Hiver 2009-2010 en Europe | |
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Type | Vague de froid et tempêtes de neige |
Date de formation | 1er décembre 2009 |
Date de dissipation | mi-mars 2010 |
Quantité maximale | 89 cm de neige le 23 décembre à Hundseid, Vindafjord, Norvège Plus basse température Non officiel, -45,6 °C à Folldal, Norvège Officiel, -42,4 °C à Tynset, Norvège |
Mortalité | 192 (jusqu'à maintenant) |
Régions affectées | Europe |
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Quantité maximale de pluie/neige/verglas |
L’hiver 2009-2010 en Europe s'est déroulé du 1er décembre 2009 à la mi-mars 2010. En effet, par convention, l'hiver météorologique dans l'hémisphère Nord se déroule du 1er décembre d'une année au 28 février de l'année suivante mais peut déborder ces limites selon le climat local. Cet hiver fut marqué par un froid inhabituel et durable en plus de fortes chutes de neige sur certains pays jusqu'à la mi-mars. Le mois de février s'est terminé par deux tempêtes majeures, la première a causé des inondations à Madère et la seconde, la tempête Xynthia, a causé des dommages par le vent et la pluie à une grande partie de l’Europe de l'Ouest.
Plusieurs causes différentes semblent avoir contribué à la rigueur de cet hiver.
Le graphique présente l'indice utilisé pour quantifier l'Oscillation Arctique. Il est basé sur la moyenne de l'indice quotidien pour les trois mois de Janvier, Février, et Mars, de chaque année. La valeur très basse de cet indice, montrant une Oscillation arctique fortement négative, est ainsi nettement visible. Au début des années 1990, l'oscillation nord-atlantique a atteint un pic positif (ayant sans doute joué un rôle dans les grandes tempêtes de 1990, dont Daria n'est qu'un exemple). Depuis, elle tend vers des valeurs négatives. Cette tendance à une oscillation négative pourrait se poursuivre et provoquer de nouveaux événements froids de grandes ampleurs. Cette tendance est apparemment lié à d'autres oscillations, notamment l'Oscillation atlantique multidécennale, en phase positive depuis le milieu des années 1990, et l'Oscillation décennale du Pacifique
L'automne et les premiers jours de l'hiver avaient été doux, dans un flux d'Ouest ou Sud-ouest se prolongeant jusqu'en Russie. Au 16 février, trois vagues de froid se sont succédé, la troisième venant de s'achever. Ce découpage en trois vagues de froid est arbitraire, et ne représente pas la situation dans un pays donné. De plus, la définition d'une vague de froid fluctue d'un organisme météo à l'autre. L'intérêt de ce découpage est de garder une unité à travers les différents temps où le flux était bloqué.
Le diagramme ci-contre illustre ce fait. L'axe des abscisses représente la latitude, qui se déroule vers l'Est en allant vers la droite de l'axe. L'Europe étant situé entre -10° Ouest et 60° Est, elle est située dans la partie centre gauche du graphique. L'axe des ordonnées représente l'écoulement du temps, qui se déroule vers le présent en allant vers le bas. Ainsi, chaque niveau représente une date, et le dernier jour est en bas du graphique.
Les couleurs représentent l'intensité d'un blocage. Le blocage est une situation où le flux ne s'écoule plus de l'ouest vers l'est, de la gauche vers la droite sur le diagramme. On peut admettre en première approximation qu'une région située à l'est d'un blocage connaîtra un temps froid, et qu'une région située à l'ouest d'un blocage connaîtra un temps doux.
Le diagramme montre que l'Europe sera par trois fois situé, soit à l'est d'un blocage, soit en dessous :
Cette situation de blocage récurent s'est poursuivie durant le printemps météorologique, avec les mêmes causes. Ainsi, cette saison fut aussi marqué par des épisodes froids, particulièrement au mois de Mars et de Mai.
Cette carte présente le résultat sensible de cette première vague de froid, les anomalies de températures. Si ce n'est durant ce mois de décembre qu'il a fait le plus froid, c'est cependant cette vague de froid qui enregistre les déficits les plus élevés de manière généralisé. Le début du mois de décembre est marqué par d'amples ondulations, qui font alterner flux méridional et flux zonal. Dès le 9 décembre, l'anticyclone des Bermudes tend à remonter vers le Nord. Aux alentours du 12 décembre, l'anticyclone des Bermudes continue à s'étirer et vient former un axe anticyclonique à basse altitude sur le Nord de l'Europe, de la Grande-Bretagne à la Suède. Une zone dépressionnaire, de type dépression coupée, avec plusieurs minimums, se constitue au dessus de la Méditerranée. Un bloc Rex s'ébauche à basse altitude. Le flux est alors pratiquement zonal sur l'ensemble de l'Europe, mais il s'agit d'un flux d'est. Pourtant, le blocage avorte. Le vortex Arctique se développe en effet en altitude sur le Nord de la Russie européenne, et il empêche la jonction entre l'anticyclone des Bermudes et l'anticyclone de Sibérie. De plus, les dépressions méditerranéennes ne se creusent pas suffisamment, limitant l'intensité du flux d'est qu'engendre la situation. Il se produit malgré tout une advection d'air continental froid sur l'ensemble de l'Europe, qui marque le début de la vague de froid. Le temps est d'abord doux, puis se refroidit progressivement, sans excès. Le ciel est par contre complètement bouché. Comme à chaque fois dans ce cas, l'anticyclone a en effet apporté avec lui dans les basses couches des réserves d'humidité venue de l'océan. Conjugué à l'immobilité de la masse d'air sous les hautes pressions, le brouillard est tenace.
