Accident de décompression - Définition

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Histoire

  • 1841 : Premier cas documenté du syndrome de décompression, signalé par un ingénieur des mines qui avait observé des douleurs et des crampes musculaires chez les mineurs des charbonnages travaillant dans des puits de mine mis sous pression afin d'empêcher les infiltrations d'eau.
  • 1867 : Le pionnier de la plongée sous-marine Julius H. Kroehl meurt d’un accident de décompression au cours d’une plongée expérimentale avec un engin sous-marin.
  • 1869 : L'un des premiers cas observé au cours d’une plongée en scaphandre alimenté en air comprimé par une pompe extérieure.
  • 1872 : Washington Roebling est atteint de la maladie des caissons alors qu'il travaillait comme chef mécanicien à la construction du Pont de Brooklyn (qu’il avait pris en charge, après le décès de son père John Augustus Roebling mort du tétanos). L’épouse de Washington, Emily, l’a aidé à diriger la construction du pont alors qu’il était confiné par la maladie à son domicile de Brooklyn. Il a lutté contre les séquelles de la maladie pendant le restant de sa vie.
  • 1878 : Publication de Paul Bert sur la maladie de décompression appelée effet Paul Bert.
  • 1880 : le syndrome de décompression devient connu sous le nom de Grécian Bends (la courbette grecque) parce que les individus touchés avaient généralement le dos voûté : c'est peut-être une référence à une figure d’une danse féminine à la mode (grecian bend).
  • 1906 : le gouvernement britannique commande une étude à John Scott Haldane sur les accidents des personnes travaillant en milieu pressurisé.

Typologie et symptômes

Les accidents de décompression sont classés en deux catégories :

  • les accidents bénins (cutanés ou ostéo-articulaires) de type I
  • les accidents plus graves (atteintes du système nerveux central, de l'oreille interne, troubles de la ventilation) de type II

Accidents de type I

Atteintes cutanées

Cet accident sans grande gravité est assez rare en plongée de loisir (plongée à l'air en combinaison humide), mais plus fréquent lors de plongées en vêtement sec ou au cours de décompression en caisson. Il est provoqué par l'emprisonnement de bulles dans les capillaires sous-cutanés.

Cet accident peut se présenter de deux manières :

  • les puces :

ce sont des démangeaisons, voire des sensations de piqûres localisées au niveau du tronc et plus rarement au niveau du dos, du nez et/ou des oreilles

  • les moutons :

ce sont des éruptions cutanés provoquant des démangeaisons (prurit). Ils peuvent être indolores mais sont souvent ressentis à la palpation. Ils sont essentiellement localisés au niveau lombaire ou péri-ombilical.

Atteintes ostéo-arthro-musculaire (ou bends)

cet accident est provoqué par la présence de bulles dans les articulations principalement. Ces bulles peuvent être localisées dans le liquide synovial, dans les périoste de certains os, voire dans les tendons. La douleur est très intense, parfois même invalidante pour l'articulation concernée. Les bends surviennent souvent au niveau du genou, du coude, de l'épaule ou de la hanche.

Lorsque ces bulles sont localisées sur les os, l'accident peut évoluer vers une ostéonécrose (mort de l'os). Dans les autres cas, l'évolution est normalement bénigne.

NB : le terme bend vient du verbe anglais to bend et signifie courber car au XIXe siècle, les travailleurs sous-marins souffrant de séquelles douloureuses de la maladie de décompression étaient connus pour marcher courbés.

Accidents de type II

Vestibulaire

Cet accident, appelé aussi labyrinthique, a pour siège le système vestibulaire situé dans l'oreille interne. Les bulles se forment donc dans cette partie de l'oreille, que ce soit dans les vaisseaux d'irrigation ou dans les liquides lymphatiques de l'oreille.

Il peut alors survenir une rupture des canaux semi-circulaires et/ou de l'organe de Corti.

Les symptômes sont alors :

  • un état nauséeux (à ne pas confondre avec le mal de mer)
  • des vertiges avec présence possible d'acouphènes
  • parfois des pertes de l'audition
  • une somnolence inhabituelle, une grande fatigue

L'examen médical montre en général un nystagmus spontané, signe possible d'une atteinte des canaux semi-circulaires

Médullaire

Ces accidents représentent la catégorie la plus fréquente des accidents de décompression. Les bulles se forment dans la moelle épinière et provoquent des lésions appelées ramollissements.

L'apparition des symptômes peut être très rapide (parfois dès les paliers) ou plus tardive (jusqu'à 6 voire 12 heures après la plongée). Néanmoins, la majeure partie de ces accidents survient dans les 10 minutes qui suivent la fin de la plongée.

Les symptômes sont en général :

  • une violente douleur dorso-lombaire (souvent comparée à un coup de poignard) ;
  • des sensations de picotements, fourmillements, engourdissements dans les membres (paresthésie) ;
  • une faiblesse musculaire dans un ou plusieurs membre(s) (parésie) ;
  • une paraplégie (paralysie des membres inférieurs) ou une tétraplégie (paralysie des 4 membres), en fonction du siège de l'accident ;
  • rétention d'urine.

Un ADD médullaire laisse presque toujours des séquelles, qu'elles soient invalidantes, dans 50% des cas (séquelles sexuelles ou sphynctériennes), ou de moindre importance.

