Plante médicinale - Définition

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Vente des plantes médicinales

En France, le diplôme d’herboriste ayant été supprimé en 1941, la vente des plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée est réservée aux pharmaciens sous réserve des dérogations établies par décret. Un décret pris en 2008 a modifié l’article D4211-11 du Code de la santé publique, portant de 34 à 146 le nombre de plantes ou parties de plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée qui peuvent être vendues par des personnes autres que les pharmaciens. Cet article précise la ou les formes d’utilisation autorisées pour ces plantes (en l’état, en poudre et/ou sous forme d’extrait sec aqueux).

Principales substances à activité biologique potentielle

Les plantes utilisent l'énergie du rayonnement solaire, le dioxyde de carbone (alias " gaz carbonique") présent dans l'atmosphère, l'eau et les éléments inorganiques du sol qu'elles absorbent par les racines (eau, éléments inorganiques) et par les feuilles (dioxyde de carbone). Le processus de base est la photosynthèse qui fixe le carbone contenu dans le dioxyde de carbone atmosphérique, en le combinant aux atomes d'hydrogène contenus dans les molécules d'eau. Les premiers produits formés par la photosynthèse sont des hydrates de carbone alias glucides, de faible masse moléculaire (oses). C'est à partir de ces oses (ou sucres) que sont ensuite formés tous les métabolites primaires nécessaires à la survie de la plante : glucides complexes (polymères comme la cellulose, l'amidon ou les pectines), acides aminés (constitutifs des protéines), acides gras (constitutifs des lipides), etc. C'est également à partir de ces premiers oses qu'est formée une infinie variété de substances dont le rôle dans la plante est encore souvent mal connu : les métabolites secondaires. Un grand nombre de ces métabolites secondaires présente des propriétés pharmacologiques intéressantes, parfois exploitées dans un but thérapeutique, soit après extraction à partir de la plante (digoxine des digitales, morphine du pavot, quinine des quinquinas, etc.), soit directement : on utilise alors la plante ou une préparation simple issue de la plante (poudre, teinture, extrait, etc.).

Les métabolites primaires sont souvent employés comme excipients dans la fabrication des formes médicamenteuses : oses édulcorants, polysaccharides (natifs ou modifiés) utilisés pour la préparation de comprimés, huiles nécessaires à l'obtention d'émulsions et autres formes, etc. Ces mêmes métabolites primaires confèrent aussi d'intéressantes propriétés thérapeutiques à certaines plantes :

  • amélioration du transit intestinal par la gomme de Sterculia, les galactanes sulfatés du thalle de la mousse d'Irlande (Chondrus), le mucilage de la graine d'ispaghul ou celui de la graine du lin ;
  • effet adoucissant des affections dermatologiques de plantes à mucilages telles que la mauve ou la guimauve ;
  • amélioration — controversée — de l'eczéma atopique par l'huile d'onagre ;
  • pour ne citer que quelques exemples.

Les métabolites secondairesnote 4 connus sont très nombreux, plusieurs dizaines de milliers ont été décrits. Ils sont le plus souvent classés en trois catégories principales : composés phénoliques, terpènes et stéroïdes, alcaloïdes. On y adjoint divers composés simples, issus de la modification d'acides aminés, d'acides gras ou de sucres simples, tels que les actifs soufrés de l'ail ou encore les alcanols du prunier d'Afrique.

  • A - Composés phénoliques ou polyphénols

Les spécialistes classent les polyphénols en fonction de leur mode de biosynthèse et de leur structure. Les principaux composés phénoliques végétaux sont :

