaine ? Ou bien n'est-elle que la pâle copie de traditions européennes ? L’architecture aux États-Unis est diverse selon les régions et s'est construite grâce aux apports extérieurs, qui n'ont pas été uniquement anglais. Il semble que cette architecture soit marquée par l'éclectisme, ce qui ne peut surprendre dans une société multiculturelle.

Chrysler Building (à gauche) et Empire State Building (à droite), New York, 1929-1931, Art déco

L'architecture des Amérindiens sur le territoire actuel des États-Unis

Mesa Verde, Colorado, architecture amérindienne

Les exemples d'architecture les plus anciens aux États-Unis se répartissent en deux foyers principaux : la première est la moitié orientale, où l'on trouve des témoignages très anciens de la culture des Mound Builders qui construisaient des tertres zoomorphes et des pyramides de terre pour enterrer leurs morts. Le sud-ouest est la seconde région qui abritait des civilisations disparues au moment où Christophe Colomb « découvre » l'Amérique : les sites archéologiques les plus connus viennent de la culture Anasazi, Mesa Verde (Colorado) et Aztec Ruins National Monument (Nouveau-Mexique). Acoma (Nouveau-Mexique) est le plus ancien pueblo ; bâti sur une mesa, il est occupé depuis 1150.

L'architecture publique de la jeune nation (XIXe siècle)

Federal Hall, années 1830, New York, style néogrec

En 1776, les membres du Congrès déclarent l'indépendance des 13 colonies américaines. Le traité de Paris (1783) reconnaît l'existence d'un nouveau pays républicain, les États-Unis d'Amérique. S'il y a rupture avec le Royaume-Uni sur le plan politique, les influences anglaises continuent de marquer les édifices construits dans cette partie du Nouveau-Monde. Les commandes publiques, philanthropiques et commerciales se développent en parallèle avec la croissance démographique et l'extension territoriale. Les édifices des nouvelles institutions fédérales et judiciaires adoptent le vocabulaire classique (colonnes, dôme et fronton), en référence à l'Antiquité gréco-romaine. Les publications concernant l'architecture se multiplient : en 1797, Asher Benjamin publie The Country Builder's Assistant. Les Américains cherchent à affirmer leur indépendance dans tous les domaines : politique, économique mais aussi culturel, avec la fondation d'universités et de musées. C'est à la fin du XIXe siècle que cette indépendance et ce dynamisme s'expriment le mieux.

La vision de Thomas Jefferson : architecture, république et démocratie

La rotonde de l'université de Virginie, dessinée par Thomas Jefferson, 1817, style palladien

Thomas Jefferson, qui fut président des États-Unis entre 1801 et 1809, a manifesté de l'intérêt pour plusieurs domaines dont l'architecture. Ayant séjourné à plusieurs reprises en Europe, il souhaite appliquer la syntaxe formelle du palladianisme et de l'Antiquité à des édifices publics et privés, en ville et à la campagne. Il contribua à ce titre au plan de l'université de Virginie, construite à partir de 1817. Le projet, complété par Benjamin Henry Latrobe, lui permet d'appliquer ses conceptions architecturales. La bibliothèque universitaire est située sous une rotonde coiffée d'un dôme qui s'inspire du Panthéon de Rome. L'ensemble présente une grande homogénéité grâce à l'utilisation de la brique et du bois peint en blanc. Pour le Capitole de Richmond en Virginie (1785-1796), Jefferson a pris le parti d'imiter la Maison Carrée de Nîmes, mais en choisissant l'ordre ionique pour ses colonnes. Il avait étudié le projet avec Charles-Louis Clérisseau alors qu'il était à Paris. Homme des Lumières, Thomas Jefferson a participé à l'émancipation de l'architecture du Nouveau Monde en imposant sa vision d'un art au service de la démocratie. Il contribua à développer le style fédéral dans son pays et à adapter l'architecture néoclassique européenne aux valeurs républicaines nées de la Révolution américaine. Il détestait l'architecture de Willamsburg parce qu'elle était le symbole de la domination anglaise sur les Treize colonies.