Cérébral

Les ADD cérébraux, plus rare, sont liés aux bulles se déplaçant dans la circulation sanguine. Celles-ci, passées dans le cœur gauche (en raison par exemple d'un shunt pulmonaire ou cardiaque ou d'une hyperpression pulmonaire), vont partir en direction du cerveau, puis passer dans l'aorte au niveau de la crosse aortique. Comme cette circulation est une circulation terminale, les bulles finissent par se coincer dans le cerveau.

Ce type d'accident peut survenir au cours de la plongée (dès les paliers ou dans les minutes suivant la sortie de l'eau.

Le degré d'atteinte peut être variable et les symptômes peuvent être très variés et sont, en général, les suivants :

  • étourdissement, évanouissement, ou coma ;
  • confusion et/ou désorientation ;
  • déficits sensitifs (anesthésie) ;
  • déficits sensoriels, troubles du langage (aphasie) ;
  • troubles du comportement, délires, maux de tête ;
  • déficits moteurs partiels plus ou moins symétriques ;
  • hémiplégie (paralysie de la moitié du corps dans le sens vertical - souvent de la partie gauche en raison du passage des bulles dans l'aorte droite) ;
  • paralysie des quatre membres (tétraplégie) due à une atteinte neurologique et/ou cérébrale.

Souvent, et plus spécifiquement en cas de symptômes graves, le pronostic est pessimiste.

Pulmonaire

L'ADD pulmonaire, aussi appelé "Choke" (de l'anglais to choke : suffoquer) survient en général lorsque la remontée a été trop rapide (remontée d'urgence, exercice mal contrôlé). Les troubles respiratoires sont alors dus à un dégazage massif de bulles encombrant la circulation pulmonaire. Ce blocage peut entraîner une défaillance cardiaque et la mort.

La survenue de l'accident peut avoir lieu très tôt, entre le moment des paliers et les quelques minutes qui suivent la remontée en surface. Les symptômes sont :

  • sensation d'inconfort ;
  • douleur augmentant à l'inspiration et l'expiration ;
  • toux ;
  • respiration rapide et superficielle (polypnée superficielle) ;
  • cyanose (lèvres et/ou doigts violacés) ;
  • arrêt cardio-circulatoire.

Ce tableau donne les symptômes pour les différents types d’accidents de décompression. Les atteintes ostéo-arthro-articulaires (ou bends) représentent environ 60 à 70 pour cent de tous les cas, les atteintes les plus fréquentes concernent les épaules. Ces lésions sont classées médicalement en type I. Les troubles neurologiques sont présents chez 10 à 15 pour cent de tous les cas avec les céphalées et les troubles visuels qui sont les manifestations les plus répandues. Les accidents de décompression avec symptômes neurologiques sont généralement classés en type II. Les atteintes pulmonaires ("choke") sont rares et surviennent dans moins de deux pour cent de tous les cas. Les Manifestations cutanées sont présentes dans environ 10 à 15 pour cent de tous les cas.

Table 1. Signes et symptômes des accidents de décompression.
Type Localisation des bulles Signes & Symptômes (Manifestations Cliniques)
ATTEINTES ARTICULAIRES (BENDS) La plupart des grosses articulations
(coudes, épaules, hanches,
poignets, genoux, chevilles)
  • Douleur locale profonde, d’intensité allant de légère à insoutenable. Il s’agit parfois, d’une douleur sourde, mais rarement d’une douleur violente.
  • La mobilisation active et passive de l’articulation aggrave la douleur.
  • La douleur peut être atténuée par la flexion pour trouver une position antalgique plus confortable.
  • Si elle est provoquée par l'altitude, la douleur peut survenir immédiatement ou plusieurs heures plus tard.
ATTEINTES NEUROLOGIQUES Cerveau
  • Confusion ou perte de mémoire
  • Maux de tête
  • Taches dans le champ visuel (scotome), vision en tunnel, vision double (diplopie), ou vision floue
  • Fatigue extrême et inexpliquée ou modifications du comportement
  • Convulsions, étourdissements, vertiges, nausées, vomissements et perte connaissance, principalement en raison d’une labyrinthite
Moelle épinière
  • Sensations anormales telles que brûlures, picotements, dans la partie inférieure de la poitrine et du dos
  • Les symptômes peuvent s’étendre à partir des pieds et peuvent être accompagnés d’une atteinte motrice ascendante paralysie
  • Coliques abdominales ou douleur dans la poitrine
Nerfs périphériques
  • Incontinence urinaire et rectale
  • Sensations anormales, telles que engourdissements, sensations de brûlure, picotements et fourmillements (paresthésies)
  • Faiblesse musculaire ou tics
ATTEINTES PULMONAIRES Poumons
  • Douleurs profondes et brûlures dans la poitrine (sous le sternum)
  • La douleur est aggravée par la respiration
  • Essoufflement (dyspnée)
  • Toux sèche permanente
ATTEINTES CUTANEES Peau
  • Signes subjectifs (puces )
    • Démangeaisons habituellement autour des oreilles, du visage, du cou, des bras, et de la partie supérieure du torse
    • Sensation d’insectes minuscules rampant sur la peau
  • Éruptions (moutons)
    • Marbrures de la peau habituellement autour des épaules, de la partie supérieure du thorax et de l'abdomen, avec des démangeaisons
    • Gonflement de la peau, accompagné de minuscules dépressions cutanées ressemblant à des cicatrices (œdème ponctué)
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