  • des phénols et acides-phénols simples, souvent fortement antioxydants (romarin), parfois antibactériens urinaires (arbutoside de la busserole), analgésiques et anti-inflammatoires (saule) ou stimulants de la sécrétion biliaire (feuille d'artichaut) ;
  • des coumarines comme celles qui confèrent aux extraits de mélilot des propriétés anti-œdémateuses ou comme les furanocoumarines photosensibilisantes (grande berce, figuier, céleri) ;
  • des lignanes comme ceux de la podophylle qui servent à préparer des médicaments antitumoraux ;
  • des dérivés phénylpropaniques comme ceux, antivomitifs, du gingembre ou ceux, anxiolytiques, du kawa ;
  • des flavonoïdes et composés apparentés (anthocyanes) utilisés, ainsi que les plantes qui en contiennent, dans l'insuffisance veinolymphatique, en dépit d'une efficacité marginale Ils participent aussi aux propriétés du Ginkgo biloba. C'est aussi dans ce groupe que l'on classe les isoflavonoïdes, en particulier les isoflavones, plus connues sous le nom de phytoestrogènes, et présentées, sans preuve solide, comme — entre autres propriétés — susceptibles de diminuer faiblement la fréquence des bouffées de chaleur liées à la ménopause ;
  • des tanins, responsables de l'activité antidiarrhéique de nombreuses plantes d'usage traditionnel. On classe dans ce groupe les proanthocyanidols (= proanthocyanidines) qui confèrent à l'aubépine son activité sur les palpitations cardiaques et au jus des fruits de la canneberge à gros fruits (alias cranberry), son activité bactériostatique qui peut diminuer la fréquence des récidives d'infection bactérienne ;
  • des quinones, naphtoquinones comme la juglone antibactérienne de la feuille de noyer et, surtout, anthraquinones qui sont des laxatifs drastiques dont l'usage, déconseillé, doit être limité dans le temps (séné, bourdaine,aloès, etc.) ;
  • des terpénophénols, comme le tétrahydrocannabinol du cannabis ou comme l'hyperforine, qui est sans doute la substance responsable des propriétés antidépressives assez largement reconnues au millepertuis.
  • B - Terpènes et stéroïdes

Dérivés — formellement — de l'isoprène (C5H8), les terpènes se différencient par le nombre n d'unités isopréniques qui les constituent : (C5H8)n. Les principaux constituants terpéniques des végétaux sont :

  • des monoterpènes (n = 2). Volatils, ce sont les constituants majoritaires des huiles essentielles . De nombreuses espèces végétales leur doivent leur odeur caractéristique (anis, basilic, cannelle, livèche, marjolaine, thym, verveine, etc.). Ils sont responsables des propriétés variées des huiles essentielles et des plantes qui les contiennent : antiseptiques (cinéole de l'eucalyptus), antispasmodiques (menthol des menthes), etc. D'autres, non volatils, seraient à l'origine des propriétés anti-inflammatoires de la racine d'harpagophyton (iridoïdes). D'autres encore sont insecticides (pyréthrines) du pyrèthre de Dalmatie ;
  • des sesquiterpènes (n = 3). Certains, volatils, sont constituants des huiles essentielles. L'artémisinine, un sesquiterpène lactonique non volatil, extrait d'une armoise, est devenue, en association avec d'autres antimalariques (ou antipaludéens), un traitement de référence du paludisme ;

À noter : certaines huiles essentielles renferment préférentiellement des composés phénoliques volatils : eugénol (girofle), anéthole (anis, fenouil), etc. Certains d'entre eux sont cancérigènes (safrole, estragole).

  • des diterpènes (n = 4). Présents dans le gattilier (utilisé pour les règles douloureuses), ils peuvent être hallucinogènes (salvinorine de la sauge des devins), antihypertenseurs, insecticides, antioxydants (romarin), ou cytotoxiques : le taxol (= paclitaxel) des ifs est un amide diterpénique antitumoral très employé en cancérologie ;
  • des triterpènes (n = 6). Les plus fréquents dans les plantes médicinales sont des saponosides (alias saponines, qui sont des glycosides d'une génine triterpénique [ou, plus rarement, stéroïdique]) : glycyrrhizine anti-inflammatoire de la racine de réglisse, mais aussi actifs du fragon (proposé dans le traitement des hémorroïdes), du ginseng, etc. Leur pouvoir moussant (sapo : savon, en latin) les rend utiles pour la fabrication des shampoings (ex. : bois de panama). Tous les triterpènes ne sont pas des saponosides (i.e. des glycosides, ex. : composants de l'actée à grappes) ;
  • des caroténoïdes (n = 8) : lycopène de la tomate, capsanthine du piment, etc.

Les stéroïdes ont une structure proche de celle des triterpènes. Certains sont cardiotoniques (digoxine des digitales), d'autres, les phytostérols sont, entre autres, hypocholestérolémiants (sitostérol –> margarines). Certains phytostérols, comme d'ailleurs des saponosides de nature stéroïdique, sont utilisés par l'industrie pour fabriquer des stéroïdes utilisés en thérapeutique (corticoïdes, contraceptifs, anabolisants, etc.).