Le Greek Revival

Le capitole de Columbus (Ohio), 1861, Henry Walters, style néoclassique

Le style néogrec, qui s'inscrit dans le courant néoclassique, exerce un véritable attrait sur les architectes travaillant aux États-Unis dans la première moitié du XIXe siècle. La jeune nation, affranchie de la tutelle britannique, est persuadée d'être la nouvelle Athènes, c'est-à-dire un foyer de la démocratie. La constitution, rédigée en 1787, donne naissance à de nouvelles institutions qui nécessitent des bâtiments et imposent les principes de souveraineté nationale et de séparation des pouvoirs. L'architecture officielle et même civile ou religieuse (ce qui constitue l'originalité des États-Unis), reflète cette vision et prend pour modèle les édifices de l'Acropole. Les Propylées sont reproduits à une autre échelle au-devant des maisons dans les campagnes de la côte orientale. Benjamin Henry Latrobe (1764-1820) et ses élèves William Strickland (1788-1854) et Robert Mills (1781-1855) obtiennent des commandes pour construire des banques et des églises dans les grandes villes (Philadelphie, Baltimore et Washington DC). Surtout, les capitoles des États fédérés adoptent le type néogrec comme en Caroline du Nord (Capitole de Raleigh, reconstruit en 1833-1840 après un incendie) ou dans l'Indiana (capitole d'Indianapolis). Un des exemples les plus tardifs de cette tendance est le capitole de Columbus dans l'Ohio, dessiné par Henry Walters et achevé en 1861. La façade sobre, la corniche continue et l'absence de dôme donnent une impression d'austérité et de grandeur à l'édifice. Il présente un plan symétrique et abrite la cour suprême et une bibliothèque.

L'architecture officielle à Washington, D.C.

La Maison Blanche à Washington DC
Le Capitole, Washington DC, 1815-1830, style néoclassique

La capitale fédérale des États-Unis est un bel exemple d'urbanisme homogène : le plan d'ensemble fut imaginé par le Français Pierre Charles L'Enfant. Cet idéal de ville monumentale et néoclassique est repris par les tenants du mouvement City Beautiful. Plusieurs villes voulurent appliquer ce concept, qui s'inscrit dans la tendance des Beaux-Arts, mais Washington DC semble le plus abouti d'entre tous. La Maison Blanche a été construite après la création du Washington, DC par la loi du Congrès de décembre 1790. Après un concours, James Hoban, un Américain d'origine irlandaise, fut choisi et la construction commença en octobre 1792. Le bâtiment qu'il a conçu a été calqué sur les premier et deuxième étages de Leinster House, un palais ducal de Dublin en Irlande et qui est maintenant le siège du parlement irlandais. Mais pendant la guerre de 1812, une grande partie de la ville brûla, et la Maison Blanche fut ravagée. Seuls les murs extérieurs restèrent debout, mais elle fut reconstruite. Les murs furent peints en blanc pour masquer les dégâts causés par la fumée. Au début du XXe siècle, deux nouvelles ailes furent ajoutées pour faire face au développement du gouvernement.

Le capitole des États-Unis d'Amérique a été construit par étapes successives à partir de 1792. Le projet est d'abord confié au Français Étienne Sulpice Hallet mais sera finalement réalisé par l'Anglais William Thornton. Peu après la fin de la construction, il est partiellement brûlé par les Britanniques durant la Guerre de 1812. Sa reconstruction débute en 1815 pour ne se terminer qu'en 1830. Durant les années 1850, le bâtiment fut agrandi de manière importante par Thomas U. Walter. En 1863, une imposante statue, Freedom, fut placée au sommet du dôme qui s'inspire de celui du Panthéon de Paris. Le Washington Monument est un mémorial en forme d'obélisque érigé en l'honneur de George Washington, le premier président américain. C'est Robert Mills qui a fait les plans originaux en 1838. On peut apercevoir une différence de couleur vers le bas, c'est parce que sa construction a été arrêtée à cause du manque d'argent. D'une hauteur d'environ 170 mètres, il a été achevé en 1884 et ouvert au public en 1888. Le Lincoln Memorial (1915-1922) est un autre monument de la même série : d'un marbre et d'un calcaire blancs, le bâtiment reprend la forme d'un temple grec de l'ordre dorique sans fronton. Son architecte, Henry Bacon, formé aux idées des Beaux-Arts, voulut que les 36 colonnes du monument représentent chacun des 36 États de l'Union à la mort de Lincoln.

Enfin, le Jefferson Memorial est le dernier grand monument construit dans la tradition des Beaux-Arts, dans les années 1940. Son architecte, John Russell Pope, voulut mettre en relief le goût de Jefferson pour les bâtiments romains. C'est pourquoi il décida d'imiter le panthéon de Rome et de doter l'édifice d'un dôme spectaculaire, qui s'élève à 39 mètres au-dessus du sol. Il fut sévèrement critiqué par les partisans du style international.