Au 14 décembre, la tentative de blocage se trouve totalement compromise par l'intensification du vortex Arctique. L'anticyclone des Acores s'exile alors au nord de l'Atlantique Nord, entre Islande et Groenland, et constitue une barrière anticyclonique chaude et stationnaire sur l'Atlantique à tous les niveaux de l'atmosphère. Il gardera cette position jusqu'à son affaissement complet et sa fusion avec l'anticyclone du Groenland aux environs du 22 décembre. L'Europe, isolée de toute influence Atlantique, voit la constitution d'une zone dépressionnaire à basse altitude au dessus de la Mer du Nord. Elle est alimentée en air froid par le vortex Arctique et sera relativement immobile. Le flux tourne alors au Nord ou Nord-Est pour la majeure partie de l'Europe, et il se produit une descente d'air maritime polaire. C'est dans ce contexte que va se produire une succession de passages neigeux en flux de Nord. Dès le 16 décembre, les chutes de neiges se généralisent, tandis que les températures se refroidissent. La situation tend ainsi vers un blocage de type bloc Omega. Cependant, l'anticyclone des Bermudes, après sa migration, s'affaiblit et se refroidit. Dans ce contexte de hautes pressions affaiblies, dans la journée du 20 décembre, une dépression se détache du vortex Arctique et vient se fixer au large de la Grande-Bretagne. Elle provoque un appel d'air maritime, masse d'air plus douce mais qui reste froide. Le pont anticyclonique sur l'Atlantique subtropicale n'est de plus suffisamment constitué et s'affaiblit graduellement. Le 21, les dépressions Atlantiques passent et viennent alimenter la dépression de la Grande-Bretagne. Le temps restera malgré tout assez frais et instable, et certains pays connaitront un Noël Blanc.
Animation de la hauteur du géopotentiel à 500 hectopascals et des températures du géopotentiel à 850 hectopascals. Les plages de couleurs représentent la température et les lignes indiquent la hauteur du géopotentiel. Les températures à 850 hectopascals représentent la température de la masse d'air et ne représentent pas la température au sol. |
Animation de la hauteur du géopotentiel à 500 hectopascals et la pression moyenne au niveau de la mer. Les plages de couleur représentent la hauteur du géopotentiel, et les lignes indiquent la pression moyenne au niveau de la mer. Les plages de couleurs ne représentent pas une température. |
Cette présente l'évolution en deux séquences de la seconde vague de froid. Début Janvier, l'Europe est largment touché par le froid. Puis, à partir du 12 ou 13 Janvier, le froid se concentre sur l'Europe centrale et orientale, où certains pays connaitront l'un de leurs mois de Janvier les plus rudes. Cette vague de froid complète le tableau des déficits élevés enregistrée durant l'Hiver. Dès le 29 décembre, l'anticyclone des Bermudes tend à remonter vers le Nord. À l'identique de la première vague de froid, celui-ci part au nord de l'Atlantique Nord, entre Islande et Groenland, et constitue une barrière anticyclone chaude et stationnaire sur l'Atlantique. Il se forme alors un bloc Omega. Cependant, l'ensemble est décalé à l'Ouest de l'Europe. Plus particulièrement le creux barométrique, à la base du blocage, reste sur le proche Atlantique. Le froid ne déferle donc pas immédiatement.
Au contraire, l'Europe de l'Ouest est située sous l'advection douce, sur le flanc Est du creux barométrique. L'Europe du Nord connait pour sa part un temps modérément froid, en association avec une dépression scandinave. À partir du 31, le bloc Omega se décale vers l'ouest. Le creux barométrique à la base du bloc se développe et forme une vaste zone dépressionnaire de la France à la Pologne. Cette zone dépressionnaire provoquera la première invasion d'air froid, qui affectera diversement les pays entre le 31 décembre et le 3 janvier. Elle s'évacue ensuite vers l'Est.
La dépression scandinave entre alors en jeu. Elle amène dans un flux de Nord un refroidissement plus net et d'importantes chutes de neige sur l'Europe. Cependant, son stationnement au dessus de la Scandinavie, et la masse d'air froide en son sein, amènent son comblement progressif, et sa transformation en anticyclone thermique. Pendant ce temps, une dépression se développe au dessus de la Mer Méditerranée, et amène des chutes de neiges sur le pourtour méditerranéen.