  • C - Alcaloïdes

Les alcaloïdes ont la particularité de renfermer au moins un atome d'azote. De ce fait, ce sont des bases qui existent le plus souvent dans la plante sous forme de sels. À l'exception de ceux que l'on appelle parfois des pseudo-alcaloïdes (ex. : solanine, coniine), ils sont issus du métabolisme des acides aminés. L'atome d'azote des alcaloïdes vrais est inclus dans un cycle (amines secondaires, tertiaires ou, moins fréquents, ammoniums quaternaires). Il existe des milliers d'alcaloïdes dans les plantes et la plupart d'entre eux ont des propriétés pharmacologiques marquées. De fait, bon nombre sont toxiques (aconitine, strychnine, etc.). De nombreux alcaloïdes sont actuellement extraits des plantes, purifiés et utilisés en thérapeutique : atropine (des Brugmansia et Duboisia), morphine et codéine du pavot à opium, quinine des quinquinas, vinblastine de la pervenche de Madagascar, etc. Bon nombre aussi sont utilisés pour être transformés chimiquement en substances à activité modifiée : (nalorphine, vinorelbine, etc.), ou ont donné naissance à des familles de médicaments synthétiques : anticholinergiques sur le modèle de l'atropine, anesthésiques locaux sur le modèle de la cocaïne, anticholinestérasiques, analgésiques (morphine → péthidinefentanyl,→ méthadone, etc). D'autres servent uniquement de matières premières pour l'obtention de médicaments (ex. : thébaïne du pavot → buprénorphine, naltrexone). Les plantes à alcaloïdes son très rarement employées en nature : le nombre de celles qui peuvent être utilisées sous cette forme, ou sous forme de médicament en phytothérapie est très restreint : boldo, fumeterre, thé, coquelicot,...

Les spécialistes classent les alcaloïdes en fonction de l'acide aminé à partir duquel la plante les synthétise (ornithine, lysine, phénylalanine/tyrosine, tryptophane, etc.). Précurseur et mécanisme de formation de l'hétérocycle déterminent l'existence de nombreux groupes structuraux comme (liste non exhaustive) :

  • des pyrrolizidines, comme les alcaloïdes hépatotoxiques de la consoude, ou des quinolizidines comme celles qui rendent toxiques graines de cytise ou de genêts ;
  • des tropanes, comme l'atropine, ou comme la cocaïne de la feuille de cocaier ;
  • des pyridines comme la nicotine ;
  • des isoquinoléines. Très nombreuses, elles peuvent être plus ou moins complexes : très simples (éphédrine, analogue des amphétamines et de l'adrénaline), doubles (constituants des curares de l'Amérique du Sud, maintenant remplacés en anesthésiologie par des analogues de synthèse), polycycliques (morphine, mais aussi galantamine, utilisée en cas de démence de type Alzheimer, etc.) ;
  • des tropolones : colchicine antigoutteuse ;
  • des indoles. Simples, ils sont souvent hallucinogènes (ayahuasca, champignons) ; complexes, ils peuvent être antihypertenseurs, ou antitumoraux (vinblastine, vincristine). On en trouve aussi dans les champignons (ergotamine) ;
  • des quinoléines : quinine antimalarique ;
  • des purines : théophylline (traitement de l'asthme), caféine ;
  • des imidazoles ;
  • des alcamines, molécules terpéniques secondairement azotées : aconitine (l'aconit est encore utilisé en médecine chinoise), solanine toxique des Solanaceae, etc ;

Notons enfin que les plantes à alcaloïdes sont souvent responsables d'intoxications aiguës — aconits, ciguës (Conium, Cicuta), colchique, stramoine (Datura), - ou chroniques, (séneçons, consoude, astragales, ... principalement chez les herbivores).

  • D - Autres constituants (dérivés simples de métabolites primaires)

On trouve dans ce groupe :

  • des dérivés du métabolisme des sucres : acides organiques du karkadé, acide ascorbique (alias vitamine C) des cynorhodons de l'églantier, polyols (obtenus maintenant par synthèse), etc.;
  • des dérivés apparentés aux lipides : dérivés polyacétyléniques des échinacées — d'efficacité douteuse —, alcanols et autres composés des extraits (Serenoa, Prunus africana) indiqués dans le traitement symptomatique de l'hypertrophie bénigne de la prostate ;
  • des dérivés du métabolisme des acides aminés : glucosinolates (des glycosides soufrés) de l'herbe aux chantres, et autres composés soufrés de l'ail (modestement antihypertenseur).
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