Le retour des formes médiévales

Le goût pour le gothique n'a jamais totalement disparu, que ce soit en Europe ou en Amérique. Il n'y a qu'à voir les différentes églises qui sortent de terre au XVIIIe et au XIXe siècle au gré de la croissance démographique. À partir des années 1840, le style néogothique tend à s'imposer aux États-Unis, sous l'impulsion d'Andrew Jackson Downing (1815-1852). Il s'épanouit dans un contexte de réaction au classicisme et de développement du romantisme. Il se caractérise par un retour au décor médiéval (cheminées, pignons, tours à créneaux, fenêtres en ogive, gargouilles, vitraux...) et à l'utilisation de toits à forte pente. Les édifices adoptent un plan complexe qui s'écarte de la symétrie et de la rigueur néoclassique. Mais le néogothique fut aussi utilisé pour la construction des universités (Harvard) et des églises. Richard Upjohn (1802-1878) se spécialise dans les églises rurales du nord-est mais son œuvre majeure reste Trinity Church à New York. Son architecture en grès rouge fait référence au XIVe siècle européen, mais se trouve aujourd'hui noyée au milieu des immenses gratte-ciel de Manhattan.

Toujours à New York, c'est à James Renwick Jr que l'on doit la cathédrale Saint-Patrick, synthèse élégante des cathédrales de Reims et de Cologne. Le projet lui fut confié en 1858 mais complètement achevé par l'élévation des deux flèches en façade en 1888. L'utilisation de matériaux plus légers que la pierre permet de se passer d'arc-boutants et contreforts extérieurs.

Renwick illustra aussi son talent à Washington DC avec la construction de la Smithsonian Institution. Mais ses détracteurs lui reprochent d'avoir rompu l'harmonie architecturale de la capitale en édifiant un ensemble hétéroclite (emprunts byzantins, romans, lombards et ajouts personnels) en brique rouge.

Le succès du néogothique se prolongea jusqu'au début du XXe siècle dans de nombreux gratte-ciel, notamment à Chicago et New York.

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Tendance à l'éclectisme et influence de l'Académie des Beaux-Arts (1860–1914)

John Augustus Roebling, le pont de Brooklyn, New York, construit en 1867-1883, style néogothique

L'éclectisme est une tendance en architecture qui se manifeste en Occident entre les années 1860 et la Première Guerre mondiale. Elle consiste à mélanger des éléments différents empruntés à des traditions hétéroclites. Elle se distingue du néoclassique qui construisait des bâtiments homogènes d'inspiration unique (antiquité gréco-romaine). L'Académie des Beaux-Arts de Paris met en application les préceptes de l'éclectisme et influence plusieurs architectes américains. Les églises ont aussi retenu l'attention des architectes. Formés à l'école des beaux-arts de Paris, les grands architectes américains appliquent à la lettre les principes qu'ils ont appris en France : plans symétriques, bâtiments grandioses et monumentaux, richesse de la décoration et grandes baies en demi-cercle. Le décor classique est appliqué à des édifices complètement nouveaux comme les gares.

L'église de la Trinité (Trinity Church) de Boston compte parmi les édifices les plus remarquables de cette époque. Adoptant un plan centré, l'architecte Henry Hobson Richardson empile plusieurs volumes pour donner à l'ensemble une configuration pyramidale. Il utilise différents matériaux, comme le grès et le granit. Les arcs en plein cintre qui encadrent les vitraux sont typiques du néoroman. La ville de New York est, avec Washington DC, le principal champ d'application du style Beaux-Arts : il est incarné dans la bibliothèque publique (New York Public Library), le campus de l'université Columbia, le Metropolitan Museum of Art, l'American Museum of Natural History et le Brooklyn Museum. Grand Central Terminal, la plus grande gare de Manhattan, est guidée par le même esprit et achevée en 1913. Sa façade monumentale est rythmée par les colonnes et les grandes baies en plein cintre.

Le Pont de Brooklyn est emblématique de l'éclectisme et de la ville de New York. Il donne l'image positive du progrès en marche et il peut être comparé à la tour Eiffel, car il est l'œuvre d'un ingénieur, John Augustus Roebling et parce qu'il a été critiqué par une partie des contemporains. Les arcs en ogive rappellent la tendance historiciste, mais les câbles en acier ainsi que la performance technique (480 mètres de portée, une des constructions les plus hautes de la ville à la fin du XIXe siècle) en font un édifice résolument moderne.

À partir des années 1920, le style Beaux-Arts est concurrencé par la tendance Art déco malgré les œuvres de Paul Philippe Cret (Detroit Institute of Arts, 1927) et de Bertram Grosvenor Goodhue (Rockefeller Memorial Chapel, 1928 ; capitole du Nebraska, 1919–1932). Les formes néoclassiques se raidissent mais continuent d'exister dans la capitale fédérale. La National Gallery of Art s'inspire encore du Panthéon de Rome et se trouve achevée en 1940, sur les plans de John Russell Pope.

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