Pour sa part, l'axe de l'anticyclone des Bermudes s'incline progressivement vers l'est. Ainsi, à partir du 8 janvier, l'anticyclone de Scandinavie et celui des Bermudes se rapprochent, tandis que la dépression en Méditerranée continue de se creuser. Cette dépression provoque une puissante advection d'air continental froid dans un flux de nord-est. Entre les 8 et 11 janvier, la situation atmosphérique se rapproche ainsi de celle d'un bloc Rex. À partir du 12, le blocage s'affaiblit. La dépression méditerranéenne se comble progressivement, tandis que des dépressions arrivent par l'Ouest et cassent la barrière anticyclonique. Ce redoux n'affecte que l'Europe de l'ouest et l'Europe centrale. Sous l'influence de l'anticyclone de Scandinavie, le temps restera froid en Europe de l'est qui s'étend en Russie, et bloque toute intrusion d'air océanique doux. Ainsi, la vague de froid couvrira l'ensemble du mois de Janvier pour nombre de pays de l4europe de l'Est avec une température moyenne du mois de Janvier parfois très basse.
Pendant ce temps, l'Europe de l'Ouest connait un redoux durant la deuxième partie du mois. Vers la fin du mois, une nouvelle advection d'air froid de courte durée dans un flux de Nord affecte l'ensemble de l'Europe. Le vortex polaire descend vers le Sud, provoquant un court mais puissant refroidissement.
La carte et le graphique montre un refroidissement conséquent, mais nettement moins important que durant les deux premières vagues de froid. Il s'agit de la dernière vague de froid officiel, l'Hiver arrivant à sa fin. Un complexe dépressionnaire reste positionné au dessus de la Scandinavie. Il y maintient un temps plutôt froid, pour la seule région d'Europe qui n'a pas encore connu de vrai redoux. De plus, il pilote un creux qui alimente un temps un peu plus froid sur l'Europe centrale. Pour le reste de l'Europe de l'Ouest, le temps est plus doux. Le complexe dépressionnaire scandinave pilote un fluax d'air maritime d'Ouest ou Nord pour l'Europe de l'Ouest. L'Europe de l'Est est protégé par un anticyclone qui advecte une masse d'air plus douce. À partir du 5 Février, un imposant complexe dépressionnaire arrive de l'Atlantique et provoque un nouveau redoux sur l'Europe de l'Ouest. Cette dépression vient s'encastrer aux environ du 7 février en Méditerranée, contre l'anticyclone russe. Immédiatement à l'arrière de cette dépression, l'anticyclone subtropicale s'étire à travers l'Atlantique, provoquant la formation d'une dorsale. Un nouveau blocage se met en place sur le proche Atlantique, visible sur le diagramme de Hovmöller. Le pont anticyclonique s'établit sur l'Atlantique, puis s'étend sur la Scandinavie. La situation tend alors vers un bloc Omega. La persistance d'un blocage au niveau de la Russie complexifie cependant quelque peu la situation. Aux alentours du 11 Février, la dépression venue de l'Atlantique est totalement isolé de la circulation générale. Le flux est alors orientée au Nord Est. La situation hésite alors entre un bloc Omega et un bloc Rex. Les températures baissent à nouveau sur l'ensemble de l'Europe, accompagné de fréquentes chutes de neiges. À partir du 15 Février, l'intensification du vortex polaire va décider de l'évolution de la situation. Le pont anticyclonique est rejeté vers l'Ouest, et le blocage du flux se décale vers l'Ouest. Un complexe dépressionnaire s'installe au dessus des Îles Britanniques. L'Europe connait alors un flux d'Ouest maritime, mais qui garde plusieurs particularités. Un blocage persisté ainsi sur l'Ouest de l'Atlantique, et forme un talweg qui descend profondément dans l'Océan Atlantique subtropicale. Cette vague aura été moins sévère pour l'Europe du Nord Est.
Tardive, puisqu'elle commence début mars, d'autant plus qu'il s'agit du premier mois du printemps météorologique. L'événement majeur restera , sans conteste, la tempête de neige survenue du 7 au 9 qui a balayé le sud de la France et la Catalogne espagnole apportant, par endroits, des hauteurs considérables de neige ( plus de 50 cm ) et des flocons jusqu'à Barcelone.
Le mois de février, et donc officiellement l'hiver, s'est terminé par deux tempêtes exceptionnelles qui ont fait la manchette. Celles-ci ne mettaient pas en vedette le froid et la neige mais plutôt le vent et la pluie. À Madère, une dépression a causé des inondations et des glissements de terrain le 20 février 2010, en particulier à Funchal, la plus grande ville et capitale de la région autonome portugaise. Le décompte officiel fait état de 43 morts.
La tempête Xynthia, une dépression météorologique majeure, a balayé plusieurs pays européens entre le 26 février et le 1er mars 2010, causant un épisode de vents violents. Le système a principalement touché l'Espagne (Îles Canaries, Galice, Asturies et Pays basque), le Portugal, la France (Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Bretagne et Normandie), la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne et dans une moindre mesure, le Royaume-Uni, la Scandinavie et les pays bordant la mer Baltique. Son passage a causé la mort d'au moins 65 personnes et de nombreux dégâts matériels. Cette tempête est considérée comme une des plus violentes et des plus meurtrières depuis les deux tempêtes de décembre 1999.
Ces tempêtes apportèrent un franc redoux sur l'Europe pour la fin de l'Hiver.
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