En mécanique du point, un mouvement à force centrale est le mouvement d'un point matériel soumis uniquement à une force centrale, c'est-à-dire une force toujours dirigée vers le même point noté , appelé centre de force.
Ce type de mouvement est une modélisation de certains phénomènes physiques : il n'est pas rigoureusement présent dans la nature, mais certains mouvements s'en rapprochent. Par exemple, on peut considérer que la Terre est soumise à une force centrale de la part du Soleil. Par ailleurs, lorsqu'on utilise une description classique de l'atome, on peut considérer que le mouvement des électrons est à force centrale autour du noyau.
L'étude mathématique de ce type de mouvements permet d'obtenir quelques résultats généraux. On peut montrer par exemple que la trajectoire est contenue dans un plan, que la vitesse aréolaire est constante, etc.
Le problème du mouvement à force centrale fut résolu en premier par Isaac Newton en 1687. Newton démontre en particulier que la trajectoire est contenue dans un plan passant par le centre de force et perpendiculaire au moment cinétique, qui est alors constant. C'est d'ailleurs initialement dans le sens inverse que Newton l'a démontré : le moment cinétique étant démontré constant, cela implique que la trajectoire est plane. Cette trajectoire est décrite selon la seconde loi de Kepler dite aussi lois des aires : des aires égales sont balayées dans des temps égaux.
Robert Hooke a résolu le cas particulier dit « de Hooke », où la force centrale est proportionnelle à la distance séparant le centre de force du point en mouvement (voir ellipse de Hooke).
Jacques Binet exprima, au travers de ses formules, la vitesse et l'accélération d'un point animé d'un mouvement à force centrale. Ces formules permettent, par exemple, d'obtenir les trajectoires elliptiques des planètes, redémontrant ainsi la première loi de Kepler.
Quelques cas particuliers ont été étudiés mathématiquement :
Un mouvement à force centrale est le mouvement d'un point matériel soumis à une force passant par un point fixe .
La trajectoire est plane ( voir plus loin): deux coordonnées suffisent à décrire le mouvement dans ce plan. La conservation de l'énergie permet de réduire le mouvement à une quadrature près.
Le théorème du moment cinétique appliqué au centre de force dans un référentiel galiléen énonce que la dérivée du moment cinétique au point est le produit vectoriel du rayon vecteur et de la force : , puisque les deux vecteurs sont colinéaires.
Par conséquent, le moment cinétique est constant au cours du mouvement.
Par définition du moment cinétique, cela signifie que est constant, donc que le vecteur position et la quantité de mouvement du point M sont à tout instant perpendiculaires au vecteur de direction constante. La trajectoire est donc plane : Elle est entièrement contenue dans le plan contenant le centre attracteur , et orthogonal au moment cinétique .
On vient de voir que la trajectoire de la particule restait dans un plan fixe d'origine . En passant aux coordonnées polaires et , dans ce plan, on peut écrire
De cette dernière relation, on tire la valeur de la norme, constante, du moment cinétique : . Or, l'aire balayée par le rayon vecteur , pendant un temps infinitésimal est .
Cette loi, sous la forme , qui exprime que la vitesse aréolaire est constante est appelée loi des aires. Enoncée comme constatation empirique en 1609 par Johannes Kepler au sujet du mouvement des planètes autour du Soleil (Cf. lois de Kepler), c'est donc en réalité une propriété générale de tout mouvement à force centrale.
La loi des aires implique notamment que garde un signe constant, i.e que le point matériel tourne toujours dans le même sens. En particulier θ = f(t) est fonction strictement monotone du temps. Il existe donc une fonction réciproque t = f − 1(θ). C'est-à-dire qu'il est possible de déterminer le temps mis par le solide pour tourner d'un angle donné autour du point central. Effectuer cette inversion fût un travail de Legendre, puis Cauchy(résolution de l'équation de Kepler).
En coordonnées polaires l'accélération a pour expression:
où et forment une base tournante, c'est-à-dire et et où et forment une base orthonormée cartésienne du plan de la trajectoire.
Du fait que l'accéleration est radiale, la projection de sur est nulle, on a donc . En notant que , et donc que , on conclut que la constante des aires est bien une constante.
L'énergie cinétique du point matériel M se décompose en deux termes (Leibniz,1695) :
D'après la loi de conservation de l'énergie, l'énergie totale E = Ec + V est une constante. Compte tenu de l'expression précédente de l'énergie cinétique, cette énergie totale se met sous la forme :
Le phénomène est donc analogue à un mouvement unidimensionnel d'une particule fictive de masse m dans un potentiel Ueff(r). Ce potentiel fait apparaître, en plus de V, la force centrifuge introduite plus haut. Cela correspond donc à une compétition entre deux forces : par exemple, dans le cas du mouvement d'une planète, il y a compétition entre l'attraction vers le soleil, et la force centrifuge.
Dans le cas d'un champ attractif, le potentiel effectif Ueff(r) présente un puits de potentiel : il est fortement répulsif à courte distance d'après la "barrière centrifuge", et attractif à longue distance. Et comme r2 est toujours positif, on a nécessairement l'inégalité suivante :
où Umin est la valeur minimale prise par le potentiel effectif (à la distance rm).
Le mouvement est alors différent selon les valeurs de Em.
Le mouvement à force centrale conservative possède, dans le plan, deux degrés de liberté : les coordonnées r et θ dans le plan du mouvement. De plus il existe deux constantes du mouvement : le moment cinétique et l'énergie mécanique E. Le problème est dit résoluble à une quadrature près.
La solution peut s'écrire, soit par une équation horaire (r(t)), soit par une équation polaire (r(θ)). En effet, la loi des aires vue plus haut montre qu'il est possible d'interchanger t et θ. On étudie brièvement ces deux possibilités :
Ces expressions intégrales peuvent être résolubles ou non. Enfin dans certains cas, notamment celui du problème à deux corps, des techniques de résolutions plus simples que celle de l'évaluation explicite de l'intégrale peuvent être utilisées.
Dans le cas d'un mouvement borné, le mouvement radial (r(t)) est périodique, de période Tr. D'après le paragraphe précédent, l'équation horaire donne l'expression suivante :
où rmin et rmax sont les rayons minimum et maximum accessibles.
Cela ne signifie pas que le mouvement global est périodique, donc que la trajectoire est une courbe fermée. En effet il faudrait pour cela qu'au bout d'un nombre entier n de périodes radiales Tr, l'angle θ ait effectué un nombre entier p de tours complets. On dit aussi que la période angulaire Tang doit être commensurable avec la période radiale Tr.
Or la variation Δθ de l'angle polaire θ pendant la période radiale Tr s'exprime par :
D'après ce qui précède, la trajectoire sera fermée, pour toutes conditions initiales, si et seulement si on a . Ceci n'est vérifié, pour les champs conservatifs, que par deux types de forces centrales : la force en 1/r² (de type newtonien) et la force de Hooke ( -k.r) : (ce résultat constitue le théorème de Bertrand).